Sadiq Khan, premier d’une longue série

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens

Les sondages ne se sont pas trompés: le candidat travailliste Sadiq Khan sera le prochain maire de Londres, devenant la troisième personne à occuper cette fonction depuis la création du poste en 2000. Le malheureux candidat conservateur Zac Goldsmith - héritier du milliardaire James Goldsmith qui mena en 1994 une liste européenne souverainiste avec Philippe de Villiers - n'a pas réussi à mobiliser les citoyens.

Qui connaît le nom du maire de Rome, de Berlin, de Madrid? L'agitation médiatique autour de cette élection est liée à un aspect bien particulier de sa candidature: M. Khan est le premier maire musulman d'une grande capitale occidentale. Et cela change tout.

élections,royaume-uni,londres,sadiq khan,islamDepuis son élection avec 57% des suffrages, tous les médias s'intéressent à son histoire, un parcours qui fleure bon un rêve américain sur la Tamise. Né en 1970 dans une famille pakistanaise immigrée au Royaume-Uni, Sadiq Khan passe sa jeunesse avec six frères et sœurs dans un HLM. Son père est chauffeur de taxi, sa mère couturière. Dans la rue, il est volontiers bagarreur lorsqu'on le traite de "Paki" - il fait même de la boxe pour améliorer ses chances, mais sa petite taille joue contre lui. À l'école, il espère d'abord devenir dentiste mais ses qualités oratoires orientent sa carrière vers une formation d'avocat. Il entre dès quinze ans au Parti travailliste et gravit peu à peu les échelons électoraux, depuis un premier poste d'élu en 1994 jusqu'à son succès de cette semaine.

Le côté face est un peu moins reluisant. M. Khan s'est retrouvé plusieurs fois en contact avec des islamistes radicaux - non seulement pour en prendre la défense au travers de son activité professionnelle, mais aussi par des liens familiaux. Il a ainsi longtemps été proche de Babar Ahmad, le terroriste islamiste qui inspira les attentats de Londres de 2005. Politiquement, ses positions travaillistes se marient fort bien à des revendications communautaristes. Il plaide pour l'entrée de la Turquie dans l'UE parce qu'il ne veut pas voir celle-ci comme un "club chrétien" ; il a soutenu le boycott d'Israël ; il réclame "moins de blancs" comme employés dans les services de transport publics... Et à côté de tout cela, annonce une politique de gauche tout ce qu'il y a de classique, contrôle des loyers, construction de HLM, gel du tarif des transports publics pendant quatre ans, autant d'arguments qui font mouche auprès d'une population londonienne excédée par le coût de la vie dans la capitale britannique. La droite est quant à elle rassurée par son discours de tolérance vis-à-vis de la City.

Sadiq Khan est-il le loup islamiste entré dans la bergerie, paré d'un joli costume en peau de mouton? Son ambiguïté est mieux tenue que celle d'une certaine famille Ramadan plus proche de chez nous. Certains aspects donnent à penser que Sadiq Khan a effectivement du recul vis-à-vis de ses coreligionnaires, par exemple lorsqu'il vote en faveur du mariage homosexuel, ce qui lui vaudra d'ailleurs des menaces de mort.

Beaucoup de Londoniens posèrent ces questions, mais le Parti travailliste eut tôt fait de les dénoncer comme "attaques personnelles" sans répondre sur le fond. Il put d'autant facilement s'épargner la polémique que la dynamique démographique suffit à elle seule à gagner la campagne. L'évolution de la population londonienne la pousse littéralement dans les bras des islamo-gauchistes, une trajectoire qui sera encore renforcée par le programme politique du nouveau maire.

Les Londoniens n'ont pas cherché à créer un symbole ; ils ont simplement agi en fonction de leurs valeurs. Une partie des électeurs a voté selon ses convictions politiques, une autre selon ses convictions religieuses. Les musulmans, en forte progression, représentent désormais 12,4% de la population londonienne. Ils se sont mobilisés pour "leur" candidat. Sadiq Khan dénonce publiquement le radicalisme, mais des musulmanes voilées dansaient dans l'assemblée lors de ses discours... Peut-être incarne-t-il enfin cet islam modéré que tant attendent, peut-être manie-t-il la taqiya avec talent ; toujours est-il que les populations musulmanes non intégrées des Tower Hamlets ou de Spitalfields l'ont soutenu sans état d'âme. Dans les banlieues londoniennes, les zones où s'appliquent la charia ne demandent qu'à grandir.

