Islam et islamisme

Frank Leutenegger
Journaliste, retraité RTS,  www.swissguns.ch

Islam et islamisme

 

Le juriste égyptien à la retraite, Muhammad Sa'id al-'Ashmawi, a déclaré un jour que "Dieu voulait que l'Islam fût une religion, mais les hommes ont voulu en faire une politique".

 

Selon l'encyclopédie en ligne Wikipedia, "l'Islam est une religion s'appuyant sur le dogme du monothéisme absolu (l'adoration du Dieu unique sans lui attribuer aucun associé) et prenant sa source dans le Coran, considéré comme le recueil de la parole de Dieu, révélée à Mohamed. Un adepte de l'Islam est appelé un musulman".

 

Wikipedia encore: "L'islamisme est un courant de pensée musulman, essentiellement politique, apparu au XXe siècle. (...) Il peut s'agir par exemple, du choix conscient de la doctrine musulmane comme guide pour l’action politique ou encore, selon d'autres, une idéologie manipulant l'islam en vue d'un projet politique.

 

L'Islam est une religion. On y adhère ou on n'y adhère pas, selon son choix et celui de la société dans laquelle on a été élevé. Comme le dit le Coran lui-même (S10.V100), "Aucune âme ne connaîtra la foi sans que Dieu ne l’ait permis."

 

L'islamisme est un courant politique. Et comme tout ce qui est politique, il charrie quelques bonnes choses et beaucoup de saletés. Les bonnes choses, tous les bien-pensant gaucho-pleurnichards vous les répètent à l'envi: respect des gens, de la vie, de la liberté sont au programme électoral de l'islamisme, comme la protection des faibles, etc.

 

Les saletés, c'est l'intégrisme presque inhérent à l'islamisme, même si certains se veulent "modérés". La Charia est la loi islamique qui codifie à la fois les aspects publics et privés de la vie d’un musulman, ainsi que les interactions sociétales. Elle émane du Coran et ne saurait donc être discutée, car le Livre n'est pas œuvre humaine, mais a été dicté par Dieu à Mohamed.

 

Sauf que ce droit musulman appelé Charia ne fait que dériver du Coran (deux ou trois citations assez vagues). Les islamistes voudraient voir leur Charia (la jurisprudence la plus sévère) appliquée partout dans le monde. Normal, puisque c'est la parole de Dieu. Ils oublient systématiquement la dimension du choix que leur Dieu lui-même accorde à tout un chacun.

 

Le problème est multiple, pour ceux qui ne suivent pas leur doctrine. Tout d'abord, l'acception actuelle va totalement à l'encontre du courant de tolérance dont ils ne veulent pas. Si on considère comme exemple de la Charia le pays qui prétend l'appliquer de la manière la plus pure, l'Arabie saoudite, on a effectivement de quoi s'inquiéter.

 

Enfin, les actions et les positions actuelles du nouvel Etat islamique ne peuvent que faire frémir, de dégoût autant que de peur. "Ils ne sont pas musulmans, ils sont extrémistes", clament les "modérés. "Pas d'amalgame", piaillent les bien-pensants occidentaux. Pour une fois, je suis d'accord avec le président iranien Hassan Rohani, qui a estimé (27 décembre 2015) que "les pays musulmans ont la plus grande responsabilité de corriger l'image de l'Islam dans l'opinion publique mondiale".

 

C'est en effet aux musulmans, aux adeptes de l'Islam, non seulement de dénoncer l'extrémisme dans leurs rangs, mais aussi de le combattre. Se contenter de proclamer l'Islam religion de paix (ce qui est sans doute vrai) après chaque attentat meurtrier ne suffit pas. Les musulmans d'aujourd'hui doivent agir et montrer qu'ils peuvent garder leur foi sans adhérer à l'islamisme, en élaborant une nouvelle manière de pratiquer leur religion, un peu comme l'ont fait certains courant du judaïsme. Quand on ne pourra plus reconnaître un musulman en Europe, comme on ne peut reconnaitre un juif d'un chrétien ou d'un athée, ils auront gagné et cesseront de faire peur au reste du monde.

Et alors, nous serons tout d'accord, croyants et non croyants, pour dire avec eux " Allahou akbar", car c'est vrai que "Dieu est grand".

Frank Leutenegger, 3 janvier 2016

8 commentaires

  1. Posté par Chr le

    Et que faites vous de ceux, ou plutôt celles qui nous expliquent dans leurs livres, au périls de leurs vies, que l’Islam modéré est un miroir aux alouettes ? Avez vous lu Wafa Sultan, Djemila Benhabib, ou, pour citer quand même un homme, Hamid Zenaz ? Un journaliste à la retraite ce serait idéalement un journaliste qui peut enfin lire avant d’écrire :)?

