RASA se retourne contre ses auteurs

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
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Après un long suspense le Conseil Fédéral vient de livrer sa décision: il n'y aura finalement pas de contre-projet à l'initiative RASA. La réponse vient le dernier jour du délai légal pour pareille annonce et traduit le malaise dont sont empreintes les hautes sphères.

L'initiative RASA pour Raus aus der Sackgasse, "pour sortir de l'impasse", visait à annuler le vote du 9 février 2014 et l'initiative victorieuse de l'UDC contre l'immigration de masse. Au lieu de trahir la volonté populaire comme le fit le Conseil Fédéral en mettant en place une fausse stratégie d'application, les initiants respectèrent la démocratie de façon irréprochable en suivant un principe simple: ce que le peuple fait, il peut le défaire.

Ce principe dérange les élites au plus haut point.

initiative,immigrationEn effet, imaginer que le peuple puisse défaire ce qu'il a fait - en d'autres termes, changer d'avis et le faire savoir - est un principe à double tranchant. S'il permet éventuellement de "sortir de l'impasse" la Suisse face au choix effectué le 9 février, il permet également de revenir sur d'autres autorisations accordées, comme la libre-circulation, voire les accords bilatéraux entiers. Pour une classe politique dont la satisfaction ne se mesure qu'à l'aune des compliments ou des remontrances venues de Bruxelles, pareille incertitude est tout bonnement intolérable.

C'est au nom de cette "stabilité institutionnelle" bien pratique que le Conseil Fédéral chercha à tout prix à doter l'initiative RASA de non pas un, mais carrément deux contre-projets. L'idée était de noyer le poisson dans la confusion générale, concoctant un amas législatif mal ficelé qui aurait au mieux amené le comité à retirer leur texte, et au pire échoué devant le peuple avec une campagne incompréhensible quant à ses enjeux (toute ressemblance avec RIE III est purement involontaire.)

Malheureusement, le plan génial de Simonetta Sommaruga se heurta à deux écueils, plus qu'il n'en fallait pour envoyer le tout par le fond.

  • Les contre-projets ne réussirent pas à passer la rampe au National.
  • Le comité RASA, fort de ses 100'000 signatures, refuse pour l'instant de retirer son texte.

Les manœuvres politiques ne sont pas toujours couronnées de succès. En l'occurrence, le Parlement a désormais un an pour traiter l'initiative RASA - c'est-à-dire, la soutenir ou non - avant qu'elle ne soit soumise au vote du peuple.

Le piège se referme donc. En termes législatifs, RASA est l'opposé exact de l'initiative contre l'immigration de masse. Celle-ci rajoutait l'article 121a à la Constitution, RASA se propose de l'enlever. Aucune fioriture là-dedans, la simplicité était le but.

Autrement dit, le peuple va être amené à infirmer ou confirmer son vote du 9 février 2014 - bien la dernière chose que souhaitent nos élus!

Depuis 2014 la situation migratoire ne s'est guère arrangée. Le Temps relaie les doutes exprimés dans les couloirs de Berne: d'après une majorité des partis, RASA est jugée aujourd'hui "encombrante et vouée à un échec retentissant dans les urnes". Et de transmettre ensuite un message limpide: "le comité d’initiative peut retirer son texte jusqu’au jour où le Conseil fédéral fixe la date du vote populaire." Alors, messieurs, qu'attendez-vous?

Jusqu'ici, on voit mal au nom de quelles avancées obtenues le comité d’initiative déciderait de retirer son texte. La seule menace crédible est celle d'un échec massif dans les urnes. Non seulement elle viendrait renforcer le camp du vote du 9 février - un comble! - mais la votation tomberait probablement quelque part durant l'année 2019, soit en pleine année électorale fédérale. L'actualité sera chargée avec d'autres objets sont sur la table, comme l'initiative UDC sur la primauté du droit suisse sur le droit international ou une future initiative de l'ASIN demandant l'abrogation de l'accord sur la libre-circulation des personnes.

Nul doute que le téléphone d'Andreas Auer, professeur de droit constitutionnel et membre du comité d'initiative, va souvent sonner ces prochains jours. La pression va être maximale. Nous verrons si les gauchistes à l'origine de RASA se rangent à la realpolitik de leurs aînés du Parlement, ou défendent jusqu'aux bout la démocratie directe dont ils se réclament.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 26 avril 2017

8 commentaires

  1. Posté par Sieber fatima le

    Pierre-Henri Reymond
    Il y’ a une très grande différence entre éliminer le conseil fédéral et éliminer les membres du conseil fédéral. Je pense que c’est mieux si c’est le peuple suisse qui choisit les ministres , ca lui donnerai plus de pouvoir et surtout ca va créer un lien plus fort entre eux et surtout ca va augmenter la confiance. J’ai beaucoup de respect pour UDC qui cherche à protéger la Suisse et ses valeurs .

  2. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Sieber fatima, loin de mois de vous critiquée! Mais comment voulez-vous que l’UDC éjecte ceux qu’il a contribué à réélire? Votre commentaire m’a offert l’occasion de le rappeler. Je n’en manquerais d’ailleurs pas une! Je veux qu’ils ne passent pas comme chat sur braise devant ce genre de fourberie!

  3. Posté par Sieber fatima le

    Pierre Henri-Reymond .
    Je n’aime pas vos critiques . Je ne demontre rien du tout de ce que vous dites ,j’ai tout simplement donné mon avis sur le sujet , je vous conseille de faire de même .

  4. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Sieber Fatima démontre, par sa proposition, qu’elle a oublié que l’UDC a reconduit tous les CF sortants lors de l’élection de Parmelin. Je leur ai écrit à ce sujet, faisant connaître ma désapprobation, et n’ai pas reçu le moindre écho. Et ça! ça ne passe pas!

  5. Posté par Sieber fatima le

    Je crois que SVP doit lancer une nouvelle initiative pour éliminer le CF ,SP et Somaruga avec et ensuite pouvoir faire appliquer son initiative sur l’immigration. C’est une question de principe avant tout ,il ne faut jamais baisser les bras.

  6. Posté par Cécile le

    Abrogation de la libre circulation des personnes
    Primauté de la loi Suisse sur la loi international
    Les patriotes avancent lentement mais sûrement et contre les élites.
    Nous sommes pret à des sacrifices !

  7. Posté par Le pragmatique le

    Le petit ventilateur Cherix qui se gaussait de ne pas savoir ce qu’avait voulu dire le peuple par le oui du 9 février et nous inventa Rasa, peut se rejouir, il sera bientôt fixé.

    Il ne faut jamais cracher face au vent.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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