Pourquoi le libéralisme n’est pas la défense du grand capital

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Un malentendu, hélas fort répandu, assimile le libéralisme à une politique en faveur des grandes entreprises, en particulier celles du CAC 40. À tort. Quatrième partie de la série « Ce que le libéralisme n’est pas ».

[Ndlr : l’auteur parle du libéralisme au sens européen (droite) et non au sens américain (gauche).]

Par Johann Rivalland

Il est courant, depuis déjà longtemps, de considérer le libéralisme comme le danger suprême. […]

C’est ainsi que, tentant de le diaboliser, certains tentent de l’apparenter au « grand capital », et tout ce que l’on peut trouver de péjoratif derrière cette expression, symbolisé par « le patronat » (…).

Or, non seulement le libéralisme n’a pas pour objet de défendre particulièrement ces grandes entreprises […], mais il condamne, de surcroît, les interventions et collusions intempestives qui visent à protéger certaines rentes au détriment du bien commun. […]

Ne pas confondre capitalisme et libéralisme

[…]

Ce que les libéraux refusent aussi, c’est le constructivisme : l’idée selon laquelle il serait légitime pour certains hommes investis d’un pouvoir particulier d’imposer des règles sociales qu’ils auraient préalablement définies par le raisonnement. Pour un libéral, tout acte social, quelque élémentaire qu’il soit, doit être soumis aux autres membres de la société […]

Le capitalisme de connivence

Charles Gave, dans un article intitulé « Capitalisme de connivence et libéralisme » évoque Éric Zemmour, dont on sait à quel point il exècre le libéralisme  […]

À l’inverse de ce que recherche le libéralisme, le capitalisme de connivence est :

Un système de défense et de création de rentes appuyé sur la capture de l’État par ceux qui bénéficient ou bénéficieront de ces rentes. Dans la rente, on gagne de l’argent parce que l’on a capturé l’État, tandis que le profit est la contrepartie d’un risque pris. Une rente ne disparait jamais, un profit peut s’évaporer du jour au lendemain. Le profit est légitime, la rente ne l’est pas.

Or, le libéralisme est, par nature, opposé aux immixtions intempestives de l’État dans le fonctionnement de la société […].

La mécanique perverse du système

La mécanique perverse du système, le clientélisme sous couvert toujours d’un « intérêt général » aux contours mal définis, un syndicalisme trop souvent complaisant et, par certains côtés complice de ce grand patronat qu’il entend dénoncer, sont autant de facteurs qui dévoient le système et l’éloignent justement complètement de ce qu’entend promouvoir le libéralisme, à savoir une véritable liberté d’entreprendre, de créer, d’innover, de jouer le libre-jeu de la concurrence, sans que des intérêts corporatistes, politiques, protectionnistes ou autres viennent interférer avec cette liberté et la restreindre.

[…]

David Descôteaux, dans un article intitulé « Le capitalisme de connivence, voilà l’ennemi », affirme ainsi que :

Nous vivons à l’ère du capitalisme de copinage (crony capitalism). […]

C’est la capture de l’État par les groupes d’intérêt — qu’ils soient de droite ou de gauche. Et qui se foutent bien qu’on endette à mort la prochaine génération.

Le libéralisme contre les subventions aux grandes entreprises

[…]

Le libéralisme, au service de tous

Au final, rien ne permet d’affirmer, si ce n’est l’ignorance ou la mauvaise foi, que le libéralisme serait assimilable à la défense des grandes entreprises, ni même des entreprises quelles qu’elles soient par un a priori surgi de nulle part, si ce n’est des visions fantasmées de certains.

On peut même estimer que, bien loin de vouloir privilégier telle ou telle entité, le libéralisme demeure au service exclusif de l’individu et de sa liberté, loin de tout privilège indu. Et en ne défendant aucune position acquise. Ainsi peut-on affirmer avec Thierry Falissard, dans son opuscule Faut-il avoir peur de la liberté ? :

Le capitalisme de libre concurrence n’aboutit à aucune position définitivement acquise, car tout avantage peut être remis en question. Le plus compétent, c’est-à-dire celui qui apporte le plus aux autres, y a toutes ses chances. Entraver la concurrence est davantage dans l’intérêt du « fort » que du « faible » : « Les gens qui combattent pour la libre entreprise et la libre concurrence ne défendent pas les intérêts de ceux qui sont riches aujourd’hui, ils réclament les mains libres pour les inconnus qui seront les entrepreneurs de demain et dont l’esprit inventif rendra la vie des générations à venir plus agréable. » (Ludwig von Mises, « L’action Humaine », 1949).

Article complet : Contrepoints

Un commentaire

  1. Posté par hausmann. conrad le

    La confusion est un malentendu ! Mais qui entretient ce malentendu ? Les socialistes .Le socialisme comme le marxisme sont des utopies transformées par certains intellectuels en « sciences » du moins en apparence seulement.Pour un developpement économique seul le libéralisme a fait ses preuves d’efficacité. (V. Chine mème si elle se qualifie de communiste.) Mais le libéralisme doit ètre endigué….

Et vous, qu'en pensez vous ?

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