Les valeurs : le grand tournant

Uli Windisch
Rédacteur en chef
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En bref, quelques chiffres montrent que les valeurs traditionnelles reviennent en force un peu dans tous les domaines. Et les récentes manifestations contre le mariage homosexuel par exemple et le refus du gouvernement d’en prendre acte, ne peuvent que renforcer nombre de ces valeurs.
On peut certes parler de « droitisation » et de conservatisme à ce propos, mais ces changements pourraient bien se situer à un niveau plus profond qui est celui de notre culture, et peut-être justement de notre civilisation, civilisation que la gauche au pouvoir en France veut changer jusque dans ses fondements.

 

On peut certes penser que la France intervient souvent dans les sujets traités sur notre site. Il y a pourtant une raison simple et importante : en France se manifestent depuis un certain nombre d’années bien des phénomènes qui sont présents également dans d’autres pays, aussi en Suisse, même si c’est dans une moindre mesure. Elle peut nous servir d’avertisseur  et nous permettre, si la volonté politique existe, de prendre des mesures afin d’éviter certains de ces phénomènes, du moins dans leur manifestation massive et parfois inquiétante (on pense aux exemples de la violence, de l’insécurité, ou de certains aspects de l’immigration et de l’islam, etc.).

Ensuite, avec les socialistes au pouvoir en France, des phénomènes de société qui apparaissaient il y a peu encore comme tout à fait secondaires, deviennent prioritaires, au point de créer des tensions graves et imprévues ; des problèmes qui semblaient peu politiques le deviennent subitement hautement, au point de créer de nouveaux clivages, voire une véritable restructuration des rapports sociaux et politiques. Des problèmes sociétaux, moraux et religieux créent des conflits d’une ampleur totalement imprévue, avec violences et même mise en cause de la démocratie elle-même parfois.

Les socialistes qui voulaient en principe améliorer les conditions de vie des couches les plus défavorisées sont en train de décevoir complètement ces dernières, accusés qu’ils sont maintenant de les avoir trahies, pour s’occuper prioritairement, démagogiquement,  pour des raisons de mode politique bobo gaucho, des revendications de groupes minoritaires mais très agissant et fortement soutenus médiatiquement. Cela au moment où le chômage touche des millions de personnes et ne recule nullement, comme promis. Bien au contraire.

Les socialistes nous disent vouloir carrément « changer de civilisation », un projet tout de même inquiétant en regard de l’histoire et s’il est vu comme une nouvelle promesse d’avenir radieux. Bien des couches de la population dans la difficulté n’en demandent pas autant, surtout lorsque, en plus, on s’attaque de front à des valeurs toujours considérées comme essentielles par une grande partie de la population.

Cette volonté de changer de civilisation crée des effets contraires, soit précisément une réactivation et une réaffirmation de ces valeurs rejetées comme traditionnelles et que veulent imiter, ou détruire, des minorités agissantes particulièrement déterminées, virulentes et toujours très largement mises en valeur et en scène par les médias. Minorités dont le mode de vie n’a rien à voir non plus avec les préoccupations quotidiennes de la majorité, même si cette dernière peut avoir une attitude tolérante et ouverte mais pas au point d’accepter d’être dénigrée, vilipendée et agressée, de manière violente parfois, à la moindre objection et volonté de discussion. Il y a là une illustration exemplaire de ce qu’est la création d’effets contraires, pervers.

Les tensions et les fronts ainsi créés sont tels que certains voient dans cette situation un risque de changement politique violent, voire révolutionnaire, même si la révolution serait dans le cas présent un retour vers la tradition, soit une révolution conservatrice.

En réalité, cette réaction pourrait être simplement une volonté de retrouver des valeurs qui, pour nombre d’entre elles, ne sont ni de gauche ni de droite mais plus fondamentales et essentielles, après une longue phase de révolte libertaire sans limites, avec comme slogans « il est interdit d’interdire » ; « jouir sans entraves » ; « refus de toutes les règles morales élémentaires », etc.

Le rejet actuel de cette phase dite de libération est moquée et taxée de réactionnaire, traditionaliste, etc. par ces groupements minoritaires dont les revendications, pardon "les    avancées", semblent ne connaître aucune limite, et toute question est immédiatement stigmatisée, rejetée avec dédain, de plus en plus avec violence.

