Revue de presse. D’estoc et de taille : décembre 2016

David l’Epée
Philosophe, journaliste
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1er décembre : Circonflexe à la une

On commence le mois avec une faute de conjugaison qui pique un peu les yeux, à la une de l’hebdomadaire neuchâtelois A+ où on semble fâché avec le passé simple. J’avais bien entendu parler de cette réforme de l’orthographe qui prévoyait de supprimer les accents circonflexe, mais j’ignorais qu’il en existait une autre qui préconisait de les généraliser !

2 décembre : Black Friday et immigration

Dans le cadre d’un article sur thème du Black Friday (où il égratigne, on ne sait pas trop pourquoi, Uli Windisch, dans un hors-sujet défiant toute catégorie), Vigousse se moque, à juste titre, de cette mode américaine qui fait se frotter les mains de certains boutiquiers. Le Black Friday réussit en effet à produire deux effets qui les réjouissent : faire exploser les ventes durant une journée d’hyper-consumérisme et abrutir un peu plus une clientèle pavlovienne qui ne voit visiblement pas d’inconvénient majeur à échanger son esprit critique et sa dignité contre un écran plat à prix cassé. Interviewé dans cet article, un porte-parole de la chaine Manor explique : « L’influence des Etats-Unis étant importante, nombre de personnes en Suisse avaient déjà connaissance de cette journée particulière bien avant sa venue l’année dernière. Il était dès lors pour nous plus facile de jouer sur quelque chose dont les clients avaient déjà entendu parler et visionné des images à la télé, plutôt que d’inventer une journée de rabais. » Si un humaniste est quelqu’un qui croit en l’être humain et qui fait tout ce qui est en son possible pour l’élever au-dessus de sa condition, nous avons là un beau spécimen d’anti-humaniste.

Dans Gauchebdo, une certaine Marie-José Rey-Baumann, lectrice de longue date de l’hebdomadaire communiste, prend la plume pour défendre le chroniqueur Julien Sansonnens, récemment étrillé par un groupuscule féministe (cf. ma revue de presse du 11 novembre). « L’éditorial de Julien Sansonnens est un des points forts de votre journal, écrit cette lectrice à qui je ne peux que donner raison, chaque sujet traité montre une indépendance d’esprit, une lucidité, une réflexion poussée, loin du dogmatisme habituel de la gauche. » Le reste de l’équipe rédactionnelle étant toutefois loin d’être à la hauteur de cet éditorialiste, Mme Rey-Baumann n’hésite pas à lui formuler ses griefs : « Votre publication a pris une tournure particulièrement déplaisante. Sous couvert de modernisme, le niveau général est devenu d’une intolérance, d’une certitude d’avoir toujours raison, d’un sectarisme équivalent à celui que vous reprochez à la droite. Le féminisme agressif frise la paranoïa et tourne à l’idée fixe, l’adversaire a toujours, toujours tort, les opinions ne supportent ni les nuances, ni les contradictions. » Un juste éloge et un juste blâme – je n’aurais pas dit les choses autrement.

Quelques mots bien sentis de Marie-Hélène Miauton dans Le Temps d’aujourd’hui au sujet de l’immigration. « Immigration : on a d’abord dit qu’elle était contenue, jusqu’à ce qu’il devienne patent qu’elle était mal contrôlée au niveau des frontières de Schengen. On a dit aussi qu’elle représentait une chance pour l’économie, mais la RTS expliquait ce mercredi que 20% seulement des étrangers en Suisse correspondent aux profils dont les patrons ont besoin. On a nié qu’elle était porteuse d’insécurité jusqu’à ce que la structure de la population carcérale vienne en asséner la preuve. Mais on a pourtant conclu de l’irritation des gens qu’ils étaient xénophobes, alors qu’ils sont simplement soucieux qu’aucune solution ne vienne remédier concrètement à cette situation. » Elle replace cette crise migratoire dans un cadre plus large, celui d’une gouvernance qui ne tient aucun compte des inquiétudes et de l’exaspération d’une part croissante de la population et qui crie au populisme dès qu’une figure de l’opposition prétend donner la parole à cette colère qui couve. « De fait, poursuit-elle, tous les domaines de la vie des individus ont été impactés par cette fuite en avant incontrôlée, avec pour conséquence une perte de repères mortifère que certains ont tort de juger ringarde. Par un retour de balancier vieux comme le monde, les peuples aspirent donc désormais à ce que les choses soient simplement appelées par leur nom, à ce que leurs préoccupations soient prises en compte comme des réalités et non comme des fantasmes, et à ce qu’on leur propose des solutions. » Mme Miauton passe ce message depuis des années, nous aussi d’ailleurs et un certain nombre d’autres, mais rien ne semble fondamentalement bouger dans le cerveau de ceux qui nous dirigent. Quant tout ça leur reviendra à la figure comme un boomerang, ils ne pourront pas dire qu’on ne les avait pas prévenus…

Sur Boulevard Voltaire, Arnaud Guyot-Jeannin douche une fois encore, et à très bon escient, l’enthousiasme d’une certaine droite conservatrice pour le candidat François Fillon – car s’il existe de mauvaises raisons de l’attaquer, il en existe également de très bonnes. « Depuis plusieurs semaines, François Fillon se veut le champion du conservatisme libéral en politique, écrit-il. Or le conservatisme prétend défendre les valeurs traditionnelles que le libéralisme économique s’emploie à détruire. » Jusqu’à quand le candidat de la droite pourra-t-il capitaliser sur cette insoluble contradiction ?

