Brexit électoral, pas Brexit réel

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Le « Brexit » n’a pas eu lieu. Ce titre peut surprendre alors que les résultats du référendum sont connus. 52 % des Britanniques ont ainsi voté en faveur d’un processus de départ de l’Union Européenne. Mais début de processus et résultat du dit processus ne sont pas synonymes. Pour le moment, l’UE comprend encore 28 membres. Et si la séparation a été actée, le divorce n’a pas encore été prononcé. Et cela prendra plusieurs années pour qu’il ait éventuellement lieu. Éventuellement.

Car malgré la volonté de François Hollande d’hâter le processus, avis que ne partage pas du tout Angela Merkel, qui préfère attendre, tout comme David Cameron, qui a annoncé transférer le dossier à son successeur, quel qu’il soit, en octobre, sachant très bien l’opinion britannique versatile, il est peu probable que le Royaume-Uni ait quitté l’UE avant 2019.

Le pourrissement du « Brexit » réel pourrait ainsi s’apparenter dans l’autre sens aux pourparlers d’adhésion de la Turquie à l’UE. Il n’est pas dit qu’il ait lieu et que le Royaume-Uni quitte réellement l’organisation. Je m’étonne que personne n’ait envisagé que ce vote n’aboutirait pas au résultat annoncé. Supposons donc une évolution plausible du processus de « Brexit ».

Si les conséquences probables, indépendance de l’Écosse et conflit relancé en Irlande du nord, crise économique par perte du triple A retiré par Standard & Poor et/ou Moody’s, ont bien lieu, beaucoup de Britanniques pourraient être tentés de changer d’avis dans les prochains mois. Par ailleurs, une crise gouvernementale, ainsi qu’au sein des Conservateurs, est probable. Elle pourrait servir au Labour pour retrouver les chemins du pouvoir.

Imaginons donc l’évolution suivante. Bien que n’annonçant pas l’arrêt du « Brexit », une telle annonce étant électoralement suicidaire, le Labour Party arrive au pouvoir avec Corbyn ou sans lui à sa tête. Souvenons-nous que 70 % des électeurs du Labour, dont les communautés non-européennes implantées, ont voté contre le Brexit. Il aura sans doute besoin d’alliés, qui seront le SNP en Écosse, si cette dernière n’est pas déjà indépendante, le Plaid Cymru (pro-européen) ou encore les Libéraux-Démocrates (pro-européens).

Un gouvernement pro-européen comme celui-ci aura à cœur de ralentir considérablement le processus de Brexit et même d’organiser un nouveau référendum. Il est donc possible qu’en 2017 ait lieu un nouveau vote avec un résultat qui pourrait être très différent. En outre, l’UKIP, dont le cœur de son message électoral était le « Brexit », pourrait être très affaiblie par contrecoup. Nigel Farage a déjà dû reconnaître implicitement avoir menti sur certains points de sa campagne anti-UE. Il faudrait alors parler d’une victoire à la Pyrrhus pour l’UKIP. Le seul gagnant est Boris Johnson et il n’est pas sûr qu’il soit aussi eurosceptique qu’il l’ait prétendu durant le débat. En réalité, son ralliement au Brexit était parfaitement opportuniste, au service de ses ambitions électorales, celui-ci espérant prendre la place de Cameron à Downing Street.

Au final, non seulement le « Brexit » n’aura probablement pas lieu, mais les électeurs seront une fois de plus les dindons de la farce. Ils l’étaient d’ailleurs aussi bien si le « remain » avait gagné jeudi dernier. Car l’indépendance du Royaume-Uni est un leurre, pour un pays qui est devenu la colonie de ses anciennes colonies.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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