Renvoi des criminels étrangers: le peuple, cet éternel naïf

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens

Un an après la mise en œuvre de la loi d'application sur le Renvoi des Criminels étrangers, les premières statistiques sont sous toit. Elles confirment qu'absolument aucun serrage de vis n'a lieu vis-à-vis des criminels étrangers, et n'aura jamais lieu.

La thématique du Renvoi des Criminels étrangers est un combat important du peuple suisse pour préserver sa sécurité. Elle a été abondamment abordée dans ce blog. On pourrait ouvrir les feux avec la première initiative sur le sujet en 2010 et les éteindre avec la conclusion du refus par le peuple de la deuxième initiative, dite "de mise en œuvre", en février 2016. Aujourd'hui, nous en voyons l'épilogue.

udc-pour-plus-de-secu.jpgDe nombreuses pages ont été écrites sur le sujet. Dès le début de ce long processus législatif, les élites du pays firent feu de tout bois pour enterrer ce thème par tous les moyens. Au-delà du réflexe basique cherchant à empêcher une victoire dans les urnes d'un texte porté par l'UDC, le renvoi des criminels étrangers cristallisa sur lui pratiquement tous ce que la classe dirigeante abhorrait.

Le renvoi des criminels étrangers impliquait une justice forte et suivie d'effets, et contrevenait donc à la doctrine de bienveillance mâtinée de rousseauisme et de permissivité post-soixante-huitarde de la justice actuelle. Il impliquait une automaticité du renvoi, et empiétait donc sur le rôle jupitérien tant apprécié des magistrats. Il impliquait des procédures de reconduction à la frontière, donc des frontières et des renvois. Il impliquait une politique souveraine, donc faisait un pied-de-nez à Bruxelles et son bras armé judiciaire de la CEDH. Il impliquait une période d'interdiction du territoire, donc un corps de police capable d'appliquer cette interdiction, et les centres de détention afférents.

Par quelque bout qu'on le prenne, le Renvoi des Criminels étrangers sapait les fondations même de la Suisse diluée dans l'UE que les élites bâtissaient sans relâche depuis 1992. Il était une sorte d'antimatière législative. Il fallait qu'il échoue, et il échouerait.

Aujourd'hui, il a échoué. Les chiffres le confirment.

Depuis le 1er octobre 2016, environ 450 décisions de renvoi ont été prononcées dans le cadre de la loi, aboutissant à environ 400 expulsions effectives. Étendu aux cantons manquants, le journal estime ce chiffre entre 500 et 800 pour toute la Suisse, comparable donc aux années précédentes.

Bien entendu, les journalistes cherchent des "explications". On nous parle d'une diminution des cambriolages par exemple - comme si quelques pourcents de différence allaient changer quelque chose dans des chiffres qui pêchent par un facteur de 5. On admet à demi-mot que les exceptions sont plus ou moins la norme, pour des raisons de proportionnalité - un terme que les futures victimes de récidivistes auront pleinement le loisir d'apprécier. Mais surtout même des journalistes de la Sonntags Zeitung l'admettent, "le chiffre de 4'000 [renvois annuels] émis par l’Office fédéral de la statistique pendant la campagne était largement exagéré."

24Heures explique quant à lui que "la forte hausse des renvois" n'a pas eu lieu. Bref, chacun feint l'étonnement avec un art consommé de l'hypocrisie, alors que cette dilution totale de l'initiative était l'objectif de départ.

Rappelons-nous: à l'initiative du renvoi des criminels étrangers succéda un "groupe de travail" élaboré par Simonetta Sommaruga, et noyauté par des adversaires de l'initiative - groupe de travail qui n'accoucha de rien d'autre qu'une variante du contre-projet refusé par le peuple en 2010. À la suite de quoi l'UDC se retrouva contrainte de repartir devant le peuple avec une nouvelle initiative, mal ficelée (le texte n'ayant pas été écrit pour être déposé comme tel) et contre laquelle l'ensemble de la classe politique, les médias et de pseudos-mouvements de la société civile montés de toute pièce se mobilisèrent. Les perdants de 2010 avaient l'occasion de rejouer le match. Ils tenaient leur revanche, et gagnèrent. Mais leur victoire est aussi la défaite de la sécurité.

Le projet de loi du "groupe de travail" - l'opposition parlementaire à l'UDC, sous l'égide bienveillante de Mme Sommaruga - constitue donc l'application de fait de l'initiative pour le Renvoi des Criminels étrangers. Cette loi n'a, à dessein, aucun effet. Il faut être fou, hypocrite ou d'une naïveté sans limite pour s'en étonner.