Et si les réactions contre ces revendications minoritaires sans limites étaient tout simplement la réaffirmation de valeurs naturelles, durables, transhistoriques, effectivement propres à une civilisation donnée, appelée non à disparaître mais à durer au-delà des vicissitudes de l’histoire immédiate, parce que relevant de l’évidence et du bon sens, pour une très grande partie de la population.

Un seul exemple : des revendications comme le mariage homosexuel (« le mariage pour tous»), la procréation médicalement assistée, « le droit à l’enfant », etc., représentent la goutte qui a fait déborder le vase. Contre toute attente, les manifs et débats sur ces sujets ont réactivé des valeurs traditionnelles, historiques.

Parallèlement, ces réactions et tensions ont ravivé d’autres préoccupations majeures actuelles de la grande majorité de la population, liées notamment à certains aspects de l’immigration et de l’islam, de la suppression des frontières, de la mondialisation, de l’inquiétude identitaire, à des valeurs liées à l’éducation, à la famille  traditionnelle, à l’ordre, à l’autorité, à la justice et à bien d’autres domaines encore. Ce qui fait beaucoup, pour ne pas dire un cocktail explosif.

Certains sondages font déjà apparaître concrètement ce grand tournant en matière de valeurs. Comme en France on effectue constamment des sondages de toutes sortes, beaucoup plus qu’en Suisse, nous en retenons quelques exemples et extraits ayant précisément trait aux valeurs et aux changements en cours.

Les données statistiques citées ci-dessous sont reprises pour l’essentiel d’un dossier beaucoup plus vaste de l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, 18 avril 2013, intitulé « Ces Français qu’on bâillonne », dossier qui s’appuie lui-même sur un très grand nombre de sondages ayant une valeur indicative certaine.

Quelques extraits relatifs aux valeurs :

-Près des trois quarts des Français estiment précisément qu’ « on ne défend pas assez les valeurs traditionnelles » (TNS Sofres-le-Monde).

-80 % jugent qu’ « il y a trop d’assistanat et que beaucoup de gens abusent des aides sociales » (Ifop-JDD). Même les catégories populaires dénoncent aussi massivement (85%)  ce « trop d’assistanat ».

-74 % estiment que « la religion musulmane n’est pas compatible avec les valeurs de la société française » (Ipsos-Cevipof). ; 74 % jugent la religion musulmane « intolérante » ; 80% considèrent qu’ « elle cherche à imposer son mode de fonctionnement aux autres ».

- 83 % des Français se déclarent favorables au démantèlement des camps illégaux de Roms (Ifop-Ouest-France). C’est aussi le cas de 69% des électeurs de gauche.

- 70 % estiment qu’ »il faut que l’Etat donne plus de liberté aux entreprises (Ifop-JDD), les Français sont de plus en plus attachés à la liberté d’entreprendre- y compris  ceux de gauche (58% des électeurs de Holande)

- 53 % sont pour le rétablissement de l’uniforme scolaire (MingleTrend)

- 92 % sont favorables à la perpétuité réelle, sans possibilité de libération conditionnelle, pour les crimes les plus graves (CSA-Institut pour la justice)

-Immigration : 70 % considèrent qu’il y a « trop d’étrangers en France » ; 55 % jugent que les immigrés ne font pas d’effort pour s’intégrer ;  57 % que le racisme anti-Blanc est un phénomène assez répandu. En Suisse un tel thème est à peine évoqué par la Commission fédérale contre le racisme, alors qu’il est évident que cette tendance se développe et constitue un problème réel et déjà largement ressenti.

Autorité : 86 % ( 84 % au PS)  estiment que « l’autorité est une valeur trop souvent critiquée aujourd’hui ».

Front national : 47 %, contre 70 % en 2003, jugent que le FN ne représente pas un danger pour la démocratie (TNS Sofres-le-Monde) ; Marine le Pen obtient 37 % d’opinions positives ; seuls 18 % des électeurs UMP estiment qu’il faut  « combattre » le FN, contre 51 % qui se disent favorables à des « alliances locales » avec celui-ci.

