Suisse-UE : soumission insidieuse?

Uli Windisch
Rédacteur en chef

Texte du discours présenté à Bienne devant plus de 1500 personnes pour fêter le refus de l’adhésion de la Suisse à l’EEE le 6.12.1992. Autres auteurs : Christophe Blocher et Laura Filippini députée tessinoise.
Rediffusion. Toujours d’une actualité brûlante!

20 ans depuis le Refus de l'EEE par le peuple suisse,

2 décembre 2012  Bienne :  Der Weg der Schweiz in die Zukunft »; La voie de la Suisse vers l’avenir.

Par Uli Windisch, professeur  des Universités

Bonjour à tous, Guten Tag, Gruezi mitenand,

Nous devons aujourd’hui remercier, louer et donner en exemple, ceux qui le 6 décembre 1992 ont lutté pour dire NON à l’entrée de la Suisse dans l’EEE, et  nous devons opposer la même résistance à ceux qui veulent nous faire entrer dans une UE, de manière avouée ou cachée

Voir une foule aussi énorme  est une joie immense, une promesse sincère et profonde, qui témoigne que vous êtes prêts à défendre de manière inconditionnelle notre pays  dans une période où la Suisse est menacée de toutes  parts au niveau international certes,  mais,  plus grave, aussi à l’intérieur de notre pays.

Souvenez-vous des Suisses qui  en 1991, quand nous avons fêté les 700 ans de la Confédération, criaient : « 700 ans ça suffit ».  J’ai répondu « 700 ans ce n’est qu’un début ».

Oui nous devons continuer sur la voie tracée par nos ancêtres qui se sont battus, au prix de leur vie parfois, pour nous laisser ce trésor de pays qu’est la Suisse et dont nous avons hérité sans avoir fait les mêmes efforts qu’eux.

Respect à nos ancêtres, et  ne leur faisons pas honte en bradant tout ce qu’ils nous ont laissé.

Si je devais donner un seul  mot d’ordre ce serait : Résistance, Résistez, Résistons.

Also Widerstand ! Kapazität Nein zu sagen.

 

Cessons  ensuite avec cette autre  tendance à la mode qui consiste à s’excuser pour tout ce que nos ancêtres auraient fait de mal.

Ne nous laissons pas influencer par ceux qui veulent créer de  nouvelles tensions, haines  et divisions entre nous.

Il est déloyal de toujours accuser nos ancêtres  en fonction des critères d’aujourd’hui. Demandons-nous plutôt ce que nous aurions fait à leur place. Nous n’aurions certainement pas été meilleurs.

Nos autorités.

Nous avons des autorités qui sont trop facilement prêtes à accepter les diktats, que ce soit de l’UE, des USA, de tout ce qui vient de l’étranger, en pensant que notre seule possibilité est de nous adapter, même unilatéralement.

(Certes  nous ne sommes pas seuls au monde et devons faire avec les réalités internationales,  mais pas en acceptant inconditionnellement des règlements étrangers, souvent contraires à notre ordre constitutionnel le plus fondamental)

.

 L’UE  est devenue un monstre bureaucratique, technocratique, hiérarchique  et autoritaire. Le président Tchèque Vaclav Klaus s’est même demandé si l’UE ne devenait pas un régime autoritaire, voire totalitaire comme l’ont connu les pays de l’Est sous le joug communiste.

Des députés européens, surtout de gauche, deviennent autoritaires et ont soif de pouvoir, soif d’imposer les lois de l’UE à tous les pays. Certains veulent même en finir avec les patriotismes nationaux, et créer artificiellement un patriotisme européen,  un patriotisme constitutionnel ! (nous devrions adorer un papier, la Constitution européenne) comme si le patriotisme était une abstraction, coupé de l’histoire et du vécu de chaque pays.

 

Le patriotisme, c’est d’abord une profonde reconnaissance envers nos ancêtres et leur travail et leurs luttes héroïques. Oui nous sommes un petit pays, mais ce n’est pas une raison pour nous soumettre. Nous ne voulons pas de nouveaux baillis, étrangers ou nationaux.

 

Nous ne voulons plus de la naïveté, du manque de courage et du défaitisme.

N’ayons pas peur, car celui qui a peur  a déjà perdu.

(Nos ancêtres auraient sûrement dit d’une telle attitude qu’elle était une trahison;  on entend d’ailleurs de plus en plus souvent ce mot dans la population)

 

On peut être très européen sans être dans l’UE !

OUI à des négociations qui respectent nos intérêts et nos spécificités , NON à un alignement automatique et à une soumission inconditionnelle.

 

Il y a des caractéristiques de notre système politique qui sont en totale contradiction avec ce qu’est devenue l’UE : l’UE est devenue centralisatrice, autoritaire, non participative et souvent non démocratique.

