Mais qui donc provoque cette guerre civile française ?

Michel Garroté
Politologue, blogueur

guerre-civile-1

   
Michel Garroté - "Guerre civile", cette formule apparait de plus en plus souvent, en France, dans les médias classiques ainsi que sur les sites et blogues. Récemment, elle a été à nouveau utilisée par Ivan Rioufol, Olivier Damien, Matthieu Chaigne (voir ci-dessous quelques extraits de leurs analyses) et d'autres encore tel par exemple Gilles William Goldnadel ou Bat Ye'Or. La France serait au bord de la guerre civile et celle-ci aurait même déjà - un peu - commencé. Mais que se passe-t-il donc ? La formule se justifie-t-elle ou est-elle utilisée à la légère ?
-
Cela fait maintenant plus d'un an que l'on brandit la menace d'une guerre civile, mais elle ne vient toujours pas. Se fait-elle attendre comme une femme coquette ou comme une bombe à retardement ? J'étais au Liban durant la guerre dite civile. Une guerre civile, comme j'ai pu le voir de mes propres yeux, ce n'est pas une formule creuse, ce n'est pas une mince affaire. Une guerre civile, c'est une chose absolument abominable qui peut durer des années.

-
Pour ce qui me concerne, l'un des vecteurs de la guerre civile, c'est le problème des "quartiers sensibles" né sous De Gaulle (n'en déplaise aux néo-gaullistes d'aujourd'hui). Ce qui est nouveau, ce ne sont pas les zones de non-droit. Ce qui est nouveau, c'est qu'avec l'afflux massif de clandestins illégaux musulmans -- surnommés "migrants" par la caste politico-médiatique -- et avec l'infiltration de ce flux massif par des terroristes de l'Etat Islamique, nous nous dirigeons peut-être vers la guerre civile dans toute l'Europe et même aux Etats-Unis.
-
A cet égard, la persécution judiciaire dont font l'objet les sites et blogues Internet francophones de droite révèle l'impuissance de la caste politico-médiatique à gérer cette situation de crise. Au lieu de prôner l'envoi de l'armée dans les zones de non-droit, la caste politico-médiatique intente des procès à la blogosphère de droite et tente ainsi de l'asphixier financièrement.
-
Ivan Rioufol :
-
Dans Le Figaro, Ivan Rioufol écrit (source en bas de page) : La décision du préfet de police de Paris, mercredi 22 juin 2016, d’interdire la énième manifestation contre la loi travail, prévue jeudi par la CGT et ses alliés, est porteuse de tous les risques. Elle oblige l’Etat faible à imposer par la force une autorité qu’il n’a plus naturellement. L’engrenage dans de possibles provocations de l’extrême gauche, en rupture avec le système démocratique, est un risque qu’ont apparemment choisi de prendre François Hollande et Manuel Valls, même si l’Elysée assure n’être pour rien dans cette décision attribuée à Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur (1). Le choix souligne, en tout cas, la défiance gouvernementale vis-à-vis des organisations qui appellent à la mobilisation (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl).
-
Ivan Rioufol : A l’évidence, elles sont considérées comme incapables de se libérer des éléments les plus radicaux qui sèment le chaos à chaque défilé. Ces ultras poussent à l’affrontement contre la police et à la guérilla urbaine, dans une quête de victimisation destinée à rendre justifiable une légitime défense contre l'Etat. Dans ce jeu dangereux, la perspective d’un mort chez les protestataires serait presque une aubaine pour les incendiaires en quête de martyrs, prêts à partir à l’assaut d’un système politique et économique que rejette également l’idéologie islamisme. Dans mon livre, La guerre civile qui vient, je rappelle les écrits de théoriciens islamistes qui prônent ce rapprochement entre l’extrême gauche et le salafisme.
-
Ivan Rioufol : Dans son guide, Comment survivre en Occident, l’Etat islamique avalise l’union de l’islamo-gauchisme quand il écrit (2), s’adressant aux musulmans : "Quand les musulmans et les mosquées seront attaqués par des néo-nazis dans des manifestations, alors les musulmans rejoindront dans ces manifestations les groupes antifascistes. C’est là que votre rôle d’agent secret sera activé". En réalité, la jonction révolutionnaire et guerrière est déjà faite. "Nous sommes au bord de la guerre civile", reconnait à son tour Patrick Calvar, le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Le responsable des services secrets a fait cette déclaration récemment, devant une commission d’enquête parlementaire ouverte après les attentats du 13 novembre.
-
Ivan Rioufol : Le diagnostic de ce grand professionnel du renseignement confirme mon constat, dressé dans l’essai publié début mars. Je reste néanmoins perplexe quand Calvar, dans une déclaration précédente, met en cause "l’ultra-droite", qu’il soupçonne de vouloir "déclencher des affrontements intercommunautaires". Je crains de reconnaître, dans cette désignation commode, la diversion habituelle qui permet de sous-estimer la menace des djihadistes et de leurs collaborateurs marxistes. Ce qui se voit, pour qui veut bien regarder, est bien une extrême gauche déchaînée, prête à accompagner dans sa montée aux extrêmes une idéologie islamiste apocalyptique. La guerre civile n’est pas dans le risque d’une autodéfense promue par l’extrême droite ; aucun signe sérieux ne le montre.