Justice : pour 65 %  « la justice n’est pas assez sévère avec les petits délinquants » (TNS Sofres-le-Monde), 53% des électeurs de gauche approuvent, cela au moment où la ministre de la justice veut supprimer les peines de prison pour les « petits délinquants ».

Syndicats : 57%  déclarent « ne pas faire confiance aux syndicats » (Ifop-laLettre de l’opinion)

Droit de grève : 72% souhaitent « limiter le droit de grève en instaurant un vrai service minimum dans les transports publics (Ifop-Contribuables associés).

En bref, ces quelques chiffres montrent  que les valeurs traditionnelles reviennent en force dans tous les domaines.  Et les récentes manifestations contre le mariage homosexuel par exemple et le refus du gouvernement d’en prendre acte, ne peuvent que renforcer nombre de ces valeurs.

On peut certes parler de « droitisation » et de conservatisme à ce propos, mais ces changements pourraient bien se situer à un niveau plus profond qui est celui de notre culture, et peut-être justement de notre civilisation, civilisation que la gauche au pouvoir en France veut changer jusque dans ses fondements.

Avec ces quelques éléments seulement,  il apparaît déjà clairement que cette volonté  de changement de civilisation imposée d’en haut par les socialistes est en contradiction totale avec la très grande majorité de la population, et cela sur un nombre de thèmes majeurs de plus en plus importants.

On se trouve ainsi dans cette situation particulière où la droite dans son ensemble et la très large majorité de la population sont minoritaires politiquement et en état de sous-représentation démocratique complet, mais très largement majoritaire sur le plan des idées. Une telle situation comporte évidemment des risques de conflits majeurs.

Pour l’instant,  il importait de montrer, grâce à ces quelques données empiriques à disposition pour la France, que le tournant dans le domaine  des valeurs est en cours et bien réel et qu’il ne suffira certainement pas de nier et de dénigrer cette réalité profonde, large et puissante, et prétendre vouloir « changer de civilisation », tout en étant très minoritaires au plan des idées, et malgré l’arrivée au pouvoir.

Pour ce qui est maintenant de la Suisse, on aimerait beaucoup pouvoir disposer de telles données. Mais, même en leur absence, on peut déjà admettre qu’il existe des décalages du même type entre une partie de la classe politique et la base de la population, décalage encore renforcé par un unanimisme médiatique très large, dans un sens évidemment en  opposition totale avec ce retour à des valeurs dites traditionnelles.

Au  niveau des idées, la gauche en osmose avec les médias semblent néanmoins encore réussir  à imposer largement son agenda politique aussi bien à l’espace public qu’à une partie non négligeable de la droite. Tout démenti avec preuves empiriques à l’appui sera bienvenu.

Uli Windisch, 29 avril 2013

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un commentaire

  1. Posté par Pierre Decaillet le

    Monsieur Windisch, si ce que vous dîtes est vrai, nous socialistes avons du travail sur la planche.
    En effet, il est de notre devoir de changer la mentalité de tous ces français, même s’ils sont très largement majoritaires car nous seuls détenons les valeurs de vérité et de liberté.
    Ce ne sont pas tous ces extrèmistes populistes qui vont nous empécher de faire notre devoir.
    Nous sommes pour la liberté donc tous ceux qui sont contre nous sont contre la liberté.
    Nous sommes pour l’égalité donc tous ceux qui sont contre nous sont contre l’égalité!
    Nous sommes du coté de la paix, vous êtes donc du coté de la guerre.
    Nous sommes du coté de la liberté d’expression et vous êtes contre nous.
    Nous sommes du coté du bien et ceux qui luttent contre nous sont donc du coté du mal.
    Nous lutterons donc jusqu’au bout par ce que nous sommes seuls à pouvoir comprendre ce qui est bon pour le peuple. Les autres ne sont que des populistes bien limités intellectuellement. La preuve en est qu’ils ne peuvent même pas penser comme nous l’élite intellectuelle de ce pays et qui sommes en réalité la seule pensée progressiste.
    Oui la France va mal, et les socialistes on du boulot devant eux.

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