L’éducation aux États-Unis

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L’éducation est aux États-Unis une prérogative importante des 50 États fédérés qui sont responsables de la politique éducative, aux dépens de l’État fédéral, une compétence qui leur est conférée par le dixième amendement à la Constitution. Ils ont la compétence pour choisir les programmes, les manuels, les financements ainsi que l’organisation de la liberté scolaire. La problématique au cœur de la réforme éducative actuelle est celle du « choix de l'école » : les parents doivent pouvoir choisir l’éducation qui sied le mieux à leurs enfants. À l’État fédéré donc d’organiser cette possibilité du choix. Cet éclectisme fait des États-Unis un terrain d’investigation riche et permet de trouver la solution à la fois la moins coûteuse pour l’État et les familles et la plus efficace pour l’éducation scolaire des enfants. Avec 94 % des 52 millions d’élèves dans le système public, les États n’ont plus d’autre choix que de trouver des alternatives au tout financement public. Le « choix de l'école » entre ainsi en jeu dans cette optique d’optimisation des dépenses et démontre que la séparation public-privé n’est pas aussi nette aux États-Unis.

Les États-Unis comptent 49,52 millions d’élèves dans le public, donc 94 %, et 2,8 millions d’élèves dans le privé. 77 % des écoles américaines ont un financement public. Cela comprend à la fois les écoles publiques classiques et les 4 480 écoles à charte, écoles à financement public, mais autonomes dans leur gestion, que nous étudierons plus en détail par la suite. À titre de comparaison, en France, 8 800 écoles sont sous contrat d’association avec l’État, ce qui représente 13,6 % du total des écoles françaises quand 22,5 % des écoles américaines sont privées, souvent tenues par des paroisses, des congrégations ou des associations.

Répartition des élèves selon le public et le privé

Pour contrer la baisse des résultats scolaires, la liberté du choix
 
Malgré la très forte hausse du coût de l’éducation, les élèves des États-Unis ont un niveau en chute libre depuis plusieurs années. Le taux de financement des États a augmenté de 138 % depuis 1985 alors que les résultats en lecture des élèves américains sont demeurés les mêmes.

Quatre moyens principaux ont été mis en place. Le principal objectif est de donner l’argent qui sert au financement de l’éducation des enfants dans l’école publique, directement aux parents, afin que celui-ci soit dépensé le plus efficacement possible.

1/ Le chèque-éducation, appelé « vouchers » aux États-Unis est mis en place dans 15 États. L’argent dépensé par l’État pour l’éducation des élèves du public est directement donné aux parents, libre à eux d’en disposer par la suite.

2/ La réduction d’impôt pour la scolarité est aussi mise en place dans 15 États. Elle permet aux parents de bénéficier d’une réduction d’impôts lorsqu’ils donnent leur argent à une organisation éducative à but non lucratif. Ceci permet d’éviter aux parents de payer deux fois, les scolarités publiques étant financées par les impôts sur la propriété. Cette réduction d’impôt est aussi étendue dans 8 États dès lors que les parents font une dépense pour l’éducation des enfants : cours particuliers, manuels scolaires, fournitures.

3/ Les « comptes d’épargne pour l’éducation ». Cela consiste en un compte bancaire approvisionné par les États que les parents peuvent dépenser comme ils le souhaitent dans le cadre de l’éducation des enfants : scolarité, fournitures, cours particuliers ou même épargne pour les études supérieures. Il existe aujourd’hui 60 programmes dans 27 États, ce chiffre a plus que doublé au cours des 5 dernières années. 399 147 élèves bénéficient de ces programmes selon les chiffres de la Fondation Friedman. De plus, ces programmes ne coûtent pas plus cher aux États, voire permettent souvent des économies. Nous pouvons étudier l’exemple du District de Columbia qui a mis en place des chèques-éducation depuis 2004 pour les élèves vivant sous le seuil de pauvreté. Un chèque de 7 500 dollars, soit 6 675 euros actuels, est remis par an à chaque élève éligible, quand une scolarité publique coûte entre 10 et 12 000 dollars, ou 9 et 10 680 euros. Le tableau ci-dessous fait le compte des économies nettes effectuées par l’État fédéral, qui finance l’éducation dans le District de Columbia.

Source : National Center for Education Statistics, 2011.

En 2011, le gouvernement fédéral a donc pu effectuer 44 % d’économies dans le budget consacré à l’éducation pour le District de Columbia grâce au chèque-éducation. Le district a aussi opté pour une réforme en profondeur de son système éducatif grâce à la mise en place de «  écoles à charte » : des écoles à financement public, mais autonomes dans leur gestion.