-
Ivan Rioufol : Elle est, en revanche, dans la confrontation entre une partie minoritaire de la société, en guerre contre le modèle républicain, et les forces chargées de le protéger. Dans Le Figaro de ce mercredi, ma consoeur Marie-Amélie Lombard-Latune rapporte que le "théâtre national" est désormais une priorité pour l’armée, qui a déployé 10.000 hommes en France. Leurs armes sont aujourd'hui "chambrées", c’est-à-dire chargées. Le souvenir algérien revient à grandes enjambées, conclut Ivan Rioufol (source en bas de page).
-
(1) Rajouté à 15h, mercredi 22 juin 2016 : L'autorisation de manifester a finalement été accordée, après avoir eté refusée.
-
(2) Alexandre Mendel, La France djihadiste, Ring
-
Olivier Damien :
-
Sur Boulevard Voltaire, Olivier Damien écrit (source en bas de page) : En reprenant les propos de Patrick Calvar, le patron de la DGSI, selon lesquels « nous serions au bord de la guerre civile », propos tenus devant la commission de la défense nationale et des forces armées, puis devant les membres de la commission d’enquête sur les attentats du 13 novembre, Le Figaro n’a pas manqué de réveiller les craintes qui sommeillaient en chacun de nous. Il est vrai qu’un tel avertissement, émis par l’un des plus éminents connaisseurs du Renseignement, ne pouvait que susciter de nouvelles interrogations. Parmi celles-ci, il en est une des plus importantes. En quoi la période troublée que traverse notre pays nous exposerait-elle au risque évoqué par cet expert de la lutte antiterroriste ?
-
Olivier Damien : Par ailleurs, en désignant les éventuels coupables comme se situant dans les milieux de l’ultra-droite, Patrick Calvar n’ajoute-t-il pas le trouble à la perplexité ? Dans son audition devant les représentants du peuple, le directeur général de la DGSI esquisse en partie les réponses. Il souligne d’abord que les faiblesses de l’Europe face à la lutte antiterroriste, notamment du fait d’un arsenal juridique commun inadapté, participent grandement à la fragilisation de nos États. Dans ce contexte, poursuit-il, « tous les extrémismes ont intérêt à se manifester, il faut provoquer le maximum de désordre pour aboutir, suivant son bord, à la grande révolution (l’ultra-gauche) ou bien à un ordre mieux établi (l’ultra-droite) ».
-
Olivier Damien : Ainsi, les risques de guerre civile ou, à tout le moins, de profonds désordres sociaux sont-ils plus importants dans des pays aux politiques sécuritaires indécises et approximatives. Il ne faut pas oublier, en outre, que la provocation au chaos et aux luttes intercommunautaires fait partie intégrante de la stratégie de l’État islamique. Plus les communautés seront remontées les unes contres autres, plus les chances de victoire de Daech seront importantes. En France, il est vrai que ces risques se sont aggravés à mesure que l’on a laissé se développer les communautarismes dans des quartiers livrés à eux-mêmes et aux délinquants. Toutefois, en l’état actuel de la mouvance ultra-droitière – quelque deux milles individus environ, répartis dans une myriade de groupuscules -, les risques d’actions individuelles et ciblées semblent plus importants que ceux d’une véritable guerre.
-
Olivier Damien : Il n’en demeure pas moins que le manque de pugnacité de nos dirigeants nationaux et européens constitue un péril majeur pour la sécurité des populations. Si la surveillance des groupuscules extrémistes – de droite et de gauche – doit être une réalité, il convient surtout de se doter des outils stratégiques et juridiques pour combattre, au niveau des États concernés, le terrorisme dans toutes ses dimensions. Le temps de la fermeté et de la détermination doit venir, c’est d’ailleurs ce que suggère avec franchise et sans détour le patron français du Renseignement. À défaut, alors oui, le risque d’une guerre civile ne manquera pas de se transformer en réalité, conclut Olivier Damien (source en bas de page).
-
Matthieu Chaigne :
-
Encore dans Le Figaro, Matthieu Chaigne écrit (source en bas de page) : Une écrasante majorité de Français avoue être angoissée au quotidien pour soi et ses proches. Un climat qui a conduit presque un quart des Français à changer ses habitudes. Baisse de fréquentation des restaurants et des bars, musées amputés d'une partie des touristes, fan zones à moitié vides: les indicateurs quantitatifs corroborent le sentiment de lourdeur qui transpire des villes. Un cancer de la suspicion généralisé, qui amène chacun à voir dans l'autre une menace potentielle. C'est le portrait d'une société fracturée qui se dessine, et sur lequel l'extrémisme islamiste cherche dorénavant à importer sa guerre, conclut Matthieu Chaigne (source en bas de page).
-
Introduction et mise en page de Michel Garroté
-
http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2016/06/ceux-qui-veulent-provoquer-la-.html
-
http://www.bvoltaire.fr/olivierdamien/la-france-proche-de-la-guerre-civile,264048
-
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/06/21/31001-20160621ARTFIG00146-france-deja-la-guerre-civile.php
-

