Le pape François accélère le rapprochement avec l’islam

En recevant, lundi, au Vatican le grand imam de l'université Al-Azhar du Caire, le pape François confirme sa volonté de mener un dialogue actif avec l'islam.

Le pape François sait que les gestes parlent plus que les paroles. Il vient encore de le démontrer, lundi 23 mai, en recevant au Vatican la plus haute autorité intellectuelle de l'islam sunnite, en la personne du Grand Imam de l'université al-Azhar du Caire (Égypte), le professeur Ahmed al-Tayeb.

Plus qu'un long discours que beaucoup attendaient sur les relations entre l'Église catholique et l'islam, François a donné une accolade publique à son hôte avant leur entretien privé dans sa bibliothèque, où il reçoit habituellement les chefs d'État.

Et pour être bien compris dans sa démarche, le Pape est même sorti du protocole pour lancer cette petite phrase en direction des journalistes présents: «Le message, c'est notre rencontre!»

De fait, le communiqué officiel publié par le Vatican est sans surprise. On qualifie de «très cordiale» l'ambiance entre le Pape et l'imam. On soulève un coin du voile sur ces conversations d'une demi-heure à huis clos: «la paix dans le monde», «le refus de la violence et du terrorisme», «la situation des chrétiens»au Moyen-Orient et «leur protection».

Sujets importants mais tellement attendus que la phrase à la volée du Pape est probablement le point clé de ce rendez-vous inédit. Il s'inscrit d'ailleurs dans la logique d'un autre geste spectaculaire posé par François, le 16 avril 2016, quand il ramena de l'île de Lesbos (Grèce) trois familles musulmanes syriennes en Europe.

Le Vatican pouvait donc se féliciter, mardi de la «haute signification» de cette visite d'un dignitaire aussi symbolique du monde musulman, car, en la matière, il revient de loin.

Le cardinal français Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, et à ce titre chargé des relations avec l'islam, en sait quelque chose. Si le pape François exprime une forte volonté de rapprochement avec l'islam, ce cardinal en est l'artisan. Brillant ministre des Affaires étrangères de Jean-Paul II, il fut nommé à ce poste par Benoît XVI en 2007 alors que les relations avec l'islam allaient au plus mal.

Dans cette fonction, ce grand diplomate a d'ailleurs essuyé deux tempêtes mémorables venues toutes deux de… cette prestigieuse université al-Azhar. Sans pouvoir réel sur l'islam sunnite, cette institution en donne toutefois la température. Elle est aussi pour le Vatican l'un des rares interlocuteurs représentatifs, car le Saint-Siège se trouve face à un islam totalement divisé par nations.

Par deux fois, donc, cette université a «suspendu» ses relations avec le Vatican: en 2006, contre l'allusion à la «violence» de l'islam proférée à Ratisbonne par Benoît XVI. En 2011, quand ce même pape osa dénoncer «la stratégie de violence» à la suite de l'attentat du 1er janvier qui tua 21 chrétiens devant une église copte égyptienne. Fâché, l'imam Ahmed al-Tayeb avait condamné l'attentat, mais il avait qualifié «d'ingérence inacceptable» la position de Benoît XVI.

Le cardinal Tauran pouvait ainsi assurer, mardi soir: «Nous n'avons pas parlé du passé mais du présent et du futur. Il y a, chez notre partenaire, un grand désir de reprendre le dialogue.

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