Le grand retour du protectionnisme

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
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"Un vent glacial souffle sur le libre-échange", s'inquiète la RTS. Bigre! Le commerce mondial s'est-il effondré? Les marchandises pourrissent-elles au soleil face à des douaniers intraitables? Les commandes par Internet ne passent plus? Les gens sont-ils cloisonnés dans des frontières nationales devenues hermétiques à toute circulation de personnes?

Nous n'en sommes pas là. Un rapide souvenir de la douane de Bardonnex - guère plus qu'un dos d'âne à l'heure actuelle - permet de dissiper le cauchemar. Mais le libre-échange affronte bel et bien des vents contraires, comme s'en émeut ensuite Charles Wyplosz dans une longue interview consécutive au sujet.

L'accélération du monde

Mais le débat est piégé. Même le terme de libre-échange est galvaudé. Initialement, il représentait la libre circulation des marchandises, c'est-à-dire le commerce transfrontalier. Sur cette base historique légitime et paisible du commerce entre sociétés humaines, les apôtres de la disparition des états-nations l'ont étendu à celle des capitaux, des services, des personnes. À une échelle quasiment atomique, tout est devenu équivalent à tout et réciproquement. La rentabilité horaire de l'ouvrier qualifié, qu'il s'éreinte en Inde ou au Brésil. Le prix livré de la tonne d'acier, coulée en France ou en Chine. Le rendement d'un placement dans une compagnie américaine ou japonaise.

Certains se savent hors-course et en conçoivent de l'amertume. D'autres se réjouissent d'être les vainqueurs d'aujourd'hui tout en s'inquiétant de le rester demain. La migration des affaires est source d'incertitude. Entre deux crises financières la turbine économique tourne en surrégime, créant autant de vagues de protestation dans son sillage. Les médias s'attardent avec complaisance sur les groupuscules de casseurs communistes en maraude dans les centres-villes, mais les perdants de la mondialisation sont ailleurs, et bien réels. Les paysans au mode de vie ancestral, les salariés sans qualification, les entrepreneurs prisonniers de législations absurdes ou de la corruption des autorités, les working poors écrasés par l'effet des taxes sur le coût de la vie. Ils ne font pas la une des journaux. Les rares fois où ils sont évoqués, c'est pour donner la parole aux politiciens responsables de leur malheur.

Au capitalisme apatride et fier de l'être s'oppose un courant conservateur rejetant la réduction de l'homme à un agent économique. L'homme n'est pas aussi volage que le capital qui l'emploie ni les produits qu'il conçoit. Il s'inscrit dans une culture, une famille, un héritage, des valeurs. Il ne les sacrifie que rarement au nom de sa prospérité matérielle.

Les libéraux désarmés

Cet aspect du débat sème le trouble au sein des libéraux. Ils ratent le sujet en ne se concentrant trop souvent que sur sa seule dimension économique. Or, chacun n'a pas les ressources, la volonté ou même l'ouverture d'esprit pour se conformer à la nouvelle donne - et encore moins celles de changer son propre pays ou de le quitter. Comme le dit un sage, "Si vous vous affairez à calmer les plaintes d'un affamé en lui expliquant le recul de la faim dans le monde, vous réussirez juste à le rendre furieux."

Les théoriciens libéraux du passé ont apporté des solutions économiques à un monde dans lequel ces problèmes ne se posaient pas. Les délocalisations brutales, les revendications communautaristes, l'assaut migratoire sur les systèmes sociaux n'existaient pas à l'époque de Frédéric Bastiat. Ils sont absents de ses raisonnements élégants mais bien présents de nos jours.

Les libéraux se retrouvent privés d'arguments, ne sachant souvent articuler que des réponses économiques à des problèmes sociaux. Les postulats de base de l'humain libéral doué de raison sont battus en brèche par l'obscurantisme, le prosélytisme, le communautarisme. Face à ces comportements, les libéraux se contentent souvent de prôner la tolérance la plus absolue en fermant les yeux sur l'usage qui en est fait pour détruire la société hôte. Comment s'étonner que le libéralisme perde en influence?

Le protectionnisme, ce vieux compagnon de route

douane_bandeau.jpgL'inanité économique du protectionnisme a été maintes fois démontrée, il faut le répéter. L'explication est fort simple: les taxes ne sont jamais payées par les producteurs mais in fine par les consommateurs locaux. Les prix surfaits dont ils s'acquittent les prive d'argent pour d'autres activités, d'autres consommations. Les habitants "protégés" par le protectionnisme s'appauvrissent.

