Du sang et des urnes en Catalogne : l’analyse de Jacques Sapir

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Lecture intéressante des événements de ce jour : 

"Les incidents qui ont émaillé le “referendum” sur l’indépendance de la Catalogne sont de très mauvais augure. On ne peut pas, sans une émotion et une légitime colère, voir des manifestants pacifiques agressés par les forces de police, qui ont fait plusieurs dizaines de blessés. On ne peut pas, non plus, rester insensible à la vue de ces urnes confisquées, ou jetées à terre par ces mêmes forces de police. Ces incidents ne peuvent que radicaliser encore plus la revendication d’indépendance, et ils témoignent d’une perte de légitimité du gouvernement de Madrid. Car, l’histoire, et en particulier celle du XXème siècle, pèsent sur les relations entre Madrid et Barcelone. On ne peut ici faire abstraction de la Guerre Civile et des années de répression du temps du Franquisme.

On peut se demander d’où vient cette revendication à l’indépendance. Car, au début des années 2000, les partisans de l’indépendance étaient clairement minoritaires. Il ne semble plus qu’il en soit ainsi. J’avais d’ailleurs organisé, le 19 septembre dernier, un débat dans l’émission que j’anime sur Radio-Sputnik entre Gracia Dorel-Ferré, historienne spécialiste de la Catalogne et Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) sur les questions ibériques (Amérique latine et Espagne)[1]. Ce dernier insistait sur le fait que les refus répétés du gouvernement central espagnol d’accorder à la Catalogne ce que le Pays Basque, voire la région de Valence, avaient obtenus avait conduit à une radicalisation du sentiment autonomiste en un véritable sentiment indépendantiste. Les manifestations monstres de ces dernières semaines, qui ont rassemblé plus d’un million de personne sur une population totale de 7,5 millions (l’équivalent serait donc une manifestation de plus de 9 millions de personnes en France), en témoignent.

La responsabilité du gouvernement de Madrid est donc très largement engagée. Elle l’est, bien entendu, dans les violences policières de ce dimanche 1er octobre. Mais elle l’est aussi, et sinon plus, par les différentes fin de non recevoir qui ont répondu aux demandes des autorités légalement élues de Barcelone. L’indépendance de la Catalogne, si elle survient, sera largement le produit des relents de franquisme du gouvernement Rajoy, comme l’a dit Mme Gracia Dorel-Ferré. Il aura été, par sa bêtise bornée et par sa brutalité, le véritable déclencheur de ce mouvement indépendantiste" (suite).

 

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3 commentaires

  1. Posté par Jaguar le

    « la Guerre Civile et des années de répression du temps du Franquisme »… Jacques Sapir, les républicains et autres marxistes n’ont jamais torturé, réprimé, massacré….? Sapir aurait besoin d’une sérieuse remise à niveau…

  2. Posté par sophie le

    Une population tabassée pour avoir osé aller voter…. Mme SS, donneuse de leçon, on ne vous entend pas crier votre indignation contre cela… et la ligue des droits de l’homme non plus, et Junker, Macron, Merkel qui quand c’est contre des migrants illégaux ou dans les pays de l’est s’insurgent… silence assourdissant !!

  3. Posté par Goupil mains rouges le

    Les Écossais ont voté démocratiquement, sans intervention policière. Je ne comprends pas que le gouvernement central espagnol ait interdit aux citoyens catalans de voter. Je suis sûr que l’indépendance n’aurait pas été acceptée, alors que, depuis le comportement fasciste des forces du désordre, le mouvement s’amplifie. L’Espagne est encore loin d’être un pays démocratique. Rajoy démission immédiate !

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