La fin sans gloire de l’Obamacare

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens

Que de chemin parcouru depuis la laborieuse introduction de l'assurance santé "universelle" signée par Obama en 2010!

Il n'est pas question ici de revenir sur les innombrables péripéties qui émaillèrent sa mise en place: la question de sa conformité avec la Constitution américaine, son incroyable complexité, les pannes informatiques liées à son lancement, son peu de succès auprès des catégories qu'elle était censée aider, et ainsi de suite - il y aurait de quoi écrire plusieurs ouvrages. Il s'agit simplement de témoigner de la trajectoire du programme, présageant de son effondrement prochain sous sa forme actuelle.

Et n'allez pas croire qu'il s'agisse d'une n-ième promesse de campagne d'un candidat à l'élection présidentielle. Sur ce sujet précis il importe peu que le prochain président soit Hillary Clinton ou Donald Trump ; Obamacare semble surtout condamnée à s'effondrer sous son propre poids.

Comment en est-on arrivé là? Pour simplifier, Obamacare est un mécanisme de redistribution étatique permettant à des gens d'accéder à une assurance maladie alors qu'ils n'en auraient, théoriquement, pas les moyens. Pour parvenir à cet objectif, Obamacare prévoit d'équilibrer les "bons risques" avec les "mauvais risques", arrosant le tout d'une bonne louche d'argent des contribuables pour inciter davantage de gens à participer à cette redistribution.

Sur le papier on aurait pu croire que le système puisse au moins faire illusion quelques temps, mais ce n'est pas le cas. Seulement 11 millions de personnes achetèrent une assurance au travers de ce mécanisme en 2016, alors que les projections officielles tablaient sur 21 millions - simplement parce que les jeunes, les "bons risques" censés équilibrer le système, ne furent pas au rendez-vous. Comment les impliquer alors qu'ils choisissent simplement de ne payer aucune assurance, s'estimant en bonne santé et capable de couvrir leurs frais? Pour eux, difficile de trouver un système plus avantageux que l'absence de primes!

Résultat? Les primes prennent l'ascenseur, comme le montre ce tableau des hausses de l'année 2016:

Obamacare_silver_premium.png
Des hausses annuelles moyennes allant jusqu'à 40%...

Les entreprises sont elles aussi impliquées, puisqu'à partir d'une certaine taille elles doivent souscrire à un programme Obamacare pour leurs employés ou faire face à des pénalités. Face à l'augmentation des coûts de la "santé abordable", nombre d'entre elles préfèrent payer les amendes. L'Obamacare se transforme peu à peu en une simple taxe sans plus de rapport avec la santé.

Selon The Hill, le prochain Président américain pourrait avoir à faire face à un effondrement de l'Obamacare dès sa prise de fonction en janvier:

[Larry Lewitt, de la Kaiser Family Foundation] et d'autres experts avertissent que si les chiffres d'adhésion ne s'améliorent pas cette année, d'autres assureurs pourraient jeter l'éponge. Cela provoquerait un impact majeur sur le marché, menant à une augmentation des primes et à encore plus de gens incapables de participer.

Cette année déjà, de nombreux assureurs annoncent des hausses substantielles des primes dans l'espoir de s'y retrouver face à la récente augmentation des coûts de la santé. La hausse de prime moyenne pour l'an prochain est d'environ 9%, selon une analyse de 17 grandes villes effectuées par la Kaiser Family Foundation. Mais certaines hausses sont bien plus élevées: Blue Cross Blue Shield a annoncé des augmentations de respectivement 40% en Alabama et 60% au Texas.

On pourrait naturellement en vouloir aux méchants assureurs qui ne cherchent bien sûr qu'à gagner de l'argent, mais ce serait bien mal comprendre le problème. Légalement obligées d'accepter toutes les demandes en participant au programme, plusieurs sociétés perdirent des centaines de millions de dollars avec Obamacare. Pour de simples raisons de survie économique, elles choisissent désormais de renoncer à couvrir certains États, voire de se retirer de ce marché. L'offre se réduit donc comme peau de chagrin, ainsi que l'espoir d'une concurrence amenant "plus de choix, plus de compétition et, dans de nombreux cas, de meilleurs prix" comme l'annonçait le Président Obama.

Obamacare sera définitivement enterrée lorsque plus aucune société d'assurance ne voudra y prendre part, ou lorsque les primes seront si élevées qu'elles dépasseront le tarif d'une assurance-santé habituelle. On se dirige rapidement vers les deux.

