Citations, des grands hommes aux grandes gueules

Yvan Perrin
Ancien Conseiller national

 

“Il est une bonne chose de lire des livres de citations, car les citations lorsqu’elles sont gravées dans la mémoire vous donnent de bonnes pensées.”

Ces mots de Churchill ont hélas perdu une bonne partie de leur pertinence avec la disparition des grands hommes politiques remplacés peu à peu par des tâcherons besogneux qui s'essaient aux mots d'esprit sans matière première. Depuis quelques temps, le Brexit et la crainte qu'il suscite font monter les enchères. Pensez donc, les Britanniques vont pouvoir s'exprimer sur la manière dont ils conçoivent leur avenir. Inadmissible pour le monde politique qui rivalise de menaces pour convaincre les électeurs que le choix de l'indépendance ne saurait que réveiller les miasmes dans les rues de Londres.

Barack Obama lui-même a fait savoir qu'il était dans l'intérêt des Etats-Unis que l'Angleterre reste dans l'Union Européenne, précisant que " le Royaume-Uni se retrouverait à l’arrière de la queue" pour ce qui est des négociations commerciales. Dans l'intérêt des Etats-Unis. La directrice du FMI, la Française Christine Lagarde a également apporté sa pierre à l'édifice, rappelant les conséquences néfastes qu'un Brexit aurait sur la croissance britannique et mondiale en regrettant la montée des nationalismes économiques en Europe. Les mêmes conséquences que le non suisse à l'Union Européenne peut-être ? Quant à la montée des nationalismes économiques, Mme Lagarde ne peut que la déplorer puisque la chose réduit son propre pouvoir hérité de la libido de son prédécesseur Dominique Strauss-Kahn.  

Le ministre français de l'économie Emmanuel Macron, lui, se montre ferme. Il estime qu'on est dedans ou dehors de l'UE, ajoutant qu'il n'y aura plus de passeport financier pour les établissements britanniques. Pathétique ! Le coq français surnageant avec peine dans la fange faisant la leçon au bouledogue britannique. Donner des cours d'Europe unie alors que le pays n'a jamais rempli les critères de Maastricht, brandissant chaque année une nouvelle excuse pour expliquer son incurie, voilà la France. Passons au Polonais Donald Tusk, président du Conseil européen, qui craint en tant qu'historien qu'un Brexit puisse marquer non seulement le début de la destruction de l'UE mais aussi de la civilisation occidentale. Bigre, rien que ça ! Après s'être interrogé sur la manière dont on enseigne l'histoire à Varsovie, on pourrait lui faire observer que c'est plutôt l'UE qui conduit à la fin de notre civilisation avec sa politique d'accueil tous azimuts de migrants précisément venus pour remplacer notre monde par le leur.

On terminera cette liste non exhaustive avec, à tout seigneur, tout honneur, le président de la Commission Européenne, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. L'homme y va fort : "Les “déserteurs” ne seront pas accueillis à bras ouverts", prévient-il, "Si les Britanniques devaient dire non, ce que je n’espère pas, la vie communautaire ne continuerait pas comme avant. Le Royaume-Uni devra accepter d’être considéré comme un Etat tiers, que l’on ne caressera pas dans le sens du poil". Manifestement au comble de la panique, le personnage envisage un oui au soir du 23 juin et prépare la suite. Il annonce que "si une grande initiative est lancée par un des grands Etats, la Commission sera partie prenante (…), La France a un discours à porter, un message à livrer, une certaine idée de l’Europe à défendre". Plus fort encore : "Si un message cohérent venait" du gouvernement français, "cela aurait un effet important face au discours britannique (…) La France est insuffisamment fière d’elle-même. Elle a des choses à dire au monde et à l’Europe, qu’elle les dise ! Juncker ne se sent plus, qui conclut que Paris "serait bien placé pour ramener l’Europe à l’essentiel. En revigorant la dimension de solidarité et en développant un discours sur la nécessité de l’assainissement des finances publiques, sans perdre de vue le triangle vertueux : assainissement budgétaire, réformes structurelles et investissements."La France insuffisamment fière d'elle, depuis quand ?

Oui, l'Union Européenne en est là, à appeler la France en exemple. En clair, proposer aux pays membres de faire l'inverse absolu de sa propre politique interne. Pour les finances, un rapide coup d'œil sur la croissance des dettes publiques renseigne sur la façon dont on conçoit la chose chez nos voisins. Pour ce qui est des réformes structurelles, la réponse est en ce moment dans les rues.

Laissons les mots de la fin à Albert Camus, mots que nous devons faire nôtres : "Un exemple n'est pas forcément un exemple à suivre".

Yvan Perrin, président UDC-NE                                              La Côte-aux-Fées, le 19 juin 2016

 

7 commentaires

  1. Posté par Jacques le

    Un grand merci à Yvan Perrin, pour s’être redéployé sur ce site ! Il nous fait cadeau de véritables joyaux.

  2. Posté par De Landsheere Jacques le

    J’adore cette phrase : » Il sera considéré comme un Etat tiers qui ne sera pas caressé dans le sens du poil ».
    Sincèrement, la Turquie n’est-elle pas un état tiers qu’il s’empresse de caresser justement dans le sens du poil?
    Et pour recevoir quoi en retour ?
    Quant aux pays membres, à part les abreuver de remontrances, de sanctions, d’amendes et leur démontrer au quotidien qu’eux mêmes, fantoches des lobbys, manquent du courage indispensable qui fait l’étoffe des hommes d’Etat, qu’apportent-ils encore à cette Europe qu’ils ont eux-mêmes mise en lambeaux?

  3. Posté par Le pragmatique le

    Décidément Junker à un bon rapport avec la démagogie.
    Le lèche Breizel qui vient encenser Normal 1er depuis qu’il est le cocu de la murène Erdogan; il fallait oser.
    Je suis néanmoins persuadé que le ravi de la crèche est heureux d’apprendre qu’il a un admirateur pour avoir mis la France en lambeaux.

  4. Posté par Marc le

    Junker dit, « Les “déserteurs” ne seront pas accueillis à bras ouverts », prévient-il. Tiens, n’est-ce pas des déserteurs qui au lieu de défendre leur pays, arrivent en masse en Europe que vous accueillez à bras ouvert monsieur Junker. Bon, ce monsieur n’est plus à une contradiction près. Mais on sent la peur chez tous ces bobos bisounours, parce que tout l’Europe sait bien que si le brexit à lieu, c’est l’effondrement par le bas de l’union européenne. Il n’y a plus deux heures sans nouvelles de catastrophe dans les média mainstream, toutes arrivées des agences de presses national. Tout est bon pour essayer de faire peur, la propagande y passe au complet, et l’imagination manque, puisque cela devient de plus en plus du niveau des caniveaux. Je n’ai encore jamais vu autant de déferlement d’information sur le sujet.

  5. Posté par Nicolas le

    Oh, un rayon de lumière venant d’un canton plongé dans l’obscurité de l’incurie socialiste, tout n’est donc pas encore perdu au pied du Jura. Merci pour cette bonne analyse.

  6. Posté par bigjames le

    M. Perrin est encore l’un des rares UDC qui n’en a pas que le nom.
    Un des rares politiciens suisses qui a les yeux ouverts et compris dans quel mur on va s’écraser.

  7. Posté par bigjames le

    J’adore.
    Pourquoi ce texte ne pourrait il pas être diffusé dans Le Temps, par exemple ? Je rigole.
    Par contre traduit dans la Weltwoche, ce serait bien.
    Merci M. Perrin pour ce texte criant de vérité .

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