J’y étais : tout ce qui s’est dit lors du procès de Pierre Cassen

En faisant la queue pour entrer au Palais de Justice, qui a duré une bonne heure, des français d’origine maghrébine derrière moi discutaient à bâton rompu sur le racisme, « fléau partagé par tous les peuples » et sur la politique d’arabisation en Algérie, instrumentalisée pour « islamiser » les campagnes kabyle. J’étais déjà dans le bain !

Dans la salle d’audience de la XVIIe chambre, l’affaire Cassen démarre enfin vers 15 h 45. Le prévenu est poursuivi par le Ministère Public pour avoir autorisé, en qualité de Directeur de publication présumé, la publication sur le Site de « Riposte Laïque » de deux articles signés Maxime Lépante, l’un daté du 18 juillet 2016 « Pour éviter le génocide des français, il faut expulser les musulmans » et l’autre daté du 19 juillet 2016 ; « Attentat à la hache dans un train allemand : musulmans dehors ».

Sur un ton docte, Fabienne Siderey-Garnier, présidente du tribunal, lit d’un bout à l’autre les deux articles avec une diction parfaite. Selon l’accusation, ils tombent sous le coup des articles 23 et 24 de la Loi du 29 juillet 1881 pour « délit de provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personne en raison de leur origine, ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ».

Maître Frédéric Pichon plaide d’emblée l’incompétence de la juridiction française, car il nous explique que l’infraction, c’est-à-dire la mise en ligne d’un article litigieux a été faite à partir d’un site internet basé en Suisse. Il plaide aussi le vice de forme pour le versement au dossier, par l’accusation, de pièces issues d’un autre procès fait par Mme Hildago à l’encontre de Pierre Cassen et qui à ce jour n’a pas fait l’objet d’un jugement définitif. D’où une violation du secret de l’enquête par les policiers.

Après une brève suspension de séance, l’audience reprend, étant précisé par le tribunal que, dans l’attente du verdict à venir, toutes les pièces du dossier pourront être évoquées au cours des débats. Commence alors une sorte de reconstitution de carrière du passé militant de Pierre Cassen, à partir de 2007, année où il a fondé l’association Riposte Laïque, dont les statuts n’ont été déposés qu’en 2012 sous la forme d’une association Loi 1901. Il doit s’expliquer sur les raisons pour lesquelles en octobre 2012, la gestion du site internet a été transférée en Suisse, via la création de l’association Riposte Laïque Suisse (RLS). Pierre Cassen explique sa lassitude après neuf années d’investissement pour différents sites internet. Il voulait « passer à autre chose », notamment se consacrer à l’édition et disposer de plus de temps pour les conférences qu’il donne ou organise en France et à l’étranger. Il est l’auteur de deux ouvrages dont une bande dessinée « Le guignol de l’Elysée » parue en 2014, en collaboration avec la dessinatrice Ri7. Il explique enfin comment l’opportunité d’une reprise du site « Riposte Laïque » s’est présentée, grâce aux liens qu’il a pu nouer avec des amis militants suisses, parmi lesquels se trouvaient des gens comme l’homme politique suisse Oskar Freysinger.

Après la reconstitution de la chronologie des présidences successives de Riposte Laïque Suisse, le tribunal tente de comprendre pourquoi Pierre Cassen est poursuivi  en France, alors qu’il n’est plus directeur du site depuis 2012. D’où des débats techniques sur le fait de savoir si le site internet « Riposte Laïque » est bien la propriété de l’association « Riposte Laïque Suisse » et non celle de Riposte Laïque « France ». L’enquête de police et la perquisition effectuée au domicile de Pierre Cassen suite à un signalement au Procureur par la DILCRAH (Direction interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT) apporte quelques réponses salutaires ! Oui l’I.P. (contraction de Internet Protocol, qui est l’identifiant d’un ordinateur connecté à Internet ) est bien en Suisse, oui une société de maintenance affirme que son client Riposte Laïque Suisse est bien domicilié à Luzerne. Oui les redevances sont bien effectuées à partir d’un compte suisse. Mais l’accusation refuse d’en démordre : l’adresse internet proposée aux usagers du site a pour extension « orange.fr » et «.fr » veut dire FRANCE ! De plus, le compte paypal proposé aux donateurs a pour titulaire Pierre Cassen. Enfin l’actualité traitée par les articles mis en ligne concerne essentiellement le « territoire » français… Pierre explique les problèmes techniques rencontrés par ses amis suisses avec le PayPal suisse et la solution provisoire qui a été apportée par Riposte Laïque « France » par solidarité. Il explique encore que la curiosité des Suisses francophones ne se limite pas aux derniers potins de Neuchâtel !

