«Tiens, voilà du Bouddha…»

Jean-Jacques Langendorf
Jean-Jacques Langendorf
Historien, écrivain
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Qui ne connaît pas l’hymne de la Légion étrangère “Tiens voilà du boudin, pour les Alsaciens, les Suisses et les Lorrains…“? Mais dans la paisible petite ville de Gföhl, 3700 habitants, en Basse Autriche, nichée dans une région verdoyante entre Danube et frontière tchèque, ce n’est pas une question de boudin, mais de Bouddha qui a fortement agité les esprits, et continue de la faire.

En effet, un moine bouddhiste sud-coréen, soutenu financièrement par une fondation viennoise, a décidé de construire un stupa, un monument religieux bouddhiste, qui avec ses 36 mètres de hauteur et ses 25 mètres de diamètre, aurait dû être le plus haut et le plus vaste d’Europe. Installé à l’est de la bourgade, au sommet d’une colline, on aurait pu le voir de très, très loin. Et pour faire bonne mesure, il aurait dû être, comme il se doit, dédié à la paix universelle. Dans cette splendide région, heureusement épargnée par le tourisme, une partie de la population et du conseil municipal se promettaient monts et merveilles de cette splendeur orientale, censée attirer des milliers de touristes et de curieux déversant un pactole sur une  région relativement pauvre. Mais bien entendu, ce ne sont pas ces considérations bassement matérielles qui ont été mises en avant, mais les impératifs de l’idéal, comme la paix, la sagesse orientale, le bon karma, que sais-je encore, les grands sentiments étant plus faciles à avaler que les considérations bassement matérielles.

Une tradition totalement étrangère

Ceux qui se sont avisés de la perversité d‘un projet consistant, pour finalement attirer des touristes, à installer un monument relevant d’une tradition totalement étrangère sur une vieille terre chrétienne (au moins depuis l’An Mille) au milieu de paysans vigoureusement enracinés en ne tenant compte ni de leur histoire ni de leurs traditions et en plus dans un lieu où jamais auparavant, au grand jamais,  la robe safran d’un bouddhiste ne s’était exhibée, ont décidé de contrer le projet en organisant un référendum qui a eu lieu dimanche, les partisans du non l’emportant avec une majorité des deux tiers, à l’immense surprise des bonnes âmes.
Comme il se doit, la gauche et les verts se sont aussitôt indignés d’un tel obscurantisme, de lamentables culs-terreux prenant la liberté de refuser ce symbole de lumière et d’harmonie et de bafouer les saints principes de la tolérance qui, on ne l’ignore pas, se pratiquent surtout dans certaines maisons. Ce qui, en définitive, est remarquable dans ce projet, c’est l’outrecuidance de ses promoteurs convaincus que tout est possible, dans la perspective de l’universalisme et du multiculturalisme à la mode. Tout est transposable, tout est adaptable et si l’homme est une marchandise pourquoi les monuments ne le seraient-ils pas également. D’ailleurs, si l’on avait vraiment besoin d’un «lieu de paix», il suffisait de se tourner vers les églises gothiques ou baroques, qui un peu partout s’offrent aux fidèles comme aux visiteurs et même les temples protestants, puisque toute la région avait passé au luthéranisme avant d’être recatholisée au début du XVIIe siècle.

 

7 commentaires

  1. Posté par Marie-France Oberson le

    Croyez-vous François-Etienne que si les religions n’existaient pas il n’y aurait pas de guerre ? Croyez-vous que les guerres récentes de ce dernier siècle étaient des guerres de religion? Croyez-vous réellement que les conflits actuels ont pour base la religion ? Allons donc! C’est ce que l’on nous fait croire! En réalité c’est, depuis la création du monde l’appropriation de bien d’autrui, et en ce qui concerne l’actualité, les sources d’énergie. C’est aussi terre-à-terre que cela! A commencer par le conflit yougoslave , il n’avait rien de religieux comme on a essayé de nous le faire croire !

