France anale – Cirque politique et révolte populaire

Michel Garroté
Politologue, blogueur

    
Michel Garroté - Je dois avouer, que ce qui se passe, actuellement, en France, me dépasse. En cinquante ans, ce pays, qui conservait encore, un minimum de dignité (au moins apparente), a littéralement sombré dans les abysses, à tous les caniveaux, et, dans tous les domaines.
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Dernier exemple en date : François Hollande, sous le feu des caméras de télévision, mobilisées pour la circonstance, rend visite, à l'hôpital, à Théo, un gentil black, qui se serait fait frictionner (ou déchirer), l'anus et le rectum, par un sex toy, déguisé en matraque, et, manié par un flic psychopathe d'extrême-droite (homophobe et raciste).
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C'est gravissime. Toute la France est en émoi. D'ailleurs, on frise l'émeute. L'ONU pourrait même, selon certains, voter une résolution contre le terrorisme policier et les matraques sans vaseline. La grosse affaire restera, longtemps, dans les "annales"...
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A propos de cette France-au-fond-du-trou (de balle), Olivier Damien, Docteur en droit et Commissaire divisionnaire honoraire, écrit notamment, sur 'Boulevard Voltaire' (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : N’est-il pas beau de voir tous ces hommes politiques, tous ces journalistes, tous ces intellectuels se poser en parangons de vertu et porter l’anathème sur un des leurs ? N’est-il pas succulent d’entendre, à longueur de journée, tous ces donneurs de leçons nous rappeler les codes de la morale, de l’éthique et de la déontologie ?
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N’est-il pas risible de voir combien notre vie publique est subitement peuplée de gens aussi honnêtes, désintéressés et si profondément attachés aux valeurs de la République ? Car c’est bien à ce spectacle pitoyable que nous assistons depuis plusieurs jours. C’est à la mise à mort médiatique et politique programmée et orchestrée d’un homme.
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Comment se fait-il, en effet, que les éléments à charge réunis par les journalistes du Canard enchaîné aient été portés à la connaissance du public, et de la justice, juste après la primaire de la droite et du centre qui a désigné François Fillon ? Pour qui a déjà enquêté, il est évident que ce dossier n’a pas été monté en quelques jours. Qu’il mijotait depuis des mois, certainement dans l’attente du moment propice à sa divulgation.
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Comment ne pas s’interroger, également, sur la portée d’un événement qui, non seulement disqualifie le vainqueur des primaires de la droite, mais qui, presque certainement, empêchera, faute de temps, la droite parlementaire de présenter un autre candidat crédible et fédérateur susceptible de l’emporter en mai prochain ? Alors, le temps de la révolte citoyenne n’est-il pas venu ?, ajoute Olivier Damien (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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De son côté, le chroniqueur de droite Christian Lambert, écrit notamment, sur 'Les 4 Vérités' (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : La France est un pays d’exception qui a trouvé le moyen, pour une élection présidentielle, de faire en sorte qu’il y en ait trois. La première, ce fut la primaire de la droite ; la deuxième, ce fut la primaire de la gauche ; la troisième, ce sera l’élection présidentielle proprement dite.
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C’est ainsi qu’après la primaire de la droite, beaucoup pensaient que Fillon était élu. Il n’y avait qu’à attendre. Il ne l’était évidemment pas. Il avait été seulement désigné comme le candidat de la droite, parmi six autres, qui se sont publiquement écharpés. Il est aujourd’hui très discrédité par une campagne de calomnie médiatique qui ne vient peut-être pas de la gauche.
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En réalité, ces candidats de droite étaient plus que sept, en comptant les candidats hors primaires, Nicolas Dupont-Aignan, Michèle Aliot-Marie, Henri Guaino et je dois en oublier. À gauche, même spectacle vidéo-sonore, en pire. Ils furent, eux aussi, sept à se présenter, dont l’un tint avec véhémence des propos incompréhensibles, ce qui le rendait plutôt sympathique : un certain Jean-Luc Bennhamias.
