L’aveuglement de Bruxelles

L’aveuglement de Bruxelles

 

A quoi joue Bruxelles ? Depuis déjà plusieurs années, l’UE déçoit les Européens. Le double vote négatif des Hollandais et des Français en 2005 montre que le désenchantement date d’assez longtemps. Or que fait Bruxelles pour convaincre et rassurer les Européens du bien-fondé de son projet fédéraliste ?

 

Bruxelles joue avec le feu en donnant de moins en moins la voix aux peuples, en les soumettant à des lois injustes et illogiques, en agissant d’une manière de plus en plus autoritaire et menaçante, bref en devenant de moins en moins démocratique. Les méthodes brutales et dictatoriales que Bruxelles utilise travaillent à sa propre destruction.

 

La détermination, la hargne et l’aveuglement avec lesquels l’UE poursuit obstinément son objectif en ignorant les signaux d’alerte, en menaçant d’amende tout pays qui traîne les pieds à obéir et en imposant des lois insensées montrent qu’elle se croit éternelle et indéboulonnable.

 

En détruisant les fondements de l’Europe des nations comme elle s’acharne à le faire, elle met également à mal la confiance qu’avaient un grand nombre d’Européens en l’UE. Une fois cette confiance envolée, il sera impossible pour Bruxelles de contrôler les événements.

 

Or, le point de rupture est déjà atteint dans plusieurs pays.

 

Les bonnes idées qui se trouvent dans le projet de l’UE mériteraient un traitement plus intelligent pour satisfaire les besoins de l’Union.  Ce qui manque à l’UE, c’est l’application systématique d’une dose de bon sens dans plusieurs domaines spécifiques pour faire renaître la confiance. Car certaines décisions hâtives ou orientations malheureuses ont suffi pour enrayer la machine. Parmi celles-ci, la directive des travailleurs détachés (qui est actuellement en train d’être amendée tant ses effets ont finalement été jugés néfastes !), l’orientation de la cour européenne de justice et la politique migratoire.

 

Par bon sens, que faut-il comprendre ?  L’adoption d’une méthode qui recherche le changement en douceur en appliquant certains principes comme la précaution,  l’équilibre, la progressivité et la pédagogie à un programme qui met au-dessus de tout l’intérêt des peuples, non pas en les opposant les uns aux autres, mais en nivelant leurs différences.

 

Pour bien comprendre ce dont il s’agit, analysons de plus près le seul exemple de la politique migratoire. L’attitude de l’UE en matière d’immigration pourrait faire s’effondrer tout le système tant Bruxelles agit comme une brute en folie, appuyée en cela par des dirigeants inconscients et idéologiquement conditionnés comme Angela Merkel, responsable de l’invasion de plusieurs pays européens par des hordes d’immigrants, avec son cortège de problèmes et de désolation.

 

Déjà les fissures deviennent craquements : le groupe de Visegrad ou V4 (la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie et la Hongrie) constitue un pôle de résistance au centre de l’Europe qui combat la politique insensée migratoire de l’UE. Ce faisant, le V4 apparaît comme l’opposant majeur de la fédéralisation poussée à outrance que poursuit Bruxelles.

 

Parallèlement au V4, l'Initiative des Trois Mers (L'I3M) regroupe un nombre important de pays d’Europe centrale dont les quatre du V4 auxquels s’ajoutent les Pays baltes (Lituanie, Lettonie et Estonie) ainsi que l’Autriche, la Roumanie, la Bulgarie, la Slovénie et la Croatie, soit un total de 12 pays constituant un bloc homogène allant de la mer Baltique à la mer Adriatique et la mer Noire. Le V4 et l’I3M entendent renforcer la coopération entre les pays d’Europe centrale et orientale. Il se pourrait que le V4 devienne le pilote de l’I3M, ce qui amènerait très certainement à un affrontement entre Bruxelles et ce groupe concernant la politique d’immigration forcenée de l’UE.