6 décembre : Sabotages de la démocratie, montée des populismes et crise de l’euro

Dans sa double page quotidienne consacrée aux photos du vaste monde, Le Matin nous montre une manifestation de Britanniques europhiles avec cette légende : « Les militants pro-européens n’arrivent toujours pas à digérer le Brexit. Hier, des dizaines d’entre eux ont manifesté devant la Cour suprême à Londres dans l’espoir qu’un vote du Parlement soit nécessaire pour déclencher le divorce d’avec l’Union européenne et retarder ainsi l’inéluctable séparation. » Le déni de démocratie prend toujours les mêmes formes : lorsqu’elles n’ont pu réussir à empêcher un vote déplaisant pour elles, les forces anti-démocratiques tentent de saborder leur application en faisant pression sur le gouvernement, en essayant différents types de sabotage et en tentant de pousser le législateur à noyer le poisson et à enterrer le projet voté par le peuple. Bien heureusement, une telle chose est impossible chez nous, au pays de la démocratie directe. Imaginez, c’est un peu comme si les Suisses avaient accepté dans les urnes une initiative, en faveur d’un contingentement de l’immigration par exemple, et que les élus chargés d’appliquer le contenu de cette initiative l’aient à tel point dilué lors du travail en commission parlementaire qu’il n’en reste quasiment plus rien à la fin. Impensable.

Après avoir évoqué la fin du bref dégel avec Cuba esquissé par son prédécesseur, Trump commet une nouvelle erreur diplomatique qui le place, déjà, en porte-à-faux avec certains de ses engagements en vue d’un apaisement à l’international. « En un téléphone et deux tweets, commente Le Temps, Donald Trump a brisé quarante ans de consensus diplomatique avec Pékin sur l’épineuse question de Taiwan et fait la leçon à la Chine sur deux sujets sensibles : le contrôle de sa monnaie et ses prétentions territoriales. » Maladresses d’un néophyte encore peu au fait des réalités politiques ou émergence d’un nouveau faucon dans la lignée des deux précédents ? Il est encore trop tôt pour le dire.

Dans ses pages Débats, Le Temps publie aujourd’hui la lettre d’un certain Georges-André Seppey, de Meyrin. « Le populisme (concept de gauche, faut-il le rappeler) n’en est qu’à l’aurore, prévient-il. Il est en marche pour plusieurs décennies et essaimera. Parce que les “élites” écoutent mais n’entendent pas les appels désespérés de ceux qui se taisent et paient pour tout le monde, se lèvent tous les matins pour aller au travail ou en chercher, ne sont pas assez pauvres pour aller gratuitement aux urgences, n’ont pas la bonne couleur de peau pour générer la compassion, ne viennent pas du bon pays pour être aimés et vivent toujours avec la terreur de ne pas en faire assez et surtout de ne rien demander. » Ce que les journalistes n’ont pas le droit (ou l’intérêt ?) de dire, les courriers de lecteurs peuvent encore le formuler.

Le populisme, justement, parlons-en. Dans ses pages financières, le même quotidien publie un article dont le titre a des allures de programme : Plus le populisme avance, plus l’euro recule ! Un cri d’alerte des milieux boursiers qui vient juste après les derniers bouleversements électoraux en Italie. « Si l’euro tremble à nouveau sur ses bases, peut-on lire, c’est surtout parce que le départ de Matteo Renzi ouvre la voie au Mouvement 5 étoiles, le parti populiste, anti-système et anti-européen qui ambitionne ouvertement de prendre le pouvoir à Rome. […] “Les dégâts ont été bien contenus, surtout quand on pense à ce que ce vote pourrait impliquer pour la zone euro”, observait Craig Erlam, un analyste d’Oanda cité par l’AFP. » Ce témoignage a valeur d’aveu quant à la manière dont le capitalisme financier envisage la démocratie : un mal nécessaire dont il s’agit de limiter les “dégâts” collatéraux (le changement, l’imprévu) pour assurer les intérêts des marchés.

8 décembre : Une « Suisse aveugle et sourde aux métamorphoses de la planète » ?

Manouk Borzakian nous dit aujourd’hui dans le journal SolidaritéS tout le bien qu’il a pensé d’Heimatland, film d’anticipation helvétique qui met en scène une catastrophe climatique qu’on nous invite à voir comme une sorte de vengeance divine contre la méchante Suisse forcément isolationniste et xénophobe. « C’est peut-être finalement cette peinture-là, d’une Suisse aveugle et sourde aux métamorphoses de la planète, qui fait le plus frémir, écrit Borzakian. Elle évoque une population engoncée dans son confort petit-bourgeois, hostile à la moindre modification de son mode de vie, quand bien même le monde s’écroulerait autour d’elle. » On pourrait croire qu’il fait référence par exemple aux personnes qui, en Suisse, se moquent de ceux qui anticipent les crises – voir la récente affaire autour du groupe de travail valaisan sur le survivalisme et mon article à ce sujet – et qui refusent de voir que le monde change et que de nouveaux risques se présentent à nous. Mais il se trouve que le film ne s’en prend pas du tout à ces gens-là, et le chroniqueur nous explique que ceux qu’il a dans son viseur sont les tenants de « cette Suisse se fermant face aux flux migratoires ». On en conclut donc que la Suisse « aveugle et sourde aux métamorphoses de la planète », c’est celle qui réclame le rétablissement des frontières. Etonnant, non ? Ne serait-ce pas justement parce que les Suisses sont de plus en plus conscients de ces métamorphoses qu’ils cherchent à se protéger ? S’ils n’en étaient pas conscients, s’ils étaient aveugles et sourds, s’ils plongeaient la tête dans le sable comme les autruches en faisant mine que la planète se porte comme un charme et que tout va bien, que ferait-ils ces bons Suisses ? Eh bien ils ouvriraient grand les frontières et ils voteraient PS ! Les chroniqueurs de SolidaritéS, une fois de plus, se mêlent donc complètement les pinceaux.