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Plus distrayant fut l’ancien Premier ministre de notre pauvre Hollande, Manuel Valls, qui désormais s’est transformé en une sorte de cible, comme celles que les enfants bombardent dans les foires avec de grosses boules pour gagner une pochette-surprise. Un jour, il a reçu un kg de farine sur le nez ; un autre jour, il a été giflé par un excité et il en semblait tout content. Espérons qu’on en restera à la farine, à l’exclusion d’autres projectiles non farineux et malodorants. Enfin, au centre, danseuse bien connue, François Bayrou entend se rappeler au souvenir de chacun en se présentant lui aussi, dans le but, dit-il, de couler Fillon.
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Ce n’est pas tout. À la gauche de la gauche est apparu fugitivement sur les écrans, mais en pleine lumière, une certaine Nathalie Arthaud, à qui franchement on ne pense pas tous les jours. Elle s’est proclamée, elle aussi, candidate à l’élection présidentielle pour éliminer tous les autres, des « bourgeois nantis et profiteurs », a-t-elle dit. Elle seule est de nature à défendre le peuple, une vraie Sans-culottes, comme au bon temps de la Convention, comme le fut, il y a peu, NKM, qui, elle aussi, assurait qu’elle était une Sans-culottes.
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Ça nous en fait donc déjà deux, ce qui offre des perspectives encourageantes. Et voici que l’on me dit : Vous en oubliez un, un certain Poutou, qui, lui, se situerait à la gauche de l’extrême-gauche, c’est-à-dire à la gauche du camarade Mélenchon, candidat avec la bénédiction du Parti communiste à la nostalgie stalinienne, un parti « démocratique » ayant pour but la dictature du prolétariat rendue possible grâce aux syndicats, dont la CGT communiste.
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Tout cela est grotesque. Nous avons pour cette élection présidentielle plus d’une vingtaine de politiciens qui promettent tout ce que l’on veut, et le salaire universel, et la drogue dépénalisée, et le soleil tous les jours. À ma connaissance, on ne voit nulle part ailleurs, à ce degré-là, un tel spectacle. On notera encore que, dans ce déluge verbal, pas un mot n’est prononcé sur le financement des jeux du cirque (des dizaines et des dizaines de millions d’euros). Croit-on que les chefs d’entreprise, voire des pays étrangers, vont remettre aux candidats des sommes pareilles sans s’assurer un « retour sur investissement » ?
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Comment croire aux annonces de ces lauréats de la rhétorique politique qui pourraient pratiquement tous tenir les propos suivants : « Monsieur, après cette campagne électorale, qu’allez-vous faire ? Je vais prendre pendant six mois un repos bien mérité. Et après ? Après, je repars en campagne électorale pour 2022. Et vos promesses ? Votre question est aussi oiseuse que sans objet. Les promesses, nul ne devrait l’ignorer, sont des formules rituelles, à l’exception de celles qui annoncent une hausse des impôts et l’élargissement du droit d’asile. L’essentiel, vous le savez bien, est d’être élu ».
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Ceci confirme ce qui se constate partout : la démocratie est dévoyée. Elle s’est transformée en une sorte de foire d’empoigne périodique, où s’agitent des clans masqués, étiquetés et subventionnés par l’argent public, que l’on appelle partis, qui ont fini par diriger l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Le citoyen n’a plus, pratiquement, aucun recours. 86% des électeurs le savent, qui n’ont plus confiance dans les partis politiques. Ce qui est sûr, c’est qu’on en a encore pour trois mois de ce cirque, qui probablement maintiendra la confusion et le chaos pour les cinq prochaines années, ajoute Christian Lambert (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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De son côté, dans Les Echos, le philosophe Roger-Pol Droit écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Les élections présidentielles engagent le destin de la France. Celles-ci plus encore que les précédentes, parce que le pays se porte mal, dans presque tous les domaines - économique, social, financier, diplomatique... Son redressement ou son déclin dépend des prochaines années, de la politique qui sera conduite. La campagne devrait donc se préoccuper avant tout de l'emploi, de la dette, des finances publiques, de la fiscalité, évoquer l'Europe, la mondialisation, la défense nationale, la sécurité... Il ne devrait être question que des mesures à prendre pour rendre au pays dynamisme, compétitivité, prospérité, sérénité, influence. Au lieu de ces débats urgents et vitaux, à quoi assiste-t-on ? Attaques personnelles, déballages d'affaires anciennes, rumeurs sexuelles. Ce qui occupe le devant de la scène : des raclures de caniveau maquillées en considérations sur le vice et la vertu, de la fange déguisée en souci éthique.