  2. Posté par Dominique Schwander le

    Non, non et non! L’islam ne correspond pas du tout à notre conception européenne de la notion de religion. Evidemment, depuis la nuit des temps, chaque religion a sa propre appréciation de ce qu’il convient d’appeler religion! En Europe judéo-chrétienne et greco-latine, depuis Cicéron qui fut assassiné en 43 avant J-C, soit VII siècles avant la naissance de l’islam-idéologie, nous avons la nôtre. Dans nos langues européennes, où le terme religion est issu du terme latin « religio », la religion est envisagée comme ce qui concerne la relation entre l’humanité et Dieu, alors que dans le coran, le terme arabe « dîn », qui peut être considéré comme équivalent de notre terme religion, désigne la nature de l’islam comme un système idéologique tout à la fois politique, « religieux », militaire, économique, social, juridique, soit un mode de vie caractérisé par la soumission complète de l’individu à une divinité (Allah), à son messager (Mahomet), si ce n’est au lieutenant de Allah (calife). Comme le font certains de nos élus qui affichent leur antiracisme, s’opposent à la libre expression et cherchent à imposer une censure, définir la religion de façon simpliste, c’est-à-dire avec une vision simple et trompeuse, comme « un système de croyances débouchant sur une pratique partagée » . Une telle définition ouvre la porte à tous les abus; cela signifie que tant les idéologies comme le nazisme, le maoïsme, le castro-chavisme, l’islam-idéologie, etc, que des concepts à la fois économiques, sociologiques et politiques comme le capitalisme, ou des courants de pensée et de mouvances politiques comme le socialisme, ou encore des orientations telles que la pédophilie, l’homosexualité, la zoophilie, etc, seraient des religions! Ce n’est pas parce qu’on voue une sorte de vénération, un attachement passionné d’aficionado ou un culte à une des douze principales divinités gréco-romaines, un sportif dieu du stade, un petit dieu fils à maman, la politique, une idéologie, un « Führer », l’aveugle dieu du hasard ou le dieu dollar, etc, qu’on les considère comme supérieurs, qu’on croit ou fait croire que tel dieu, telle divinité, tel guide, tel messager, tel dirigeant, etc, ont des pouvoirs surnaturels, qu’on a une religion. Il y a croyance et croyance, superstition et superstition, religion et religion, idéologie et idéologie, secte et foutoir.
    Le mot islam signifie littéralement soumission. L’islam est une idéologie suprémaciste, totalitaire, sectaire, fanatique, politique, et fasciste déguisée en religion.

  3. Posté par Frank Leutenegger le

    A Ali
    Ne changeons rien au contenu des livres saints, paroles de Dieu. Nous sommes d’accord. Mais pour l’amour de ce même Dieu, cessons de choisir dans ces livres ce qui permet le pire chez l’homme !

  4. Posté par C. Donal le

    Tout-à-fait Monsieur Leutenegger. Merci. Mais une vue ethnocentrique occidentale imposée, il ne peut en être autrement à mon avis, est vouée à l’échec.Voyez le commentaire d’Ali à 14.36. La chape protectrice, querelleuse – dans le meilleur des cas – et totalitaire de l’Oumma est omniprésente.

  5. Posté par Ali le

    On ne doit pas changer les contenus de ces livres saints car sont les paroles de Dieu… Ceux qui ont touché à ces livres et détourné certains testaments avaient mis l’humanité dans le doute éternel.

  6. Posté par Frank Leutenegger le

    A C. Donal et Ali
    Merci de vos commentaires. Il est vrai que selon l’Islam, tout est écrit et qu’on ne peut toucher au Coran incréé (non créé par l’homme). D’ailleurs, la Tora, qui est l’Ancien Testament des chrétiens ne peut être modifiée non plus et – même si je ne pense pas qu’un interdit formel ait été formulé – cela m’étonnerait qu’on joue avec le Nouveau Testament.
    Ce ne sont pas les textes qu’il faut changer, ce sont les interprétations qu’en font les hommes. Les livres des trois religions sont si épais qu’on peut toujours y trouver le blanc et le noir et toutes les nuances de gris entre deux.

  7. Posté par C. Donal le

    Les paroles « allahou akbar » signifie pour l’adepte : dieu est plus grand que la souffrance, la mort ou l’ennemi, tout dépend de l’intention du moment; utilisées déjà en 624, lors de la bataille de Badr. Réformer le coran, message inaliénable apocalyptique, est impossible, interdit, malgré les vœux pieux et la prise de padamalgam 500.

  8. Posté par Ali le

    Tt est dit, seulement en ce qui concerne les ordres de Dieu pour les combats des Fidels, c’était uniquement pour les batailles de la libération de la Mecque dans le temps de Mahomet.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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