Si vous souhaitez avoir un avis plus critique et moins bêtifiant sur Heimatland, je vous renvoie à ce que j’en avais écrit lors de sa sortie en salles.

9 décembre : Quand les bourgeois tentent de donner des leçons de rébellion…

Le Temps d’aujourd’hui se fait l’écho d’une manifestation d’étudiants ayant eu lieu à l’Université de Genève pour protester contre une hausse des frais d’inscription. Le commentateur Alexis Favre, visiblement outré par cette fronde estudiantine, pose la question rhétorique de savoir contre quoi se battent ces jeunes gens : « Les bombardements d’Alep ? La montée du populisme ? Le nucléaire ? Les inégalités ? La faim dans le monde ? Pensez donc : en 2016 les étudiants ont les pieds sur terre, ils savent se concentrer sur l’essentiel. Au rebut, Martin Luther King ! Aux oubliettes, les droits civils et politiques ! Loin du bal, Dany le Rouge ! Mercredi, cette belle jeunesse avait autrement plus important à faire que de s’agiter pour des principes. Il fallait un scandale d’une tout autre urgence pour la mobiliser, un crime tangible contre l’humanité, ficelé par un rectorat pervers et machiavélique : un émolument pour les frais d’inscription. »

On comprend mal ce qui peut mettre M. Favre dans un tel état d’énervement. On peut penser ce qu’on veut de Martin Luther King, du nucléaire, des droits civils ou des bombardements d’Alep, mais il n’empêche que sur ces sujets-là je ne vois pas bien en quoi une manifestations d’étudiants genevois pourrait bien influer sur les choses dans un sens ou dans un autre, sauf à donner bonne conscience aux étudiants protestataires persuadés par ces prises de position-là d’être du côté du Bien. Alors qu’en ce qui concerne les taxes universitaires, non seulement il s’agit d’une question qui touche directement les étudiants mais de surcroît, ils peuvent, par leur mobilisation, exercer un impact direct sur le sujet du litige. Cela n’est-il pas plus concret et plus efficace que de défiler pour des principes abstraits, des causes étrangères et des thématiques hors d’atteinte ?

« Que diront les livres d’histoire de cet épisode héroïque ? se demande Alexis Favre en conclusion de sa chronique. Les livres d’histoire ne retiendront rien du tout. Parce que les livres d’histoire n’ont jamais beaucoup aimé les petits-bourgeois. Même quand ils ont une carte d’étudiant. » Ah bon, vraiment ? Et ce Dany le Rouge, que vous semblez placer tellement au-dessus des étudiants genevois d’aujourd’hui, qu’était-ce sinon un petit-bourgeois – et de la pire espèce encore ? Ce qui est vraiment bourgeois, M. Favre, c’est cet espèce de mépris de classe dont vous faites montre à l’égard des préoccupations matérielles des étudiants. Vous regrettez les étudiants de 68 qui défilaient pour le Vietnam parce que, enfants de bonne famille, ils s’offraient le luxe de ne penser ni au travail ni à l’argent ni aux nécessités du quotidien pour pouvoir mieux rêver à des guerres exotiques. Entre ces doux rêveurs romantiques et les étudiants précarisés d’aujourd’hui, qui sont les bourgeois, M. Favre ? Entre eux qui se mobilisent pour leurs conditions d’étude et leur avenir et vous qui leur faites la morale au nom de je ne sais quelles vieilles lunes, où est l’esprit de jeunesse et où est le radotage bourgeois ?

Dans le même quotidien, Marie-Hélène Miauton s’interroge sur l’aveuglement du PS, fer de lance d’options toujours plus impopulaires, qui persiste malgré cela à maintenir des propositions qu’il sait de plus en plus minoritaires dans l’opinion publique. « Comment les dirigeants socialistes peuvent-ils espérer reconquérir la classe moyenne ou moyenne-inférieure avec des discours qui l’indisposent ? se demande-t-elle. Ils confirment leur intention, quoique reportée dans le temps, d’une adhésion de la Suisse à l’Union européenne alors que la population y voit un véritable épouvantail, aussi bien à gauche qu’à droite. Ils revendiquent l’ouverture des frontières à une immigration dont les classes moyennes souffrent tout autrement que les bobos qui y sont moins confrontés. Pour toutes ces erreurs dans lesquelles elle s’enferre, la gauche ne convainc plus qu’une classe moyenne supérieure citadine et universitaire formant désormais l’essentiel de ses nouvelles recrues. » Le PS semble en effet depuis plusieurs années en train de creuser sa propre tombe et rien, surtout pas le rappel du réel, ne semble pouvoir l’arrêter dans cet auto-sabordage.

