Erdogan ne provoque pas virtuellement – Il menace très concrètement

Michel Garroté
Politologue, blogueur

Turquie-Erdogan-Merkel

   
Michel Garroté  --  Le Dictateur National-Islamiste Erdogan a déclaré le 22 mars : « Je m’adresse une nouvelle fois aux Européens. La Turquie n’est pas un pays qu’on peut bousculer, dont on peut jouer avec l’honneur, dont on peut expulser les ministres », a grondé M. Erdogan lors d’un discours à Ankara. « Le monde entier suit ce qu’il se passe de très près. Si vous continuez de vous comporter de cette manière, demain, aucun Européen, aucun occidental ne pourra plus faire un pas en sécurité, avec sérénité dans la rue, nulle part dans le monde », a-t-il ajouté. Erdogan ne provoque pas virtuellement. Il menace très concrètement.
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Le 16 mars, le ministre turc de l'Intérieur, Süleyman Soylu, avait déjà annoncé la couleur en déclarant  : « Je le dis à l'Europe, êtes-vous à la hauteur ? Si vous le souhaitez, nous pouvons ouvrir le passage aux 15'000 réfugiés que nous ne vous envoyons pas chaque mois et vous couper le souffle ». Süleyman Soylu ne provoque pas virtuellement. Il menace très concrètement.
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En contrepartie de l'accord, l'Union européenne doit accélérer le versement du montant de trois milliards d'euros destiné à la gestion des réfugiés en Turquie. L'UE doit également assurer le financement d'autres projets en faveur de personnes bénéficiant d'une protection temporaire en Turquie, pour trois milliards d'euros supplémentaires jusqu'à fin 2018. Le chantage du meilleur ennemi de l'Europe aux racines judéo-chrétiennes est clair. Mais les pontes de l'UE se couchent, et, payent, avec l'argent des contribuables des pays membres de l'UE. L'on trouvera ci-dessous, deux analyses, celle du géopoliticien Alexandre del Valle [analyse que j'ai intitulée "National-Islamisme"]. Et celle de l'auteur et analyste J.-G. Malliarakis [que j'ai intitulée "Islamo-gauchisme"].
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National-Islamisme :
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A ce propos, le géopoliticien Alexandre del Valle écrit notamment (voir liens vers sources en bas de page) : Sur fond de campagne référendaire en vue de réviser la constitution pour s’attribuer les pleins pouvoirs, le président turc traite les pays européens (Allemagne, Autriche, Hollande, etc) de "racistes" , "nazis" ou "islamophobes", mais depuis l’arrivée au pouvoir de l’AKP en 2002 et la dérive autoritaire de son président analysée dans le précédent article, la Turquie néo-ottomane et "national-islamiste" n’a jamais été aussi proche du modèle qu’il dénonce et n’a jamais autant stigmatisé les minorités (juifs, les chrétiens, les Arméniens, les Kurdes, etc) puis persécuté les forces démocratiques et progressistes.
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Les Juifs sont aujourd’hui ouvertement et collectivement accusés dans les discours d’Erdogan et des islamistes turcs de soutenir - via leurs « lobbies sionistes » - le « génocide » des Palestiniens et « l’impérialisme occidental ». Jadis en très bons termes avec Israël et pays assez sûr pour les Juifs, la Turquie a été nettement gagnée ces dernières années par une recrudescence d’une judéophobie complotiste banalisée à la fois par la xénophobie nationaliste et la ré-islamisation sociétale. C’est ainsi que les journaux islamistes qui ont porté l’AKP au pouvoir, tout comme les ouvrages diffusés dans les grandes librairies et les médias ont recyclé ces dernières années les vieilles vulgates judéophobes et conspirationnistes, à commencer par les Protocoles des Sages de Sion et moult écrits anti-juifs européens et mêmes nazis, y compris Mein Kampf, vendus dans toutes les librairies dans de nombreuses éditions concurrentes.
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Ce phénomène de banalisation-réhabilitation de l’antisémitisme complotiste est très populaire et il a été porté par Erdogan lui-même, bien avant sa soi-disant dérive radiale « récente ». Ainsi que l’a révélé le quotidien turc laïque Hürriyet, Recep Tayyip Erdogan a en effet écrit et mis en scène lui-même dans tout le pays, en 1974, dans le cadre des activités "culturelles" du parti islamiste MSP de Necmettin Erbakan, au sein duquel il était le responsable de la "Commission de la jeunesse du district de Beyoglu" (Istanbul), une pièce de théâtre antisémite intitulée Maskomya. Stigmatisant violemment les Juifs, les francs-maçons et les communistes - trois termes contenus dans la contraction Mas/com/ya (Mason, comunist ; Yahoudi) – cette vulgate complotiste haineuse est commune à l’idéologie islamiste classique et à l’extrême-droite turque séculaire des Loups Gris (et de son parti politique le MHP), actuellement alliée à l’AKP et principal soutien externe à sa dérive autoritaire « nationale-islamiste » d’Erdogan. En décembre 1996, alors qu’il était maire d’Istanbul, Erdogan déclara, au cours de conférences organisées par son parti, qu’un « complot mondial ourdi par les Juifs sionistes menaçait de prendre le contrôle de la planète ».
