De notre correspondant permanent aux Etats-Unis. – Historique, elle le fut, cette élection du 8 novembre 2016, et pour plusieurs raisons. D’abord, les chiffres. 139 millions : ce sont les suffrages exprimés, soit 60,2 % des inscrits. L’une des plus fortes participations de l’histoire alors que la gauche caviar affirmait que l’épouvantail Donald Trump allait faire fuir tous les citoyens conscients de leur devoir civique. 70 % : sept hommes blancs sur dix ont voté pour Trump, ce qui représente, pour les annales, le plus grand rassemblement électoral des descendants des fondateurs de l’Amérique. 5 % : c’est le pourcentage des médias qui ont soutenu Trump depuis le début de sa campagne jusqu’à sa victoire. 95 % des journaux, radios, chaînes télévisées ou câblées ont fait des pieds et des mains soit pour Hillary Clinton, soit pour Bernie Sanders.
Mais cette élection fut historique pour quelques événements sans précédent. D’abord, Donald Trump lui-même. Personnage extravagant et impulsif sorti de l’affairisme new-yorkais, néophyte en politique et iconoclaste en tout, il traça jusqu’à la ligne d’arrivée un implacable sillon en massacrant sur son passage les mœurs, les opinions et les repères qui le gênaient. On n’avait jamais vu un candidat de cette envergure transformer avec autant d’aplomb des dégâts apparents en suffrages effectifs. On n’avait jamais vu un charisme aussi calculateur prendre avec autant d’adresse du social à la gauche et du national à la droite. Mélange qui a plu à une coalition hétéroclite (droite nationale, monde du travail, démocrates déçus), là aussi sans équivalent dans l’histoire des élections américaines.
Ensuite, cette élection contraste avec celles qui l’ont précédée parce que l’un des principaux acteurs – l’establishment – s’est littéralement liquéfié. Cet establishment a commis dès le début de la course l’impardonnable erreur de considérer Trump comme un marginal avant de s’apercevoir, trop tard, qu’il pouvait aller loin. Des caciques républicains comme les deux ex-présidents Bush, le sénateur John McCain, l’ancien candidat à la Maison Blanche Mitt Romney, et bien d’autres, n’ont rien compris. Ils n’ont rien compris au personnage de Trump, à ce qu’il avait d’imprévisible et de novateur. Ils n’ont rien compris à la dynamique qu’il avait réussi à intégrer dans les primaires républicaines. Et ils n’ont rien compris au souffle destructeur qui menaçait d’emporter l’idéologie et les structures d’un conservatisme sclérosé. Des fautes graves pour des stratèges et des tacticiens chevronnés. Fautes qui furent non seulement payées le 8 novembre mais qui continuent à plomber un parti dans l’enceinte même de sa vocation : le Congrès.
Enfin, dernière raison de considérer cette élection comme unique : le scandaleux boulet que dut traîner durant des mois celle qui rêva de devenir la première femme à s’asseoir dans le Bureau ovale. Personnage flou, cynique, arriviste, Hillary Clinton a payé en une seule journée à la fois son amateurisme, sa corruption et son arrogance. Durant toute la campagne, elle fut protégée par les médias aux ordres et l’establishment sous omerta. On n’avait jamais vu autant d’histoires troubles entourer une candidature à la magistrature suprême. Depuis les quatre Américains massacrés en Libye par ses négligences jusqu’à l’uranium vendu aux Russes afin d’alimenter ses fonds personnels, la pugnace Hillary accumula d’innombrables accusations qui auraient envoyé en prison n’importe quel haut fonctionnaire. Accusations dont la dernière en date coïncide avec cet anniversaire : Hillary aurait « acheté » la machine démocrate afin de se débarrasser « en douceur » de son rival Bernie Sanders. Blasés, les éditorialistes n’affichent aucune surprise.
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