L’affaire Hasanbegović : une « guerre culturelle » contre les élites post-communistes ?

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Croatie, Zagreb – Le ministre de la culture croate Zlatko Hasanbegović est attaqué par l’establishment sur ses positions en tant qu’historien. Ses vues sur la 2e Guerre Mondiale sont sévèrement critiqués et certaines personnalités ont écrit une lettre ouverte demandant son renvoi. Hasanbegović défend ses positions en répondant à ces attaques qui sont selon lui une «guerre culturelle» menée par les « gauchistes » et libéraux-libertaires exerçant une hégémonie culturelle et sociale sans tenir compte de la fin du communisme.

Les critiques contre le gouvernement croate HDZ de centre-droit, mandaté à la fin de 2015, ayant mis un nationaliste en tant que ministre de la Culture, ont commencé dès sa nomination. Mais la situation est devenue très tendue après les réformes que Hasanbegović a commencé à mettre en œuvre pour «se débarrasser des restes du communisme ». Visant à contrer «l’hégémonie de la gauche» sur la culture, Hasanbegović a soutenu l’action du gouvernement de remplacer quelques directeurs et rédacteurs travaillant à la télévision nationale, mandatés par l’ancien gouvernement de gauche. Le journal d’extrême-gauche français Libération écrit que l’un des premières actions de Hasanbegović a été d’abolir la Commission pour les médias non-lucratifs – qui était dans les mains des « gauchistes », selon le ministre – et de se débarrasser des  » journalistes d’esprit critique » sur la radiotélévision croate.

Tout cela dans le cadre de la publication d’une lettre ouverte dans Libération. Signé par plusieurs personnalités comme le théoricien marxiste italien Antonio Negri, le philosophe conservateur français Alain Finkielkraut, le Prix Nobel de littérature italien Dario Fo, les « chasseurs de nazis » Beate et Serge Klarsfeld, et d’autres dont des militants des droits de l’homme. La lettre ouverte a déclaré que «Zlatko Hasanbegović instrumentalise les violences totalitaires de l’après-guerre pour discréditer la lutte contre le fascisme qu’il confond insidieusement avec les crimes du communisme, ce qui est une aberration. Zlatko Hasanbegović n’a pas été choisi pour ses compétences dans le domaine de la culture, mais pour promouvoir l’idéologie qu’il incarne. Dans ses discours et ses publications, Zlatko Hasanbegović met en cause les vérités historiques et les valeurs fondamentales de notre union politique. »

« C’est une guerre culturelle. »

Pour Zlatko Hasanbegović, « cela est totalement absurde et sans fondement». Pour le politicien de 43 ans, il s’agit d’une campagne de diffamation contre lui. « Je suis surpris par la superficialité des personnes qui ont permis d’être entraînées dans une campagne de dénigrement lancée par des critiques depuis leurs fauteuils à Zagreb sans jamais lire aucune de mes déclarations, des mes articles ou de mes livres,» a-t-il ajouté. Il a répondu à un entretien pour le grand quotidien français de gauche Le Monde, expliquant son point de vue, défendant ses thèses et ses positions (à lire ici en intégralité).

L’actuel ministre croate de la culture dit que son travail vise à se débarrasser des restes du communisme, dans un pays post-communiste, toujours infiltré par « une pseudo-gauche qui continue à exercer une hégémonie culturelle et sociale. » Accusé d’avoir poussé à la démission la présidente de l’Agence pour les médias électroniques et le président de la télévision croate, il a nié son implication dans ces démissions et a rappelé qu’ils étaient des membres influents de l’ancien parti communiste yougoslave et qu’il n’était donc pas acceptable qu’ils furent à ces postes.

Dans son entretien pour Le Monde, il est prié d’expliquer ses positions concernant le régime oustachi – fascistes croates, actifs entre 1929 et 1945 -, ses liens avec Alain de Benoist et Tomislav Sunić, et ses relations avec les nationalistes. Enfin, il doit répondre à l’accusation de révisionnisme.

Concernant l’accusation d’être un nostalgique du régime oustachi, il a expliqué son aversion du bolchevisme et son soutien à l’auto-détermination de chaque nation, et a rappelé le contexte particulier de cette époque. Sur Alain de Benoist et Tomislav Sunić, il a estimé que Benoist est l’un des plus grands penseurs français vivant et que Sunić a réalisé un excellent travail universitaire, même s’il n’est pas d’accord sur tout avec lui, mais par conséquent, le respecte. En ce qui concerne ses liens avec les nationalistes, le ministre a simplement expliqué son amour pour son pays, et a ajouté qu’il était honoré d’être en relation avec des gens qui ont combattu pour sa nation. A propos du révisionnisme, il a expliqué au journal de gauche que son travail pour honorer les victimes croates et les martyrs de la nation n’est en aucune manière une minimisation de la souffrance des autres victimes de la guerre, comme les Serbes, les Juifs ou Rroms. Il a simplement rappelé que seules les victimes croates ne recevaient pas suffisamment d’attention jusqu’à présent, et qu’ils étaient sa priorité.

 

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