Sadiq Khan incarne littéralement la puissante alliance islamo-gauchiste. Sa force électorale est indiscutable. Pourtant, la lune de miel ne saurait durer. Les deux amants ont leurs propres incompatibilités ontologiques. La victoire éclatante de l'avocat d'origine pakistanaise éveille la conscience politique des musulmans, nous dit-on ; de ce fait, elle porte aussi les germes de la rupture. Sous peu, les musulmans britanniques (et d'autres régions d'Europe) pourraient se sentir pousser des ailes et rejeter la férule des socialistes locaux, un divorce qui provoquera de belles crises.

Sadiq Khan est le premier maire musulman d'une grande capitale occidentale et cette nouveauté sera scrutée de près. Gageons que nous saurons assez vite, sur plusieurs questions symboliques, vers quel ascendant politique penche sa conscience.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch, le 8 mai 2016

11 commentaires

  1. Posté par LEBOEUF le

    Le doigt a été mis, voire enfoncé, dans un engrenage désastreux. Un sursaut énergique s’impose si nous voulons surmonter la domination qui se profile.

  2. Posté par C. Donal le

    Recensement Royaume-Uni, en 2001 à Londres, pourcentage d’Anglais blancs (white British), 59.79 %. En 2011, 44.89 %. Et aujourd’hui ?
    Une question de survie, car lorsqu’ils seront non pas minoritaires, mais en voie de disparition, que va-t-il se produire en matière de reconnaissance pour eux ? Les autochtones anglais, auront-ils encore le droit de vivre à Londres ?

  3. Posté par claire favretto le

    On se fait boufer , on s’est fait boufer ! C’est foutu ! Nos beaux pays sont envahis par la racaille qui va les bousiller très très vite .
    Bonne chance a tous ! En tout cas le flegme anglais n’a pas été une bonne chose ce cou ci! Ils sont pas allés voté ou quoi les londoniens de souche ?

  4. Posté par claire favretto le

    Réfugiés welcome ! Ça c’est une très bonne nouvelle pour les Calaisiens puisqu’il va DONC laisser venir les 10 000 clandestins qui sont actuellement dans la Jungle de Calais et veulent aller en Angleterre .

  5. Posté par Andrea le

    Si 12% des habitants élisent leur représentant, cela indique le niveau de mobilisation des patriotes. Cela s’applique partout en Europe (le continent).
    Si vous comptez les bisounours mondialistes et leurs manoeuvres visant l’augmentation artificielle de leurs voix, comme les naturalisations à tout-va, il est très clair que la prise de pouvoir n’est qu’à son début.

  6. Posté par Bussy le

    L’islam étant incompatible avec la démocratie, les travaillistes londoniens ne vont pas tarder à se mordre les doigts, en plus de se faire remplacer aux postes de commandes par des musulmans.

  7. Posté par Anne Lauwaert le

    je pensais que pour avoir des musulmans au pouvoir il fallait qu’ils soient 50% + 1 … pas du tout, il n’y a que 12% de musulmans à Londres…

  8. Posté par G. Vuilliomenet le

    @ André Verk

    Vous faites erreur. Monsieur Montabert écrit « Ils se sont mobilisés pour « leur » candidat. Sadiq Khan dénonce publiquement le radicalisme, mais des musulmanes voilées dansaient dans l’assemblée lors de ses discours… ». Je pense que comme tout un chacun, il a vu ces deux photos de A. Khan, avant l’élection et après son élection. Il est certain qu’il aurait pu enfoncer le clou avec cet exemple.

  9. Posté par André Verk le

    Lorsqu’un population est majoritairement musulmane elle élit un gouvernement musulman et s’organise selon la charia.
    L’auteur n’a probablement pas pris connaissance du fait que la femme de cet homme ne portait pas de voile durant la campagne et en porte un dès l’élection acquise.
    Comme il n’a visiblement pas pris connaissance de la façon d’agir des musulmans, pourtant visible partout où ces gens vivent en majorité.
    Qu’il se pose encore des questions concernant l’ascendant politique de cet homme en dit malheureusement long sur sa vision irénique de l’islam.
    Cette candeur est suicidaire.

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