En revanche, et c'est aussi avéré, le protectionnisme permet la survie d'entreprises locales qui ne seraient pas économiquement rentables sinon, et avec elles les emplois et les impôts que payent leurs salariés au lieu de les faire pointer au chômage.

Le score entre libre-échange et protectionnisme n'est donc pas si net qu'il y paraît. De nombreux pays comme la Suisse ou le Japon ont d'ailleurs atteint de hauts niveaux de prospérité tout en étant très protectionnistes sur de nombreuses catégories de marchandises, comme les produits alimentaires.

Bien qu'on annonce aujourd'hui son retour, le protectionnisme n'est jamais vraiment parti de nos contrées ; sous les assauts de l'OMC, il s'est déguisé en "normes de qualité" et autres certifications nécessaires à l'importation, l'objectif étant toujours de barrer la route aux produits fabriqués à l'étranger. Dans les mœurs, il est resté fortement ancré sous le prétexte de "consommer local" et "de saison", peu importe la compétitivité des denrées étrangères sur les étals. Même des gouvernements modernes se sont lancés sans vergogne dans le "patriotisme économique".

Les autres aspects du libre-échange moderne ne sont pas en reste: les populations sont violemment hostiles à la concurrence transfrontalière des services. Diverses affaires d'imposition impliquant de grandes entreprises ont éclairé sous un jour négatif l'optimisation fiscale, pour légale soit-elle. Enfin, la crise migratoire européenne a détruit pour de bon toute illusion d'une prospérité basée sur une immigration incontrôlée, au point que plus personne de sérieux n'ose la plaider. Il y a effectivement un mouvement de balancier.

Retour sous les projecteurs

Aujourd'hui, l'élection d'un candidat ouvertement protectionniste comme Donald Trump à la tête d'un pays comme les États-Unis libère aussi la parole sur cet aspect: le bon vieux protectionnisme ressort du bois. Est-ce une mauvaise chose? "Oui", crieront en chœur tous les libéraux. Mais la réponse ne jaillit-elle pas un peu trop vite?

Posons le problème. On le sait, à niveau de prélèvement égal, certains impôts sont plus destructeurs que d'autres, plus nuisibles à l'activité économique en quelque sorte. Qu'en est-il du protectionnisme? Après tout, en quoi un milliard soutiré aux consommateurs à travers des taxes douanières serait pire, ou meilleur, qu'un milliard soutiré aux consommateurs à travers la TVA? L'impôt sur le revenu? Les droits de succession?

Si on élimine le sophisme de base qui a tant servi le protectionnisme en acceptant de l'appeler pour ce qu'il est - un impôt - en quoi ce prélèvement serait-il plus grave que n'importe laquelle des myriades de taxes directes et indirectes que les consommateurs sont appelés à payer dès qu'ils achètent quelque chose? Voilà un thème de recherche passionnant, et bien peu défriché.

Aux États-Unis, Donald Trump promet de baisser les impôts des personnes physiques et morales mais aussi sans doute d'instaurer des taxes d'importation. La combinaison de ces deux changements pourrait durablement changer la physionomie de l'économie américaine sans modifier fondamentalement le niveau des recettes de l'État. L'expérience revêt donc un intérêt colossal pour le monde entier. Son slogan de campagne Make America Great Again dépendra largement de la réussite ou de l'échec de cette réforme fiscale.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch, le 10 janvier 2017

5 commentaires

  1. Posté par Martin le

    Le libre echange ne sert que les fortunes. Pour cela la Suisse a brade son secret bancaire et autorise l invasion de travailleurs frontaliers qui appauvrissent les residents grace a un dumping salarial reconnu et maintenant grace a la situation de ces frontaliers dans toutes les entreprises et leur copinage.
    Les paradis fiscaux existent et existeront toujours pour les grosses fortunes. Seuls les personnes lambda seront touchees par ce phenomene. La Suisse n appliquera jamais de denonciation aux pays etrangers pour des montages financiers etablis par des avocats, fiduciaires pour les nantis.
    Pour les travailleurs frontaliers idem, ils ne servent que pour les entreprises qui souhaitent payer moins chers et preteritent les residents.
    La Suisse a pourtant comne role de proteger tous ces residents mais, aujourd hui, elle bafoue la constitution en ne respectant les votations (stop a l immigration).
    Votons tous contre le libre echange, cela stoppera l invasion des frontaliers et rapportera des salaires decents aux residents.
    Concernant le libre echange commercial, reintroduisons le droit de douane et de toutes les facons, ce libre echange ne pourra jamais etre aboli car necessaire.
    Tout a ete melange pour nous berner, contre le libre echange est la meilleure solutions.
    Demandons a nos polituques de nous proteger, c est son role.