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Est-ce nouveau ? Evidemment non. Déstabiliser les adversaires, discréditer l'ennemi par tous les moyens est vieux comme les élections. Lisez Aristophane : la démocratie grecque, au temps de Périclès, connaissait bien le maniement des rumeurs et des coups bas. Lisez Cicéron pour connaître par le menu les vilénies des hommes politiques romains pour se torpiller les uns les autres. Voyez à Venise, à Florence, à Paris, de la Renaissance à la Fronde, le catalogue des diffamations savamment calculées, habilement diffusées. On oublie trop souvent que la naissance même des journaux quotidiens ne fut pas liée d'abord au souci d'informer, mais au besoin de feuilletonner des bruits toxiques et d'ourdir des cabales politiques. La presse servait à susciter des scandales. Ce n'est pas Balzac qui démentira. Ni Stendhal, ni Zola. Ni les tabloïds.
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Inutile, donc, de jouer les effarouchés. La boue fait toujours partie du jeu. Répéter « Ô tempora ! Ô mores ! » ne sert donc à rien, parce que les lamentations ne changent pas la donne. « Le bois dont l'homme est fait est si noueux qu'il est impossible d'y tailler des poutres bien droites » notait Kant. A peu de choses près, les êtres humains demeurent les mêmes, les moeurs politiques également. Ce qui change, toutefois, ce sont les contextes. Le nôtre est saturé de médias et de réseaux sociaux, qui accélèrent et intensifient les processus. Naguère, les venins effusaient à petite vitesse, sur de courtes distances. Nous voilà immergés dans des caisses de résonance considérables , où les propos se transmettent, se réverbèrent, se transforment avec une rapidité vertigineuse.
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Et cela dans un pays fragilisé, dépressif, les nerfs à vif. Dans une France qui peut sombrer dans le chaos ou bien devenir de nouveau un pays puissant. Qui a entre ses mains le choix de son avenir, alors que dans le monde s'aiguisent les tensions et s'opèrent de vastes redistributions des cartes. Ce contexte, son urgence et sa gravité rendent dangereuse cette campagne désaxée. A d'autres moments, on l'aurait jugée seulement bouffonne, minable ou grotesque, selon les goût de chacun. Elle devient tragique. Parce que des débats superflus occultent massivement les vrais. Les dossiers qui occupent tout portent sur les candidats, leurs familles, leurs moeurs. Il n'est certes pas inutile de savoir quelle personne sera à la tête de l'Etat, dans un régime aussi fortement présidentiel que la Ve République. Mais il est infiniment plus important de savoir quelle politique les Français veulent choisir.
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Il est presque gênant d'avoir à le rappeler : les propositions politiques des différents candidats sont l'essentiel. Seuls importent leurs objectifs, programmes et calendriers. Certains n'en ont pas encore, d'autres les ont affichés. Quel que soit le choix final opéré par chaque citoyen, quelle que soit la prochaine décision de l'ensemble des électeurs, il n'y a à considérer que ces dossiers. Tous les autres sont superfétatoires. Sans doute les révélations financières ou sexuelles peuvent-elles se révéler intéressantes, croustillantes, amusantes, ennuyeuses... selon les cas et selon les points de vue. Et il n'est pas étonnant que ces questions annexes alimentent les bavardages de comptoir. Mais il devient préoccupant qu'elles accaparent la presse. Car le danger, dans l'état présent de la France, est que son avenir se décide massivement à partir d'impressions et d'émotions, de rejets et de dégoûts, d'engouements et d'illusions. Et non de débats de fond, conclut Roger-Pol Droit (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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De son côté, sur Liberté Politique, le chroniqueur de droite François Billot de Lochner écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Dans la course à la présidentielle, François Fillon n’est pas bien parti. Pourquoi ? Est-ce parce que la meute hurlante des chiens de garde du Système le saigne en abondance et va finir par le tuer ? Parce qu’il s’affirme « à contre-courant », ce que le dit Système ne peut tolérer ? Parce que sa tête de gendre idéal est une insulte au Système ? Ces raisons sont-elles les bonnes raisons ? Non, sans doute, ou pas seulement ces raisons : les vraies motifs de son possible échec sont à rechercher ailleurs.
