Clichy : ici, c’est l’islam !

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Prières de rues à Clichy : les élus manifestent contre l’occupation de l’espace public. Huit mois que la situation perdure ; les médias se réveillent enfin et prennent la défense… des musulmans. La prière du vendredi aurait même été « perturbée » par les élus.

« Stop aux prières illégales dans la rue. » Le 10 novembre, une centaine d’élus d’Ile-de-France manifestaient à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) pour dénoncer l’occupation du territoire par des musulmans. Depuis huit mois, ces derniers prient tous les vendredis dans la rue, à même le sol. La rue est bloquée, la prière encadrée par les forces de l’ordre.

Le 10 novembre, Clichy était divisé : d’un côté, les élus de la nation, de l’autre, des musulmans (sont-ils tous français ? Personne ne saurait le dire). Les élus chantent l’hymne national, les musulmans écoutent l’appel du muezzin.

L’AFP met huit mois pour accoucher d’un monstre

Huit mois que des musulmans de Clichy s’installent dans la rue pour prier. Les grands médias n’ont pas évoqué le sujet ; pas un seul reportage. La manifestation des élus aura donc eu le mérite de créer un électrochoc dans les médias. Le vendredi 10 novembre, les journalistes étaient présents. TF1, France 2, BFMTV… En bref, les grandes chaînes de télévision s’emparent enfin du sujet.

L’AFP (Agence France Presse) était, elle aussi, présente. Elle a rendu compte de la manifestation des élus et a envoyé son rapport aux différentes rédactions de France. « Une centaine d’élus en écharpe ont tenté, vendredi 10 novembre, à Clichy (Hauts-de-Seine) d’empêcher des fidèles musulmans de faire leur prière dans la rue. » Si le titre semble factuel, une idée est posée : les élus empêchent les musulmans de prier. Le terme « empêcher » sera rapidement remplacé par un verbe plus fort : « perturber ».

Le Parisien, qui reprenait la dépêche AFP, titrait ainsi : « Clichy, la manifestation des élus perturbe la prière de rue illégale », idem pour Le Point : « Clichy, une centaine d’élus perturbent une prière de rue. »

Comme toujours, le choix des mots n’est pas anodin. Par l’emploi du mot « perturber », les musulmans deviennent des victimes perturbées dans leur foi, et les élus de la République sont des éléments perturbateurs.

Pour Libération, « Les élus veulent chasser les fidèles. (…) Une centaine d’élus ont tenté vendredi d’empêcher des fidèles de faire leur prière dans la rue. » Le titre est fort : non seulement il normalise les prières de rue, mais les élus deviennent des chasseurs. A Clichy, les élus pratiquent le pogrom, la chasse à l’homme est ouverte !

Pour Le Figaro : « A Clichy, les élus battent le pavé contre les prières de rue. » Le titre paraît factuel, pourtant il n’en est rien. Si le titre est moins choquant, il reste malgré tout orienté. « Battre le pavé » n’est ni une expression neutre, ni une expression anodine ; sûrement, le bruit des bottes n’est pas loin.

Un titre plus objectif aurait pu être : « Des élus protestent contre l’occupation d’une place publique par des musulmans en prière. »

La mairie, seule responsable

Globalement ? Il ressort des médias que ces prières de rues ne sont qu’une conséquence d’une situation imposée aux musulmans de Clichy.

Les médias ont très vite trouvé leur angle : les élus sont les perturbateurs.

Le Parisien était un des rares médias à avoir évoqué les prières de rue avant le vendredi 10 novembre. Le 30 juin, le journal titrait : « Entre musulmans et mairie de Clichy, c’est toujours le dialogue de sourds. » Le journaliste cite un responsable de l’association de la grande mosquée de Clichy : « Mais le maire ne veut pas continuer avec nous », laissant sous-entendre que le maire a le devoir de fournir un lieu de culte ou un terrain.

Le 9 novembre, encore une fois dans Le Parisien, Anne-Sophie Demecour écrivait dans son entête : « Les associations expulsées des locaux prient chaque vendredi devant la mairie. » Encore une fois, le journaliste laissait sous-entendre que la mairie était responsable des prières de rue.

Le 13 novembre, Manuel Valls intervenait sur L24 et déclarait qu’il « faut donner aux musulmans des lieux de culte décents ».

Le 10 novembre, France 2 diffuse un reportage sur la manifestation des élus. Pour un habitant de Clichy, « s’ils sont dans la rue c’est qu’ils n’ont pas d’espace et je sais que c’est à la municipalité de créer des espaces pour ces personnes, et s’ils le font dans la rue c’est qu’il y a un souci ». C’est une erreur, et même un bobard !

C’est une erreur, car l’Etat et les collectivités territoriales n’ont aucune obligation de fournir un lieu de culte pour les musulmans ; ni terrain, ni bâtisse. C’est un bobard, car le journaliste, dans son montage, a repris sciemment cette séquence, sans même contredire cette affirmation. Le pire, dans cette histoire, c’est que l’on peut soupçonner le journaliste d’avoir été de bonne foi. Ce mensonge a désormais pénétré l’esprit des Français, il trouve sa pseudo-justification dans le prétendu déséquilibre du nombre de lieux de culte chrétiens et musulmans.

Selon Abdallah Zekri, président de l’Observatoire national contre l’islamophobie, pour mettre fin aux tensions liées aux prières de rue dans la ville de Clichy-la-Garenne, il faut doubler le nombre de lieux de culte. Un journaliste aurait pu relever qu’en Seine-Saint-Denis, il y a 145 lieux de culte islamiques pour 117 lieux de culte catholiques.

Prières de rue : légales ou illégales

Le 10 novembre, Le Parisien titrait « La manifestation des élus perturbe la prière de rue illégale. » Le qualificatif d’illégal a été très largement repris sur les réseaux sociaux mais aussi par certains politiques. Il faut être honnête : il n’en est rien.

Aucune loi n’interdit explicitement les prières de rue. Les prières de rue sont considérées comme un rassemblement ou une manifestation. En revanche, la loi impose une déclaration préalable de manifestation en préfecture. En l’occurrence, l’Union des associations musulmane de Clichy a déposé, en mars, une déclaration générale portant sur tous les vendredis suivants. La préfecture n’avait alors pas émis d’interdiction, faute de ne pouvoir caractériser de trouble à l’ordre public.

Hervé Grandchamp

  • Retrouvez Hervé Grandchamp le vendredi soir dans I-Media sur tvlibertes.com

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