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En Turquie, des best-sellers illustrant la théorie du « complot judéo-maçonnique » et décrivant le « pouvoir planétaire des Juifs », responsables de tous les maux des Musulmans, sont redevenus à la mode. On peut citer le polémiste islamiste Adnan Hoça (Harun Yahya), auteur d’Armagedon, qui prévoit une «troisième guerre mondiale» provoquée par Israël et le « judéo-maçonnisme »; Aydgan Vatandas, auteur de HAARP, qui dénonce « l’empire sioniste mondial des Rockfeller ». Ou encore, le best-seller de politique fiction le plus vendu des années 2000 : Métal Firtina (« Tempête de Métal »). Digne d‟une adaptation Hollywoodienne, il relate l'occupation de la Turquie à la faveur « d’une guerre totale livrée par les Etats-Unis » à l’aide de moyens technologiques extraordinaires, de sorte que la bravoure des Turcs ne peut rien, dans un premier temps. Mais le Satan américain est vaincu lors du happy end.
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Depuis quelques années, dans la Turquie ré-islamisée d’Erdogan, les attentats à la bombe contre les églises ou écoles chrétiennes ou les saccages de cimetières et les menaces de mort proférées lors de manifestations de rue organisées par les islamistes, contribuent à instaurer chez les Chrétiens un climat de peur similaire à celui ressenti par les juifs et les chrétiens dans les pays arabes et musulmans (Pakistan, Malaisie, Soudan, etc). Principale menace terroriste pour les chrétiens et les juifs, le Front Islamique des Combattants du Grand Orient sème la terreur depuis plusieurs années en Turquie orientale, attaquant les églises (dont, en septembre 1997, la cathédrale patriarcale de Saint-Georges) et les restaurants servant de l’alcool ou fréquentés par des « infidèles ». Dans ce climat « national-islamiste » légitimé par la rhétorique de l’AKP, la situation des Syriaques-araméophones, « cousins de génocide » (1895-1915) des Arméniens, n’a cessé de se détériorer depuis les années 1990.
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La conclusion qui s’impose consiste simplement à souligner l’incompatibilité de nature et de jure entre d’une part le projet européen fondé sur un partage de souverainetés et une renonciation au nationalisme exclusif, et, d’autre part, le projet national-islamiste de la Turquie d’Erdogan de plus en plus autoritaire, expansionniste et opposée aux valeurs européennes ouvertement condamnées par le président turc et ses ministres qui appellent même les communautés turques et musulmanes d’Europe soi-disant victimes de « l’islamophobie » à ne pas s’intégrer. Cette immixtion dans les affaires européenne et cet appel global à une forme de d’insurrection des communautés turques sommées de ne pas s’intégrer et dont l’intégration éventuelle réclamée par les Européens équivaudrait à un « crime contre l’Humanité » constitue une atteinte flagrante au principe de non-ingérence que la Turquie réclame pourtant sur son sol concernant ses propres minorités.
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Selon nous, la promesse jamais prise au sérieux par les Eurocrates de Bruxelles et les chancelleries européennes visant à intégrer un jour la Turquie dans l’Union n’a pas contribué à améliorer les relations turco-européennes car elle a été perçue comme à la fois non sincère et comme une marque d’absence de courage et de franchise, donc comme une marque de faiblesse, faute majeure en diplomatie avec des personnalités politiques comme Erdogan passées maîtres en culpabilisation et diabolisation de l’autre. L’actuelle vulnérabilité de l’Union européenne insultée au plus haut niveau par le président turc puis soumise au chantage-racket sur les réfugiés syriens et autres qu’Ankara menace de laisser passer illégalement vers nos pays si les Européens ne se soumettent pas aux exigences turques sur l’adhésion, les visas, la main-mise sur les minorités turques d’Europe, est en partie le résultat prévisible de cette absence de franchise et de cohérence des dirigeants européens qui n’auraient jamais dû contribuer à déstabiliser le système militaro-kémaliste turc, certes imparfait, mais moindre mal par rapport à la situation de la Turquie national-islamiste actuelle qui se comporte désormais comme un ennemi civilisationnel et idéologique de l’Europe, conclut le géopoliticien Alexandre del Valle (voir liens vers sources en bas de page).
