France: comme Depardieu, choisir l’exil pour échapper à l’enfer fiscal

Francis Richard
Resp. Ressources humaines

Si trop d’impôt tue l’impôt, le contraire est vrai: moins d’impôt peut rapporter gros, comme le président Ronald Reagan l’a expérimenté en écoutant Arthur Laffer.

Aujourd'hui, en clôture de la Conférence nationale contre la pauvreté, le premier ministre français a répondu à une question sur les exilés fiscaux, parmi lesquels il faut désormais compter le bienheureux Gérard Depardieu, qui a choisi la Belgique voisine:

« On ne fera pas reculer la pauvreté si ceux qui ont le plus, et parfois beaucoup, n'acceptent pas un peu de solidarité et un peu de générosité. Heureusement, ils sont peu nombreux à vouloir s'exiler pour tout simplement s'exonérer de la solidarité avec les autres Français ».

Jean- Marc, ce héraut du président normal, cette voix de son maître, a tout faux:

- parce que la pauvreté ne recule pas avec la distribution des richesses de ceux qui les créent: l'augmentation du RSA ne la fera pas reculer mais l'augmentera

- parce que la pauvreté ne recule que lorsque, justement, des richesses sont créées

- parce que les richesses sont créées par ceux que le président François Hollande n'aime pas, c'est-à-dire les riches

- parce que l'on n'attrappe pas les mouches avec du vinaigre, autrement dit parce que les riches veulent bien créer des richesses à condition de ne pas s'en voir confisquer la plus grande part

- parce que la solidarité et la générosité n'existent tout simplement pas sans le consentement de ceux qui donnent

- parce que l'impôt, a fortiori confiscatoire, comme le nom l'indique, n'est pas consenti non plus par ceux sur lequel il pèse.

Jean-Marc, ce héros, cet enseignant éphémère, ce politicien durable et besogneux, a toutefois en partie raison quand il dit:

« Si on veut résoudre les problèmes de la pauvreté et les inégalités sociales, il faut faire des choix politiques. Et faire des choix politiques, c'est faire aussi le choix d'une politique fiscale ».

Mais il a tout faux quand, pour lui, le choix d'une politique fiscale, pour faire reculer la pauvreté, consiste  à demander un effort « aux plus riches » et « aux très grandes entreprises », tout en « ménageant les classes moyennes, les classes populaires et les PME ».

Car, en réalité, pourquoi en est-on arrivé à demander un effort aux plus riches et aux plus grandes entreprises ?

- parce qu'en France, l'Etat, toutes administrations confondues, est hypertrophié

- parce qu'en France, l'Etat continue à vivre sur un grand pied, ce qui n'est jamais justifiable, encore moins en temps de crise

- parce qu'en France, aucun politicien n'a le courage de réduire les dépenses publiques de manière significative pour libérer l'économie et lui permettre de créer toujours plus de richesses.

Seule, pourtant, une réduction des dépenses publiques conséquente est susceptible de faire reculer la pauvreté (voir mon article La réduction des dépenses publiques en France est ridicule ).

Seule une baisse des impôts pour tous est susceptible de relancer les forces vives du pays. Car, si trop d'impôt tue l'impôt, le contraire est vrai: moins d'impôt peut rapporter gros, comme le président Ronald Reagan l'a expérimenté en écoutant Arthur Laffer.

Pour cela il faut que les hommes politiques français, et les Français d'une manière générale, comprennent que les richesses ne se décrètent pas et qu'il faut des hommes motivés, et non pas démotivés, pour les créer au bénéfice de tous.

Pour cela il faut que les hommes politiques français, et les Français d'une manière générale, comprennent que les inégalités n'ont aucune importance si tout le monde s'enrichit et que l'égalité ne sert à rien si tout le monde s'appauvrit.

Faute, pour les hommes politiques français et pour les Français d'une manière générale, de comprendre ces choses toutes simples, les dépenses publiques continueront d'augmenter et les impôts itou. La France deviendra de plus en plus un enfer fiscal. Et de plus en plus nombreux seront ceux qui, comme Gérard Depardieu, choisiront l'exil pour y échapper.

