D’Aristide Briand à Pierre-Alain Fridez, histoire d’une illusion

Yvan Perrin
Ancien Conseiller national

D'Aristide Briand à Pierre-Alain Fridez, histoire d'une illusion

 

Le Conseiller national jurassien Pierre-Alain Fridez propose un nouveau concept de défense dans un ouvrage intitulé "Pour un concept de défense progressiste et pragmatique". Deux adjectifs qui résument l'homme lui-même, de gauche mais conscient de certaines réalités, chose assez rare. Malheureusement, le progressisme l'emporte sur le pragmatisme, l'homme considérant qu'"une guerre conventionnelle est quasiment inimaginable" en Europe.

 

L'idée n'est pas nouvelle. Au sortir de la 1ère Guerre Mondiale, les mots "plus jamais ça" constituaient la base de la diplomatie française incarnée par Aristide Briand, homme politique ayant fait ses classes en tant que député et secrétaire du Parti socialiste français. Père du pacte Briand-Kellogg, le diplomate avait pour ambition de rendre la guerre hors la loi. Parmi les quinze pays signataires condamnant la guerre comme instrument de règlement des différends internationaux en 1928 figurent l'Allemagne et l'Italie. Une dizaine d'années plus tard, la 2ème Guerre mondiale éclatait, le concept de paix à tout prix ayant poussé les nations libres à ne pas intervenir pour tuer nazisme et fascisme dans l'œuf.

 

Aujourd'hui, la situation n'est pas si différente qu'à l'époque. Nous vivons au centre d'une Union européenne qui ne cesse de se déchirer, confrontée à une crise majeure, celle de la migration portes ouvertes. Après avoir nagé dans l'euphorie de l'amitié continentale, plusieurs pays se souviennent de leurs intérêts propres et refusent de subir la politique irresponsable d'une Allemagne cherchant à laver son passé. L'Union parle maintenant de sanctions pour punir les états récalcitrants au sein desquels on trouve notamment la République tchèque, la Slovaquie et la Pologne, enjeux initiaux involontaires de la 2ème Guerre mondiale.

 

Réduire les effectifs de l'armée en pareille situation revient à commettre une nouvelle fois la terrible erreur consistant à parier sur la gentillesse des temps. Même si une guerre conventionnelle ne semble pas immédiatement menaçante, il convient de rester prêts et notre armée de milice constitue la meilleure garantie pour un état comme la Suisse. En cas de montée des périls, les astreints quittent leurs postes de travail pour rejoindre leurs unités et accomplir leur devoir, pour l'essentiel au profit des autorités civiles. Face à la menace terroriste, la capacité à durer, c'est-à-dire à maintenir la sécurité durant une certaine période est primordiale et nécessite un personnel bien formé et suffisamment nombreux. Les effectifs actuels constituent le socle minimal pour remplir la mission, il convient donc à tout le moins de les maintenir faute de pouvoir les augmenter.

 

N'en déplaise aux optimistes béats, nous n'allons pas contre le beau. La population du globe ne cesse de croître avec les besoins y relatifs, notamment au niveau matières premières. Ces dernières font et feront de plus en plus l'objet de conflits pour l'heure certes locaux mais impliquant de nombreuses grandes puissances, nucléaires pour certaines. Il est ainsi erroné de prétendre que le terrorisme s'est substitué à la menace purement militaire; il s'y est ajouté, il l'a potentialisée. L'intervention américaine en Irak constitue un exemple éclairant. Montée au départ pour chasser un dictateur prétendument producteur d'armes chimiques alors que le but réel consistait à sécuriser le pétrole irakien, la campagne militaire a déstabilisé toute la région, favorisant la naissance de l'Etat islamique. Les actions de ce dernier ont ensuite justifié l'intervention de la coalition internationale afin de lutter contre le terrorisme dont les islamistes sont les instigateurs. Attaqué et repoussé, l'EI a alors multiplié les attentats, renforçant la détermination des états intervenant sur le terrain. Le cercle vicieux est lancé et personne ne semble savoir comment le rompre.