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Islamo-gauchisme :
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De son côté, l'auteur et analyste J.-G. Malliarakis écrit notamment (voir liens vers sources en bas de page) : Il faut hélas revenir, d'abord, sur la décision française d'autoriser l'organisation, à Metz le 12 mars, d'une importante réunion politique communautariste où le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu est venu exhorter ses compatriotes résidant en France et dans les pays frontaliers de voter "evet" (oui) à la transformation autoritaire de la constitution. Examinons d'abord cette décision du point de vue de la politique intérieure française. En elle-même cette affaire révèle l'attitude capitularde de la gauche parisienne devant un électorat qu'elle entend rallier à tout prix. Ceci résulte de la stratégie imposée depuis plusieurs années par Terra Nova.
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Ce prétendu laboratoire d'idées progressistes remonte à 2008. Il se coule sur le modèle du Parti Démocrate des États-Unis, que la loi autorise désormais à financer les partis de l'Internationale socialiste. Son propos, désormais bien connu et bien repérable, consiste à substituer aux anciens électorats ouvriers, qui constituaient historiquement le socle des partis socialistes, sociaux démocrates et communistes, les masses fédérées des minorités, toujours présentées comme opprimées. On réfute officiellement avec horreur la dénonciation du remplacement de peuple, thèse d'un Renaud Camus stigmatisée pour raciste. Mais les disciples de la gauche caviar la pratiquent allègrement. Le peuple de gauche, pour eux, ne se recrute plus chez les travailleurs, mais chez les étrangers, tous les étrangers.
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L'Arlette Laguillier de demain devrait ainsi ouvrir ses discours non plus par son célèbre "travailleurs, travailleuses" mais par un "étrangers, étrangères". Or, parmi ceux-ci un certain nombre ne se sentent aucune vocation à rejoindre les rangs de la gauche. Les partisans d'Erdogan en Europe en donnent sans doute le plus éclatant exemple. Militant pour une renforcement des pouvoirs constitutionnels de leur président, ils se recrutent dans deux partis : d'une part, l'AKP créé par Erdogan lui-même sur la base d'un retour méthodique de la Turquie à l'islam, et à la tradition ottomane, et d'une répression plus intransigeante vis-à-vis des revendications kurdes, tout en mettent en œuvre une économie d'apparence plus libérale ; et d'autre part le MHP, parti des Loups-Gris nationalistes, dont le fondateur Alparslan Türkes considérait : "le corps de notre politique est le nationalisme turc, et son âme est l'Islam".
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On se trouve ici en présence d'un cas d'école. L'objet de la campagne référendaire aurait de quoi faire réfléchir même un François Hollande, même un Ayrault qui parle "d'apaisement" et qui fait mine de considérer que rien ne justifierait l'interdiction de meetings où des ministres turcs viennent enflammer la diaspora et intimider au sein de celle-ci les représentants de l'opposition politique ou des minorités ethniques (notamment kurdes) et religieuses (notamment alévies). Toutes sont d'ores et déjà opprimées par le régime turc, caricature du jacobinisme français, et il est à craindre qu'elles le soient encore plus si le projet gouvernemental est adopté.
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Le 16 avril en effet le referendum constitutionnel portera sur une réforme renforçant outrageusement les pouvoirs du président de la république Recep Tayyip Erdogan. Ceci remplacerait le système actuellement parlementaire par un régime présidentiel quasi dictatorial. Ceci déterminerait une inversion de toute l'évolution des institutions turques depuis la fondation de la République par Mustafa Kemal Atatürk. Le caractère répressif du projet, a été rappelé aux Européens, avec éloquence, par l'actuel premier ministre Binali Yildirim venu en Allemagne faire campagne pour le oui. Le 18 février en effet il a promis une traque impitoyable de tous les partisans qu'il dénonçait, en vrac, comme des putschistes et des terroristes, aux applaudissements de plusieurs milliers de sympathisants rassemblés. "L'époque où certains pouvaient donner des leçons à la Turquie est révolue.