On ne sera pas surpris d'apprendre qu'Hillary Clinton prévoit de "renforcer" le système en le modifiant en profondeur avec encore plus de subventions pour les gens pour qui il devient progressivement inabordable, et un système de remboursement direct pour les premiers milliers de dollars de santé dépensés par les familles sous Obamacare, conséquence des carences des plans premier prix auxquelles elles souscrivent. Donald Trump, de son côté, prévoit simplement de mettre un terme à un système fondamentalement intenable.

La surprise n'est pas de voir Obamacare échouer, mais de le voir échouer si vite.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch, le 12 août 2016

4 commentaires

  1. Posté par Sancenay le

    Ce qui est certain, c’est que l’emblématique Prix Nobel de la Paix a voulu par le biais de sa sinistre « Care » imposer le remboursement de l’avortement aux congrégations catholiques qui, contrairement à ce qui se passe généralement en Europe et particulièrement en France se sont rebellées et ont renvoyé le « pacifique » porte drapeau de la révolution mondiale à ses chères études.

  2. Posté par Pierre le

    Le principe même d’une assurance c’est de partager les risques entre beaucoup d’individus, avec une exclusion des risques que chacun peut assumer soi-même (franchise).
    Cette mutualisation des risques ne peut fonctionner que si l’immense majorité de la population y participe, d’où un caractère obligatoire.
    En payant ma prime alors que je n’occasionne aucun coût, je sais que j’aide les autres qui n’ont pas ma chance (momentanée), et que je serai aidé s’il m’arrive une grosse tuile.
    Un excellent exemple est l’assurance incendie dans le canton de Vaud, obligatoire et bien moins chère que les assurances privées dans les cantons où un tel système n’existe pas. En plus, les bénéfices de cette assurance sont employés à de la prévention, contribuant à réduire les risques.
    La SUVA aussi, elle fait très bien son boulot!
    Ce n’est pas parce que c’est para-étatique que ça doit mal fonctionner, ces deux exemples prouvent le contraire.

    Le défaut de cet Obamacare est de s’être arrêté au milieu du gué entre une vraie mutualisation et une individualisation totale des risques de santé, avec ou sans « assurance ».
    Ici en Suisse, l’usine à gaz dite LAMAL y ressemble de plus en plus, les assureurs ayant réussi à torpiller toute tentative de mutualisation réelle.

  3. Posté par Cenator le

    Pourquoi l’obligation de s’assurer ? demande Hervé.
    Surtout, pourquoi obliger l’État (les contribuables) à prendre en charge les soins des personnes incapables de payer leurs primes ?
    Parmi les subventionnés, des centaines de milliers ont des biens immobiliers à l’étranger, non déclarés en Suisse. De ce fait, ils n’auraient jamais droit au subside.
    D’autres subventionnés décident tout simplement de moins travailler (temps partiel, etc.) pour pouvoir encore toucher le subside.
    Que dire de la « réfugiée » somalienne, mère de 5 enfants, le 6e en route, qui arrive en Suisse analphabète, drapée jusqu’aux chevilles en tenue traditionnelle ? Ni elle, ni son mari, ni leurs enfants ne payeront jamais un sou. Toute la famille sera soignée aux frais de la princesse.
    Tous ceux qui ont travaillé dans les domaines de la santé savent que tous ces subventionnés se fichent complètement de coûter peu ou prou puisque l’État paye TOUT.
    Si une assurance obligatoire pour soins dentaires est instaurée, ce sera la catastrophe absolue. Les frais dentaires vont exploser d’une manière non maîtrisable, comme pour l’assurance maladie actuelle, et les primes avec.
    L’idée sous-jacente à toutes ces assurances obligatoires s’appuie sur la croyance implicite que la gestion publique de tels domaines est possible et fonctionne mieux, et à moindre coût, que la gestion privée et individuelle. L’échec patent et universel du communisme (l’étatisme poussé à son paroxysme) a prouvé le contraire (y compris, et horriblement, dans les domaines de la santé) !

  4. Posté par Hervé le

    D’ailleurs, je n’ai jamais compris pourquoi la constitutionnalité du système suisse n’est pas lui aussi questionné. Comment/pourquoi l’État peut-il contraindre ses citoyens à s’engager commercialement avec une société privée? Il nous prive de notre liberté de choisir (ne pas se faire soigner est un choix), la prétendue solidarité a démontré n’être que des foutaises (les primes ne rendent pas l’accès aux soins bon marché et beaucoup doivent y renoncer), le « contrôle des coûts » en est une encore plus grosse, et le risque pour le métier d’assureur… mais qu’il risque, ils n’ont qu’à répercuter chaque année sur les assurés?! Qu’apporte l’obligation de s’assurer sinon des revenues garantis pour une branche de l’économie (comme la nouvelle version de la redevance audiovisuelle…)?

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