  2. Posté par François Etienne le

    Une fois de plus, l’histoire se répète … La religion est le vrai opium des peuples, la cause première des guerres, le motif d’opposition des hommes.

  3. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Claudine, Caludine dont le nom chante,
    dont le nom chante comme un souvenir de mon enfance,
    comme le bourdonnement des abeilles dont j’ai savouré le miel. Comme la floraison des arbres fruitiers au printemps. Le parfum des jacinthes, le veloutés de leurs abondants pétales et les douceurs de leurs couleurs. Comme aussi le scintillement des rayons rasants du soleil levant dans l’herbe parsemée de jonquilles. Mon souvenir me les fait voir au raz du sol. Pourtant j’étais haut de cinq pommes, à six ans! Ma mère fut Dieu! Pas de mosquée. Mais « offre l’autre joue »! Et d’autres préceptes imposés dans les non-dits! Un gâchis! Mais Claudine chante dans mon coeur! Abigaïl aussi. Tania, et tous les noms de femme. Enfin, presque! Le nom chante, mais la Femme est un mystère! Le comble des combles est qu’elle l’est depuis que l’Adam a dit « voici, enfin, celle qui est os de mon os et viande de ma viande! Il a dit « ma »! Comme s’il avait! Or la langue dans laquelle a été rédigée ce texte ne connaît pas le verbe « avoir ».
    Ceci dit je viens de voir le film « l’auberge du sixième bonheur »! Il m’a foutu les larmes aux yeux! Ce n’est pas le message religieux de la femme qui m’a touché! Mais son être! Il se peut que l’histoire ait été romancée, mais dans ce cas le metteur en scène a vu l’essentiel!
    Je vous souhaite une bonne nuit, Claudine.

  4. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    C’était Farès? C’est effarant! (Les aventures de Rabbi Jacob)
    Un stupa? C’est stupéfiant! un stupa dans nos terre chrétiennes de surcroît! Vous subodorez une raillerie de ma part? Avec raison! Mais patience! Notre Dieu est un! Il est grand! Comme celui des musulmans d’ailleurs! Compatissant et miséricordieux. Dieu est intelligent! Il nous a donné l’évangile, Jésus-Christ et ses apôtres parce que nous sommes les meilleurs! Remplissez le monde! Comme Adam et Eve? Comme l’URSS? Comme les USA, le communisme et le capitalisme? Et la Chine maintenant? Ne voyez vous pas cette constante? La volonté de remplir le monde, le prosélythisme? Même l’éducation, telle qu’elle est conçue, relève de ce processus! Dominer! Assujettir! Contraindre! Toutes nos préventions n’ont rien de commun avec la prévenance! Avec une chaleureuse attention! Avec les soins que le chérissement impose. Notre Dieu? Laissez moi rire! Le temps ne viendrait-il pas que nous nous révélions tels que nous sommes? Jaloux du puiné pour lequel le père tue le veau gras? Laborieux, jaloux et pisse-froid? Et Dieu n’a-t-il pas la liberté de s’adresser à d’autres selon ses choix et ses voies! Il l’a, et ce n’est pas un droit! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je fustige le moine! Parce que nous avons assez de monuments? Assurément! Mais encore? Je ne sais pas, mais je cherche! Peut-être parce qu’il n’y a pas de fécondation sans étreinte? Et que dans l’étreinte nous sommes nus! Nus de cette nudité que n’égalait que le rampant du jardin? Souvenez-vous? Nus de cette nudité devenue honteuse! La fin de JE! Rejouée, si j’ose dire, à Golgotha! Le lieu du crâne! Et encore, Golgotha a une signification en hébreu! Une signification qui réduit les représentations du crucifié à ce qu’elles sont! Mais ce sera tout pour ce jour. Bonne nuit.