 

Albert Einstein disait de la folie qu'elle consiste à toujours se comporter de la même manière et de s'attendre à un résultat différent. L'Histoire nous montre à quel point le génie avait raison. Jaurès et Briand n'ont pas empêché les deux conflits mondiaux, ils ont juste valu à leur pays de les engager dans les pires conditions.

 

Quelle que soit l'heure, quel que soit le lieu, le seul principe raisonnable nous vient des Romains : "Si vis pacem, para bellum".

La Côte-aux-Fées, le 26 juin 2017                                                                        Yvan Perrin

 

 

7 commentaires

  1. Posté par chantal le

    le monde de l’illusion, un business qui marche fort bien malheureusement……
    rien qu’à voir que Vaud à « intronisé » Mme Amarelle qui est un non-sens absolu il y a de quoi s’inquiéter vraiment ? Psychotronique elle aussi ou même plus certainement !

  2. Posté par Spipou le

    Les espoirs d’Aristide Briand n’étaient pas un rêve : l’arrivée au pouvoir des nazis n’a été possible que grâce à deux raisons, d’une part la mort prématurée de Gustav Stresemann, à mon avis le plus grand homme d’état du XXème siècle, puis par la crise économique de 1929, qui a réduit à néant la relance de l’économie allemande que ce dernier avait relancé.

    Je pense que l’on ne peut pas comparer le travail d’Aristide Briand avec l’aveuglement actuel.

  3. Posté par LAMBERT le

    « LE HASARD N’EXISTE PAS : DIEU NE JOUE PAS AUX DÉS » ALBERT EINSTEIN.
    LES GUERRES NE SONT PAS LE FRUIT DU HASARD ET DONC PAS DE DIEU QUI EST PAIX ET AMOUR MAIS FRUITS DE LA HAINE DES HOMMES POUR D’AUTRES HUMAINS ET AGISSANT POUR LE COMPTE DE L’ADVERSAIRE DE DIEU À SAVOIR SATAN. LES DJIHADISTES TERRORISTES EN FONT PARTIE QUI TUENT AU NOM D’ALLAH. CEUX QUI SE FONT MARTYRS EN SE FAISANT EXPLOSER DANS LEURS ATTENTATS OU TUER PAR DES POLICIERS CROIENT ALLER DIRECTEMENT AU PARADIS MAIS EN RÉALITÉ C’EST L »ENFER QUI LES ATTEND POUR FAIRE VIVRE UN ENFER SUR TERRE À DES INNOCENTS COMME, SIMPLE EXEMPLE PARMI D’AUTRES, LE SORT RÉSERVÉ AUX CHRÉTIENS D’ORIENT. AMEN AMEN EN VÉRITÉ JE VOUS LE DIS SANS LE RÉVEIL DES FORCES VIVES DES NATIONS, C’EST LA TROISIÈME GUERRE MONDIALE QUI EST EN MARCHE À NOS PORTES NON GARDÉES.

  4. Posté par Gérald le

    L’armée de milice Suisse est pourrie par les soldats musulmans. Si vous voulez une armée digne de confiance videz les soldats musulmans qui tôt ou tard vous tirerons dans le dos.

  5. Posté par Alain le

    Excellente analyse.
    Merci M. Perrin

  6. Posté par Bussy le

    Ces prochaines années, c’est surtout contre un ennemi intérieur que les armées européennes vont devoir se battre, un ennemi aguerri en Syrie et rentré au pays, certainement des dizaines de milliers de combattants qui pour le moment attendent les ordres avant de lancer des opérations de grandes envergures, les meneurs utilisant actuellement (sauf au Bataclan) des amateurs pour des attentats.
    Et la grande question à se poser est : les armées européennes sont-elles composées de soldats loyaux ou sont-elles truffées de cinquième colonne ?

Et vous, qu'en pensez vous ?

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