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La Turquie n'est pas un pays que l'on peut intimider", a-t-il lancé dans le grand stade d'Oberhausen, salué au cri de allahou akbar. Il se trouve que, sans le vote des 39 députés du MHP le projet de révision constitutionnelle proposé par Erdogan et les 317 députés de son parti n'aurait pas passé le cap des 330 voix sur 550 à l'Assemblée nationale nécessaire pour être soumis à referendum. Difficile dans ces conditions d'agréger à la gauche française les amis de cette coalition, d'autant que la gauche turque est clairement identifiée aux deux autres partis et que les adversaires du projet ne manquent pas de caractériser comme de nature à renforcer une situation d'oppression. Enfin, on doit regarder cette affaire du point de vue européen. Étant de ceux qui ont toujours mis en garde contre la candidature d'Ankara, je ne puis que me féliciter de voir que des gens qui, jusque-là semblaient indifférents à l'idée qu'un pays extra-européen puisse entrer dans ce qui s'appelle l'Union européenne aient largement pris conscience du danger.
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Il est faux en effet de présenter cette affaire comme l'ont fait les médias hexagonaux lesquels n'ont guère mis l'accent que sur le contentieux avec les Pays-Bas. Ce faisant ils ont préemptés le résultat des élections néerlandaises du 15 mars : patatras les sondages se sont encore trompés. Ce n'est pas le parti de Wilders qui l'a emporté, mais le parti libéral. Or, l'affaire de la campagne intrusive du gouvernement turc en Europe avait entraîné la réaction de plusieurs pays: Hollande, certes, mais aussi Autriche, Suisse, Danemark et surtout en Allemagne où l'immigration turque est la plus forte. Depuis plusieurs semaines cette question faisait la Une des sites internet des plus sérieux parmi les journaux d'outre-Rhin. Les responsables politiques allemands se sont tous prononcés, s'indignant des provocations.
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Et, une fois de plus, la presse parisienne ne s'en préoccupait pas. Il lui était beaucoup plus agréable de mettre en cause la xénophobie néerlandaise et de laisser entendre qu'il s'agit seulement d'une retombée du Brexit, dont se réclame Wilders. On est rarement déçu avec le mégalomane d'Ankara Recep Tayyip Erdogan. Ses injures déplacées en direction des Allemands et des Hollandais restent dans la droite ligne d'un discours récurrent plein de mépris et de rancœur envers les Européens. On ne doit donc plus accepter qu'en réponse, nos pays ne se situent pas sur une même ligne, celle de la fermeté. En choisissant, quand les autres européens font face, de singulariser en s'aplatissant, pour des raisons électorales internes, et de surcroît illusoires, Hollande et les socialistes ont délibérément choisi d'affaiblir et de discréditer la France, conclut l'auteur et analyste J.-G. Malliarakis (voir liens vers sources en bas de page).
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Apostilles de J.-G. Malliarakis :
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1 - Ce nom, trop beau pour être vrai s'agissant d'un nationaliste turc (un peu comme si un nationaliste français s'appelait Clovis Lefranc) est un pseudonyme. La véritable identité du personnage reste mystérieuse.
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2 - L'un des exploits des Loups Gris peut être visionné avec les images de la mise à sac et du massacre de Sivas du 2 juillet 1993 à Sivas, une ville du centre de la Turquie. Il a entraîné la mort de 37 personnes, dont 33 intellectuels alévis.
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3 - cf. mon livre "La Question turque et l'Europe".
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Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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https://www.alexandredelvalle.com/single-post/2017/03/25/Accusations-miroirs-Erdogan
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http://www.atlantico.fr/rdv/geopolitico-scanner/accusations-miroirs-erdogan-geopolitico-scanner-alexandre-del-valle-2999943.html
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http://www.insolent.fr/2017/03/la-folle-semaine-euro-turque.html
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3 commentaires