Rappelons-nous de la campagne de 2016: l'UDC clamait que seule l'initiative de mise en œuvre - impliquant une liste de délits clairement définis et l'automaticité du renvoi - pourrait juguler la masse de criminalité envahissant le pays depuis la libre-circulation. À cette interprétation s'opposait celle de l'establishment affirmant que le contre-projet-bis du Parlement entraînerait 4'000 renvois par an, ce qui serait bien suffisant. Lors de cette campagne, Jean-Luc Addor, conseiller national UDC, eut ces paroles prophétiques:

En été 2015, le Parlement fédéral a voté une loi qui réintroduit en substance une clause de soi-disant « rigueur » (en réalité, une clause de protection des étrangers criminels) qui, à côté d’autres éléments, au lieu de permettre l’expulsion d’un peu plus de 10’000 étrangers condamnés par les tribunaux suisses (comme le demande l’UDC), réduira ce nombre à moins de 4'000 ; et encore, ce dernier chiffre pourrait être encore plus bas si, comme on a tout lieu de le craindre, les tribunaux transforment ce qu’on présente au bon peuple comme un régime d’exception en règle protégeant les criminels au détriment des victimes et de la sécurité publique.

Et c'est exactement ce qui s'est passé. Sauf qu'au lieu de 4'000, il n'y a en fait rien de discernable.

Mais, s'il était possible de sentir le moindre frémissement dans la gestion des renvois, l'étincelle de chaleur serait encore rapidement étouffée par un nouvel extincteur. Citant 24Heures:

[Il semblerait que] les juges usent volontiers de la clause d’exception: celle-ci consiste à suspendre une expulsion automatique si le délit est jugé trop mineur pour une telle sentence, ou en fonction de la situation du condamné – par exemple s’il est né en Suisse. (...) La Cour suprême de Zurich a quant à elle décidé la semaine passée de ne pas expulser un Allemand coupable d’un passage à tabac pour un autre motif, plus surprenant: les juges ont estimé que son expulsion contreviendrait à l’accord sur la libre circulation des personnes.

La libre-circulation des criminels. Nous y sommes. Officiellement.

Il paraît qu'à une époque la Suisse était un pays libre et indépendant ; il semble qu'aujourd'hui, il ne le soit plus dans les bornes que les dirigeants imposent à un peuple trop crédule pour se réveiller. Alors, chacun se calfeutre chez lui le soir, les femmes hésitent à se promener en ville la nuit et les affaires des sociétés de surveillance sont florissantes.

Les Suisses adaptent leur mode de vie, mais, politiquement, n'apprennent pas de leurs erreurs.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 18 octobre 2017

6 commentaires

  1. Posté par toyet le

    La Magistrature, le berceau de la franc Macronie pour son grand oeuvre la destruction, d’un peuple qui fût heureux.

  2. Posté par Collectif REC le

    Tout se trame dans notre dos, lobbys, politiciens complices d’un génocide, celui de notre planète ! Un seul moyen, changer ce modèle républicain.
    Urgence, changeons ce monde, lisez le livre interdit « Têtes à Flaques »;
    Politique, social, santé, éducation, religion, 650 pages pour vous prouver que tout est possible, pour le prix d’un paquet de cigarettes.
    En ligne sur :
    http://www.thebookedition.com/stats_banniere.php?action=clic&id=96895
    Ou tapez le titre dans la recherche. 
    (Ces 650 pages ne rapportent que 1€ à son auteur)
    Et 365 jours / an : http://collectif-rec.20minutes-blogs.fr

  3. Posté par leone le

    @Bussy
    Quand un loup attaque un mouton que font les autres? Ils fuient chacun de leur côté? Non, ils restent groupés pour que le loup aie la tâche facile pour tuer plus qu’il n’a besoin pour se nourrir.
    J’ai observé le même comportement quand des corneilles attaquaient des pigeons, chacun attendait sagement son tour pour se faire étriper. C’est triste à dire mais nous sommes devenus une société de moutons et de pigeons. Peut-être existe-t-il un espoir de faire bouger les choses: que nos élites subissent des pertes

  4. Posté par Yolande C.H. le

    La criminalité internationale, petite ou grande est bien installée en Suisse (même l’Italie l’avait mise en garde ), et comme, par définition, les criminels se moquent des lois (les lois suisses sont si modérées) , ils peuvent se réjouir d’un avenir radieux vu la complaisance dont ils bénéficient de cet état.

  5. Posté par Bussy le

    Le bon côté des choses, c’est que plus on laisse la criminalité des étrangers se développer, plus vite les Suisses et les Européens vont percuter et péter un plomb et plus vite on en arrivera à la grande remigration des boulets parasitant la Suisse et l’Europe !

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