La réaction de Paul-Marie Couteaux à l’élection en Autriche

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Norbert Hofer, candidat de la formation populiste FPÖ, a raté de très peu la présidence de l’Autriche. EuroLibertés, conformément à sa vocation, souhaite faire connaitre les réactions de journalistes, d’essayistes et d’hommes politiques sur les répercussions de ce résultat extrêmement significatif au sein d’un pays de l’Union européenne.

Quelles répercussions pour l’Autriche ?

Il est difficile de prétendre savoir, n’étant pas Autrichien, si l’élection du candidat écologiste aura de bons ou de mauvais effets, et j’aurais dit la même chose si Norbert Hofer avait été élu. Le peuple autrichien est souverain, et l’on ne peut avoir que mépris pour les innombrables « commentateurs », en réalité de pauvres militants, qui poussent des cris d’orfraie et donnent des leçons aux peuples de la terre entière s’ils ne votent pas pour leur candidat.
Le nouvel élu a reçu les voix les plus diverses qui soient : il va lui falloir construire une image forte, et même une véritable incarnation pour dépasser cette hétérogénéité ; à cela s’ajoute que, après un résultat aussi serré, il va devoir montrer de la compréhension pour les électeurs de son adversaire, qui ont cru avoir remporté l’élection avant que ne soient comptés les votes par correspondance, dont le nombre est étonnement élevé. Pour ce faire, il va devoir rester ferme sur le contrôle de la politique migratoire, quand bien même ne gouverne-t-il pas et n’a donc pas accès à la politique au jour le jour dans ce domaine. Mais que son verbe soit prudent ! Il le faut d’autant plus si l’on songe au passé de ce pays brutalement rétréci en 1919, qui n’entend pas être une excroissance de l’Allemagne, mais l’héritier d’un empire central dont les gouvernements des anciennes composantes, à commencer par la Hongrie, mais aussi ceux de Slovaquie et de Bohême-Moravie, ont réagi de façon ferme à l’afflux migratoire des derniers mois. Bref, beaucoup de pain sur la planche du nouveau Président de la république autrichienne !

Quelles répercussions pour l’Union européenne ?

De toutes façons, la vieille coquille de noix dénommée UE fait eau de toutes parts. Incapable de faire de la politique en ce que la politique consiste à faire l’histoire et à inscrire une volonté dans les grands mouvements du temps, incapable donc de répondre au défi migratoire autrement qu’en cédant au patronat migrationniste et aux bobos supranationaux qui mènent le grand bal de la haine de soi dont la prétendue « construction » (en réalité destruction) de l’Europe n’est qu’un prétexte, l’Union européenne va peu à peu disparaître et ses outrances à l’endroit des électeurs qui se prononcent contre les candidats qu’elle s’est imprudemment crue autorisée à choisir ne peuvent qu’accélérer sa déconfiture.

Cela étant dit, voyons à plus long terme. Le problème migratoire reste entier et l’UE, à ne pas vouloir le régler, pourrait faire place à une autre forme d’Europe, dont la constante progression des mouvements populistes pourrait constituer l’amorce et qui se construirait un jour comme se sont construits tous les ensembles politiques : par la défense. Il s’agit ici de se défendre contre un phénomène classique, mais puissant, une migration de masse qui tourne peu à peu en invasion. Grand chef identitaire, le général De Gaulle écrivit, en ouverture de son ouvrage La France et son Armée, une phrase simple et profonde : « La France se fit à coups d’épée ». Il a lui-même montré que la France s’est refaite en résistant. On en dira peut-être autant de l’Europe…

Quelles répercussions sur l’élection présidentielle française de l’année prochaine ?

Très importante bien sûr, tant il est vrai qu’une bonne part de la politique est d’ordre psychologique. Qu’un parti comme le FPÖ arrive si près d’un rôle de chef d’État contribue à renverser en profondeur l’image que les partisans de l’Europe des Nations, dont je suis depuis trente ans, non seulement traînent avec eux, en raison d’une implacable propagande médiatique, mais qu’ils se font aussi d’eux-mêmes : à savoir des marginaux, ce que nous fumes en effet, et des extrémistes, ce que nous ne fumes jamais. Nous étions longtemps aux marges du débat politique, nous voici au centre. Cela change tout, et d’abord en France.

J’ai souvent répété à Marine le Pen que le problème, pour elle et les membres de son parti, n’était pas la « dédiabolisation », mais l’acquisition d’une crédibilité gouvernementale ; que, en somme, il fallait coûte que coûte, fût-ce au prix de coalitions, prouver notre capacité à gouverner, ou à être associé au gouvernement. En s’y refusant, elle se perd. En acceptant d’entrer dans des coalitions, ce qu’il a fait à plusieurs reprises (dès 1983, puis en 1994, 1999, 2004…), le FPÖ s’est grandi, il a progressé, gagné en respectabilité, avec l’effet que l’on voit aujourd’hui. C’est trop tard à mon avis pour le FN ; mais pas trop tard pour des coalitions de droite où entreraient des défenseurs des patries et de leurs identités, je veux dire une droite nationale, libérale et populaire qui en est encore, en France, à se chercher…

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