Dans L’Express d’aujourd’hui, une lettre de lecteur signé Jean-Pierre Hirschi, de Cornaux, donne au sujet de la trahison récente du vote du 9 février un avis que je partage tout à fait. « La majorité votante qui avait accepté l’initiative sur l’immigration de masse en 2014 doit, comme moi, se sentir trahie par la classe politique, écrit ce lecteur. Une fois de plus nos élus n’ont pas le courage d’appliquer une décision votée démocratiquement. On peut tourner dans tous les sens la loi d’application qui va être adoptée, on n’y trouve que des mesurettes qui n’ont rien de contraignant pour personne et qui auront pour seule conséquence d’augmenter la paperasse pour les entreprises et les ORP. Et, cerise sur le gâteau, si d’aventure la Suisse voulait prendre des mesures d’exception plus restrictives, elle devrait demander l’autorisation de l’UE. Magnifique acte d’allégeance à la bureaucratie de Bruxelles ! » On ne saurait mieux dire.

Sur son blog Russeurope, Jacques Sapir consacre un article intéressant au populisme. « Le populisme, au sens des formes politiques renvoyant à la légitimité charismatique, n’est pas la démagogie, rappelle-t-il. Il est une des conditions de l’exercice de la démocratie. » On a en effet pris la mauvaise habitude d’opposer les deux alors qu’il s’agit au fond de deux expressions de la même dynamique populaire. « Ce qui nécessite le populisme, écrit-il, c’est bien la situation de clôture dans laquelle les élites, tant politiques que médiatiques, se sont enfermées. Cette situation de clôture les a empêchés de voir la colère des peuples qui montait. Cette situation a tourné à la clôture autistique, au déni de réalité. Ce qui pouvait être qualifié de "populiste" est alors devenu populaire. Telle est sans doute la raison du succès actuel des mouvements que l’on dit “populistes”. Et, la dénonciation du "populisme" devient alors une forme d’attaque contre un mouvement populaire. » CQFD.

Sur le même sujet, dans Marianne, Jacques Julliard livre un article intéressant qu’il intitule Populisme du peuple et élitisme des élites. « La culture diversitaire et mondialisée de la bourgeoisie bobo est une culture de classe, écrit-il. Cela ne suffit pas à la condamner, car elle véhicule souvent des valeurs universelles qui appartiennent comme telles au patrimoine de la gauche. Mais c’est une illusion et une faute grave que de prétendre les imposer comme telles à la population, à coup de leçons de morale et d’antifascisme de Quartier latin. » Et il ajoute un peu plus loin : « Ce n’est pas grâce à un nouvel ordre moral, fût-il inspiré par les idéaux les plus nobles, que l’on viendra à bout de la détresse des classes populaires. L’élévation morale n’a jamais dispensé de l’exercice de l’intelligence et de la critique sociale. La gauche doit se le dire et se le redire : sans le peuple, elle n’est rien, elle ne représente rien, et ne vaut pas un quart d’heure de peine. » Puisse la gauche prêter une oreille attentive à ce blâme mérité.

Le même numéro propose un entretien avec Laurent Bouvet, figure de la Gauche populaire, qui nous présente un rapide rappel touchant à l’histoire des idées politiques. « Depuis la Révolution, explique-t-il, trois grands courants politiques cohabitent : le conservatisme, le libéralisme et le progressisme, qui a donné notamment le socialisme. Or, instaurer le clivage entre conservatisme et progressisme, c’est ne rien dire du libéralisme. […] Ce n’est pas un clivage pertinent et suffisant pour appréhender toute la réalité politique, et en particulier la question fondamentale du “commun”, sur le plan à la fois économique, social, culturel ou identitaire. » Le libéralisme reste, surtout en France, le grand impensé de la galaxie politique, raison pour laquelle la gauche n’est plus armée pour le combattre (faute d’un socialisme absent) tandis que la droite conservatrice, par inculture économique, finit souvent par lui servir la soupe tout en s’en défendant.

15 décembre : Du populisme

Dans L’Hebdo, François Cherix nous gratifie d’un centième ou deux-centième article sur ton thème favori (juste après celui de la glorification de l’UE) : le péril populiste. Le contenu est à peu près le même que les cent ou deux cent précédents articles, dont les titres sont d’ailleurs à peu près interchangeables eux aussi, celui-ci étant Le populisme, redoutable méthode de captation du pouvoir. On y apprend tout d’abord que « le peuple, en tant qu’entité homogène, n’existe pas » et qu’il n’est qu’une « abstraction qui permet à la démocratie de fonctionner ». La démocratie n’étant pas une des conquêtes politiques qui tienne le plus à cœur à M. Cherix, on imagine aisément qu’il s’accommoderait volontiers d’un peuple suisse réduit à une pure abstraction. « Demain, prophétise-t-il, le populisme risque de se renforcer. Mutation irréversible, la société numérique lui offre des avantages énormes. » Les réseaux sociaux, la blogosphère, l’information libre et les médias en ligne hors-système sont évidemment dans son viseur. « Qui tolère l’agression populiste par paresse ou par opportunisme s’endort sur un lit gagné par les flammes ! » conclut-il sur un ton menaçant. Ça tombe bien, l’hiver s’annonce très froid cette année.

