Hermanus critique son PS bruxellois

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LE PEUPLE.

Siège du PS à Bruxelles

Merry Hermanus
Merry Hermanus

Dans sa récente « Lettre ouverte au Président du PS et aux Membres de la Fédération Bruxelloise »,[1] Merry Hermanus, ancien homme politique et cadre du Parti Socialiste Bruxellois, dénonce avec réalisme les dérives électoralistes de son parti durant ces dernières décennies.

Tout en rappelant son attachement à son parti (« je n’ai nullement envie de déserter notre vieille maison commune le PS, même si aujourd’hui elle m’apparaît ressembler au ‘grand corps à la renverse’ dont parlait Sartre »), il dresse en une vingtaine de pages un tableau effroyable de la situation dans laquelle le PS a entraîné notre Capitale.

Dans son analyse, il aborde différents point de la politique bruxelloise, pour lesquels nous vous livrons quelques extraits choisis… histoire de vous donner envie de lire sa lettre ouverte en entier.[2]
Les emphases ont été rajoutées par la rédaction du Peuple.

Les institutions bruxelloises

institutions bruxelloises« (…) la vraie question est de savoir si la région de Bruxelles est institutionnellement gouvernable. L’invraisemblable usine à gaz mise au point par Dehaene et Moureaux ne pouvait fonctionner que sur base d’une loyauté régionale réciproque entre Néerlandophones et Francophones. Or, les ministres flamands ont dès le début été très clairs, leur loyauté était d’abord et avant tout flamande. (…) Comment dans ces conditions tenter la moindre gouvernance avec un exécutif composé de huit ministres, dont trois Néerlandophones dont chacun peut bloquer en totalité le fonctionnement d’une tuyauterie crachoteuse ? Le gouvernement est donc constamment coincé entre des exigences ou des blocages flamands et les élucubrations stupides de l’un ou l’autre ministre comme Smet (…) ».

« A cela s’ajoutent les aléas du mille-feuilles institutionnel bruxellois. (…) Tout observateur objectif ne peut que conclure que l’usine à gaz est bonne pour la casse, plus rien ne fonctionne correctement, tout le monde le sait, tout le monde le constate. (…) Mais voilà, la petite classe politique bruxelloise vit, et fort bien, de ce fouillis d’institutions disparates mais juteuses. »

La paupérisation

« La part bruxelloise dans le PIB national s’est effondrée. (…) Depuis la fin des années septante, la classe moyenne payant l’impôt a voté avec ses pieds, quittant la région. Elle a été remplacée par une population d’infra-salariés, d’assistés sociaux à l’avenir professionnel de plus en plus problématique. (…) Il y a près de sept cent cinquante mille emplois à Bruxelles, plus de deux cent mille sont occupés par des Flamands et plus de cent cinquante mille par des Wallons. Ces navetteurs génèrent des coûts considérables pour la région… mais payent leurs impôts dans la commune de leur domicile. Si on recourt à une analyse plus fine, il apparaît que les cadres supérieurs sont majoritairement des navetteurs. Pour nettoyer les bureaux, il reste des Bruxellois ! »

« (…) près d’un tiers des Bruxellois vit sous le seuil de pauvreté (…) Le pire est que cette chute vertigineuse des revenus bruxellois se poursuit sans discontinuer depuis les années septante. Jamais on n’a pu observer le moindre redressement. Une véritable descente aux enfers… Mais qui n’émeut personne. »

« (…) le chômage des jeunes il atteint l’effroyable record de 30 %, 40 % s’il faut croire les chiffres du VOKA. (…) la région est sinistrée au plan social, la courbe est descendante depuis les années septante, le tissus urbain se dégrade sans discontinuer, la mobilité est chaotique, l’engorgement est généralisé et fait rire l’Europe, la paupérisation galopante, l’enseignement sinistré, l’insécurité croissante, etc. »

« Stratégies dynastiques et communautarisme, les deux mamelles du PS bruxellois »

« Les militants se sont évanouis (…) Au niveau du parti la structure est donc devenue la suivante : une bonne base électorale, des élus majoritairement issus de l’immigration, sans oublier la crème, cerise sur le gâteau, une dose de plus en plus importante de fils, filles, compagnons, compagnes, nièces ou neveux de… La classe intermédiaire des militants a disparu, elle s’est volatilisée, donc plus de contrôle, plus de contestation, plus de compte à rendre. Les congrès ne sont qu’une chambre d’enregistrement ».