Francis Richard

 

Première Publication sur francisrichard.net

7 commentaires

  1. Posté par Zeller Philippe le

    Avant 1939, les Allemands travaillaient 52 heures par semaine, les Français 48! La suite, la génération de mes parents ont dû la surmonter alors que dans le monde et en Europe en particuler, elle a dû … »apprendre à mourir » ou à survivre! Quand donc fera-t-on comprendre que les riches ont une fonction sociale?

  2. Posté par Rodolphe Leroyer le

    Je conviens qu’il existe des fainéants et des profiteurs pour qui seul le gain financier a de l’importance, mais la majorité des gens possède une conscience professionnelle et un honneur qui les pousse à s’intégrer dans la société en travaillant pour l’intérêt général. De nombreux footballeurs jouent en amateur et s’entraînent comme des pros et avec motivation. Tout ceci sans être payés. À quoi bon courir sur un terrain s’il n’y a pas de récompense ? Eh bien, pour le plaisir du jeu, d’abord, et pour la récompense d’avoir donné et reçu des émotions esthétiques aux spectateurs et des autres joueurs. En plus, il faut savoir que votre mentalité est le fruit d’une éducation. Alors, avoir une autre éducation…

  3. Posté par gilles le

    Pour Leroyer
    Cà existe encore des gens qui ont ce genre d’idée. Si tous les joueurs de foot sont payés la même chose, pourquoi s’emmerder à courir comme un malade après un ballon si de toutes les façons le résultat importe peu. Même les chiens fonctionnent à la récompense. Si l’effort n’est pas récompensé, peu de gens auront tendance à se surpasser . « Ils font semblant de travailler, on fait semblant de les payer  » (Brejnev ). Quel bel avenir, c’est à pleurer

  4. Posté par Rodolphe Leroyer le

    @ PM Vergeres
    Si les citoyens préfèrent glander et empocher leur salaire, ils ne pourront plus consommer parce qu’il n’y aura plus de production. Ce raisonnement est stupide et ne tient pas devant la réalité de la vie de tous les jours. Si c’était vrai, il n’existerait aucune association ni aucune entraide, or les bénévoles sont nombreux. Le citoyen comprendra vite qu’en travaillant, il augmente son niveau de vie. S’il y a ruine, c’est que les citoyens ne travaillent pas assez. Et puis, qui empêcherait une société de sanctionner financièrement celui qui préfère glander au lieu de faire son travail. Le système soviétique, contrairement à ce que vous dites, fonctionnait efficacement. Ce sont les mauvais choix des dirigeants qui sont à l’origine des pénuries.
    En tout cas, vous avez une mentalité inquiétante.

  5. Posté par PM Vergères le

    @ Rodolphe Leroyer: votre réponse n’a de cesse de m’étonner. Je pensais qu’après la décapilotade finale de l’empire socialiste soviétique et celui, programmé, de l’Union Européenne (autre construction socialisante), on aurait plus trouvé une seule personne pour tenir ce genre de discours. Ce genre de bricolage social des plus injustes, conduit, quoi qu’on en fasse, à la ruine. Ruine du peuple et des nations. Personnellement, je vais vous dire: si on me refile tout de go 5000 balles par mois, je préfère glander et les avoir que de bosser comme un con et les avoir aussi. CQFD.

  6. Posté par Rodolphe Leroyer le

    Mauvais article : Les riches ne sont pas ceux qui créent les richesses. Les richesses sont créées par les travailleurs et non par les patrons, les rentiers et les spéculateurs. On peut parfaitement imaginer une société organisée où chaque citoyen perçoit un revenu social en échange d’une ou plusieurs activités créant des richesses, avec une propriété sociale des moyens de production. Plus de pauvreté, mais plus d’extrême richesse, et plus d’impôts puisque la société crée la monnaie en fonction de la richesse créée. Pour l’exemple, un footballeur ou un artiste ne créent pas de richesses concrètes, mais des émotions esthétiques. Cela ne mérite pas de pouvoir s’acheter une cinquantaine de voitures de collection qui croupissent dans un garage luxueux.

  7. Posté par Jean Romain le

    On devrait être plus actifs et plus volontaristes pour accueillir en Suisse tous ceux que les socialistes français poussent à l’exil pour des raisons fiscales.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.