Il faut constamment rappeler les traits fondamentaux de notre système politique :

 

La première caractéristique importante est évidemment la démocratie directe(DD) ;  jamais nous devrons renoncer  à cette démocratie directe basée sur l’initiative populaire et le référendum.

Les droits populaires sont sacrés et nous devons dire haut et fort que nous n’y renoncerons jamais, et le répéter constamment.

Ici aussi le danger ne vient pas que de l’étranger. Nos autorités cherchent de plus en plus à invalider certaines initiatives ou projets d’initiatives populaires au nom du fait qu’elles seraient incompatibles avec le droit international ou les droits humains. Cela est inacceptable. Refusons cela, Résistons.

 

Un  autre grand et nouveau danger interne: c’est le pouvoir des juges. Il est inacceptable  que le dernier mot  sur des problèmes  politiques majeurs reviennent aux juges, même quand ces juges sont suisses.

 Refusons cet autre nouveau pouvoir, cette judiciarisation du politique

 

Et quel paradoxe à propos des droits populaires: au moment où certains cherchent à limiter nos droits, de plus en plus de citoyens de multiples pays aimeraient connaître notre forme de démocratie participative. Limiter ces droits populaires ? Inacceptable, Refusons cela.

 

Le peuple suisse serait « immature » et devrait être formé, nous disent  des « experts » alors que le peuple suisse reste un exemple de maturité et de responsabilité politiques et citoyennes.

 

(Quel autre pays aurait refusé de manière répétée un abaissement  du nombre d’heures de travail.)

 

Le peuple suisse est un peuple mûr, guidé par le bon sens et l’intérêt supérieur du pays, au-delà des intérêts individuels et corporatistes.

(La  Démocratie directe c’est la participation et la discussion généralisée. Une formule qui résume cela : « tout peut être discuté par tous ». Délibérer plutôt qu’accepter les Evidences d’un gouvernement supranational qui veut gouverner de manière autoritaire par  ukases. Ce n’est pas pour nous. Refusons cela  et résistons.)

 

Quelques autres caractéristiques du système politique suisse qui doivent être fermement défendues :

-le fédéralisme : lui aussi est de plus en plus menacé par la Centralisation, qui risque  de créer de nouveaux et graves conflits, voire des déchirements  destructeurs pour le pays (pensons aux Valaisans qui voulaient quitter la Suisse après la votation du 11 mars 2012 : « Halte aux résidences secondaires ! »

 Refusons, ces attaques contre le fédéralisme.

 

-la subsidiarité : ce que la commune peut faire, le canton ne doit pas le faire, ce que le canton peut faire la Confédération ne doit pas le faire, ce que la Confédération peut faire, l’UE ne doit pas le faire…

- l’indépendance et la neutralité, même si elles ne sont pas totales et complètes, doivent rester les fils conducteurs de notre politique internationale. Malgré  ceux qui les ridiculisent ou les disent impossibles.

Refusons l’abandon de la neutralité et de l’indépendance, que certains partis politiques sont prêts à sacrifier.

- le pragmatisme, la négociation, la discussion généralisée sont notre façon de gérer les problèmes ( Nous pouvons fêter cette année  les 75 ans de la Paix du Travail), cela  par opposition à l’intransigeance  et au fanatisme idéologiques, si fréquent et destructeur dans nombre de pays, à cause de grèves ruineuses et qui sont déclenchées pour un oui ou pour un non.

-l’esprit de milice, cet esprit signifie que chaque citoyen est disposé à faire quelque chose, personnellement, pour le pays.

Chaque Suisse doit continuer à penser à ce qu’il peut faire pour son pays plutôt que de se demander ce que le pays peut faire pour lui

-l’Unité dans la Diversité, n’est pas un mythe. Question qu’on me pose régulièrement à l’étranger : Pourquoi ne vous entretuez-vous pas avec toutes ces diversités : linguistiques, religieuses, politiques, culturelles , économiques.. ?

Cette richesse est elle aussi à entretenir quotidiennement.

 

- Mais si la Suisse est forte elle est  aussi fragile, il ne faut  pas l’oublier .Le modèle politique suisse n’est pas acquis une fois pour toutes, il doit être construit et  reconstruit tous les jours.

C’est aussi pour cela que vous êtes présents aujourd’hui.

 

Rappel :La  triste nouveauté c’est que nous devons aussi lutter contre ceux qui, à l’intérieur du pays, sont prêts à se soumettre et à s’aligner, en oubliant à quel point nos ancêtres se sont battus pour nous  laisser ce fabuleux trésor politique et culturel qu’est la Suisse. EUX ce sont battus sans compter, soyons dignes d’eux  et suivons  la voie qu’ils nous ont tracée.

 

Que vive ce trésor culturel et politique qu’est la Suisse, trésor qui est de plus en plus envié à l’étranger !  Vous êtes ici pour dire votre volonté de défendre ce trésor et vous battre pour cela. Vous direz NON quand il le faudra, vous saurez résitez chaque fois qu’il le faudra.