 

Sur le front des élections, les législatives autrichiennes d’octobre 2017 se sont traduites par une nette progression de la droite : le parti ÖVP a remporté les élections avec  31,5 %, soit un gain de 7,5 points de pourcentage alors que le parti d’extrême-droite FPÖ a réuni 26 % des suffrages. Un rapprochement de l’Autriche et du groupe de Visegrad concernant le problème migratoire devrait se préciser très prochainement. En Tchéquie, les élections d’octobre 2017 ont donné 29,64 % des voix à Andrej Babis et à son parti ANO, clairement contre l’accueil des migrants alors que le SPD d’extrême droite glanait 10,64 %. Là aussi, les errements de Bruxelles provoquent des conséquences qui vont défaire un peu plus ce qui restait de l’harmonie européenne.

 

Si l’immigration massive en cours est la solution envisagée par l’UE pour pallier la faible natalité et le manque de main d’œuvre à venir de l’UE, d’autres solutions moins problématiques existent. Il faut encourager la natalité dans les pays européens comme le fait actuellement la Pologne avec des résultats probants. D’autre part, concernant les grossesses non désirées, beaucoup reste à faire pour donner aux mères enceintes un vrai choix entre un avortement subi et une conservation ou une adoption du bébé désirée. Par ailleurs, cette immigration débridée encouragée par Bruxelles alimente le marché du travail avec une main d’œuvre bon marché pour le patronat et, ce faisant, crée des tensions parmi les travailleurs européens les moins qualifiés et des rivalités entre pays de l’Union.

 

La différence de situation entre le bloc de l’est qui résiste à l’immigration et le bloc de l’ouest qui y est grandement ouvert commence à se voir d’une façon aveuglante : alors que les problèmes se font de plus en plus pressants et les attentats de plus en plus fréquents à l’ouest, le groupe de l’est, rassemblé autour de quelques concepts simples et clairs, semble mieux protégé des vents mauvais que voudrait lui imposer Bruxelles.

 

Et pourtant, il eût été possible de sécuriser les frontières extérieures de l’Union européenne et par là même de contrôler correctement les mouvements d’immigrants (principe de précaution). Il eût été normal de laisser chaque pays accepter l’immigration selon ses propres besoins et avec son propre calendrier permettant des transitions en douceur (principes d’équilibre et de progressivité). Il eût été logique de présenter aux nouveaux arrivants la liste de leurs droits bien sûr, mais accompagnée d’une liste de leurs devoirs et des conséquences automatiques du non-respect de ces derniers (principe de pédagogie).

 

Le manque de réalisme semble être la marque de fabrique des technocrates de Bruxelles. Il n’y a rien d’étonnant à cela quand on voit les conversions subites de certains d’entre eux épousant du jour au lendemain une posture idéologique contraire à celle assumée et vécue jusqu’alors, tout cela pour avoir droit à la gamelle (regardons l’exemple de Moscovici !). La suffisance, le mépris, le manque de vision, le sentiment de supériorité et d’impunité qui émane de ces roitelets augurent mal du futur.

 

Menacer de sanctions, utiliser la contrainte et passer en force ne sont pas les solutions idéales pour arriver à une Europe épanouie. Le chemin pris par Bruxelles est semé d’embûches et il est loin le moment où l’Europe arrivera à ce stade d’apaisement où tous les pays concernés participeront volontiers du même effort. Force m’est de dire que ce n’est pas seulement un haut degré d’incompétence dont fait preuve la nomenklatura de Bruxelles, mais aussi – hélas – d’une dose massive d’inconscience. Car, la position  actuelle de Bruxelles dresse deux camps l’un contre l’autre, exacerbe les Européens et fait monter en flèche les partis dits populistes. Tout cela est la conséquence d’un aveuglement sidérant de quelques oligarques. Belle réussite pour un programme supposé être fédéraliste !

Bertrand Hourcade, 26.10.2017

 

5 commentaires

  1. Posté par Mauron le

    @rikiki
    Les européens restent sans réactions car ils préfèrent le bien être et l’argent à leur identité et, malheureusement, c’est la même chose chez nous en Suisse.

  2. Posté par rikiki le

    Dommage que les européens restent sans réactions.