Sur le même sujet, le dernier numéro de Causeur propose un entretien très intéressant avec le géographe Christophe Guilluy qui fait un sort à l’idée reçue selon laquelle le troisième âge constituerait le principal basion électoral des partis populistes. « Tout ce qu’on entend autour du vieillissement de la population qui “droitise” ou “extrême-droitise” l’électorat, c’est une connerie ! s’écrie-t-il. Le rempart au “populisme”, ce sont les vieux ! En les maintenant dans son camp, la droite empêche l’arrivée au pouvoir du Front national. » A propos de ce dernier, il se prend à imaginer un second tour des élections présidentielles qui le confronterait à François Fillon, le candidat de la droite : « Ce serait un retour du clivage droite/gauche avec le FN dans le rôle de la gauche étatiste défendant les services publics, analyse-t-il. En somme, ce serait Giscard contre Marchais… Raison pour laquelle je crois que l’élection de Fillon est une divine surprise pour le FN. Et en diabolisant Fillon alors qu’elle devra peut-être demain appeler à voter pour lui, la gauche se complique la tâche. » Si cette configuration peut pousser Marine Le Pen à accentuer et développer les éléments les plus sociaux – voire socialistes – de son programme, c’est-à-dire à prendre la direction que lui indique depuis quelques années avec constance Florian Philippot, alors oui, on pourra dire que la candidature de Fillon aura été une bonne chose.

16 décembre : « Société ouverte » et arrogance de classe

Mon ami l’écrivain François de Negroni, compagnon de route et continuateur à sa manière de feu le philosophe marxiste Michel Clouscard (et auteur d’un récent livre que je vous recommande vivement où il raconte sa rencontre de jeunesse avec Thomas Sankara), est interviewé aujourd’hui dans Marianne à propos thème touchant à l’anthropologie, celui des lois de l’hospitalité. Développant comme à son habitude une analyse à la fois nuancée et pleine d’ironie, il s’en prend au passage aux « saint Jean Bouche d’or de la “société ouverte”, Raphaël Glucksmann et consorts ». Ces “citoyens-du-monde”, mondialistes béats et privilégiés n’ayant aucune vraie conscience de l’altérité, « méconnaissent aussi bien le sérieux de l’Histoire que la dimension archaïque et les fonctions latentes de l’hospitalité ». Negroni précise alors son réquisitoire : « Affirmer que tous les peuples sont composites et métissés, comme ils le font, relève du truisme. Mais réduire au repli identitaire ou à un particularisme rance le souci d’être soi procède de l’arrogance de classe. Leur société ouverte – en réalité clôturée socialement comme idéologiquement – est l’expression d’un cosmopolitisme frivole et corporatiste. Celui d’élites mondialisées qui pratiquent la convivialité inclusive aux terrasses des cafés branchés, la mixité citoyenne dans les business class, ou encore l’effusion lyrique euro-atlantiste aux grands rassemblements des contre-révolutions colorées. » Je n’aurais pas dit mieux !

17 décembre : Les boubours, les bobos et la sociologie bourgeoise

Une dépêche de l’AFP nous apprend que Donald Trump s’est assuré de la nomination d’un nouvel ambassadeur américain en Israël, David Friedman, et que celui-ci prendra ses fonctions à Jérusalem car le nouveau locataire de la Maison Blanche « a assuré que les Etats-Unis reconnaîtraient Jérusalem comme la capitale d’Israël et y installeraient leur ambassade s’il devenait président ». Après l’affaire de Cuba et l’affaire de Taiwan, on dirait bien que Trump s’est trouvé un certain talent pour enchaîner les mauvais choix en matière de politique internationale !

Dans Le Temps, Julie Rambal consacre un article au « boubour », ce néologisme inventé par le publicitaire Nicolas Chemla qui, dans un livre paru il y a quelques mois (Anthropologie du boubour, Lemieux, 2016), définissait ainsi ce nouveau modèle humain des classes moyennes occidentales qu’est le « bourgeois-bourrin » : un anti-bobo (qui est aussi un post-bobo), vulgaire et de mauvais goût, réac au virilisme déculpabilisé, « sans complexe et sans complexité ». Interviewé à l’issue de cet article, André Mach, professeur associé à l’Institut d’études politiques, historiques et internationales (IEPHI) à l’Université de Lausanne commente le phénomène : « Le discours boubour machiste qui stigmatise les minorités a une résonance auprès des classes moyennes précarisées. Les classes moyennes supérieures préfèrent la droite progressiste, le centre gauche ou les Vert’libéraux, parti récent qui exprime un discours bobo écolo tout en étant libéral sur le plan économique. » Bourgeois de gauche, bourgeois de droite : rien de nouveau sous le soleil. Mais lorsque ce sont les bourgeois qui jouent aux sociologues du haut de leurs certitudes et de leurs morgues respectives, cela n’aide pas à y voir plus clair sur les mutations réelles à l’œuvre dans nos sociétés.