Es lebe die Schweiz. Das Volk muss aufstehen, und widerstehen.

Danke für die Aufmersamkeit.

Merci de votre attention.

Uli Windisch, 2 décembre 2012

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

6 commentaires

  1. Posté par blum le

    Ce discours, Monsieur, est on ne peut plus pertinent. L’UE, vous le faites assez comprendre, dans vos articles, n’a rien à voir avec l’Europe. Cette fabrication cauchemardesque , élaborée par des technocrates anonymes, bunkérisés (pour ne pas dire « junkérisés »), fait horreur.
    Loin des idéaux — à commencer par celui de la paix— que l’on a fait miroiter aux citoyens des différents pays, avant les élections , l’UE s’est rapidement précisée comme une entité sans âme, obéissant à des logiques financières, économiques, politiques qui broient les peuples, les individus, noient les particularismes ( c’est ringard), effacent , insidieusement, l’histoire des nations.
    Asservissant les peuples d’origine, en prenant bien soin de les culpabiliser , pour les épisodes tragiques ( quelle nation n’en a pas connu?), il st d’autant plus facile d’importer des hordes de migrants qui n’ont nulle intention de s’intégrer, même si certains, à la fin des fins, trouveront du travail.
    Si vous avez encore le choix, dites NON à ce qui ne peut qu’ être un simulacre d’Europe.

  2. Posté par G. Vuilliomenet le

    Voici un excellent rappel trouvé chez nos amis de commentaires.com au sujet de la souveraineté. Je vous le mets tel quel:

    « Bien qu’ayant déjà fait état de cette citation dans un autre contexte, je me permets de la reprendre ici, elle va dans le sens de l’article de M. Décaillet. C’était le 5 mai 1992, à l’Assemblée nationale française. On y parlait du Traité de Maastricht. Le député Philippe Seguin affirma alors :
    « En présentant chaque abandon parcellaire comme n’étant pas en soi décisif, on peut se permettre d’abandonner un à un les attributs de la souveraineté sans jamais convenir qu’on vise à la détruire dans son ensemble.
    « Car il s’agit là d’une notion globale, indivisible, comme un nombre premier. On est souverain ou on ne l’est pas ! Mais on ne l’est jamais à demi. Par essence, la souveraineté est un absolu qui exclut toute idée de subordination ou de compromission. Un peuple souverain n’a de comptes à rendre à personne et n’a, vis-à-vis des autres, que les devoirs et les obligations qu’il choisit librement de s’imposer à lui-même.
    « La souveraineté, cela ne se divise pas ni ne se partage et, bien sûr, cela ne se limite pas. Cessons donc de tricher, de dissimuler, de jouer sur les mots. L’alternative est claire : nous devons conserver notre souveraineté ou y renoncer. »
    On observe ainsi que le concept de « droit supérieur » permet, pour reprendre les mots de Seguin, « … de tricher, de dissimuler, de jouer sur les mots. » Car à terme, la soumission à un tel droit n’a d’autre objet que la fin à notre souveraineté. C’est-à-dire notre indépendance.
    Nos trop rares forums consacrés à cette indépendance pourront-ils longtemps encore contrer le rouleau compresseur de la pensée unique prônant la soumission au nom de l’ « ouverture » ? »

    http://www.commentaires.com/suisse/souverainete-et-cracheurs-de-feu

    Il s’agit bien de l’abandon petit bout par petit bout de la souveraineté de la Nation. Il est plus nuisible que l’abandon de certains pans de la souveraineté cantonale. Je mets cependant un bémol à mon propos. J’ai bien peur que la Berne fédérale devienne la Berne (ou berne) centrale.

  3. Posté par pierre frankenhauser le

    « 700 ans ça suffit »: qui peut être assez abject pour balancer une phrase aussi ignoble ? Des gens qui ne connaissent pas l’histoire de la Suisse, ou qui la déteste ? On devrait pouvoir retirer le passeport rouge à croix blanche à quelqu’un tenant de tels propos. Ces personnes auraient sûrement été plus heureuses si elles avaient grandi dans des favellas, en Ethiopie ou en Corée du Nord. On ne les retient pas. La porte est ouverte…

  4. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    « Le fédéralisme: lui aussi de plus en plus menacé par la Centralisation. » Veux-il dire menacé par une caste de Centralisateurs »?

  5. Posté par Nicolas le

    …nous devons aussi lutter contre ceux qui, à l’intérieur du pays, sont prêts à se soumettre et à s’aligner, en oubliant à quel point nos ancêtres se sont battus pour nous laisser ce fabuleux trésor politique. Même si cela reste politiquement très incorrect, il faut tout de même souligner que nombre de ces malotru(e)s n’ont pas d’ancêtres suisses.

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