Suisse. L’éternelle question des langues et le socialisme. Faire plier la réalité à l’idéologie et diviser en prétendant unir !

Uli Windisch
Rédacteur en chef

 

La constance de l’obsession idéologique des socialistes : centraliser, diriger depuis Berne, imposer en prétendant y être contraints et savoir mieux que toutes les personnes concernées quotidiennement ; bref prétendre faire le bonheur du peuple en se présentant comme le sauveur, et toujours contre la volonté de ce même peuple.

Tout y est ; cette fois sur la question de l’apprentissage des langues. Or tout ce que dit le Conseiller fédéral socialiste A. Berset est faux et ne sert que de dérivatif. Cela s’ajoute aux autres facteurs  de division  que créent les socialistes, par exemple en voulant imposer massivement des migrants qui n’ont rien de réfugiés, ou en voulant contre tout bon sens nous faire entrer  dans cet autre monde centralisé et autoritaire, bientôt totalitaire, qu’est l’UE.

Beaucoup de jeunes aujourd’hui savent mieux et plus de langues que la plupart de nos conseillers fédéraux et ce n’est pas parce qu’ils ont été forcés d’en apprendre une deuxième dès le primaire.

Les enseignants qui sont confrontés au quotidien avec les élèves d’aujourd’hui savent aussi mieux quels sont les vrais problèmes des élèves, beaucoup mieux que la nuée de  bureaucrates et autres experts pédagogistes et technocrates  qui prétendent savoir mieux que tout le monde  depuis leurs bureaux.

En Suisse ce qui doit primer c’est le fédéralisme, à savoir à chaque région particulière ses réponses spécifiques et adaptées. Par exemple, l’enseignement d’une deuxième langue nationale le plus vite possible va de soi dans les cantons bilingues comme le Valais et Fribourg ; cela correspond à une réalité et à une nécessité pas uniquement économique.

Le canton du Jura pourtant longtemps en lutte contre Berne et donc par association contre l’allemand, fait aujourd’hui  de gros efforts pour cette langue détestée il y a peu encore. Là aussi en fonction du réel, et non pas « hors sol ».

En revanche, imposer par exemple et par principe le français dès le primaire à tous les petits alémaniques qui ont déjà de la peine avec l’allemand standard, une deuxième langue « étrangère » pour eux, ou pire à des enfants d’immigrés ou, pire, de petits réfugiés qui ne savent déjà pas correctement leur propre langue d’origine et qui peinent à simplement apprendre la langue du lieu d’accueil, est d’une grande stupidité, une preuve de la méconnaissance totale  de la réalité, des réalités très variables de notre pays, précisément divers. D’où le caractère fondateur du fédéralisme. Le fédéralisme est incompatible avec les dogmes socialistes universalistes qui veulent faire le bonheur de tous en l’imposant à chacun.

N’y aurait-il pas aussi une sorte de soif de vengeance de minoritaires frustrés satisfaits de pouvoir enfin faire obéir un majoritaire, souvent honni, tout en sachant pourtant que c’est encore le majoritaire alémanique qui apprend plus facilement le français que les Romands l’allemand, même si les choses changent un peu.

Rien de pire que de forcer l’apprentissage d’une langue dont l’image est négative ou dévalorisée. Ce qui a été fait sans succès depuis des siècles en Suisse romande en voulant imposer par principe, politique, idéologique, l’allemand, à tous les élèves, et qui se vantaient de ne pas le savoir, même après des années d’ »apprentissage ».

En revanche, apprendre une deuxième  langue ayant une image positive, couramment utilisée dans le quotidien, valorisée, (oui par exemple l’anglais !) entraîne automatiquement un  intérêt pour des  langues supplémentaires et l’envie de les apprendre.

Renverser les dogmes idéologiques pour les remplacer par les leçons de la pratique. Ce doit être trop difficile pour les esprits bétonnés et bornés du socialisme, esprits qui pensent néanmoins être à l’avant-garde, en imposant constamment des « avancées », ici en matière d’apprentissage des langues.

L’argument de la « cohésion nationale » semble encore prendre auprès de certains, car la formule est belle et est censée toucher affectivement. Et elle est, paradoxalement, avancée de plus en plus lorsque l’on veut imposer une réalité qui en fait ne fait que diviser.

Autre cas « à cohésion nationale » avancée de manière inadéquate, faussée et intéressée politiquement et idéologiquement : le monopole médiatique totalement anti-démocratique et anti-pluraliste de ce service dit public. Ce monopole est en réalité lui aussi diviseur, notamment à cause de sa massive homogénéité idéologique, du moins dans certains domaines comme l’information et la culture. Une preuve : la moitié de la population a failli refuser une révision de la loi en la matière tout récemment. Un signe qui ne trompe pas, sauf pour ceux qui ont intérêt à continuer à profiter de ce monopole.