  5. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Monsieur Langendorf, une flemme me gouverne! C’est pourquoi je m’adresse à vous sur ce site. Lecteur de la Nation (qualifiée d’extrême droite dans une information diffusée sur France 24, si ma mémoire est bonne), votre livre, « Capitulation ou volonté de défense » a été porté à ma connaissance. Acheté et lu! Approuvé aussi. N’est-ce pas étrange que je vous « aie » imaginé nonagénaire? Vous évoquez donc cette volonté saugrenue d’ériger un monument à la gloire de Bouddha dans une campagne bucoliquement chrétienne! Un symbole de paix? Un grand pas dans le melting pot humanitaire? Un pas vers l’indifférentiation! Car, en fin de compte et si je comprends bien la cacophonie homogénéisante, les différences étant sources de conflits, fondons nous dans le même! Ce qui, à mes yeux, évoque la tour de Babel: faisons-nous UN nom! Et ceci avec une motivation logique, ne pas être dispersés sur la face de toute la terre! Mais, le comble des combles est qu’ils avaient déja une seule langue (la langue de bois) et les mêmes mots. Il y a de quoi méditer. C’est alors, comme le souligne André Neher, « qu’ils s’adressèrent l’un à l’autre, en traitant chacun l’autre comme un objet, avec un objectif commun! Voici qui change de la version Segond, et de ses suites édulcorées! Ce qui est donc très actuel, mais évoque aussi l’épisode du déluge! Pour autant que l’on fasse abstraction de 40 jours de pluie! Et que l’on considère les eaux comme un élément dissolvant! Noyant toutes distinctions! Ce qui n’était d’ailleurs que la sanction du réel, puisque toutes les pensées de leurs coeurs étaient entièrement tournées vers le mal. Notez que si ça avait été vers le bien ça aurait été la même chose. Quelle dictature n’est pas fondée sur le bien? Mais on ne sait toujours qu’après!
    Mais ces propos ne sont qu’introduction! Car j’ai en mémoire la volonté de défense! Et les réflexions qu’elle m’inspirent, cette volonté, sont vastes. Reçues de l’expérience en partie. Mais aussi de ma lecture des premiers chapitres de la Genèse. Et encore de mon expérience de soldat. Ce qui, vous en conviendrez, fait beaucoup. En ce qui concerne l’Armée, depuis mon école de recrue, j’y ai rencontré peu d’hommes « debout »! C’est, je crois, un problème majeur! Et vaste, j’en conviens! Mais, pour illustrer mon propos, je cite un homme debout! Il l’était à l’école de recrues! Jean! Je l’ai revu de loin, Lieutenant-Colonel, à une remise de drapeau. Les affalés disaient « la panosse ». Je revois le regard de Jean sur son subordonné, plus âgé que lui! Empreint de douceur, de fermeté et de noblesse! Oui, de noblesse! J’ai envie de m’épancher. Une noblesse qui élève!
    Et me voici dans la Genèse biblique! Une publicité mensongère qui ne dit même pas son objet! La faculté intellectuelle, réflexive et spéculative de l’humain est déjà orientée sur le résultat, sur l’objet! On baffre, et on se trouve nu et honteux, clivé. Schizophrène. Un expédient, le premier. C’est mal baré pour remplir la terre! Déjà sur la défensive. Le rejeton qui tue son frère dit: quiconque me trouvera me tuera. La volonté de défense? Pourquoi? C’est un faux problème! Car JE ne se défend pas! JE EST! Il est vrai qu’il a mal fini, le divin enfant! Ceci, écrit, cher Jean-Jacques, sans contester la stature du Général! Au contraire! Mais qui est JE? Il me semble bon que nous revisitions tout cela! Car la loi incarnée disant va et ne pèche plus, encore que cette histoire me semble discutable, n’est pas à portée de NOUS, et encore moins de ON! Et ce sera tout. Pour ce jour.

  6. Posté par Philippe Druey le

    Quel plaisir de lire la belle prose de Monsieur Langendorf ! J’espère que ce site lui donnera souvent l’occasion de nous faire profiter de sa science, de sa lucidité et de sa belle plume.

  7. Posté par Claudine Lemanski le

    euh… et combien de mosquées (et de minarets) en Autriche ou ailleurs en Europe d’ailleurs, tout dans cette « vieille terre chrétienne » ? On reste pantois….

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