20 décembre : Défendre, renforcer et développer le principe de la milice

Une dépêche de l’AFP nous apprend que l’UE vient de prolonger, à l’unanimité de ses 28 pays membres et pour une nouvelle période de six mois, les sanctions économiques prises en 2014 contre la Russie à la suite du conflit ukrainien. Comme quoi il n’y a pas que Donald Trump qui s’obstine à faire de mauvais choix géopolitiques !

Le Temps offre aujourd’hui une tribune à Quentin Adler, Alexandre Jöhl et Noémie Roten, trois membres de l’association pour la promotion du service citoyen. Dans leur texte intitulé Obligation de servir : de l’audace !, ils défendent le principe du système de milice tout en envisageant certaines réformes dans la manière de faire actuelle. « Il faudrait insuffler un nouveau souffle à l’obligation de servir, écrivent-ils, et non procéder à quelques retouches cosmétiques. Pour ce faire, il faut revaloriser le principe de milice (Milizprinzip) qui constitue un socle fondamental sur lequel repose le modèle helvétique et permet d’agir avec élan en faveur de notre souveraineté et du bien commun. En tant que citoyens, nous voudrions que la politique s’affranchisse de temps en temps du management et tende vers l’entrepreneurship. Des prises de risques, des partis sur l’avenir, car celui-ci est sérieux. Il faut évidemment que notre armée reste opérationnelle pour garantir nos libertés face aux catastrophes et aux crises qui surviendront. Mais il faut aller plus loin que l’impératif de la défense nationale : à chaque membre de notre société incombe la charge de participer à la bonne exécution des affaires publiques. La milice est au cœur du système de gouvernance suisse ; c’est l’autogestion, un remède efficace contre la technocratie et la fonctionnarisation. Nous confions déjà aux hommes de nos terres la préservation de notre souveraineté nationale. Pourquoi dès lors ne pas confier aux citoyens de notre pays, en sus de cet intérêt impératif, d’autres tâches collectives exigeantes, comme par exemple l’aide aux personnes, le soutien agricole ou l’administration publique ? » Une position qui risque de déplaire autant aux idiots utiles du GSsA qu’aux éléments les plus conservateurs de l’armée mais qui a le mérite, en innovant et en allant de l’avant, de défendre, de renforcer et de développer ce principe démocratique fondamental qu’est la milice, et c’est bien là l’essentiel. « “Un pour tous, tous pour un” : ainsi va la devise confédérale, concluent-ils. Alors, concitoyens, il nous revient de retrousser nos manches et de lacer nos souliers au service de nos communautés ; par esprit de solidarité active, sans intermédiaire d’argent. » Une contribution intelligente, volontariste et bien pensée comme on aimerait en lire plus souvent !

21 décembre : Attaque terroriste à Berlin et assassinat de l’ambassadeur russe en Turquie

Deux événements tragiques impliquant le terrorisme islamique ont émaillé la journée d’hier : l’attaque du marché de Noël de Berlin et l’assassinat d’Andreï Karlov, l’ambassadeur russe en Turquie. Le Temps revient sur ces deux événements. Au sujet du premier, il interviewe Frédéric Esposito, politologue au Global Studies Institute de l’Université de Genève, pour qui ce nouvel accès de violence ne doit en rien influer sur les choix politiques de l’Allemagne. « C’est un enjeu européen, explique-t-il. Angela Merkel a été la seule parmi les 28 leaders européens à oser tenir un discours d’ouverture et constructif. » Oui, et on a vu le résultat… « Angela Merkel va devoir réexpliquer sa politique migratoire, poursuit-il, elle doit rester sur son récit : ce ne sont pas les migrants qui sont responsables de l’insécurité. » Le mot est lâché : son récit. La réalité des faits ne compte plus, nous sommes dans le storytelling, le récit politique qu’on raconte, qu’on répète, qu’on annone, qu’on radote en espérant que les gens finiront par y croire, quand bien même leur expérience du quotidien les persuade du contraire. Les migrants n’ont rien à voir avec l’insécurité ? C’est en effet un récit, un conte de Noël, un scénario imaginaire et parfait où il suffit de scander Wir schaffen das ! pour que tout fonctionne à merveille. Le déni comme politique, c’est un voile pudique jeté sur les agressions, les viols à répétition, le racisme explosif, le climat de tension croissante, la cohabitation impossible, c’est le mépris des victimes, des morts, des humiliés, c’est le reniement de soi, c’est l’aspiration nihiliste.

Concernant l’assassinat du diplomate russe, Le Temps publie une lettre de Mikhaïl Zima, consul général de Russie à Genève. « Les buts probables de cette provocation étaient de compromettre le processus du règlement de la situation en Syrie et d’empêcher la normalisation des relations avec la Turquie, écrit-il. D’une manière catégorique et responsable, je déclare que le terrorisme n’a pas atteint et ne va jamais atteindre ses cibles. » En l’état actuel des choses, tout regain de tension entre la Russie et la Turquie serait en effet préjudiciable à tous.

