L’avenir de l’Union européenne en débat au 27e Forum économique de Krynica

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Par Olivier Bault.

Pologne, Krynica – Le 26e Forum économique de Krynica avait beaucoup fait couler d’encre l’année dernière quand Viktor Orbán et Jarosław Kaczyński y avaient lancé un appel à une contre-révolution culturelle en Europe. Lors de ce forum, souvent qualifié de Davos de l’Europe centrale et orientale, on s’était alors beaucoup intéressé à la question du patriotisme économique et de la réindustrialisation remis à l’honneur par la Pologne et la Hongrie. Une politique qui semble d’ailleurs payer, puisque juste avant le 27e Forum de Krynica qui s’est déroulé du 5 au 7 septembre dernier, l’agence Moody’s annonçait qu’elle relevait sa prévision de croissance économique de la Pologne pour 2017 de 3,2 % à 4,3 %, tandis que la Hongrie affichait à la fin du premier semestre de cette année une croissance de 3,6 % en rythme annuel.

Mais le thème central du Forum économique de Krynica de cette année, ce n’était ni la Pologne, ni la Hongrie, mais l’avenir de l’Union européenne vu de ce côté-ci de l’Europe. Avec 4000 visiteurs de différents pays et 650 journalistes accrédités, la présence des présidents de Pologne, de Géorgie et de Macédoine en plus de plusieurs ministres et secrétaires d’Europe centrale et orientale, outre bien entendu la présence des dirigeants de grandes entreprises de la région, le Forum de Krynica n’a une fois de plus pas déçu.

On a parlé coopération régionale, et notamment de l’Initiative des Trois mers qui a donné lieu à une discussion à laquelle participait le vice-président du parlement hongrois János Latorcai, et l’on s’est demandé comment remédier à la crise actuelle que traverse l’UE. Si Europe à deux vitesses il doit y avoir, ce devrait être uniquement une question d’appartenance ou non à la zone euro. Une appartenance qui n’est pas aujourd’hui dans l’intérêt de la Pologne, a souligné a Krynica le vice-premier ministre polonais Jarosław Gowin, car l’on observe dans les pays qui ont adopté la monnaie unique un ralentissement structurel de la croissance économique. C’est pourquoi la deuxième vitesse en termes d’UE pourrait bien à terme s’avérer être la première vitesse en termes d’économie. L’Europe à deux vitesses existe aussi en terme non de prix mais de salaires, ce qui a encore fait l’objet de débats, car c’est une source de déséquilibre structurel au sein de l’UE. Il a encore été question des politiques sociales forcément moins généreuses dans les ex-pays de l’Est, moins riches, et du protectionnisme économique, ou en tout cas perçu comme tel dans ces pays, voulu par le président français Emmanuel Macron avec la renégociation de la directive sur les travailleurs détachés.

Thème central des discussions sur l’avenir de l’UE, les ingérences intolérables de Bruxelles et des capitales occidentales dans les affaires intérieures de la Pologne et de la Hongrie et les raisons qui font que les élites bruxelloises semblent complètement coupées de la réalité. À Krynica, le secrétaire d’État tchèque aux Affaires européennes, Alesz Chmelarz, a d’ailleurs fait savoir que son pays s’opposerait, comme la Hongrie, à des sanctions contre la Pologne au titre de l’article 7 du Traité sur l’UE (pour non-respect de l’État de droit). Si un Polexit est totalement exclu et n’est, pour le gouvernement polonais, qu’un sujet inventé par l’opposition, l’attachement des Polonais, des Hongrois et des autres peuples d’Europe centrale et orientale à l’Union européenne pourrait s’affaiblir si l’on continue de traiter ces pays comme des États membres de seconde zone. C’est ce qu’a souligné Daniel Kawczynski, député conservateur britannique d’origine polonaise, en se référant au Brexit. « Le Brexit a été un processus de sortie de l’UE qui s’est joué en plusieurs actes, et non pas une impulsion irrationnelle. Aujourd’hui, un tel scénario est éloigné pour la Pologne. Mais qui sait ce qui peut survenir d’ici à quelques décennies ? Peut-être les Polonais décideront-ils que la priorité pour eux, c’est l’OTAN et une union économique, mais pas idéologique », s’est demandé Kawczynski.

En attendant, ce que veulent majoritairement les pays d’Europe centrale et orientale, et c’est ce qui est ressorti du 27e Forum économique de Krynica, c’est un retour aux fondamentaux de l’Union européenne.

 

 

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2 commentaires

  1. Posté par chantal le

    L’UE est déjà morte ! réveillez-vous, nous sommes les Etats Unis d’Europe et tous ceux qui devraient défendre son identité ont déjà vendus ses peuples incapables de réagir, son agriculture, sa politique, son commerce, sa finance et j’en passe, Bruxelles n’a servi à rien sauf à l’asservissement de nos pays, réveillez-vous !

  2. Posté par Claire le

    Souhaitons que les pays d’Europe centrale continuent à se préserver du délire idéologique de l’UE et de Merkel, Macron et Juncker, qui est en train de détruire l’Europe occidentale et toute notre civilisation.
    Cela dit, on ne voit pas bien à terme comment ces pays pourront continuer à se protéger, tout en restant dans l’UE. Il y a là un grand écart peu tenable, sauf à créer une Europe à plusieurs vitesses. L’attelage actuel est incohérent et essentiellement idéologique, et tous les pays qui ne veulent pas souscrire à la doxa communautaire sont simplement fustigés et mis à l’index. S’ils se refusent à plier, il faudra tôt ou tard qu’ils en tirent les conséquences qui s’imposent.

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