Pierre Cassen ne cache d’ailleurs pas qu’il fait toujours partie des contributeurs du site et qu’à ce titre, il lui arrive de participer bénévolement à différentes tâches : relecture de certains articles, mise en forme d’article, titrage, apportant ainsi une valeur ajoutée à la qualité du site. Ce fonctionnement est alors corroboré par la lecture par Madame la Présidente de témoignages écrits venant de différents contributeurs du site, et notamment le Directeur de publication actuel Guy Sebag, ancien avocat au barreau de Paris et président actuel de Riposte Laïque Suisse.

Avoir des « droits » sur le site pour effectuer certaines actions au même titre que d’autres contributeurs, est une pratique banale qui n’a rien d’illégal. Il faut vraiment manquer de culture informatique pour s’étonner d’un tel fonctionnement !

Pour autant, Pierre Cassen déclare s’interdire une quelconque ingérence rédactionnelle vis-à-vis de l’équipe suisse. A la question « Avez-vous eu connaissance de ces articles avant leur publication ? », il répond NON. A la question « Auriez-vous publié ces articles en tant que directeur de publication ? ». Réponse encore négative, argumentée par le fait que selon lui, l’article « manquait de nuances » tout en ne manquant pas d’ajouter, qu’il n’était pas toujours d’accord avec le contenu des articles mis en ligne, lorsqu’il était directeur de publication en France. Mais il réaffirme son attachement viscéral au débat contradictoire. Il fait par ailleurs remarquer que les Suisses ont des traditions démocratiques bien supérieures à la France, ce qui explique qu’ils aient publié cet article. Il ajoute que quand il animait le site en France, il n’y avait eu qu’une seule plainte en cinq ans. D’autre part, il fait remarquer au tribunal qu’en Suisse, pays doté d’associations antiracistes et musulmanes, aucune plainte n’avait été déposée contre le site, depuis 2012, alors qu’il y en avait des dizaines, en France. Une chose est claire : Pierre Cassen n’est plus le directeur de publication du site, ce qui a bien été confirmé par l’enquête de police, via la perquisition. Mais le but final de la procédure engagée n’est-elle pas de faire taire à jamais le soldat Pierre Cassen ? La logique aurait voulu que le Ministère public requière un juge suisse par commission rogatoire, ce qui n’a pas été fait pour des raisons sur lesquelles on est en droit de s’interroger.

Puis arrive l’heure du deuxième « entracte » avant les plaidoiries des parties civiles. Entre deux cafés, des sympathisants venus soutenir Pierre Cassen compulsent frénétiquement leur smartphone : une voiture bélier vient de se précipiter sur les grilles du Parlement britannique : un mort et de nombreux blessés dont trois lycéens français… (la suite nous dira le lendemain qu’il y a eu cinq morts et des dizaines de blessés). Les propos de Maxime Lépante qui viennent d’être lus à l’audience, résonnent comme une sinistre prophétie : « Nous ne sommes nulle part en sécurité (…) puisque des musulmans peuvent nous assassiner n’importe quand et n’importe où, comme nous le prouvent les attentats de … »

Ces graves événements de dernière minute n’enlèvent hélas rien à la verve des parties civiles qui s’acharnent de plus belle sur l’homme à abattre : l’avocate de la LICRA tente de jeter à nouveau le discrédit sur Riposte Laïque Suisse dont le fonctionnement interne manquerait de transparence. Elle s’en prend au site lui-même dont « tous les articles véhiculent des idées similaires ». Dans ce qu’elle appelle « son combat » elle cite Germaine Tillon pour avouer enfin que son association dispose d’une « équipe de veille » destinée à susciter de nouveaux procès pour financer les équipes en place. Tout est dit ! A la suite de quoi, elle maugrée contre le public de la salle, dont elle dit ressentir l’hostilité et qu’elle qualifie avec mépris de « fanatique ».

