Allemagne : une ancienne de la Stasi pour surveiller la Toile

Anetta Kahane dirige la Fondation Amadeu Antonio. Elle est chargée par le gouvernement de combattre sur Internet les « discours de haine ». Mais son passé la poursuit.

Un ancien collaborateur de la Stasi peut-il contrôler Internet pour l’État ? C’est la question que beaucoup se posent depuis que le ministre fédéral de la Justice Heiko Maas a engagé Anetta Kahane, présidente de la fondation Amadeu Antonio, au sein d’un groupe de travail dont la mission est de repérer les propos xénophobes et racistes.

Selon les archives, Anetta Kahane a été recrutée en juin 1974 par le ministère de la Sûreté de l’État (MfS). Elle devait nouer des contacts avec des étrangers que le MfS voulait engager comme informateurs. Sous le nom de code « Victoria », elle a remis des rapports sur des amis et des interlocuteurs. Kahane a également incriminé des personnes qui avaient protesté en 1968 contre l’écrasement du Printemps de Prague ou qui avaient sympathisé avec le chanteur Wolf Biermann. [...]

[...] L’officier traitant de Kahane l’a souligné à plusieurs reprises « K. a une attitude très positive envers les organes de sécurité. »

Il écrivit aussi : « Elle a incriminé des personnes [...]« . Elle a fait de longues dépositions sur des personnes qui « seraient susceptible d’actions hostiles à l’État, comme en particulier de quitter illégalement le pays ». Elle a mis fin à son activité en 1982.

Si on la compare à celle d’autres collaborateurs non officiels, l’activité de Kahane à la Stasi peut être considérée comme moyenne. C’est surtout son attitude par rapport à cette période qui pose problème. Bien qu’elle ait quitté la RDA en 1984, elle a passé sous silence son passé au MfS. Ce n’est que lorsqu’elle devait devenir responsable du service des étrangers à Berlin [..] que cette partie de sa vie fut rendue publique en 2002. [...] Le MfS aurait exercé des pressions sur elle – ce qui est faux si l’on en croit les archives. Elle a en outre affirmé :  » En aucun cas je ne voulais dire du mal des gens. »
[...]

Chacun doit décider lui-même de la relation qu’il entretient avec son propre passé. Mais il est incompréhensible que le ministère de la Justice soit justement allé chercher la fondation d’Anetta Kahane pour une mission aussi sensible que le contrôle d’Internet. Il serait bien avisé de mettre un terme à sa collaboration avec elle.

(Traduction Fdesouche)

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