Les Accords de Paris en ligne de mire

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens

Le nouveau responsable de l'EPA américaine ne croit pas à l'influence prépondérante du CO2 dans le réchauffement climatique. En arrière-plan se profile une rude bataille pour la survie des Accords de Paris, et à travers eux la politique climatique mondiale.

La RTS s'indigne

Quiconque n'a jamais pensé voir des journalistes helvétiques s'étrangler pourra regarder le reportage de la RTS sur l'interview de Scott Pruitt le 10 mars.

"Les émissions de CO2 ne sont pas un facteur déterminant dans le changement climatique" - c'est du moins l'opinion du nouveau patron de l'agence américaine de l'environnement Scott Pruitt, climato-sceptique assumé vous l'aurez compris. Invité hier sur une chaîne de télévision américaine il a précisé qu'il fallait "analyser encore l'impact réel du CO2."

Analyser encore l'impact réel du CO2? Et puis quoi encore! Claudio Zamperini, grand mufti de la RTS sur la question, manque de s'étouffer. Le journaliste a au moins l'honnêteté de mentionner la réplique par qui le scandale arrive:

"Je pense que mesurer l'impact de l'activité humaine sur le climat est quelque chose de très difficile et il existe un immense désaccord sur le degré d'impact, donc non, je ne suis pas d'accord pour dire [du CO2] qu'il s'agit d'un contributeur important au réchauffement climatique. En tout cas pas pour le moment."

Mais ensuite, avec en toile de fond un kaléidoscope d'images tirées des innombrables plaidoiries de la RTS sur ce thème, il déroule le credo avec la subtilité d'un commissaire au peuple:

"[les propos de Scott Pruitt sont une] façon de mettre en doute ce que la science a pourtant démontré (sic). La combustion de dérivés du pétrole, du charbon et du gaz naturel contribue largement à l'augmentation des températures."

Démontré? Ah, comme tout est simple pour l'esprit imperméable au doute! Dommage que les démonstrations avancées par le journaliste n'existent que dans son esprit enfiévré, et c'est bien là le problème. L'activisme pro-réchauffiste pollue largement l'étude d'un climat bien plus complexe que ce que les scientifiques engagés, les militants écologistes et leurs alliés politiques en disent. Pas un seul modèle climatique n'a réussi l'épreuve de la prédiction sur quelques années seulement, alors de là à les laisser imaginer la température en 2050...

réchauffement climatique,manoeuvres politiquesRétrospectivement, les propos de Scott Pruitt semblent bien plus mesurés et raisonnables que les réactions qu'ils suscitent dans les médias!

Scott Pruitt, le croquemitaine

Mais pour quiconque ne s'embarrasse pas du doute inhérent à la démarche scientifique, la nomination de Scott Pruitt relève effectivement de la mauvaise nouvelle.

L'ancien Procureur Général de l'Oklahoma a beaucoup lutté contre l'Agence de protection de l'environnement lorsque celle-ci était entre les mains de l'Administration Obama. Il s'éleva notamment contre le Clean Power Plan décrété par la Maison Blanche d'alors pour imposer aux États-Unis d'ici 2030 une réduction de 32% des prétendues émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques au charbon. Son opposition n'avait rien d'un combat solitaire ; la démarche engagea à ses côtés 28 États fédéraux.

L'affaire n'a pas encore été jugée et pourrait remonter jusqu'à la Cour Suprême - en théorie, car faute de bases légales le Clean Power Plan pourrait disparaître bien avant qu'elle ne statue. Ni le Clean Power Plan ni les Accords de Paris adoptés par Barack Obama n'ont été validés par le Congrès, et pour cause. La page Wikipédia de ces Accords, mentionnant que les États-Unis les ont "ratifiés", est mensongère. Leur manque de légitimité est le principal reproche que formule M. Pruitt à leur encontre. L'un comme l'autre sont de simples décisions de l'exécutif, susceptibles d'être annulées du jour au lendemain par le nouveau Président.

Danger pour les Accords de Paris

Avec son slogan America First, le Président Trump a bien l'intention de remettre l'EPA à sa place. La production d'une énergie abondante et bon marché est une de ses priorités. La nomination de Scott Pruitt à sa tête s'inscrit parfaitement dans ce contexte, alors que ce dernier avait lancé pas moins de 14 procédures contre l'EPA sous la présidence Obama.

Cependant, M. Pruitt exprime non seulement ses doutes sur le rôle du CO2, mais aussi sur les Accords de Paris:

Dans la même journée, Scott Pruitt est également revenu sur l'accord sur le climat signé à Paris le 12 décembre 2015. Pour lui, il s'agit d'un "mauvais accord" étant donné que les formes n'ont, à ses yeux, pas été au rendez-vous : "L'accord de Paris aurait dû être géré comme un traité, il aurait dû passer par une validation au Sénat. C'est inquiétant".

On admirera les éléments de langage du journaliste: "revenu sur un accord signé...", "les formes...", "à ses yeux..." Disons-le, Scott Pruitt pinaille! Il n'a jamais été que Procureur Général, après tout. Que connaît-il au Droit?

Les tournures désobligeantes ne suffiront pas à masquer l'inquiétude. L'EPA sera réalignée, le Clean Power Plan semble déjà faire partie de l'histoire ancienne et la participation des États-Unis aux Accords de Paris est compromise. Or, il se trouve que cette participation est absolument vitale aux Accords de Paris eux-mêmes.

