En Allemagne, l’extrême droite triomphe face au parti d’Angela Merkel

NDLR. Toujours le même réflexe politique et journalistique : « extrême droite  » et « xénophobes ». Proche du niveau zéro de l’analyse politique…

 

INTERNATIONAL - Un tabou est en passe de tomber dans l'Allemagne d'après-guerre à la suite du succès dimanche lors d'élections régionales du mouvement AfD, qui confirme l'enracinement de la droite populiste dans un pays faisant jusqu'ici exception en Europe.

Le mouvement Alternative pour l'Allemagne (AfD) a recueilli entre 10% et 23% des voix lors des trois scrutins pour les parlements régionaux qui se tenaient dimanche, selon les sondages à la sortie des bureaux de vote ou les projections des chaînes de télévision publique. A plus de 20%, ce serait du jamais vu dans une élection de ce type dans l'Allemagne d'après-guerre. Ce n'est pas la première fois que l'Allemagne depuis 1945 est confrontée à une poussée de telles formations.

Ce fut le cas dans les années 1960 avec les ultra-nationalistes du NPD, puis à la fin des années 1980 et au début des années 1990 avec les Republikaner ou encore à la fin des années 1990 de la DVU. Mais à chaque fois, ces succès se sont révélés éphémères, les Unions chrétiennes CDU et CSU parvenant finalement à atteindre l'objectif historique qu'elle s'étaient fixé: empêcher, en ratissant très large, qu'un parti ne s'installe à leur droite dans l'Allemagne d'après-guerre.

Lutte contre l'euro et discours anti-réfugiés

Le parti a été fondé il y a trois ans par Bernd Lucke, un professeur d'économie de l'Université de Hambourg (nord) et a rapidement séduit les déçus des partis politiques établis dont la CDU. Il surfait alors sur la vague de mécontentement liée à la crise de l'euro et, plus particulièrement, sur le sentiment assez répandu dans l'opinion allemande que les contribuables n'en finissaient plus de payer pour les erreurs des autres membres de l'Union européenne moins vertueux.

extreme droite allemagneFrauke Petry

Avec l'arrivée d'un million de demandeurs d'asile en 2015, le parti dirigé par Frauke Petry, quarantenaire au verbe sec et aux formules choc, se fait ainsi le héraut des opposants à la politique jugée trop libérale d'Angela Merkel. La chef du parti a par exemple créé la polémique en suggérant que la police fasse "au besoin" usage d'armes à feu pour empêcher les migrants d'entrer en Allemagne. Accusé de flirter avec l'extrême droite, l'AfD rejette ce qualificatif, se définissant comme "conservateurs de droite" ou "libéraux de droite".

Une césure en train de se produire

Les enquêtes d'opinion montrent depuis longtemps qu'un potentiel proche de celui d'autres pays européens existe en Allemagne pour un parti populiste xénophobe. Mais le passé nazi du pays et le sentiment de culpabilité encore très répandu ont agi comme un frein en comparaison de l'Autriche, de la Suisse ou de la France. Avec l'AfD, et en raison du mécontentement provoqué par l'arrivée d'un million de migrants en 2015 dans le pays, le sentiment gagne du terrain qu'une césure est en train de se produire.

Au vu des sondages actuels le parti pourrait entrer au Bundestag, la chambre fédérale des députés, lors des élections législatives en 2017, ce qui serait sans précédent pour un mouvement de ce type, que le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a qualifié récemment de "honte pour l'Allemagne". "Jusqu'ici les parti populistes de droite ou d'extrême droite étaient politiquement 'tabouisés', considérés comme un corps étranger dans la sphère politique", souligne le politologue allemand Wolfgang Merkel dans le quotidien Tagesspiegel.

Mais pour Wolfgang Merkel, le tabou entourant ce type de mouvements pourrait désormais tomber. "Dans ce cas, nous devrons vivre avec l'AfD comme la France avec le Front National ou la Suisse avec l'UDC et être confrontés à la xénophobie au quotidien dans le discours politique", redoute-t-il. La progression du mouvement dans l'opinion est spectaculaire depuis sa création en 2013 avec des transfuges de la CDU. Grâce à ses succès de dimanche, il va être désormais représenté dans la moitié des 16 parlements régionaux du pays.

"L'AfD est un enfant de Merkel"

Après avoir fait florès sur l'euroscepticisme et la dénonciation de l'aide des contribuables allemands aux pays les plus endettés de la zone euro, il prospère désormais comme parti anti-immigrés en jouant sur les craintes alimentées par la crise des réfugiés.

