France: Des adolescentes voulaient faire un attentat « comme Merah »

Le Monde relate dans son édition datée de vendredi l'histoire de cinq adolescentes françaises, en contact via Facebook, qui rêvaient de faire le djihad pour "tuer au nom d'Allah". Deux d'entre elles s'imaginaient même se "faire sauter" dans un quartier juif de Lyon.

Des jeunes filles, âgées de 14 à 19 ans, qui rêvent de grandeur et évoquent les beaux garçons. Sauf qu'elles parlent de "mourir en martyr" et de projet de mariage avec des djihadistes en Syrie. Dans son édition datée de vendredi, Le Monde publie une enquête sur "une bande de filles", qui se "sont connues sur Facebook et ne se sont jamais rencontrées". Les écoutes téléphoniques et leurs auditions avec les policiers, que publient le journal, sont glaçantes.

L'une d'elles, que le quotidien appelle "Camille", a été incarcérée début janvier alors qu'elle était sur le point de partir pour le "califat" de Daech. Une autre, "Vanessa", 19 ans, en détention en France depuis son retour de Syrie l'été dernier, a été dans le même temps laissée libre, sous contrôle judiciaire, après une tentative de suicide en prison. Avec elles, deux autres adolescentes sont également placées sous contrôle judiciaire depuis leur mise en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. La cinquième, Léa, serait toujours en Syrie.

Un quartier de Lyon où il n'"y a que des juifs"

Tout a commencé avec la fugue de cette dernière, en juin 2014. Elle n'avait alors que 14 ans et était encore au collège. Dans un mot laissé à ses parents, Léa expliquait être "partie de ce pays qui [l']empêche de pratiquer [sa] religion correctement en toute liberté". Les renseignements français découvrent qu'elle est en contact sur Facebook avec un djihadiste de 22 ans originaire de Nîmes, Brahim El Khayari, qui a fait du "recrutement de jeunes filles mineures (sa) spécialité", écrit Le Monde. Celui-ci est déjà apparu sur plusieurs vidéos de l'Etat islamique.

Outre El Khayari, les enquêteurs découvrent que Léa est en relation avec deux adolescentes qu'elle semblent n'avoir jamais rencontrées : Camille, alors 15 ans, et Juliette, 14 ans. Entendues puis placées sur écoute, les adolescentes évoquent entre elles leur funeste dessein. Conseillées depuis la Syrie par Vanessa, elles évoquent avec une troisième, Fatima (17 ans), un projet d'attentat en France. Par SMS, Camille dit ainsi à Fatima vouloir se "faire sauter en kamikaze" et parle de la Tour Eiffel. Son interlocutrice lui dit qu'il risque d'y avoir "beaucoup de muslim [musulmans]" sur place. Alors elle lui suggère plutôt un quartier de Lyon où il n'"y a que des juifs" (sic). Si Le Monde souligne que ce projet était alors "loin d'être abouti", les trois filles sont interpellées en août 2014.

"Il y en a qui veulent faire tout comme Rihanna, moi je veux tout faire comme Merah"

Devant les enquêteurs, Camille reconnaît vouloir commettre un "attentat comme Merah ou tout faire sauter en kamikaze". "Mon projet, c'était plus une fusillade qu'un attentat kamikaze, c'est dur de trouver des explosifs en France même si je n'en ai jamais cherché", dit-elle. De Mohamed Merah, le terroriste qui a abattu en 2012 des militaires à Montauban et des enfants juifs à Toulouse, elle évoque sa fascination. "Il y en a qui veulent faire tout comme la chanteuse Rihanna, et bien moi, je veux tout faire comme Merah", explique la jeune fille.

Fatima et Juliette, pour leur part, évoquent lors de leur garde à vue leurs tendances suicidaires. La seconde reconnaît regarder les vidéos de décapitation sur Internet et pensent que "ceux qui ont été tués ont dû mériter ça". Au téléphone, les copines parlaient de leurs "frères". Camille se disait "quécho" [choquée, NDLR] après que l'un d'eux soit "tombé en martyr". "Tu l'aurais vu, il était trop beau", dit-elle à Fatima. Une autre fois, elle se flatte de ne plus "compter toutes les demandes en mariage" : "Je vais me retrouver polygame avec 50 maris moi là-bas", s'amuse-t-elle.

Le Monde fait le lien entre ces adolescentes, "issues de la classe moyenne et de familles peu ou pas pratiquantes", qui ont découvert l'islam radical sur Internet. Influençables et comme piégées par "une adolescence sans espoir transcendée par une issue mystique", elles se sont faites embrigadées par les "chasseurs en ligne" de Daech. Sous contrôle judiciaire, Camille avait participé au programme de déradicalisation de Dounia Bouzar et reconnaissait en Daech "une secte". Mais une récente écoute téléphonique a permis aux enquêteurs de découvrir qu'un "recruteur était sur le point de l'exfiltrer".

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