Nouvelles routes migratoires en Europe centrale et orientale

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Par Ferenc Almássy.

Europe centrale – L’immigration illégale massive à destination de l’Union européenne cherche de nouvelles voies d’accès. Aujourd’hui, la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie deviennent des pays de transit, voire d’émigration. Les migrants essayent ainsi de rentrer dans l’UE via la Pologne et la Lituanie. Cependant, les efforts de certains dans les Balkans ne faiblissent pas.

En 2015, la plus importante crise migratoire que l’Europe ait connu depuis la fin de la 2e Guerre Mondiale s’est étendu des rives la mer Méditerranée jusqu’à la Scandinavie et le nord de la France. La Hongrie, en construisant une barrière frontalière, et aidée par le V4 face à l’opposition de Bruxelles, a mis un coup d’arrêt à la « route des Balkans ». Mais cela n’a pas mis fin au phénomène de l’immigration illégale massive visant l’Europe.

La Biélorussie comme base avancée des migrants

L’agence de presse biélorusse BelTA a annoncé que la Biélorussie et l’Union européenne avait convenu de la construction de centres de détention pour les clandestins sur le sol biélorusse, avec un soutien financier de l’UE à hauteur de 7 millions d’euros. En effet, si le phénomène n’est pas nouveau, depuis début 2016, le nombre de clandestins et de migrants en Biélorussie cherchant à rejoindre l’Union européenne n’a de cesse d’augmenter.

En réaction à cet accord, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que la Russie et la Biélorussie allait accélérer leurs pourparlers en vue d’un harmonisation de leurs politiques migratoires, et ainsi se prémunir de possibles abus de la part des clandestins, la frontière entre les deux pays n’étant pas matérialisée.

Ils étaient environ 3.000 migrants à stationner à Brest cet été, profitant des 90 jours de séjour autorisés compte tenu de leurs passeports. Les Tadjiks notamment demandent en général l’asile politique, compte tenu de la situation dans leur pays, qui réprime une partie de l’opposition, jugée islamiste. Mais la Pologne n’a accepté en 2016 que 13 demandeurs d’asile tadjiks, et d’après les ONG pro-migrants, refuse purement et simplement de prendre de nombreuses demandes.

Même phénomène, autre route, autres migrants

Preuve en est que cette nouvelle route migratoire n’est pas conséquence de l’obstruction de la route des Balkans, la composition ethnique du flux de migrants n’est pas la même que le long du corridor n°10. En Biélorussie stationnent non pas des Afghans, Pakistanais, Irakiens, Syriens ou Subsahariens de l’Ouest, mais plutôt des Tchétchènes, des Vietnamiens ou encore des Tadjiks.

Il s’agit donc d’une tout autre route migratoire qui se met en place, et dont la Russie est le principal pays de transit…voire d’origine. En effet, les Tchétchènes forment de loin la première ethnie parmi les migrants tentant leur chance à la frontière orientale de l’UE. Ils étaient 68.000 à tenter de passer la frontière polonaise en 2016. Les Tadjiks, eux, étaient 5.500.

La majorité des demandeurs d’asile tadjiks cherchent à rejoindre l’Allemagne, où se trouve le quartier général du parti de la renaissance islamique du Tadjikistan, principal parti d’opposition, déclaré comme organisation terroriste en 2015 par le gouvernement tadjik.

Les migrants venant de Russie ne vont cependant pas tous vers la Pologne. En Hongrie, le conseiller à la sécurité d’Orbán, György Bakondi, a expliqué que de plus en plus de migrants tentaient de rejoindre la Hongrie en passant par la Roumanie et l’Ukraine, deux pays voisins de la Hongrie.

La Lituanie est également un des pays d’entrée possible. D’après Renatas Pozela, commandant des gardes frontière de Lituanie, interrogé par Al-Jazeera, la plupart des passeurs sont des Tchétchènes, et il n’hésite pas à montrer du doigt la Russie comme acteur de ce phénomène, arguant de liens entre le crime organisé, les passeurs et le FSB.

Mais pendant ce temps-là, dans les Balkans…

Si la Hongrie, suivie par le reste du V4 et quelques voisins, a réussi à endiguer le phénomène migratoire dans les Balkans, celui-ci n’est pas résorbé pour autant. Le froid décourage un certain nombre de migrants de continuer la route pour le moment, mais pas tous.

Chaque jour, 80 à 100 migrants tentent de passer illégalement la frontière avec la Hongrie, encouragés par les passeurs qui pour leur argent ne leur vendent plus que de faux espoirs – comme cette rumeur avant Noël, disant que la Hongrie ouvriraient ses frontières le 25 décembre…

Selon la police hongroise, entre le 20 décembre et le 18 janvier, seulement 152 migrants ont pu passer la frontière illégalement, avant d’être appréhendés, et donc expulsés automatiquement s’ils ont été interpellés dans la bande des 8 km bordant la frontière.

En Serbie, les autorités estiment qu’environ 7.500 migrants attendent de pouvoir continuer leur route vers le nord. Refusant de rejoindre les centres d’accueil pour se protéger du froid et de la faim, car ne voulant pas s’enregistrer légalement auprès des autorités serbes, ils squattent de nombreux bâtiments abandonnés ou patientent dans des camps de fortune.

Et le nombre d’agressions et de dégradations en Voïvodine et à Belgrade, dans le nord du pays où s’accumulent les clandestins, ne cesse de grimper.

 

 

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