Erdogan inspiré, du 1er septembre 1939 au 22 juin 1941

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Pour paraphraser Churchill commentant les accords de Munich, on pourrait dire à Angela Merkel qu'elle avait le choix entre les migrants et la Turquie, elle a choisi la Turquie et elle aura les migrants.

C'est par ces mots que le 24 avril dernier, je saluais la capitulation d'Angela Merkel face au dictateur Recep Tayyp Erdogan. En reprenant les mots de l'illustre Premier Ministre, il n'y avait guère de risque de se tromper. L'allumé du Bosphore voue une grande admiration à Hitler et pratique la même vision du conflit, à savoir un front après l'autre. Contre l'Europe, il a utilisé l'arme de l'invasion migratoire, attendant tranquillement que l'Allemagne n'en puisse plus de faire oublier le nazisme par un accueil à bras ouverts. Fin stratège, il a amené la Chancelière là où il voulait la voir arriver et il a gagné. Il a engrangé des milliards d'euros pour limiter l'affluence aux frontières de la Grèce et la suppression des visas pour les citoyens qu'il jugera utile de laisser voyager au sein de l'Union européenne et de la Suisse hélas. A ce propos, notre Ministre des Affaires Etrangères Didier Burkhalter a précisé que notre pays s'associerait à la défaite de l'UE après avoir obtenu un accord de réadmission avec la Sublime Porte. On se réjouit de voir si cette condition constitue un préalable ou un projet à futur, comprendre futur très lointain. Pour bien faire comprendre qui commande, un proche collaborateur du dictateur a précisé que si le Parlement européen ne vote pas comme il doit, la vanne sera à nouveau grande ouverte. Là-encore, il sera intéressant de voir si les donneurs de leçons de Bruxelles préfèrent leur haute conception des droits de l'homme à la vague promise. On peut en douter.

Après avoir réglé le front ouest comme Adolf avec la France, Erdogan reprend une bonne vieille habitude turque, à savoir la persécution des Kurdes. L'homme s'est en effet engagé à lutter "jusqu'au bout" contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan dont il qualifie les membres d'athées et de zoroastriens. "N'ont-ils pas détruit nos mosquées ? (…) Ils n'agissent pas en fonction de nos valeurs" ajoute-t-il à l'appui de sa démonstration.

Penchons-nous sur ces propos particulièrement édifiants. Tout d'abord, le dictateur fustige les croyances religieuses qu'il prête aux Kurdes, les accusant clairement de ne pas être musulmans et, partant, destinés à être éradiquer. Avertissement pour la Chrétienté. Ensuite, il leur reproche de ne pas agir en fonction des valeurs turques, ce qui mérite châtiment. Révélateur de voir cet homme condamner chez lui le non-respect des valeurs qu'il exige pourtant pour ses janissaires en Europe. L'art du double langage, la taqyia, dans toute sa splendeur. Athées et Zoroastriens ne sont pas les seules cibles du nouveau porte-étendard de l'obscurantisme, les Chrétiens aussi. N'ont-ils pas détruit nos mosquées accuse-t-il les Kurdes, n'a-t-il pas détruit nos églises pourrions-nous dire ? Visiblement, l'islamiste reproche aux Kurdes de faire aux Musulmans ce que lui-même inflige aux Chrétiens avec enthousiasme. A cet égard, on ne saurait prêter au hasard le fait que des manifestants se réunissent autour de la cathédrale Sainte-Sophie pour exiger qu'elle soit restituée aux fidèles après avoir été aménagée en musée par Atatürk, garant intransigeant de la laïcité.

Après avoir choisi la Turquie, qu'en est-il des migrants ? L'accalmie sur le front grec a été saluée avec force, les dirigeants de l'UE présentant la chose comme le succès d'une politique mûrement réfléchie et adroitement conduite. Pauvres cruches qui n'ont pas compris qu'elles avaient provisoirement fermé une route pour en ouvrir une autre. Le calme régnant annonçait la tempête, le temps que les passeurs se réorganisent et balisent la voie Lybie-Italie si utilisée au cours de l'histoire. Aujourd'hui, avec le retour du calme en Méditerranée, ce sont plus de 1'000 migrants qui accostent quotidiennement sur les côtes de la Botte. Que feront-ils dans ce pays qui n'a ni les moyens ni la volonté de les accueillir. Ils prendront la route du nord, vers l'Allemagne voire plus haut, bien évidemment. Pour ce faire, un seul chemin après la fermeture du Brenner, la Suisse. Cette Suisse généreuse qui offre hébergement, cours de langue, facilités pour ceux qui auraient le bon goût de vouloir travailler et un avocat gratuit chargé de faire en sorte que son client fasse partie des heureux élus bénéficiaires du statut de réfugiés que Berne accorde à tout-va. Si bien accueilli, ne vaudrait-il pas la peine de faire d'une étape le but du voyage ? Réponse avec les statistiques de l'asile 2016 dont nous disposerons l'an prochain. Nul doute que les partisans de la révision de la loi sur l'asile sauront nous expliquer en quoi les faits ne leur ont pas donné raison.

Le mot de la fin à Churchill à nouveau : "Un bon politicien est celui qui est capable de prédire l'avenir et qui, par la suite, est également capable d'expliquer pourquoi les choses ne se sont pas passées comme il l'avait prédit". Mesurés à cette aune-ci, Simonetta Sommaruga et ses partisans ne vont pas tarder à se révéler excellents.

La Côte-aux-Fées, le 29 mai 2016                                                            Yvan Perrin, président UDC-NE

2 commentaires

  1. Posté par aline le

    Tout est dit dans cet article de Yvan Perrin, il n’y a rien à ajouter, sauf que remercier l’auteur pour ses commentaires lucides et toujours agréables à lire.

  2. Posté par pierre frankenhauser le

    « L’habituel défaut de l’homme est de ne pas prévoir l’orage par beau temps. »
    Nicolas Machiavel

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