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Première raison : lorsque l’on veut donner l’image du gendre idéal, il faut être un gendre idéal. Il ne faut donc pas se comparer aux innombrables politiciens qui ne sont pas des gendres idéaux, quand bien même ils sont gendres. Il faut être en revanche dans la posture de l’homme irréprochable. Les Français le sentent intuitivement : de Gaulle n’aurait jamais employé Tante Yvonne, même s’il avait pu le faire en toute légalité. Légalité et moralité sont deux choses différentes. La majorité des électeurs gagnent moins de 2000 euros nets par an : à tort ou à raison, nombre d’entre eux n’accepteront jamais un système dans lequel l’épouse d’un homme politique peut gagner le double de leur salaire, ce système fut-il légal. Ainsi, Fillon ne pourra récupérer des centaines de milliers de voix de droite, désormais un peu plus écoeurées par la classe politique. C’est ainsi. Or, ces voix lui manqueront cruellement au printemps prochain.
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Seconde raison : Pénélope est évidemment une femme importante, mais les vrais sujets du jour sont-ils là ? L’erreur de François Fillon est de n’avoir pas compris que les Français veulent un chef de guerre, qui affiche une détermination sans faille à renverser la table pour redresser la France. Or, la posture de François Fillon a plutôt consisté à essayer de redresser sa table branlante en donnant des gages à la meute déchaînée du Système. Il s’est donc, d’une certaine façon, soumis au Système, qu’il fallait probablement brusquer avec force et courage, attaquer sans relâche, démolir autant que possible : les Français de droite auraient apprécié. Fillon s’est posément ajusté au Système, de façon défensive : il ne s’est pas révélé être un chef.
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Troisième raison : en quelques semaines, certaines positions du candidat ont pu sembler contradictoires ou malhabiles, donnant, là encore, le sentiment que l’homme était inféodé à un Système auquel il voulait donner des gages, alors que le dit Système se moque des gages comme de sa dernière chaussette, puisque son seul et unique objectif est de tuer politiquement cette candidature. Fillon renouvelle de façon éclatante l’incroyable erreur de Sarkozy : ma droite étant assurée, j’ouvre à gauche. Cela peut lui valoir d’être sorti sèchement de la vie politique, tout comme l’a été Sarkozy, qui semble d’ailleurs n’avoir toujours rien compris, démontrant à l’envi que l’aveuglement des dirigeants politiques actuels prend des proportions effrayantes. Car aujourd’hui, il n’est pas du tout sûr que la droite de Fillon soit si bien assurée. Elle est même, à ce jour, assez peu assurée. Or, Fillon ne mordra jamais sur la gauche, mais Macron mordra très certainement sur la droite.
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De tout cela, il résulte que Fillon peut perdre au premier tour de la présidentielle : son score pourrait  tourner autour de 20% seulement, quand Marine caracolera certainement entre 25 et 30% des suffrages, et Macron entre 20 et 25% peut-être. Si tel est le cas, Fillon devra s’en prendre prioritairement à lui-même, le déchaînement du Système n’ayant été, finalement, que le coup de pied de l’âne, ajoute François Billot de Lochner, (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction & Adaptation de Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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http://www.bvoltaire.fr/olivierdamien/peuple-de-droite-moment-de-revolte-venu,311892
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http://www.les4verites.com/politique/le-cirque
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http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0211787798096-presidentielle-une-campagne-desaxee-et-dangereuse-2063777.php
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http://www.libertepolitique.com/Actualite/Editorial/Fillon-va-t-il-perdre
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