C’est ensuite au tour de l’avocat de la Ligue des Droits de l’Homme qui charge Pierre Cassen, l’accusant « d’avoir la lâcheté de ne pas assumer ses propos ». En effet, avant la pause, Pierre avait refusé de répondre aux questions de cet avocat, destinées à confronter celui-ci aux phrases « globalisantes » des articles incriminés. Concluant benoîtement que « qui ne dit rien consent »,  Pierre Cassen ne peut être que coupable ! L’avocat de la LDH ose cette fois ci demander 10 000 € et 400 € d’amende.

Mme le procureur prend ensuite la parole. Avec une rare violence verbale, elle soutient que le transfert du site en Suisse est opaque, bidon. C’est une « supercherie », un « « écran de fumée » et « c’est bien Monsieur Cassen qui est derrière tout ça ». En sa qualité de père fondateur, il serait donc responsable ad vitam aeternam de tous les actes de son « bébé » ! A la consternation générale, elle demande six mois de prison avec sursis et 2000 € d’amende afin d’aboutir, précise-t-elle, à une « jurisprudence exemplaire ».

Maître Pichon est hors de lui et dénonce d’emblée le rôle éminemment politique du parquet. Il enjoint le tribunal à résister à ces exigences extravagantes. Il ne décolère pas vis-à-vis des conseils des parties civiles : « Mais que font ces associations qui donnent des leçons de morale sur les droits de la défense ? ». Et encore : « Qui sont ces professionnels qui se joignent à l’audience pour récupérer des sous ? ». Il fait encore remarquer très justement qu’aucune associations musulmane n’est présente parmi les parties civiles. Bizarre pour une communauté aussi nombreuse, prompte à se défendre et visée en première ligne par les propos de Maxime Lépante !

Il rappelle qu’en matière pénale, le doute, si doute il y a, doit toujours profiter au prévenu. Pierre Cassen ne saurait donc payer pour un autre. « La messe n’est pas dite, je persiste à croire encore que la justice existe » conclue-t-il, en demandant la relaxe de son client.

Le mot de la fin revient de droit à l’accusé. Pierre Cassen se lance alors dans une tirade enflammée que la greffière a du mal à suivre. On lui demande un phrasé plus lent. Il remercie d’abord la Présidente pour la qualité de son écoute et s’en prend aux parties civiles « financées par Georges Soros ». Il cite Malika Sorel-Sutter, essayiste d’origine algérienne, qui dans un entretien récent a le courage de dénoncer les lois liberticides qui sclérosent tout débat démocratique. Puis il revendique sa responsabilité face aux générations futures, son devoir moral face à ses petits-enfants de continuer à se battre pour les valeurs laïques et républicaines auxquelles il a toujours été attaché.

Il rappelle à la Licra et à la LDH leur complaisance devant l’antisémitisme musulman, leur citant deux exemples accablants.

Il s’insurge contre la scandaleuse requête du Ministère Public d’un emprisonnement de six mois, avec une grande colère. Il rappelle comment ces lois liberticides ont mené devant ce tribunal des journalistes, des hommes politiques, des intellectuels aussi respectables qu’ Eric Zemmour, Ivan Rioufol, Renaud Camus, Pascal Hilout, Robert Ménard, Christine Tasin, jusqu’à Georges Bensoussan, spécialiste de la Shoah et bien d’autres !

Il mentionne enfin que selon une étude de l’Institut Montaigne, 29% des musulmans interrogés estiment que la charia est plus importante que la Loi de la République et que ce pourcentage passe à 44% chez les moins de 25 ans et invite les parties civiles à venir discuter avec lui quand ils le voudront.

Il conclut en leur disant qu’il avait visionné, la veille, le film « L’Aveu », et, se tournant vers les antiracistes et le procureur, leur dit qu’ils auraient fait merveille sous ces régimes.

L’audience s’achève à 20h45 tandis que dans le même temps, un article sur l’attentat de Londres parait sur le site de Riposte Laïque sous la plume du mystérieux Maxime Lépante ! Donc là, Pierre ne peut pas être dans le coup, puisqu’il est encore au tribunal !

Oser dire ou même penser que l’Islam n’est pas compatible avec la République est devenu un crime dans la France de M. Hollande ! Alors, comme l’a fait Voltaire à son époque, publier en Suisse n’est-il pas l’ultime recours pour ne pas être à jamais condamné au silence ?

Le verdict sera rendu le 3 mai 2017.

Hector Poupon

Article paru en premier sur Riposte Laïque

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