22 décembre : Les responsabilités de l’Allemagne

L’Hebdo sort un numéro spécial, plus volumineux, pour les fêtes de fin d’année. Dans l’éditorial, Alain Jeannet s’inquiète, entre autres choses, du populisme, ce qui n’a rien d’une exclusivité de Noël. « Les journalistes se doivent d’être plus qu’auparavant à l’écoute de toutes les couches de la société, concède-t-il sans en faire pour autant l’objet d’une autocritique. Les démagogues ont cartonné parce qu’ils mettent des mots sur les préoccupations de ceux qui ne se sentent pas représentés. Plus de travail de terrain, plus de modestie aussi. Ce sont les meilleures réponses aux attaques lancées contre une “classe médiatique” dont l’homogénéité n’existe par ailleurs que dans l’esprit de ses détracteurs. » Il reprend là, sans surprise, ce que Caroline Fourest écrivait dans le Marianne du 18 novembre (cf. ma revue de presse du mois passé), elle aussi voulant nous faire croire qu’il n’existe ni caste journalistique, ni esprit corporatiste, ni affinités idéologiques quelconques entre la majorité des membres de cette profession… A d’autres !

Dans ce même numéro, Anna Lietti s’interroge sur l’évolution des connotations liées à certains mots et prend un exemple éloquent : « Eté 2016, Emmanuel Macron, jeune inconnu hissé par François Hollande au titre de ministre des Finances, démissionne du gouvernement français pour entamer sa course à la présidence. C’est une trahison politique et un geste humainement déloyal. Mais le jeune loup s’en sort avec un minimum de dégât d’image : il n’est pas faux jeton et renégat, il est “décomplexé”. C’est bien. Autrefois on aurait dit : “sans scrupules”, ce qui était mal, le scrupule étant cette réticence de la conscience à commettre un acte contraire à nos valeurs morales. » Un beau cas d’école qui en dit long sur une certaine fascination frôlant la niaiserie de la part de certains médias à l’égard de cet intrigant dont les dents raient le parquet.

On trouve également un peu plus loin un long entretien avec Frank A. Meyer, éditorialiste du groupe Ringier qui, malgré certaines vues qui nous paraissent bien naïves ou bien entêtées (il persiste à croire en la viabilité de l’UE !), fait preuve d’une lucidité certaine sur d’autres sujets. A propos du PS en Suisse il écrit par exemple ceci : « La gauche, ce sont désormais des enseignants, des avocats, des fonctionnaires, tout à fait respectables d’ailleurs. Mais les travailleurs ne se retrouvent plus dans ce milieu. Regardez par exemple Cédric Wermuth (PS, AG), en qui certains voient déjà le futur président du PS. Il est sûrement intelligent, mais connaît-il le monde du travail ? Comment voulez-vous qu’un travailleur ou une travailleuse qui se lève à six heures du matin, s’occupe de ses enfants, les accompagne à l’école publique – et non privée – et revient le soir fatigué par une journée harassante puisse s’identifier à une personnalité comme Cédric Wermuth ? »

Les meilleurs passages de l’entretien concernent la situation de l’Allemagne. « Il règne en Allemagne une véritable fureur éducative relevant du paternalisme pur et simple, écrit-il. Les migrants sont devenus le nouveau prolétariat de la gauche. Et s’une certaine manière aussi le bon sauvage de Rousseau. Une posture colonialiste. […] En matière d’asile, ce sont les Verts qui ont le discours le plus inacceptable. Ils sont devenus le parti des gobelets en carton, pour qui le plus important est de recycler les déchets. Les Verts nient d’une part les problèmes et veulent tout réglementer d’autre part. Ils sont aussi le parti des pédagogues soucieux d’éduquer le peuple. » La plus grosse responsabilité de la situation actuelle revient néanmoins bien sûr au gouvernement. « Lors de la crise migratoire, Angela Merkel, de manière très prussienne, a ouvert ses frontières sans penser une seconde aux conséquences de ses actes pour toute l’Europe, rappelle Meyer. Lorsqu’elle s’est aperçue que sa politique moraliste et irresponsable devenait un grand problème pour son pays, elle s’est adressée à ses collègues européens en décrétant qu’il s’agissait là d’une question européenne. » Sans doute aurait-il fallu y songer avant…

Dans Le Temps, Denis Miéville signe une tribune intitulée La démocratie est fragile, dans laquelle il déplore les multiples irrégularités constatées au cours des longs atermoiements relatifs à l’application de la décision prise par le peuple le 9 février 2014. « Les dernières gesticulations du parlement sur la mise en œuvre de l’initiative contre l’immigration de masse auront été affligeantes sur le fond comme sur la forme, écrit-il. Sur le fond, moins parce que la majorité s’est assise sur un article constitutionnel que par la désinvolture avec laquelle elle l’a fait et s’en est justifiée. Sur la forme parce que ses gesticulations “carnavalesques” ont rendu les débats incompréhensibles pour les citoyens. Un débat incompréhensible au législatif sur un thème où l’exécutif a abdiqué – le Conseil fédéral, divisé, n’avait plus rien à proposer – c’est le genre de combinaison vénéneuse pour la démocratie. » Ce scandale-là sera en effet difficile à oublier et il n’est même pas sûr qu’il serve de leçon à nos parlementaires, pas plus qu’à nos conseillers fédéraux d’ailleurs.