4/ Les « écoles à charte », les délégations de service public pour les écoles. Ces écoles sont le lieu privilégié pour des innovations en termes de pédagogie, pour une éducation plus spécialisée qui répond à des besoins particuliers. Elles touchent en moyenne 64 % du financement des écoles publiques normales, sont entièrement autonomes pour les programmes, les recrutements des professeurs et des élèves, la pédagogie, mais en échange sont tenues pour responsables des résultats des élèves.

La situation du District de Columbia permet d’éclairer les mutations en cours dans le système éducatif américain. DC se classe au 47e rang sur 50 dans les examens nationaux qui évaluent le niveau des élèves. Pour sortir de cet échec, DC a mis en place une politique pour permettre l’ouverture de «  écoles à charte », écoles autonomes à financement public. DC est classé premier dans le rapport annuel publié par la National Alliance for Public Charter Schools que nous avons rencontrée. Ce rapport évalue selon différents critères, nombre d’écoles, d’élèves, d’ouverture ou de fermeture d’écoles, des spécialités des écoles, l’efficacité des « écoles à charte » dans 18 États. DC compte 50 % de «  écoles à charte », 44 % des élèves y sont scolarisés, avec une majorité d’élèves issus des minorités. Une étude menée en 2013 par l’Université de Stanford, Stanford University’s Center for Research on Education Outcomes (CREDO), qui regroupait 95 % des élèves des «  écoles à charte » de tous les États-Unis, démontre que les élèves afro-américains, dont les parents ont un bas salaire, avaient un mois d’avance en lecture et deux mois d’avance en mathématiques comparés aux écoles publiques classiques.

Ces écoles coûtent aussi moins cher au gouvernement fédéral qui finance. En effet, les « écoles à charte » touchent en moyenne 74 % de ce que touche une école publique normale. Une somme précise par élève est donnée par les États et varie entre $ 350 dollars (318 €) et plus de 1 000 $ €). Les États peuvent aussi octroyer des bourses ou des prêts. D’autres écoles se financent avec les taxes de propriétés, ou d’autres encore assurent le même financement aux «  écoles à charte » qu’aux écoles publiques normales. Tenues responsables des résultats, ces écoles assurent une transparence complète de leurs dépenses, contrairement aux écoles publiques traditionnelles. Comme témoins de leur succès, plus d’un million d’élèves sont sur les listes d’attente pour entrer dans ces écoles.

Conclusion

Le système éducatif américain est depuis une vingtaine d’années obligé de se réformer rapidement tant les échecs sont nombreux : augmentation du coût de l’école publique, forte baisse des résultats scolaires, augmentation des inégalités chez les minorités. L’autonomie des États et leur grand pouvoir en matière d’éducation font des États-Unis un terrain particulièrement intéressant et dense à étudier.

Selon une étude de l'IFRAP, les « écoles à charte » demeurent l’alternative la plus importante à l’école publique. En finançant publiquement les initiatives privées, qui sont tenues pour responsables des résultats, contrairement aux écoles publiques, les États fédérés permettent de catalyser un florilège de pédagogies. Bien souvent, ces écoles ont des résultats largement supérieurs aux écoles publiques alors même qu’elles ne touchent que 74 % des financements totaux d’une école publique. Équipes unies, pédagogie spécifique, transparence des résultats, responsabilité des moyens, tels sont les ingrédients pour des écoles considérées comme efficaces pour l’éducation des élèves. Depuis l’Elementary and Secondary Education Act voté en décembre 2015, les écoles publiques seront sommées de publier leurs comptes. Ainsi les nombreuses exigences du privé vont-elles devenir peu à peu celles du public.

 

Extrait de: Source et auteur

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Un commentaire

  1. Posté par Stevan Miljevic le

    La libéralisation comme réponse au naufrage scolaire est un leurre. Voici pourquoi:
    Ce qui mine l’école publique, ce sont les effets de mode qu’on fait passer pour des avancées scientifiques en matière pédagogique et qui ne valent pas un clou. Or, le privé se rue tout autant sur ces effets de mode puisque cela lui permet de communiquer en direction des clients potentiels comme quoi il est au top. En conséquence, le privé ne fait, pour une grande partie, que reproduire les bêtises du public.
    Cela dit, il y aurait une forme de libéralisation qui pourrait avoir du sens: le chèque scolaire pour les élèves dont le système public ne veut plus. Je pense qu’il faut libéraliser la scolarité de ce genre d’énergumènes. Le privé, avec des effectifs plus petits, pourrait les récupérer et s’il en est capable, démontrer son efficacité….

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