A la faveur de la crise migratoire "nous assistons à une certaine forme de normalisation par rapport aux mouvements populistes de droite ailleurs en Europe, même si dans le cas de l'Allemagne, où on ne peut pas faire abstraction du passé, cela prend un caractère forcément particulier", indique à l'AFP Andreas Rödder, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Mayence

A l'origine surtout ancrée régionalement dans l'est de l'Allemagne, "l'AfD devient un parti allemand national", souligne le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung. Une progression qui pour certains est la conséquence directe de la stratégie politique de recentrage opérée par Angela Merkel pour son parti conservateur CDU depuis 10. Elle a eu pour effet d'asphyxier l'opposition sociale-démocrate mais aussi de frustrer l'aile droite de son parti.

"Avec la 'social-démocratisation' et donc un glissement vers la gauche de la CDU opéré sous le mandat de la chancelière, il n'est plus aisé pour les chrétiens-démocrates de réussir le grand écart", souligne Bernhard Wessels, politologue de l'université Humbold à Berlin. Le quotidien conservateur Die Welt va même plus loin: "l'AfD est un enfant de Merkel" car la CDU "a renoncé à son identité".

Lire aussi :

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• Le modèle social allemand a pris du plomb dans l'aile en 2015

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6 commentaires

  1. Posté par Elsaesser le

     » L’extrême-droite » confirme sa poussée en Allemagne  » titre la presse gaucho- mondialo-immigrationniste.
    En effet : 15.1 dans le Baden Württemberg
    12.6 dans le Rheinland-Pfalz
    et 24.2 en Sachsen-Anhalt
    Résultats remarquables pour un parti qui n’existait pas il y a trois ans, mais compte tenu des millions d’islamistes que merkel veut faire encore venir en Allemagne, on pouvait espérer des scores nettement plus élevés.
    Mais parait-il, d’après le canard gaucho  » Le point » , que la « cote de popularité de la Führerin est de nouveau à la hausse après quelques mois d’un léger désamour » !
    En attendant, mes pronostics pour le prochain tiercé, si vous jouez aux courses:
    15-12-24 !

  2. Posté par C. Donal le

    Le camp du « juste » ainsi que Merkel estiment que la communication n’a pas été assez transparente et qu’ils redoubleront d’effort pour se faire comprendre. Très inquiétant, encore plus d’autoritarisme donc ? Ils font pourtant bien remarquer qu’ils ne travailleront pas avec l’AfD qui ne serait pas un réel parti selon bien des intervenants entendus hier soir. L’autoritarisme se muera-t-il en totalitarisme ouvert ? Les représentants de l’UE se rencontrent dès aujourd’hui pour plancher sur l’accueil accéléré de « réfugiés ».
    http://lesobservateurs.ch/2016/03/13/lue-met-turbo-requerants-provenance-de-turquie/
    http://lesobservateurs.ch/2016/03/13/suisse-plan-daccueil-durgence-confidentiel-gouvernement-federal-se-prepare-a-afflux-soudain-de-refugies/

  3. Posté par Sergio Morosoli le

    À l’instar de tous ceux qui nous gouvernent, le camp du bien allemand n’est pas impressionné du tout par les ravages causés par le nouveau parti AfD. Bien au contraire, les tenants du pouvoir disent ne rien vouloir changer et de continuer sans dévier d’un iota, sur la ligne qui a été clairement définie. En d’autres termes, il ne sera tenu aucun compte du vote exprimé ce dimanche.

  4. Posté par Tommy le

    Je n’ai jamais bien saisi le sens du terme  » populiste » .
    Cela réfère, me semble-t-il du moins, au peuple, composant essentiel d’une nation.
    Si ce peuple est confronté, dans son quotidien, à des comportements qui lui déplaisent, il l’exprime.
    En l’exprimant, il se trouve tout de suite voué aux gémonies par une autre classe sociale, épargnée par ces agissements. Les politiques, les bobos, les bien- pensants , les honteux, etc..
    J’ai souvent cherché à savoir quel est l’antonyme du terme  » populiste » . Est- ce « élitiste, privilégié , intellectuel » , que sais-je?
    Chers internautes, répondez moi!

  5. Posté par Cenator le

    Après l’accident de Fukushima, les partis écologistes avaient enregistré une progression lors des élections. La Radio romande n’avait osé qu’une seule fois, avec force excuses et précautions, demander si ces partis avaient en quelque sorte profité de cet accident.
    Ces jours-ci, la Radio romande ne cesse de répéter, sans réserve ni retenue, que la crise migratoire « profite » aux partis d’ « extrême droite ».

  6. Posté par Vautrin le

    Ah ben je suis en passe de gagner on pari (remarquez, ce n’était pas difficile !) : la presse bien-pensante couine à « l’extrême drwââââte » et fait revenir le fantôme du NSDAP. Au fait, pourquoi parle-t-on d’extrême-droite, alors que l’on emploie « la gauche de la gauche » pour « l’extrême gauche » ? Les médiastres sont stupides !

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