Faut-il s'inquiéter de l'influence croissante des humoristes dans les débats politiques?
Débat sur RSR1, « Forum », 22 décembre 2012, entre Thomas Wiesel, humoriste, et François L'Yvonnet, philosophe, auteur de « Homo comicus: ou l'intégrisme de la rigolade ».
François L'Yvonnet :
Les nouveaux humoristes ont une place grandissante dans les médias. Ils sont parfaitement intégrés dans le système tout en se voulant critiques et corrosifs. Ils confortent les pensées dominantes. Aucun discours critique dans leurs blagues, ils donnent beaucoup de leçons qui ne blessent jamais ceux qui ont le pouvoir. Pas de blagues qui peuvent réellement mener à la réflexion.
En France, certains sont payés 10'000 euros pour 4 minutes de chronique hebdomadaire.
Tous ces « humoristes » qui servent la soupe des gens puissants.
Pour certaines jeunes, toute l’information politique et la compréhension du monde se réduisent à l’écoute de ces bouffons du politiquement correct.
Cenator :
Oui, François L'Yvonnet a raison. Nos humoristes s’en prennent à tous, sauf à ceux qui les payent, ce sont bien des « bouffons du Roi ».
Un bon exemple : les caricatures vulgaires et infamantes de Monsieur Blocher qui ont inondé nos journaux romands pendant des années. Jamais un politicien suisse n’a été déshumanisé pareillement.
La diabolisation de l’UDC suit la même trajectoire : tous les bouffons-salariés de nos médias ne ratent pas une occasion de la ramener à ce sujet.
Dénoncer et combattre ces vendus est aussi important que de combattre la bienpensance omniprésente.
Dessin de Mix & Remix, http://rtsforum.ch/img-6886-320x240.jpg
Dessin de Burki
@ Le Taz :
Quelle idée de citer Dieudonné, qui n’est certainement pas un bon exemple. S’il se contentait de critiquer qui bon lui semble et de se moquer de qui le mérite, on n’interdirait pas ses spectacles. Contrairement à votre vision simpliste, la liberté d’expression n’est pas et ne doit pas être la liberté absolue de dire n’importe quoi ou de propager n’importe quelles idées. Mais je ne peux pas développer ici cette question a déjà occupé des générations de philosophes, de politologues et de législateurs.
26 minutes en est le reflet parfait, même si ils me font rire, ils sont politiquement très corrects et sages, ne prenant aucun risque de froisser la Juste Pensée [anti-« populistes » (toujours présentés comme des racistes, voir des nazis, et dotés de peu d’intelligence) anti-xénophobes (le sketch ou le noir censé faire peur rend le porte-monnaie à la victime, qui elle s’enfuit en courant par peur!), pro-migrants (systématiquement présentés comme des victimes et des gens de bien, cherchant la paix, exemple même sketch que le précédant, ou ils tentent d’entamer la conversation avec une fille apeurée, croyant avoir affaire à un harceleur), jouant systématiquement sur l’exception qui confirme la règle et faisant passer l’autochtone pour un ringard renfermé et peureux. On pourrait faire une étude plus poussée et compter le nombre de sketchs « anti-socialos » (pas bien méchant, souvent un prof présenté sous des traits de glandeurs-rêveur) et « anti-populistes », et analyser le contenu en détail. Ces nouveaux humoristes sont la composante artistique du système.
Les humoristes sont les bouffons du roi, ils doivent avoir le droit de se moquer de tout et de tous y compris du roi. Si le roi tue le bouffon alors il devient un despote. En tuant Dieudonné, le gouvernement français a basculé ouvertement dans la dictature. C’est inadmissible, tout doit pouvoir être critiqué, en humour, la liberté d’expression doit être totale pour tout le monde ou elle n’existe simplement pas. Donc la liberté d’expression est morte en Europe ce qui démontre bien que nous vivons dans un système totalitaire !