L’avenir de l’Occident se joue – également – en Syrie

Michel Garroté
Politologue, blogueur

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Michel Garroté - Les forces armées du gouvernement syrien contrôlent aujourd'hui 36% du territoire (essentiellement grâce à l'appui terrestre et aérien de l'armée russe), l'EI 29%, les Kurdes 23% et les milices islamistes rebelles 12%. Cela dit, et bien que les forces armées du gouvernement syrien contrôlent aujourd'hui 36% du territoire, il est à regretter que samedi 12 mars 2017, un double attentat terroriste islamiste à l'explosif ait eu lieu à Damas, près d'un cimetière dans la zone de Shaghour, dans la partie ancienne de la capitale syrienne ; double attentat qui a coûté la vie à 74 personnes, principalement des visiteurs chiites irakiens. Le Comité de Libération du Levant - un groupe terroriste sunnite lié à Al-Qaïda - a revendiqué, dimanche 13 mars 2017, cet acte terroriste.
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Mais, disons-le encore une fois, ce sont les forces armées du gouvernement syrien et la Russie qui contrôlent la situation en Syrie. Du reste, en janvier 2017, l'analyste Olivier d'Auzon notait déjà que les cartes du Moyen-Orient étaient "rebattues par le spectaculaire retournement de la situation en Syrie en faveur du régime de Bachar El-Assad. De fait, en septembre 2015, les rebelles syriens, aidés par les Occidentaux, les pétromonarchies du Golfe et la Turquie croyaient pouvoir s'emparer de Damas. Mais l'intervention russe a sauvé in extremis le régime et permis la reconquête d'Alep, la seconde ville du pays. Dès lors, les Russes se substituent aux Américains comme grande puissance de référence dans la région", précisait Les forces armées du gouvernement syrien contrôlent début 2017.
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A propos de la Syrie, Frédéric Pichon, géopolitologue, spécialiste du Moyen-Orient, déclare notamment, dans une interview accordée au Figaro (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : L'avenir de l'Occident se joue en Syrie. La paix en Syrie sera au moins aussi compliquée à gagner politiquement que la guerre le fut militairement. On peut dire d'ores et déjà que le conflit est terminé dans sa dimension politique : les forces loyalistes, épaulées par la Russie et l'Iran ont ôté tout espoir de voir se constituer une alternative à Bachar el Assad. L'intervention directe de la Russie depuis 2015 et l'installation durable de bases militaires en Syrie par Moscou à Tartous et à Mheimim notamment, laissent penser que l'Etat syrien est sauvé.
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Il n'y aura pas de canton sunnite sous protectorat américain dans l'Est syrien. Russes et Syriens sont bien décidés à reprendre cette zone stratégique pour les ressources qu'elle recèle. ils s'y emploient actuellement avec succès avec une progression fulgurante vers l'Euphrate. Cependant, des signes inquiétants de la prorogation d'un conflit de basse intensité demeurent: les quantités d'armement déversées par tous les belligérants, souvent en provenance de l'étranger (livraisons russes, iraniennes, mais aussi matériel offensif livré à la rébellion, y compris par les services occidentaux, français mais aussi américains) laissent augurer de potentialités de violence et d'une transformation radicale des conditions de vie à terme dans la région.
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Pour d'autres Nations, la Russie et la Chine notamment, mais aussi pour les pays membres de l'Otan, il y va désormais d'une question de sécurité, le territoire syrien étant devenu le réservoir mondial d'un terrorisme dont les métastases ont tendance de surcroît à essaimer le long de l'«arc des crises», cet anneau qui désormais court du Pakistan à la Côte d'Ivoire, ajoute Frédéric Pichon dans Le Figaro (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

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[ndmg - "du Pakistan à la Côte d'Ivoire" : cette affirmation peut surprendre et pourtant elle est rigoureusement exacte. Rappelons que l'actuel président ivoirien est musulman ; et rappelons aussi que le Pakistan est devenu islamique et qu'il détient l'arme nucléaire].
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De son côté, Paula Corbulon, sur LSB, publie l'analyse que voici (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Au Nord-Est, les forces syriennes ont poursuivi leur mouvement offensif jusqu’à l’Euphrate qu’elles ont atteint il y a quelques jours, s’assurant notamment le contrôle d’une usine de traitement de l’eau très importante pour le ravitaillement de la population d’Alep. Ce succès, facilité par le peu de combattivité de Daesh dans la zone, met les forces syriennes en position favorable pour participer à la reprise ultérieure, pas avant plusieurs mois, de la ville de Raqqa, « capitale » de « l’Etat islamique », plus à l’Est.
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Les Etats-Unis renforcent d’ailleurs leurs capacités dans la région, en termes de soutien logistique comme de forces au sol, les unités kurdes n’ayant pas les moyens de mener seules cette action décisive. Toujours dans le Nord, l’évolution de la situation semble traduire dans les faits une coopération quasi explicite entre les Russes et les Américains. En effet, la prise d’Al Bab, péniblement obtenue par les forces turques et leurs alliés, pouvait permettre à ces forces d’entreprendre une conquête de la zone Kurde plus à l’Est, centrée sur la ville de Manbij, et tenue avec succès par des forces kurdes appuyées par les forces américaines.
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Afin d’éviter cette confrontation, et d’interdire de fait à la Turquie de céder à la tentation d’étendre son viol de la souveraineté syrienne tout en s’en prenant directement aux Kurdes, ceux-ci ont remis le contrôle de la zone à l’Ouest de Manbij aux forces syriennes, et russes, représentées par un détachement du bataillon de police militaire déployé à Alep. Ce qui donne lieu à quelques escarmouches entre pro-turcs et forces syriennes. Si une escalade entre Syrie et Turquie n’est pas à exclure totalement, elle semble toutefois peu probable, dans la mesure où ces dispositions ont suivi une réunion entre les chefs d'état-majors turc, américain et russe, dont on peut estimer qu'elle visait notamment à coordonner ces actions.
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Au Nord-Ouest, la situation dans la région d’Idlib est stable, et marquée par plusieurs affrontements entre milices djihadistes, qui semblent toutefois s’être soldés par un accord. L’armée syrienne a mené des offensives limitées à l’Ouest d’Alep, de manière à soustraire les quartiers occidentaux de la ville aux tirs d’artillerie des djihadistes. Au centre Est, le principal évènement est la reprise magistrale de la ville de Tadmur et de la cité antique de Palmyre avec une forte implication russe en matière d’appui aérien rapproché - hélicoptères Kamov 52 notamment - et de forces spéciales au sol.
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Pour mémoire, rappelons que conquise en mai 2015 par l'Etat islamique, Palmyre avait été reprise par le régime en mars 2016 avant de retomber dans les mains des djihadistes en décembre. Aujourd'hui, Palmyre est une fois de plus libérée de l'EI. [ndmg - Pour combien de temps ?]. Plus globalement, les récentes visites à Moscou des chefs d’Etat turc et israélien  ainsi que les affirmations du président Assad sur le rôle de la Chine dans la reconstruction syrienne, laissent entrevoir le développement de solutions politiques de plus long terme, conclut l'analyse publiée par Paula Corbulon su LSB (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction & Adaptation de Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2017/03/10/31002-20170310ARTFIG00134-frederic-pichon-l-avenir-de-l-occident-se-joue-en-syrie.php
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https://www.lesalonbeige.fr/situation-en-syrie-suite-11/?mode=list
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