  1. Posté par maury le

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    QUEL JEU JOUE ERDOĞAN ?
    (Luc Sommeyre)
    Publié le 22 mars 2017 par Luc Sommeyre

    Sous l’article de Guillaume Faye intitulé La guérilla ethnique a commencé, papier brillant argumenté de raison et étayé par le ressenti de toute personne clairvoyante, j’avais placé une vidéo d’un blogueur sympathique : Aldo Sterone, à l’analyse souvent pertinente. Ce dernier y développe une thèse a priori très plausible (je n’ai pas dit “impossible”) : celle du « Monstre Erdoğan » se heurtant à « Groβ Merkel » et au gouvernement néerlandais, menaçant l’Europe d’ouvrir la cage aux migrants comme si nous en étions dépourvus.
    Le Monde bascule

    Le principe « binaire » qui régit l’univers apparaît aujourd’hui de plus en plus clairement. Personne n’ignore que la lumière du jour occulte souvent les mystères de la nuit.

    Imaginez une autre hypothèse que celle développée par Aldo Sterone. Hypothèse reprise pourtant par la quasi-totalité de l’opinion publique européenne. La vôtre peut-être. Imaginez une théorie diamétralement opposée. La face cachée de la géostratégie mondiale. Presque inconcevable.
    Nos compatriotes ont la mémoire courte

    Reportez-vous au 24 novembre 2015, le jour où un SU-24 russe a été abattu par un F-16 turc dans le ciel syrien. Vladimir Poutine monta en fureur. Mais brusquement… arrêt sur image.

    Remontons d’un siècle et transportons-nous à Sarajevo, dans ce que les Occidentaux appellent sans honte « l’ex-Yougoslavie » ne craignant pas de remuer le couteau dans une plaie qu’ils ont eux-mêmes ouverte. Le 24 octobre 1914, l’archiduc François-Ferdinand et la duchesse de Hohenberg son épouse, sont assassinés par Gavrilo Princip, nationaliste serbe. S’en suivit aussitôt la première catastrophe polémologique de tous les temps, la Première Guerre Mondiale, dont les instigateurs n’attendaient qu’un élément déclenchant pour la faire éclater.

    Mais là, au plus fort de la tension entre la Fédération de Russie et l’OTAN… rien.

    Pourquoi ? – Les russes ne possèdent pas seulement l’une des armées les plus puissantes du monde (qui aurait très facilement mis à genoux la Turquie avant qu’Obama et Grosse Merkel [1] aient pu réagir) mais aussi le plus efficace des services de renseignement extérieur de la planète : le « SVR ». Si secret que vous en ignoriez même le nom [2] ! La manipulation d’une bonne partie de l’état-major de l’armée turque par la CIA de l’époque leur apparu rapidement. Instruit des rapports secrets du SVR, Poutine a abaissé son arme. Mieux : un an après, le 10 octobre 2016, il signa avec Erdoğan le projet TurkStream (gazoduc sous la Mer Noire) mis à jour en 2014, épouvantail économico-financier pour la Clinton Foundation & Co.

    Telle que vous imaginez la personnalité de Vladimir Poutine, vous vous attendiez logiquement à la destruction de bases militaires turques ou à un blocus du Bosphore par le Pierre-le-Grand [3] et le porte-avions Amiral-Kouznetsov, n’est-ce pas ? Eh bien non !

