CNN et CBS auteurs de «fake news». Trump et Assange savourent l’erreur des deux grands médias

Les chaînes de télévision américaines CNN et CBS pensaient prouver que Donald Trump avait bénéficié des services de WikiLeaks durant la campagne présidentielle. Mais c'était sans compter sur une erreur de date, qui compromet cette révélation...

Durant la campagne présidentielle américaine de 2016, Donald Trump accusait régulièrement les grands médias comme CNN ou CBS de délivrer des «fake news» pour favoriser son opposante démocrate Hillary Clinton. Le président américain peut désormais se délecter. CNN et CBS pensaient détenir une information capitale capable de prouver que Donald Trump avait bénéficié de services extérieurs pour remporter les élections de novembre 2016 – en l’occurrence ceux de WikiLeaks, site du lanceur d'alertes Julian Assange.

Le 8 décembre, CNN et CBS avaient ainsi rapporté que des proches de Donald Trump, dont l'un de ses fils, auraient reçu un message privé de la part d'un certain Michael J. Ericksen. Celui-ci aurait délivré, en pleine campagne présidentielle, des informations exclusives provenant directement de WikiLeaks.

Les deux médias assuraient ainsi que les proches de Donald Trump, via ce mail, avaient reçu un ensemble d'e-mails hackés le 4 septembre. Ceux-ci, à charge contre Donald Trump et Hillary Clinton, avaient pour auteur Colin Powell, secrétaire d'Etat sous George W. Bush qui avait soutenu le Démocrate Barack Obama en 2008. Si ces données ne revêtaient sans doute guère d'importance pour l'équipe de campagne de Trump, le fait que celle-ci obtienne des informations exclusives de WikiLeaks renforçait l'hypothèse d'une entente secrète entre le site lanceur d'alerte et le Républicain...

Une erreur de date qui change tout
Sauf que le Washington Post a assuré, le même jour, que les deux médias américains s'étaient trompés dans la date de réception du fichier contenant l'ensemble des mails piratés. Ainsi, ledit message serait daté en vérité du 14 septembre... soit quelques heures après que les documents ont été rendus publics par WikiLeaks. En d'autres termes : les proches de Donald Trump n'auraient reçu aucune information exclusive émanant de WikiLeaks. Confirmant son erreur, CNN a corrigé la date évoquée dans son article et reconnu «que l'information [était] désormais moins importante qu'initialement racontée». Et a ajouté une capture d'écran du fameux mail.

https://youtu.be/Cz3b7Ssx-AU

En outre, l'auteur du message privé, Michael J. Ericksen, ne se définit aucunement comme membre de WikiLeaks, dans ce que l'on voit de ce courriel, mais comme... un simple passionné d'aviation. L'équipe de Donald Trump affirme que son entourage recevait des tonnes d'e-mails de ce genre et que Michael J. Ericksen était «un nom inconnu» pour eux. Le Washington Post affirme qu'il n'est même pas certain que l'auteur soit Michael J. Ericksen, étant donné que l'adresse mail proviendrait d'une boîte mail Yahoo ordinaire (et non d'une boîte mail professionnelle).

Assange et Trump s'en donnent à cœur joie
De quoi amuser Julian Assange, fondateur de Wikileaks, qui affirme que «l'histoire de CNN et CBS à propos de WikiLeaks est à 100% de la "fake news". Une autre affaire "Brian Ross". Qui va être viré ?»

Donald Trump, quant à lui, ne s'est évidemment pas privé de lancer une pique contre les deux médias fautifs : «Le "fake news" CNN a fait hier une erreur vicieuse et réfléchie. Ils ont été pris la main dans le sac, comme Brian Ross à ABC (qui devrait être immédiatement renvoyé pour son "erreur"). A voir si CNN vire ses responsables, ou si c'était juste de la grossière incompétence ?»

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3 commentaires

  1. Posté par Ludivine Verdonck le

    Bonjour,
    The Guardian nous apprend aujourd’hui que le tribunal statuant sur le droit à l’information au Royaume-Uni (https://www.gov.uk/guidance/information-rights-appeal-against-the-commissioners-decision) reconnaît Wikileaks comme une organisation médiatique.
    «WikiLeaks est une organisation de médias qui publie et commente des documents officiels classifiés ou des documents de services officiels concernant la guerre, la surveillance ou la corruption, fuités dans diverses circonstances», indique le quotidien citant la décision du tribunal.
    Le site Sputnik reprend l’information en français, avec quelques erreurs néanmoins :
    M. Assange n’a jamais été accusé de viol, mais d’un délit mineur en Suède : défaut de port de préservatif lors d’une relation consentie.
    La justice suédoise a d’ailleurs renoncé à ces accusations en mai 2017.
    L’association des femmes contre le viol (Women against rape) était à ce propos intervenue dès 2012 pour s’étonner du traitement réservé à Julian Assange et parlait de poursuites « politiques ». (https://www.theguardian.com/commentisfree/2012/aug/23/women-against-rape-julian-assange )
    Je m’étonne que cette information, ici diffamatoire, soit ainsi reprise en boucle dans plusieurs médias.

  2. Posté par Ludivine Verdonck le

    Bonsoir,
    en creusant un peu, j’apprends également qu’un livre de Roger Stone, intitulé « The Clinton’s war on women », paru en 2015, accuse Bill Clinton de plusieurs agressions sexuelles et Hillary Clinton d’avoir fait pression sur les femmes pour les faire taire. Cela n’a certainement pas joué en sa faveur. Roger Stone est, certes, républicain, mais il a également sorti en 2016 un livre intitulé « Jeb and the Bush crime family : the inside story of an american dynasty » …

  3. Posté par Ludivine Verdonck le

    Bonjour,
    je comprends pas pourquoi M. Assange est accusé d’avoir favorisé M. Trump puisque l’Official Secret Act, qui stipule que le rétention et la destruction d’information sont un crime, l’oblige a publier tous les documents en sa possession, y compris ceux placés sous le sceau du secret. De plus, si je regarde sur le site wikileaks.org, je constate qu’il y a également plus de 35000 documents au nom de Trump. Enfin, le contenu des e-mails du parti démocrate montrait, si je ne me trompe, que Bernie Sanders était le candidat favori des électeurs démocrates et qu’il a été évincé, malgré cela, de la course à la présidentielle. Si cela peut expliquer la défaite électorale d’Hillary Clinton, je ne vois pas comment on peut l’imputer à Wikileaks, ou comment on peut en tirer la conclusion que Wikileaks est pro – Trump … N’était-il pas possible d’apprécier Bernie Sanders mais pas Hillary Clinton ?

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