3 commentaires

  1. Posté par jean-patrick oualid le

    Pour le Liban, suivez Brigitte Gabriel et son histoire, aujourd’hui pdte de ACT.

  2. Posté par Christian Hofer le

    Plusieurs considérations :

    – « Nous nous dirigeons peut-être vers la guerre civile dans toute l’Europe et même aux Etats-Unis. »

    Ce n’est pas le même rapport de force entre les populations musulmanes d’Europe et des USA.
    USA : 3,3 millions de musulmans
    Europe : 53 millions de musulmans

    Ni le même flux migratoire qui déferle aujourd’hui, ni la même fréquence de provocation, ni les mêmes revendications comme on peut le voir par exemple en France (une majorité d’élèves musulmans dans une école par exemple).

    – L’agent de la DGSE: « « l’ultra-droite », qu’il soupçonne de vouloir « déclencher des affrontements intercommunautaires » »

    C’est une inversion des faits ignobles. Ce n’est pas l’ultra droite qui veut l’affrontement. Elle désire simplement sauvegarder ses terres en paix, avec les traditions d’origine et des communautés européennes.

    D’ailleurs le terme même d’affrontement est un non sens pour l’ultra droite qui veut justement que ses terres soient préservées de conflit, de pouvoir vivre en sécurité. Elle y est résignée par la force des choses et non par choix ! Or in conflit signifie la destruction des peuples européens et de leurs pays, la pauvreté et la misère. C’est exactement l’inverse de ce que veut une droite patriote. Je rappelle pour ce simplet que ce sont les Européens qui se font envahir et non l’inverse.

    Ceux qui ont déclenché les affrontements sont les gouvernements eux-mêmes par leur immigration imposée, spécifiquement musulmane et revendicative sur tous les plans. Poggia en est l’exemple parfait, en refusant le choix aux autochtones, en imposant ces migrants à des populations suisses qui n’en veulent pas et qui le disent.

    – Concernant Rioufol que j’apprécie modérément :

    « Elle oblige l’Etat faible à imposer par la force une autorité qu’il n’a plus naturellement. »

    Non c’est faux. La force n’est utilisée que lorsqu’il s’agit de la droite, sans aucun état d’âme, comme lors des manifestations mettant en scène les identitaires et la Manif’ Pour Tous. De même, on a eu des scènes de casses en France mettant en cause la gauche violente : la police n’intervenait que très légèrement.

    La phrase correcte aurait été :

    « Elle oblige l’Etat à imposer par la force une autorité contre les mouvements de gauche, ce qui n’est pas à son habitude »
    Les manifestations de gauche sont extrêmement rarement interdites par exemple alors qu’elles dégénèrent souvent. Elles bénéficient au contraire d’une tolérance coupable depuis des décennies. On a la même chose en Suisse (Berne et Genève).

    Et il y aurait encore beaucoup de choses à dire.

  3. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Quelle coïncidence ! Parlant d’actu avec un homme q’on aime écouter j’apprends qu’il a vécu au Liban ! Et j’apprends aussi des choses que j’ignorais. Tout a commencé en 1955 ! Le pays était majoritairement chrétien dit-il. Et les chrétiens ont commis une énorme erreur. Quand le Roi de Jordanie a fait le ménage chez lui (ce n’est pas exactement cela mais c’est ainsi que je l’ai entendu) ils ont accueilli 22000 palestiniens ! Armés ! Au début ils vivaient en périphérie. Puis ils ont colonisé le centre. La démographie joua en leur faveur. Six enfants par femme chez eux contre trois pour les chrétiens ! Je viens de lire un apperçu des racines de cette guerre civile. Ça fait froid dans le dos.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.