23 décembre : La théorie du genre dans ses œuvres

Le Temps d’aujourd’hui nous apprend qu’en dépit de nombreuses pressions des groupes d’intérêt LGBT, la Caroline du Nord a refusé il y a quelques jours d’abroger « une loi controversée obligeant les personnes transgenres à utiliser les toilettes correspondant à leur sexe de naissance et non à celui auquel elles s’identifient ». Il semblerait que le législateur ait eu à prendre cette décision dans un contexte tendu car, aussi farfelu que cela puisse paraître, il s’avère que pour « une infime minorité mais fortement symbolique, cette loi a été jugée discriminatoire par de nombreuses personnalités. Bruce Springsteen, Cyndi Lauper ou encore le Cirque du Soleil ont annulé des représentations dans l’Etat, tandis que de grandes institutions sportives, comme le NBA, ont préféré organiser ailleurs leurs rencontre prestigieuses. Le groupe PayPal a, lui, renoncé à un projet d’investissement et une centaine de dirigeants de grandes entreprises, dont Apple, Bank of America ou Facebook, ont écrit au gouvernement sortant pour protester. » Mais rappelez-vous : il n’existe évidemment pas de lobby LGBT et celui-ci (qui n’existe pas, répétons-le) n’a évidemment aucun rapport privilégié avec le grand capital, prétendre le contraire serait faire un odieux procès d’intention. Cela va de soi. Et quant à moi à qui il m’arrive, dans mes moments perdus, de m’identifier à un chat, j’aimerais bien avoir légalement le droit d’utiliser une litière prévue à cet effet lorsque le besoin s’en fait sentir.

29 décembre : Silence aux gueux !

Finissons l’année avec une leçon de morale à l’égard des gueux que nous sommes. C’est Ram Etwareea qui en est l’auteur, dans l’éditorial du Temps d’aujourd’hui, titré Les riches, boucs émissaires du populisme. Vous ne le saviez peut-être pas mais les riches sont avant tout des victimes, victimes de la mauvaise image que colporte à leur propos une vindicte populaire forcément envieuse et malveillante. Pourtant, nous prévient l’éditorialiste, « ce serait faire fausse route que de vouloir réduire les inégalités en spoliant les grandes fortunes ». Oui, il vaudrait sans doute mieux, en ces temps de Noël, se rappeler que les derniers seront peut-être un jour les premiers, mais pas dans ce monde bien sûr, dans l’autre. Et comme les esprits chagrins qui considèrent qu’il y a trop d’inégalités dans ce monde ont aussi souvent la fâcheuse tendance à pointer les effets néfastes de la mondialisation néolibérale, M. Etwareea nous met tout de suite en garde contre l’erreur de jugement que nous nous apprêtons à commettre : « Vouloir freiner le train de la mondialisation, génératrice de richesses, par un retour du protectionnisme, est un non-sens total. Il faudrait plutôt que tout le monde y prenne place et profite de la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux, des personnes et des idées. » Très bien : avec plus de capitalisme, plus d’immigration, plus de chaos social, plus de concurrence sauvage et plus de terrorisme nous avons là, je crois, la recette du bonheur terrestre. Eh bien cher lecteurs, permettez-moi, pour 2017, de vous souhaiter chaleureusement tout le contraire. Bonne année à tous !

David L’Epée, 3.01.2017

7 commentaires

  1. Posté par Mady le

    Je viens de lire votre Revue de Presse et c’est toujours avec un très grand plaisir. Je vous remercie pour ces informations tellement importantes. J’attends déjà avec impatience la fin du mois pour une nouvelle Revue de Presse. Merci beaucoup à vous pour tout le travail que vous accomplissez. Par ailleurs, je profite de vous souhaiter une très Bonne et Heureuse Année 2017.

  2. Posté par louis gallimard le

    Merci une fois de plus pour cette nouvelle livrée. Quel travail! Ma meilleure lecture internet mensuelle !!

  3. Posté par TulliaCiceronis le

    C’est aujourd’hui seulement que je découvre vraiment vos petites chroniques. Contenu et forme : un régal!

  4. Posté par Bussy le

    Et oui, ça se remarque de plus en plus que les bobos mondialistes sont en fait très fermés sur eux-mêmes, monoculturels, dans leur petit monde en vase-clos hermétique aux mauvais côtés de la mondialisation et de l’immigration massive, alors que les boubours et la classe moyenne se prennent cette mondialisation et cette diversité en pleine figure !
    Mais tout s’explique, les bobos pensent ne plus avoir besoin des ouvriers et de la classe moyenne mais par contre ils ont besoin des immigrés précarisés, en fait d’esclaves payés au lance-pierre pour effectuer les basses besognes.

  5. Posté par Loulou le

    Concernant l’extrait et vos remarques à propos de la milice et de son esprit: la milice, le collectif, ne fonctionne qu’au sein d’une communauté soudée et ethniquement homogène. Des études l’ont prouvé aux USA, un pays où ce concept est depuis longtemps un des socle du pays: moins l’homogénéité ethnique est présente/diluée, moins les dons affluent, plus le bénévolat s’en ressent, moins de dons de sang sont constatés. C’est ainsi. Concernant la Suisse, c’est fichu depuis un moment. Pourquoi en tant que citoyen Suisse je donnerai -disons 40 heures par an- à des communautés qui ne sont pas ls miennes, qui ne sont pas assujetties à la même contrainte et qui, soyons-en certain, en seront les premières bénéficiaires? En citant mon propre cas, je ne donne plus à l’armée du salut, je ne donne plus aux cartons du coeur, je ne donne plus rien à Caritas. J’ai vu où cela terminait.

  6. Posté par aline le

    Encore et toujours mill merci pour votre travail si bien fait! On adore!!!

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