  3. Posté par Max93 le

    « L’UE n’est pas un projet européen, l’UE a été créée dès le départ par les mondialistes, ça n’est qu’une étape vers la constitution d’un gouvernement mondial! » dit Le Taz et il a raison.
    Mais s’il fallait un gouvernement mondial ce ne devrait pas être le gouvernement de l’oligarchie des milliardaires mondialistes de connivence , sans- frontièriste euh sauf pour leurs propres coffres forts et leurs réseaux, qui se gobergent partout présentement, il faudrait un gouvernement mondial par une ONU révolutionnée et autonomisée par les 190 Etats-Nations harmonisés les uns les autres avec des plans de développement respectifs bien réfléchis notamment pour les Etats les plus miséreux avec une représentation sommitale décisionnaire vraiment Démocratique , Sinon l’Humanité à 7,5 milliards, à 12 mds en 2050 va bientôt aller dans le mur d’une manière ou d’une autre via des guerres possiblement nucléaires et la misère généralisée. C’est urgent dans l’intérêt de tous mais tout le monde s’en fout notamment « l’ homo-consumérus » et encore plus « les élites » là non par compétence et esprit de responsabilité collective mais par les hasards de la naissance et des arrivismes…
    On peut toujours rêver .

  4. Posté par Le Taz le

    L’UE n’est pas un projet européen, l’UE a été créée dès le départ par les mondialistes, ça n’est qu’une étape vers la constitution d’un gouvernement mondial! L’un des pères fondateurs de l’UE c’est Coudenhove-Kalergi, lisez Praktischer Idealismus et Pan Europea pour avoir une vision claire du projet! Tout est écrit, il suffit de lire…

    L’objectif de l’UE c’est de ne plus avoir de pays mais des régions aux pouvoirs très limités ratachées à un gouvernement central tout puissant à Bruxelles (Voilà pourquoi Hollande a remanié les régions). A noter également qu’en ce qui concerne la Catalogne, l’UE soutient Madrid car les indépendantistes sont souverainistes et plutôt euroseptiques, s’ils étaient des pro – européens convaincus ça se passerait certainement très différemment! Et au final, la démocratie pour ce qu’il en reste, à la poubelle!

    Si l’UE fait tout ce qu’elle peut pour nous envahir d’africains et de musulmans c’est pour détruire les cultures européennes afin d’arriver à un peuple sans aucune identité. Ils savent très bien que sans cela, ils n’arriveront pas à imposer leur dictature, il n’y a qu’à regarder la résistance de certains pays de l’est! Leur attitude n’est dès lors pas incohérente elle correspond parfaitement à leur agenda! Il faut arrêter d’être naïfs! Ces gens ne sont pas des cons mais des salauds!

  5. Posté par Myrisa Jones le

    « Belle réussite pour un programme supposé être fédéraliste ! »
    Faux! L’UE n’a jamais été un projet fédéraliste à l’origine.
    Les beaux discours sur ce sujet n’ont pas eu d’autres buts que d’endormir la vigilance afin de pouvoir créer progressivement un « Super Etat  » dominé économiquement et politiquement par les Etats-Unis.
    Le modèle fédéraliste suisse, qui a fait ses preuves à travers le temps, avait été cité à l’époque par quelques uns, comme un modèle à suivre pour créer une UE équilibrée et démocratique.
    Les puissants et les possédants de l’époque ( industriels, politiciens, financiers, banquiers etc.) l’ont clairement mis de côté car cela aurait desservi leurs projets de domination.
    Pourquoi croyez-vous que la Suisse, dès le refus de la population d’entrer dans l’UE, a-t-elle subi des attaques systématiques de ce bloc sur ses « Talons d’Achille »? Et elle en avait comme tout pays.
    Ce modèle fédéraliste est détesté par les élites qui voudraient bien le voir disparaître du continent. Il fait tache dans le paysage en montrant un autre possible. Avec l’accord Schengen la Suisse a livré une partie importante de sa souveraineté territoriale à cette UE qui en rêvait.
    Désormais, il ne manque donc plus que la signature de l’accord cadre sur la reprise automatique du droit européen- M. Burkhalter proclamant à l’époque qu’il ne s’agissait que de « détails techniques » inutiles à soumettre aux cantons… – pour que notre semi-démocratie disparaisse de l’Histoire.

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