« A Bruxelles, les campagnes ne sont plus que communautaires, le programme ne compte que pour la presse et les adversaires, un nombre considérable de candidats s’en fichent complètement. (…) Les tracts en arabe, en turc en albanais sont légions, plus personne ne s’en offusque à la fédération bruxelloise. »

« Au-delà de la question fondamentale de la transmission et de l’adhésion à nos valeurs, se pose indéniablement la question de la sauvegarde des principes de laïcité (…)

  • Comment dès lors concevoir que dans certaines écoles de la région la totalité de la viande servie soit hallal (…)
  • Comment accepter que certaines piscines communales se soient soumises (le plus souvent hypocritement ) à l’établissement d’horaires séparés par sexe !
  • Comment expliquer que la région de Bruxelles soit la seule qui n’ait pas osé bannir l’abattage rituel et laisse se poursuivre ces monstruosités.
  • Comment admettre que dans une grande commune de la région, l’ouvrier communal qui sert les repas scolaires à chaque cuillerée servie, fasse suivre celle-ci de la formule en arabe : amdulila (grâce à Dieu) !
  • Comment accepter que dans nombres d’établissements scolaires il ne soit plus possible d’enseigner les principes du darwinisme, ni bien sûr d’évoquer le génocide des Juifs ! Les directions ne peuvent réagir, le pouvoir organisateur voulant surtout éviter les remous !
  • (…) »

« A Bruxelles, c’est tous les jours, non pas retour vers le futur, mais retour vers le passé et quel passé ! (…) Aujourd’hui, il est évident qu’il (le PS bruxellois) est prisonnier de son électorat, dont les gros bataillons, qui osera le nier, sont issus de l’immigration. »

Philippe Moureaux

Philippe Moureaux à son mariage avec Latifa Benaïcha le 26 juin 2010
Philippe Moureaux à son mariage avec la jeune Latifa Benaïcha le 26 juin 2010

Hermanus critique Philippe Moureaux, dont il rappelle que, « débarquant à Molenbeek en 1982, il mène la campagne communale sur le thème du stop à l’immigration (, …) s’oppose obstinément au vote des étrangers (… et) évoque plusieurs fois ses regrets que l’on ait reconnu l’Islam en qualité de religion subsidiée ». Il déplore qu’ensuite Moureaux ait retourné sa veste pour des raisons purement électoralistes (voir notre article Le bal des faux culs) :

« Ainsi la fédération (bruxelloise du PS) s’est de plus en plus appuyée sur les mosquées et donc forcément sur les milieux musulmans les plus rétrogrades. Cela explique la disparition d’un certain nombre d’élues féminines d’origine maghrébine, (…) toutes des femmes libérées des contraintes religieuses (…). La seule qui ait résisté, c’est Fadila Laanan, précisément parce qu’elle était soutenue à un autre niveau du parti. (…) C’est une femme libre, éduquée, fière de sa culture, fière de ses origines, non liée aux groupes religieux et elle défend la laïcité, et, suprême audace s’en réclame. »

L’enseignement

« Notre enseignement fut victime d’un égalitarisme forcé alors qu’il aurait été nécessaire de lire Aristote lorsqu’il soulignait que ‘la véritable justice est de traiter inégalement les choses inégales’. N’est-il pas démontré par l’histoire que forcer l’égalitarisme conduit toujours au drame ! »

« Significatives les réponses données par les enfants lorsqu’on les questionne sur leur nationalité, les neuf dixième répondent qu’ils sont Turcs, Albanais, Marocains, Algériens, seule une infime minorité répond qu’ils sont Belges alors même que la majorité l’est ! Imagine-t-on un seul instant les difficultés qu’affrontent au jour le jour les enseignants, leur découragement, leur révolte face à un pouvoir organisateur n’ayant tenu aucun compte des affres quotidiennes de la réalité. Or, qui sont les premières victimes de cette situation ? Ce sont bien sûr les enfants issus de l’immigration. (…) Comment dès lors s’étonner des trente pourcents ‘officiels’ du chômage des jeunes âgés de dix-huit à vingt-cinq ans. »

Les valeurs belges

« Attention, si vous vous montrez rigide, implacable dans la défense de ces valeurs, vous serez traité de laïcard, un terme utilisé par le président fédéral bruxellois lui-même pour fustiger ceux qui mettaient en cause le voile, les horaires de piscine séparés ou l’invasion du halal. (…) Mise en œuvre de la vieille technique stalinienne qui veut que si tu n’es pas à 100% d’accord avec moi, tu es à 100% contre moi. (… Tout cela) pour des raisons électorales… Notre slogan occulte devenait : des valeurs, non ! Des électeurs, oui ! »

« Amusant aussi d’entendre Amin Maalouf, le talentueux écrivant libanais, raconter sur France Inter qu’il y avait beaucoup moins d’intégristes au Maroc qu’au sein de l’immigration européenne ; ainsi il évoquait que, se trouvant sur une plage du Maghreb, il y observait une famille de musulmans de stricte obédience, femmes entièrement voilées sur la plage ; se rapprochant, il constata que c’étaient des Belges… »