    Alors ? Les russes auraient-il fait leur deuil du casus belli « SU-24 », si évident pour une grande partie de l’opinion internationale qu’elle l’aurait admis comme légitime ? Ou tout simplement, ne veulent-ils pas déclencher la Troisième Guerre Mondiale ? Je penche plutôt pour la seconde hypothèse.
    Scoop

    En octobre 2016, Poutine et Erdoğan ont même envisagé la livraison par la Russie à l’armée turque des redoutables missiles sol-air S-400 Triumph (code OTAN : SA21-Growler) qui ne seront évidemment pas intégrés aux systèmes de défense de l’OTAN.
    La Maison Blanche, le Kremlin et la Sublime Porte

    La Turquie est membre de l’OTAN depuis 1951.
    Ces dernières années, Obama-le-Sombre s’accommodait fort bien de cet allié politiquement un peu encombrant mais stratégiquement si utile, et fermait les yeux sur les trafics de pétrole brut d’Ankara qui renforçaient le trésor de guerre de Daesch (les « mauvais » islamistes). Ma foi, les turcs ne soutenaient-ils pas parallèlement feu le Front al-Nosra [4] (les « bons » islamistes) qui avait endossé le treillis d’al-Qæda, groupe fondé par Osama bin-Laden, agent de la CIA ? Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes mondialisés.

    Mais dites-moi… Il doit s’en être passé, des choses, depuis le 24 novembre 2015 ! (Depuis l’incident du SU-24.) Pas sûr qu’on ait coupé la ligne téléphonique entre Moscou et Ankara. Par contre, jusqu’en janvier 2017, il y avait de la friture sur celle qui reliait la Maison Blanche à la Sublime Porte.

    Comme d’habitude, à chaque fois qu’un évènement essentiel de l’histoire du monde ne produit pas les effets escomptés, le Système devient aphone, sachant que l’opinion publique ne s’intéresse qu’à ce qui lui est présenté à l’instant et oublie prestement ce qui la passionnait hier. La Voix du Minotaure s’est tue. Silence-radio.

    Même l’assassinat de l’ambassadeur Andreï Karlov à Ankara le 19 décembre 2016 par Mevlüt Mert Altıntaş (agent du mouvement de Fetullah Gülen [5]) n’a pas perturbé le réchauffement climatique Moscou-Ankara.
    La brochette des Mondialistes

    Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais peut-être que la date du 20 janvier 2017 vous dit quelque chose.

    « Le Jour d’Après » Satan avait pris un méchant coup de napalm sur le nez. Prises de panique, les hyènes sont sorties des fourrés enflammés. Poutine lui avait pourtant bien montré le chemin de sa maison de retraite, mais Grosse Merkel était encore noyée dans les nimbes d’une illusion tenace où tournoient lentement les moulins-à-vent de Hollande tels les fantômes d’un rêve qui s’enfuit. Par dépit, elle s’essaya à charmer Trump. Las ! Son charmant minois n’a pas ému Donald… Melania n’eut même pas à planter un talon-aiguille dans sa bedaine, elle se dégonfla toute seule. Comme une baudruche. Hillary quant à elle, s’est échappée de son service de neurologie préféré pour rejoindre Soros qui revenait d’une croisière sur le Styx.

    Finalement, voyez-vous, les maîtres finissants du Mondialisme m’inspirent presque de la pitié…

    MAIS ATTENTION QUAND MÊME !
    Satan développe des moyens colossaux pour installer #LePionMacron sur le trône élyséen (primordial pour la pérennité de son Union Européenne) et possède toujours de terribles capacités de nuisance. Terrassée par l’Archange, la Bête se débat avec une violence inouïe. Et rien n’est plus dangereux qu’un homme armé qui a peur… Prions les Dieux que Saint-Michel tienne sa lance fermement, bien enfoncée dans les entrailles putrides du Malin.
    Erdoğan : allié-ennemi ou ennemi-allié ?

    À la demi-finale du tournoi mondial, nous y sommes. Les parties sont passionnantes. Le Sultan est un excellent joueur. Poutine aussi. Obama, du camp des Noirs, a été éliminé en quart-de-finale par le champion du camp des Blancs. (Ça n’est pas moi qui ait défini la couleur des pièces modernes du roi des jeux inventé en Inde 3.000 ans avant notre ère par Sissa, fils du Brahmane Dahir, à la cour du Roi Belkib.)