  2. Posté par aldo le

    Le libre-échange est une proposition des mondialistes comme les Obama-Clinton. Et vu leurs obsession sexuelles à l’égard de Donald Trump, on peut croire que ces pratiques s’exercent dans tous les domaines. Quand on entend et voit la Clinton on ne devrait pas oublier Bill et ses frasques http://www.purepeople.com/article/hillary-clinton-ses-confessions-son-mari-bill-accro-au-sexe-a-cause-de-sa-mere_a144987/1 Et des psychiatres nous ajouteraient que Bill a choisi une femme comme sa mère. Vous avez tous remarqué comme le vedettariat gonfle ses baudruches médiatisées par le squat de prix célèbres comme les prix Nobel, mais aussi des prix fabriqués sur-mesure pour faire croire à des vertus particulières. Or ces paradis virtuels sont justement souvent la preuve de qualités contraires de ceux qui en sont les bénéficiaires.

    Ces prix Nobel de la paix, dédiés à des personnages qui ont plus fait pour la guerre que la paix, sont tous simplement antinomiques. C’est du bidon! Et Nobel n’a pas vu que des aigrefins pourraient tirer parti du squat de ses fonds pour imposer leurs vues. Dans bien des cas les bénéficiaires mériteraient largement la guillotine, surtout des économistes plus fumistes les uns que les autres et dont la crise actuelle démontre l’inanité. Pensons seulement à Attali, l’Attila du libre-échange qui se camoufle derrière son judaïsme comme certains derrière un prix Nobel, pour nous faire croire qu’il a des vertus particulières. Et cette posture a très certainement une résonance dans l’amplification de l’antisémitisme à venir.

    Le libre-échange se confond avec le mondialisme parce qu’il dénie une réalité divine qui fait que nous sommes tous différents et que nous avons tous droit à être défendus dans nos pays respectifs et pas seulement par des traîtres, comme actuellement en Suisse. Montesquieu l’a largement démontré dans  » l’esprit des lois ». Aucun droit ne peut nous imposer des gens qui n’appartiennent pas à notre milieu déterminé par une volonté divine qui nous a adaptés à ce lieu. Les violences d’aujourd’hui sont tout simplement les causes d’avoir transigé avec ces grands principes lesquels démontrent bien que les observations de Montesquieu sont toujours aussi pertinentes.

    L’abolition des droits de douane est un exemple des effets du mondialisme tout comme l’€uro. L’un et l’autre ne font pas de cas des spécificités de chaque pays. La Suisse n’est pas économiquement rentable à cause de son relief et de ses alpes, faute de matière premières. Avec le secret bancaire, elle avait une opportunité de pouvoir survivre, tout comme la qualité de son travail et l’ingéniosité de ses réalisations industrielles. Tout détruire sous prétexte de mondialisation est l’expression d’une terrifiante imbécilité, ce qui n’est pas étonnant puisque ce sont les socialo-islamo-fascistes qui tirent sur ces ficelles. Les droits de douanes correspondent à une adaptation au lieu et à la protection de ses habitants, mais ils doivent aussi être arbitrés par l’Etat pour éviter des monopoles. Or en Suisse malgré le verbiage libre-échangisme, droit de l’homme etc., nous sommes toujours gravement victimes des monopoles. Ce sont donc là des preuves de corruption au premier degré, alors que le libre-échangisme sert réellement et uniquement de paravent pour nous imposer la libre circulation.