Les valeurs de la Gauche

« J’en reviens à Bruxelles, au pitoyable PS Bruxellois. Faut-il croire qu’il est devenu cette chose boiteuse, sans lyrisme, sans espoir, mélange de bureaucratie, de sordide népotisme, de clientélisme, de médiocrités arrivées ? (…) Allons nous abdiquer ou allons-nous être capables de nous libérer du poids d’un électorat qui n’a pas (encore) assimilé nos valeurs et qui ne comprend pas que certaines des siennes sont incompatibles avec ce qui fait notre civilisation ? »

L’avenir de Bruxelles

« Il ne fait pas de doute qu’au niveau institutionnel la région telle qu’elle est limitée n’a aucun avenir. Elle ne deviendra jamais un Singapour européen, elle est vouée à la paupérisation et à la ghettoïsation. Tous le savent, tous l’admettent…en privé, y compris celui qui fut si longtemps ministre président et qui n’a jamais caché lors de contacts personnels qu’il ne croyait nullement dans la pérennité de cet espace étriqué, pauvre. »

« Le monde des émigrés et les Belges musulmans nous démontrent qu’ignorer, comme la gauche a tenté de le faire, le facteur religieux fut une lourde faute. (…) Tous les démographes le prévoient, Bruxelles sera majoritairement musulmane d’ici une quinzaine d’année. Les facteurs géographiques, la contention insensée de Bruxelles dans des limites économiques et sociales invivables, la démographie dans la population immigrée, imposeraient des décisions majeures, rapides. Je n’ai aucun doute que le gouvernement régional sera incapable de les prendre ! » 

« Aujourd’hui, seuls quelques ilotes osent nier que Bin Ladden est considéré comme un héros dans une certaine fraction de notre population. (…) La gauche refuse de voir le réel, c’est une constante, s’il ne cadre pas avec ses fantasmes, prisonnière d’un humanisme généreux mais impuissant, isolant le réel de l’imaginaire, elle croit éviter les drames en ignorant les faits (…) En ignorant les faits, elle sera considérée comme complice des faillites de l’autorité publique. »

« Ceux qui aujourd’hui gouvernent la fédération auraient avantage à visionner un vidéo d’un congrès du parti Baas au Caire au début des années soixante. On y voit Nasser raconter qu’il a rencontré un Imam, celui-ci lui avait demandé que les femmes se voilent, Nasser, rigolant, lui avait répondu, qu’il n’avait que se voiler lui-même, toute la salle explosait de rire en applaudissant. (Voir cette vidéo en bas de notre article Voile islamique, un refus d’intégration ?) A la même époque, sur les plages d’Egypte, on pouvait voir des femmes en bikini ! Quel recul ! Nasser était-il un « bon » musulman ? Combien de jeunes filles ou de femmes traversant certains quartiers se font elles insultées car elles n’arborent pas les vêtements qui agréent certains musulmans ? Un film en a fait la terrible démonstration, ce qui n’a pas empêché les bonnes âmes du politiquement correct de nier ces faits pourtant vérifiables chaque jour dans notre ville. »

Les solutions

« J’ose à peine esquisser quelques pistes, conscient que les gardiens du temple, chiens de garde de la ligne du parti, ou ce qu’ils qualifient de tel, hurleront… »

Parmi les nombreuses solutions, excellentes et réalistes, qu’Hermanus propose, nous retenons celle-ci : « Au plan de l’octroi de la nationalité, celle-ci devrait s’accompagner d’une véritable adhésion à nos valeurs essentielles, sous forme d’un engagement formel et motivé. »

Avenir, Progrès et Science

« (…) si la gauche recule partout c’est notamment parce qu’elle a abandonné deux de ses piliers essentiels, les concepts d’avenir et de progrès. (…) Aujourd’hui, les annonceurs de catastrophes tiennent le haut du pavé, dominent l’aire médiatique (…) l’espérance en terme chrétien est donc remplacée par l’annonce d’un enfer climatique dont nous serions responsables. (…) Après avoir espéré dans l’avenir… c’est l’enfer qu’on nous décrit. Pour le Progrès, c’est pareil, alors qu’il a servi de main courante à toute la philosophie socialiste, le voici avalé, englouti dans un pessimisme général, une méfiance à l’égard de la science. »

Ce ne sont là que certains des passages que nous avons retenu de cette remarquable analyse du PS bruxellois dans les dernières décennies. Bravo, Monsieur Hermanus, d’avoir osé dénoncer, courageusement, avec réalisme, sans complaisance ni haine, les dérives inavouables de ce parti auquel vous aviez pourtant consacré toute votre vie !

J.S.

[1] [2] Nous vous invitons à lire cette lettre ouverte en entier sur le Blog de Merry Hermanus ou à la télécharger en pdf.

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