    Soufflant habilement le froid et le chaud, Erdoğan vient lui-même d’annuler les meetings programmés en Allemagne d’ici au referendum turc du 16 avril.

    Les européïstes du clan Merkel se tiennent la tête entre les mains. Erdoğan a laissé prendre son Fou pour mettre la Reine en échec [6]. Le « camp des Noirs » s’apprêtait déjà à reconsidérer sa stratégie migratoire, cédant à un début de panique de l’opinion publique. Opinion publique que, quelle que soit sa vision élitique et antipopulaire, il ne peut se mettre à dos.

    Les Noirs ne verront pas venir le coup suivant.

    Les stratèges de « notre camp » (le camp des Blancs) ont compliqué les règles déjà si subtiles du jeu d’échec en y ajoutant celles du billard carambole dit billard français à trois billes. Les coups sont désormais portés par la bande…

    Poutine a compris le coup SU-24 et a percé la stratégie de l’adversaire. Il a perdu un pion et tient toujours Erdoğan pour civilement responsable des actes de l’équipe turque. Aussi, en contrepartie (pardonnant sans oublier) a-t-il prié le Sultan d’accepter un marché que ce dernier n’a pu refuser : celui de déstabiliser psychologiquement l’équipe sponsorisée par la Clinton Foundation, qu’il devait avoir comme adversaire ultime en finale du tournoi.

    Ça, c’était avant le 20 janvier. Aujourd’hui, des corrections de trajectoire s’opèrent progressivement. La demi-finale n’est pas encore terminé. Mais la partie est captivante.

    Cette analyse, bien sûr, n’engage que Votre Serviteur.

    Luc Sommeyre

    [1] L’évocation du pachyderme femelle représente pour moi la caste européïste dans son ensemble, dont elle est l’égérie.
    [2] Le Федеральная служба безопасности Российской Федерации (plus connu sous son acronyme « FSB ») est le service de renseignement intérieur de Russie, un peu comme le FBI aux USA ou la DGSI en France.
    [3] Croiseur lance-missiles à propulsion nucléaire remis en service en 2009.
    [4] Dont Fabius disait qu’ils faisaient « du bon boulot en Syrie ».
    [5] Le PDY/FETÖ dit Gülen Hizmet (~ Service Gülen) hébergé depuis 1990 aux USA (voir Tancrède Josseran « Où va la Turquie ? », Conflits, N° 12, janvier-mars 2017, pp. 59-60 où sont établies les relations entre le Gülen Hizmet et une branche de la CIA. Comme par hasard, le journaliste américain Gersh Kuntzman du New York Daily News, édition du 20/12/2016, avait justifié l’assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara en le comparant à un nazi !) Le FETÖ a été accusé par Ankara d’avoir fomenté le coup d’état avorté (15 juillet 2016). Des éléments de l’armée de l’air turque agents de ce Service furent à l’origine de l’attaque du SU-24, ayant pour objectif de faire se déclarer un conflit terrible où les Américains seraient apparus comme « défenseurs de l’Occident »… et des Droits de l’Homme pendant qu’on y est (bis repetita placent !), position éminemment plus confortable que celle de « l’agresseur », rôle qu’ils voulaient faire jouer par Moscou.
    D’où la purge décidée par Erdoğan.
    Là, on commence à comprendre…
    [6] Martin Schul

  2. Posté par Tommy le

    Le Conseil Fédéral se déculottera, soyez-en sûrs !
    Que les Turcs de Suisse retournent chez eux, en emportant leurs kebabs et leurs gamins illettrés.
    On n’a pas besoin d’eux, et leur enrichissement, on s’en passe!

  3. Posté par JDV le

    Je ne suis pas surpris et personne ne l’est, sauf peut-être les Verts et les autres gauchistes de service, de l’attitude de Mr Erdogan.
    Par contre je suis attristé devant le silence de notre CF, c’est comme une absence d’honneur.
    Nos ministres grassement payés, surtout si on compare avec les ministres des gouvernements voisins en Europe, Canadiens et Etatsuniens, ne pipent mot. Ont-ils la chiasse ? Pensent-ils encore que Erdogan leur demandera quelques bons offices en son temps ?
    Je n’ai qu’un qualificatif: déplorable

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