    Les accords bilatéraux sont pour le bien être des pays européens qui nous entourent et servent aussi de prétexte à l’invasion. Qu’ils reprennent leurs chômeurs et notre pays n’aura nul besoin de ces accords qui ne font que démontrer la faillite de l’Europe et de son système totalitaire, puisqu’on sait que leur balance commerciale est bénéficiaires des échanges avec la Suisse. Une Suisse sans ces bilatérales n’aurait pas besoin de leur acheter autant de marchandises et de services. Ces besoins sont arbitrés par ces artifices de croissance imposés par l’Europe qui nous envoie ses chômeurs et qui s’en sert alors comme un prétexte pour nous imposer l’adhésion de la Suisse à l’Europe, alors que leur réflexion devrait être pourquoi la Suisse réussi là où nous expédions nos chômeurs ? Et la réponse fuse: « parce que le système politique Suisse devrait tout simplement être imposé à l’Europe ! »

  3. Posté par aldo le

    Le libre-échange est un proposition des mondialistes comme les Obama-Clinton. Et vu leurs obsession sexuelles à l’égard de Donald Trump, on peut croire que ces pratiques s’exercent dans tous les domaines. Quand on entend et voit la Clinton on ne devrait pas oublier Bill et ses frasques http://www.purepeople.com/article/hillary-clinton-ses-confessions-son-mari-bill-accro-au-sexe-a-cause-de-sa-mere_a144987/1 Et des psychiatres nous ajouteraient que Bill à choisi une femme comme sa mère. Vous avez tous remarqué comme le vedettariat gonfle ses baudruches médiatisées par le squat de prix célèbres comme les prix Nobel, mais aussi des prix fabriqués sur-mesure pour faire croire à des vertus particulières. Or ces paradis virtuels sont justement la preuve du contraire.

    Ces prix Nobel de la paix, dédiés à des personnages qui ont plus fait pour la guerre que la paix, sont tous simplement antinomiques. C’est du bidon! Et Nobel n’a pas vu que des aigrefins pourraient tirer parti du squat de ses fonds pour imposer leurs vues. Dans bien des cas les bénéficiaires mériteraient largement la guillotine, surtout des économistes plus fumistes les uns que les autres et dont la crise actuelle démontre l’inanité. Pensons seulement à Attali, l’Atilla du libre-échange qui se camoufle derrière son judaïsme comme certains derrière un prix Nobel, pour nous faire croire qu’il a des vertus particulières.

    Le libre-échange se confond avec le mondialisme parce qu’il dénie une réalité divine qui fait que nous sommes tous différents et que nous avons tous droit à être défendus dans nos pays respectifs et pas seulement par des traîtres, comme en Suisse. Montesquieu l’a largement démontré dans l’esprit des lois. Aucun droit ne peut nous imposer des gens qui n’appartiennent pas à un milieu déterminé par une volonté divine qui les a adaptés à ce lieu. Les violences d’aujourd’hui sont tout simplement les causes d’avoir transigé avec ces grands principes. Les droits de douanes correspondent à une adaptation au lieu et à la protection de ses habitants, mais ils doivent aussi être arbitrés par l’Etat pour éviter des monopoles. Or en Suisse malgré le verbiage libre-échangisme, droit de l’homme etc., nous sommes toujours victimes des monopoles. Ce sont donc des preuves de corruption au premier degré alors que le libre-échangisme sert réellement de paravent pour nous imposer la libre circulation, ce qui correspond aujourd’hui l’invasion-destruction de ce qu’avait découvert Montesquieu.

  4. Posté par Bussy le

    La TSR s’inquiète qu’un vent glacial souffle sur le libre-échange ?
    Pas étonnant, le libre-échange à l’extrême est soutenu bien sûr par ceux qui en bénéficient et également et surtout par ceux qui sont bien à l’abri de ses conséquences négatives !

  5. Posté par Jean-Francois Morf le

    Googlez: 100 million jobless USA, et lisez la situation actuelle.
    Googlez: 500 trillion $ Rothschild, et lisez sa fortune estimée.
    Vous comprenez maintenant à quoi sert le libéralisme: à ruiner la majorité pour enrichir les banksters qui prônent le libéralisme. Pour info: la dette des USA est de 20 trillion $…
    Trump a des jobs à créer pour 94 millions d’américains ruinés par les prix Nobel d’économie!
    Trump a commencé: 50 ‘ 000 nouveaux emplois par ici, 2 ‘ 000 par là…
    Il doit recréer 94 ‘ 000 ‘ 000 d’emplois…
    Au diable les théories économiques des prix Nobel d’économie: elles conduisent au désastre!
    Au diable le nouvel ordre mondial mahométan! (zéro intérêt pour les épargnants, 20% pour les banksters)

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