Votations 28.2.2016 : Renvois des criminels étrangers. Vote, mensonges et vidéos

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens

Alors que nous entrons dans la dernière ligne droite du vote du 28 février les forces en présence jettent leurs dernières forces dans la bataille. Chacun tente de mobiliser les partisans de son camp et les réseaux sociaux sont un moyen privilégié pour y parvenir.

Les buzz anti-UDC du moment, évidemment relayés avec empressement par les médias, concernent par exemple la vidéo "anti-macho" de Camille Carron. La jeune femme s'insurge contre un tout-ménage de l'UDC invitant les gens à voter pour le renvoi des étrangers criminels pour protéger "leurs femmes et leurs filles". Coup de gueule improvisé de l'adolescente de 19 ans qui la jeta sur le devant de la scène peut-être plus qu'elle ne l'aurait voulu elle-même. Une interview montre que les limites de sa réflexion politique sont assez vite atteintes :

Camille Carron: (...) À la base, c’était juste un peu d’humour pour montrer tout de même mon indignation devant le slogan de l'UDC. Beaucoup de gens m’ont alors parlé des agressions à Cologne. Cependant, ce n’était pas le thème de ma vidéo. Je voulais parler du statut et de l’image de la femme au sein de l'UDC et non pas de la votation elle-même. Je tiens aussi à dire que je ne suis pas anti-UDC, je pense qu’il y a du bon partout. Je vote les idées pas les partis.

Alimuddin Usmani : Les gens vous parlent des agressions sexuelles de Cologne car il est évident que l’UDC, dans l’affiche que vous brandissez au début de la vidéo, fait une allusion à l'actualité qui s’invite dans cette votation qui vise à expulser les criminels étrangers. Que pensez-vous de ce qui s’est passé à Cologne?

Camille Carron : Voilà, écoutez, je vous ai dit ce que j’avais à dire. Je ne m'attendais pas à ça. J'assume tout à fait mais j'ai une vie d’étudiante à côté et je ne voudrais pas que tout ça perturbe trop mes études. Mais merci de votre intérêt.

La forme plutôt que le fond... Il vaut mieux, en effet. Face à un scrutin crucial qui pourrait décider de la survie de notre mode de vie, on est quelque peu atterré par la superficialité des arguments employés par les adversaires de l'initiative. On jette aux orties un texte constitutionnel parce qu'on n'aime pas un slogan? Un visuel de campagne? Une phrase? Et on nous parle ensuite de "superficialité"?! Cela prêterait à rire si le sujet n'était pas si grave.

Mais, parlant de fond, un nouveau pallier fut atteint quelques jours plus tard avec une autre vidéo évidemment relayée dans Le Matin: le complot des moutons. Dans ce clip joyeusement monté, quatre moutons blancs, interprétés par trois femmes blanches et un homme blanc, courent à Lausanne autour de la place de la Palud pour attraper un pauvre mouton noir inquiet - interprété par une femme noire. Mais tout est bien qui finit bien: les moutons blancs ne cherchaient le mouton noir que pour lui faire de gros câlins. Et le clip politique de s'achever sur les slogans "Ne sois pas un mouton. Tu n'es pas raciste!" et, bien sûr, "Non à l'initiative de mise en œuvre".

La vidéo est visible ici.

On se demande ce qui est le plus consternant: l'utilisation d'une personne noire pour évoquer un mouton noir? Le raisonnement gauchiste qui apparente tous les étrangers à des criminels? L'amalgame entre le renvoi des criminels, gage de paix et de sécurité, et le racisme? La bêtise générale de la campagne qui, loin d'amener l'électeur à la réflexion, l'invite à se comporter comme un mouton de Panurge?

Il est assez triste de voir ce genre d'expédient employé dans une campagne politique aussi importante, parce que son existence même implique qu'un certain public y soit sensible.

Mais quitte à parler des enjeux en vidéo, voyons donc un autre message, celui d'une jeune Allemande de seize ans qui n'en revient pas d'assister en direct à la destruction de son pays à travers l'immigration totalement incontrôlée de centaines de milliers d'individus allogènes au comportement souvent criminel. Un véritable cri du cœur que tout le monde devrait voir, en particulier les plus jeunes, car c'est bien leur avenir dont il est question ici...

Cette vidéo-là fit elle aussi le buzz - avant que facebook ne décide unilatéralement de la supprimer. N'en subsiste que la version anglaise sous-titrée, qui attira tout de même plus de 400'000 vues en un mois.

Bizarrement, aucun média romand n'en parle. J'aurais bien aimé une petite discussion entre Camille Caron et cette jeune fille de trois ans sa cadette.

Alors que l'Europe se déchire sur les hordes de faux requérants d'asile, que les agressions sont toujours plus nombreuses et que Mme Sommaruga se bat à Bruxelles pour que la Suisse reçoive plus de ces migrants, la votation sur les criminels étrangers du 28 février est probablement la dernière chance d'éviter l'écueil avant qu'il ne soit trop tard.

Votez.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch, le 26 février 2016

3 commentaires

  1. Posté par pierre frankenhauser le

    D’après les premiers dépouillements des bulletins de vote, je crois bien hélas qu’on se dirige vers un dimanche noir, pour paraphraser Jean-Pascal Delamuraz.

  2. Posté par henri le

    Pourtant cela se passe aussi en Suisse (Lausanne et environs).

  3. Posté par John Simpson le

    Excellent article de Monsieur Montabert. Puisse le bon sens l’emporter demain!

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.