Le rêve fou du Calife Erdogan

Michel Garroté
Politologue, blogueur

Turquie-Erdogan-3

   
Michel Garroté - Le nazislamiste turc Erdogan "menace" d’ouvrir les frontières aux "migrants" (qui sont chez lui) vers l’Europe : il a ainsi réagi (c'est du chantage), vendredi 25 novembre 2016, au vote du Parlement européen demandant le gel des négociations d’adhésion de son pays à l’UE. "Geler" les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE est une bonne chose. Ce pays musulman d'Asie mineure n'a rien à faire au sein de l'UE. Virer la Turquie de l'Otan serait également une bonne chose. Mais on attend toujours...
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A propos d'Erdogan et de l'histoire de la Turquie, Vincent Altimare, sur Les 4 Vérités, publie l'excellente analyse que voici (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Comme on le sait, après la prise de Constanti­nople, l’empire ottoman poursuivit sa croisade qui avait Rome pour objectif final et dont la chute aurait scellé la victoire de l’islam sur la chrétienté. L’islam était alors omniprésent en Méditerranée, via l’Algérie, la Tunisie, la Libye et même le Maroc qui lui fournissaient les marins avec lesquels il faisait des milliers de captifs. Alger était alors un grand marché aux esclaves. Les tours sarrasines que l’on trouve encore sur la côte méditerranéenne de la France avaient pour objet d’alerter les populations pour qu’elles se mettent à l’abri, quand elles le pouvaient, des razzias musulmanes.
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La déroute de Lépante en octobre 1571 vit la flotte turque entièrement détruite par celle des chrétiens, ce qui aurait dû mettre fin à cette situation, mais ne changea rien, en fait, en Méditerranée, car la tutelle ottomane sur les pays d’Afrique du Nord continua à lui assurer des corsaires d’autant plus virulents que leur propre expulsion d’Espagne en 1492 où ils vivaient depuis des siècles en avait fait des acteurs motivés pour s’en prendre aux chrétiens. Il fallut attendre le débarquement français à Alger de 1830 pour que soit mis fin à cette domination ottomane sur la mer Méditerranée et à l’esclavage des chrétiens par les musulmans. Ces vérités ont été supprimées des cours d’histoire, car jugées impossibles à énoncer devant des adolescents devenus Fran­çais par le droit du sol.
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Lesquels ont eu droit, par contre, aux mea culpa des derniers chefs d’État pour notre colonisation du pays de leurs ancêtres. Pas étonnant alors qu’ils détestent notre pays devenu le leur. Lorsque Erdogan, au début de son règne, affichait clairement ses intentions religieuses (« nos minarets sont nos baïonnettes »), il illustrait bien son programme visant à réintroduire dans son pays un islam confondant le temporel et le spirituel, que le général Atatürk avait cantonné au seul domaine religieux. Bien entendu, son objectif final est de restaurer l’empire ottoman dans sa dimension antérieure à Lépante. L’Europe a été bien naïve de l’obliger à supprimer le contrôle par l’armée des institutions politiques de son pays.
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Cela lui permet maintenant de travailler à la reconstitution de l’empire ottoman en toute sécurité. On voit comment il vient de réagir au coup d’État qu’il leur impute par les centaines de milliers d’arrestations d’opposants politiques. Il mène un jeu trouble aussi bien au Liban qu’en Syrie, mais surtout contre ses concitoyens originaires du Kurdistan dont il partage le territoire avec la Syrie et l’Irak et qu’il vient d’attaquer sur la partie contrôlée par des Kurdes redevenus maîtres chez eux. Cet homme est très dangereux et l’Occident se laisse manipuler par lui. Seul Poutine manœuvre intelligemment pour le contenir et nous avons bien tort de ne pas nous associer plus étroitement à lui dans cette partie du monde. Pourtant, les Turcs ne sont pas arabes.
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Par ailleurs, leur islam, antérieurement à Erdogan, était soufi, interprétation du Coran qui permet de ne pas prendre ses versets à la lettre mais dans leur esprit. Enfin ils sont, pour une petite partie, géographiquement Européens et l’Otan les considère depuis toujours com­me un barrage possible contre des attaques venant de pays musulmans. D’où la demande d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne qui la lui a refusée en premier lieu en raison de la tutelle exercée par l’armée sur le politique. Tout ce qui se passe en Turquie permet maintenant à Erdogan d’envoyer en prison civils et militaires et surtout journalistes « mal-pensants », tout en neutralisant autant que faire se peut les Kurdes qui votent mal.
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Il parlait même, après le coup d’État raté, de rétablir la peine de mort. Juncker est dans la logique de l’Otan. La géostratégie ne fait pas partie de la culture de nos politiques. Il serait temps que nous apprenions à voir le monde tel qu’il est et non tel que nous le rêvons. L’élection de Donald Trump comme prochain Président américain changera-t-elle la donne ? Nul ne sait rien encore de ce que sera sa politique à l’égard de la Turquie. On peut penser qu’il sera plus vigilant que ne l’a été Obama. À cet égard, l’échec d’Hillary Clinton est plutôt une bonne nouvelle pour l’Europe, ajoute Vincent Altimare (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://www.les4verites.com/international/le-reve-ottoman-derdogan
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3 commentaires

  1. Posté par pollet le

    Prudence du serpent, sagesse de la colombe !

  2. Posté par hedi le

    c est un bon article,l Europe fait fausse route avec la russie qui est logiquement partenaire fiable a l europe ,union europeen ont choisi suivre Obama,et maintenant que ce qu ils vont faire,,,cul de sac,,,et la turquie va abuser du chantage

  3. Posté par JeanDa le

    L’erreur fondamentale a été de lui faire, un jour, confiance.
    Il n’est qu’un serpent venimeux.

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