La « cohésion nationale » au profit de la bien-pensance de gauche : l’idéologie utilise toujours tout ce qui est payant, malgré les pires contradictions. Jusqu’à ce que la population s’en rende compte. Il est vrai que cela prend parfois beaucoup de temps, dont profitent les idéologues intéressés, jusqu’au jour où…

Retour aux langues. Quand certaines autorités coupées du réel n’arrivent pas à convaincre et à imposer en douceur, elles finissent par tenter le coup de force, et si la force de la centralisation  ne suffit pas, on concrétise et légalise en judiciarisant, un autre trait totalement contradictoire, bien que de plus en plus utilisé, avec l’essence même du système politique suisse fait de pragmatisme, de discussion et de négociation. Certains rêvent-ils du « passage en force » de nos pays  voisins.

Le danger ne vient pas que des juges étrangers !

Enfin, parler de « paix des langues » quand on ne connaît même pas le fonctionnement réel, concret et quotidien de l’univers des langues, c’est en fait créer ce qu’on appelle des effets pervers, à savoir ici attiser la guerre des langues.

Laisser les jeunes apprendre  les langues selon leurs besoins, leurs pratiques singulières  et les  usages dans les différentes régions, cantons et communes de la Suisse, très différentes et variables, n’a rien à voir avec les ukases socialistes bernois hors sol.

La soif, voire la rage, de l’imposition politique et idéologique centralisée ne fait pas partie des mœurs politiques suisses.

Pas d’Avenir linguistique radieux pour tous, Monsieur le conseiller fédéral socialiste.

Si vous persistez vous allez créer les mêmes effets nationaux diviseurs graves que votre collègue piano-socialiste auto-soumise à l’UE en matière notamment de ce que certains nomment encore « l’asile » et les « réfugiés ».

 

Uli Windisch, 16 mai 2016

 

5 commentaires

  1. Posté par Caroline D. le

    « et à fortiori à un enfant, quelque chose qu’il n’est pas en mesure d’assimiler et d’apprécier »
    20 ans d’enseignement de la langue allemande. Même expérience que Monsieur Claude Haenggli ci-dessous.

  2. Posté par Sertorius le

    Appelons les membres du PS pour ce qu’ils sont. Ils ne sont pas des socio-démocrates mais des Trotskistes pur et dur. Ils sont en alliance avec les globalistes et anarchistes du PLR car les deux ont finalement le même agenda propre à leur modus operandi: l’anarchisme et le chaos qu’ils fermentent et exploitent dans toutes leurs causes politiques, économiques, et sociales. Ils ont tout simplement réussi a faire un petit accord en partageant les profits de leur entreprise commune qui est le mondialisme et qui est ultimement criminel car il ne peut être accompli que par trahison au service d’envahisseurs étrangers: voici la raison principale pour la centralisation du pouvoir.

  3. Posté par Claude Haenggli le

    Merci M.Windisch pour ce commentaire plein de bons sens que j’apprécie en raison de mon expérience pédagogique (j’ai fait l’Ecole normale des instituteurs du Jura et enseigné l’allemand), de ma carrière professionnelle en Suisse allemande et de mon activité actuelle de traducteur littéraire. Il n’y a rien de pire que de vouloir imposer à quelqu’un, et à fortiori à un enfant, quelque chose qu’il n’est pas en mesure d’assimiler et d’apprécier. C’est la meilleure manière de l’en dégoûter pour toujours. Les Suisses romands qui se battent pour l’enseignement prématuré du français dans les écoles de Suisse allemande ne se rendent pas compte qu’ils rendent un très mauvais service à la langue française.

  4. Posté par Sébastien le

    Pas du tout d’accord! Apprendre une deuxième langue nationale à l’école avant l’anglais fait partie de la culture de ce pays! Vouloir abandonner cette façon de faire est pour moi un comportement anti-patriotique qui va à l’encontre de nos traditions et de notre identité!
    Je vous rappelle que l’anglais n’est pas une langue neutre comme le serait l’esperanto mais un outil anti-démocratique et mondialiste dangereux qui ne sert que les intérêts culturels et économiques des anglo-saxons!

  5. Posté par MMD le

    Comment la Suisse a-t-elle fait pour tenir jusqu’à présent sans Harmos et sans M. Berset ?

Et vous, qu'en pensez vous ?

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