Le paradoxe polonais

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La Pologne est dans l’Europe, mais ce bon élève de la classe européenne  joue la dissidence face à une oligarchie de plus en plus délégitimée.

Elle y est d’abord par rejet de l’empire soviétique d’où ses positions d’un zèle atlantiste qui déroute. La Pologne a d’ailleurs adhéré à l’OTAN (1999) avant d’adhérer à l’UE (2004). Il faut se souvenir qu’en 1945, Staline avait anéanti tous les dirigeant du PC «  national » polonais pour le remplacer par un parti « made in Moscou ». Bierut était son secrétaire général (il se suicida à Moscou lors du XXe Congrès) et, maître de la Pologne de Yalta, il arriva dans les bagages de l’Armée rouge.

Le 17 septembre 1939, L’Armée rouge avait  envahi la Pologne orientale pour « protéger les populations » deux semaines après l’invasion allemande. Le Pacte germano-soviétique aidant, Krivochéine et Guderian assistèrent de concert au défilé des troupes de l’Armée Rouge et de la Wehrmacht à Brest-Litovsk. Et, bien sûr, il y a eu le massacre des officiers polonais à Katyn.

Aujourd’hui si la Pologne craint toujours son voisin de l’est, c’est néanmoins d’Allemagne,  et donc de l’Europe institutionnelle, d’une part que vient pour elle l’inquiétude, par les déclarations inconsidérées d’Angela Merkel sur l’accueil d’un million de réfugiés, et du sud d’autre part, chemin historique traditionnel des invasions turques et tatares.

Avec la victoire, en octobre 2015, du Parti Droit et Justice (PIS), dirigé par le nationaliste conservateur Jaroslaw Kaczynski et son premier ministre Beata Szydlo, le pays s’est rapproché du président tchèque Milos Zeman totalement opposé à l’immigration musulmane et pour qui « La menace terroriste est liée à la crise des migrants », mais aussi de Victor Orban dont le pays fut le premier à mettre des barbelés à sa frontière. Une sorte de front commun eurosceptique portant un coup sévère à l’espace Schengen. Paradoxe d’une Pologne qui suit plutôt la politique de Poutine que celle de Washington. S’est ainsi constitué le groupe de Višegrad auquel il faut ajouter la Slovaquie.

De même, la Pologne a refusé la politique des quotas imposée par la Commission européenne avant de faire marche arrière sous la pression de du polonais Donald Tusk, président du Conseil de l’Union européenne et de la menace de non versement de fonds structurels européens. Quant à la politique démographique, c’est tout le contraire de l’Allemagne. À partir du 1er avril, l’État polonais versera aux familles 500 zlotys (environ 120 euros) par enfant et par mois à partir du deuxième enfant. Cette allocation ne sera pas conditionnée au niveau de revenu, mais elle sera versée à partir du premier enfant pour les familles où le revenu par tête est inférieur à 800 zlotys (taux de fécondité : 1,3 enfants par femme).

L’impudence  de Bruxelles

Mais voilà que ce bon élève de l’Union se montre bien  ingrat, ce qui motive l’ouverture à Bruxelles d’une procédure de « sauvegarde de l’État de droit ». L’insupportable prétention de l’UE à vouloir se faire l’éducateur des peuples atteint ici son comble. Vendredi 11 mars, la commission de Venise, organe consultatif du Conseil de l’Europe, s’alarme d’une loi, adoptée fin décembre par le Parlement polonais, qui impose un quorum, de 13 juges sur 15, pour statuer dans les affaires importantes. Il s’agit, en substance, que la loi constitutionnelle ne travaille pas  contre l’intérêt national, un peu comme le préambule de notre constitution qui permet toutes les condamnations des lois nationales au motif de l’antiracisme. Mais le pire, sans doute, pour l’oligarchie européenne, c’est que le pouvoir polonais veuille s’en prendre aux medias dans leurs dérives antinationales. Elle ne s’y est pas trompée tant, en Europe, l’oligarchie médiatique est la sœur jumelle de l’oligarchie politique, la loi et les prophètes de l’européennement correct.

Au final, dans ce jeu des relations entre pays européens, qui reste largement géopolitique, la France non plus n’est pas le partenaire qu’elle fut jadis. Qui se souvient encore des liens étroits entre nos deux pays jusqu’en 1939 ? On y parlait encore le Français.

Reste un seul partenaire possible pour la Pologne patriotique, le Royaume Uni, qui, comme elle, n’est pas dans l’eurozone. Les députés européens du PiS siègent déjà dans le groupe Conservateurs et réformistes européens fondé par les Tories. Et, l’on s’en souvient peut-être, ce fut Londres qui  accueillit en 1939, le gouvernement Polonais de Mycolajcyk en exil.

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