Il ne s'agit pas d'une participation symbolique. L'Accord de Paris sur le climat est un grand mélange de vœux pieux, d'appels solennels et de demandes de réduction d'émissions sans le moindre mécanisme de contrôle contraignant, mais au milieu de tout ce fatras souvent contradictoire une finalité économique n'a pas échappé à ses promoteurs: les "pays du Nord" doivent verser aux "pays du Sud" 100 milliards de dollars annuels d'ici 2020 pour "faire face aux impacts du dérèglement climatique" - ce montant étant un minimum. On comprend mieux l'empressement de tant de pays du Sud à ratifier leur participation!

Malheureusement pour tous ces régimes assoiffés de subventions, l'argent convoité n'arrivera jamais. Les États-Unis étaient bien évidemment censés prodiguer la part du lion de cette somme ; s'ils refusent, et tout indique qu'ils refuseront, aucun pays ni groupe de pays n'aura les reins assez solides pour les remplacer. La manne ne sera pas au rendez-vous. Ce n'est pas tout: la Chine, premier pollueur mondial, a conditionné sa participation aux Accords à celle des États-Unis. Elle s'en retirera donc également. Sans l'argent promis, refusant d'être les dindons de la farce des contraintes climatiques face à leurs concurrents, d'autres pays signataires se retireront à leur tour. De proche en proche, tout le fragile édifice diplomatique s'écroulera comme un château de cartes.

Tout cela porte bien sûr très au-delà de la petite Suisse, toujours bonne élève avec ses médias profondément engagés et ses innombrables taxes goulûment avalées par une population maintenue dans l'hébétude. Mais la nomination de Scott Pruitt à la tête de l'EPA aura suffi à démontrer, avec une simple interview, que le roi climatique est nu.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch, le 11 mars 2017

3 commentaires

  1. Posté par Marcassin le

    Et encore :
    Les rapports du GIEC, le cinquième, comporte 4 700 pages rédigées à partir de contributions de physiciens, géologues, météorologistes, géographes, chimistes, mathématiciens… bien-pensants.
    Il n’est jamais lu en entier et donc un résumé de 100 pages est publié par des rédacteurs délégués et un pavé de 35 pages est largement diffusé aux médias et responsables de gouvernements.
    Ce dernier est fabriqué par un bureau exécutif composé d’administratifs compétents intergouvernementaux, NON SCIENTIFIQUES. En regardant les listes des contributeurs, rédacteurs et représentants des gouvernements, on s’aperçoit assez vite que les lobbies du WWF, de Greenpeace, des « verts », des grandes institutions, des États, ont assez bien réussi à orienter les conclusions suivant une nouvelle religion, celle du « réchauffisme », qui suppose des oublis opportuns, des données gênantes masquées ou manipulées, des auteurs hors ligne exclus.
    Source : http://www.pensee-unique.fr/bernier.pdf

  2. Posté par Marcassin le

    De très nombreux scientifiques du monde entier sont sceptiques et combattent les distorsions scientifiques véhiculées par les écologistes, le GIEC et des tenants du CO2 anthropique. Deux exemples célèbres, parmi bien d’autres :
    Pétition de l’Oregon sur le réchauffement de la planète – Signée par plus de 17 000 spécialistes des sciences fondamentales et appliquées, dont les deux tiers ont un diplôme d’études supérieures.
    « Nous demandons au Gouvernement des États-Unis de ne pas signer le Protocole de Kyoto, ni aucun autre accord comparable ».
    Appel de Heidelberg – Lancé en 1992 et signé, depuis, par plus de 4 000 scientifiques du monde entier, dont 72 prix Nobel.
    « Le réchauffement de la planète imputable à l’activité humaine n’a aucun fondement scientifique ».
    Source : http://www.pensee-unique.fr/ondit.html
    Les scientifiques honnêtes ne sont de loin pas tous d’accord. Voir liste non exhaustive ci-dessous :http://www.pensee-unique.fr/paroles.html
    Il faut également dénoncer les manipulations médiatiques montrant toujours les émanations de CO2 sous forme d’épaisses fumées noires. Or le CO2 est incolore et inodore. De plus il est indispensable à la vie sur terre.
    Le GIEC n’est qu’une pompe à fric.
    Son but n’est pas d’analyser l’origine des modifications climatiques mais de prouver, manipulations et mensonges à l’appui, que l’augmentation des émanations de CO2 d’origine anthropique agit sur le climat.

  3. Posté par Dominique Schwander le

    D’un part, du point de vue scientifique, nous devons remettre en question le réchauffement climatique.
    D’autre part, les coûts de la non-prévention du changement climatique, s’il est réellement vrai, sont probablement bien supérieurs aux coûts que nous pourrions encourir pour le prévenir s’il s’avère être un canular. Dans cette perspective, toute action contre le changement climatique représente une assurance prudente face à un phénomène que nous ne connaissons pas encore suffisamment. Ne faisons confiance ni à Rio, ni à Paris, ni à Leuthard mais soyons plus responsables et agissons chacun dans la mesure de nos possibilités. Un exemple personnel: l’an passé les capteurs photovoltaïques de fabrication suisse du toit de notre villa ont produit plus de 20.000 kWh.

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