Editorial
Armée et terreur
Corrélations intéressantes. Asile et droit international. Je suis contre la FIFA, donc je suis.
Que signifie le terrorisme pour l'armée suisse? Depuis des années, nous débattons de scénarios de menaces et d'ennemis. On raconte des histoires de cyber guerre et de menaces extraterrestres. Aucun autre secteur de l'État n'a autant souffert des restrictions budgétaires: seule l'armée a fait autant d'économies, tandis que les autres départements font passer une moindre croissance pour une réduction des dépenses. Les forces armées ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes. On parle au Parlement d'un effectif de 100 000 hommes pour un coût de près de 5 milliards de francs. L'objectif s'appelle le «développement de l’armée (DEVA)».
La récente réforme irait-elle dans la mauvaise direction? L'armée est réduite à peau de chagrin. Même les partis bourgeois sont sur le point de se contenter d'un concept de sécurité à bas prix. Le terrorisme montre que l'on aurait aussi besoin aujourd'hui des vertus de l'armée d'antan: mobilisation rapide, effectifs importants. Le contrôle et la surveillance d'infrastructures sensibles sont prioritaires en cas de menace terroriste. L'armée de base vers laquelle on s’oriente ne pourra pas se le permettre.
Le DEVA se fonde encore sur les formes de conflit du passé – des armées qui combattent d'autres armées avec force matériel. Ce n'est certainement pas la bonne approche contre des terroristes et des organisations terroristes. Les Français verront bien que leur tas de ferraille flottant, le «Charles de Gaulle», n'effraiera pas Daech dans les sables du désert. Difficile de vaincre ces guérilleros sur le champ de bataille.
La défense contre le terrorisme exige de la Suisse une politique neutre judicieuse, mais aussi la capacité à défendre, en cas d'événements graves, son propre territoire par une armée de milice bien équipée, rapidement mobilisable. La meilleure armée est bien préparée pour une guerre qui n'a pas encore été menée. C'est l'art de la stratégie. L'ancienne armée suisse était en avance sur son temps. Elle reste un modèle à bien des égards.
Je ne comprends toujours pas pourquoi des procureurs généraux de la Confédération, bien rémunérés, s'en prennent depuis des mois, avec un tel acharnement et aux frais de l'État, à une fédération sportive privée comme la FIFA dont le but consiste principalement à organiser des tournois de football. Même si certaines transactions n'étaient peut-être pas au-delà de tout soupçon en quoi cela intéresse-t-il les procureurs de la Confédération? À ma connaissance, aucune plainte n'a jusqu'à présent été déposée par des membres de la FIFA, par exemple, contre Sepp Blatter. Au contraire. Bien que sous le feu des critiques, il serait probablement encore réélu avec une confortable majorité. Qui est donc alors la victime? Y en a-t-il d'ailleurs une? Et, si oui, pourquoi ne s'est-elle pas encore fait connaître? Je soupçonne Lauber, le procureur général de la Confédération, d’utiliser la FIFA précisément pour prouver que nous avons encore besoin de son Ministère public chroniquement infructueux, cher et controversé. Voilà pourquoi, il a fait dans le cadre de cette procédure, contrairement aux habitudes suisses, le plus de bruit possible et moult battage médiatique. C’est là l'art et la manière de monter une affaire pour justifier de l'existence de sa propre administration. «Je suis contre la FIFA, donc je suis.»
L'erreur philosophique fondamentale de notre politique d'asile réside dans le fait que nos procédures transforment des migrants illégaux en réfugiés bénéficiaires de l'asile. Il ne s'agit pas là de polémique, mais de la réalité. Tout migrant qui demande l'asile à la frontière suisse n'est par définition pas un réfugié, ne peut pas l'être. L'accord de droit international de Dublin signé par la Suisse stipule qu'une personne en provenance d'un pays tiers sûr ne peut pas demander l'asile. La Suisse est entourée de pays tiers sûrs. Il est impossible d'obtenir l'asile en Suisse par voie de terre. Je ne prétends pas que Dublin soit raisonnable, mais Dublin s'applique. C'est le droit international. Ou plutôt, cela devrait l'être. Le fait est que la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga ne tient pas compte avec sa politique migratoire du droit international qu'elle porte pourtant aux nues à chaque occasion. C'est le règne de l'arbitraire. C'est le monde à l'envers: en matière d'asile, l'UDC qui veut restreindre le droit international en est le seul gardien.
Celui qui veut à tout prix devenir conseiller fédéral ne sera pas un bon conseiller fédéral.
La tentative de créer une société mondiale harmonieuse, un État mondial sans guerre, se brise sur le besoin irrémédiable de l'homme de s'affronter en groupes à d'autres groupes. Il accepte la guerre pour préserver la diversité. La diversité est la condition sine qua non de la liberté. Un État mondial signifie tout le pouvoir à un seul État. Toute personne qui aspire à la liberté doit accepter la diversité, la possibilité de guerres.
Il nous faut renouveler le débat dans le domaine de la finance. Depuis huit ans, nous ne parlons plus que des risques. Les banques sont assimilées à un danger. La politique ne cesse d'inventer de nouvelles normes et interdictions. Le secteur de la finance a été corseté par des lois. Il y a franchement de quoi admirer les banquiers qui se rendent chaque jour avec plaisir au bureau. Bien sûr, il fallait de la régulation après la crise financière. Mais nous devons maintenant arrêter de ne voir que les risques. La courte majorité bourgeoise à Berne devrait saisir l'occasion pour remettre la rentabilité sur le devant de la scène. Le secteur de la finance doit y aider. Les politiques ont besoin d'arguments pour affronter les «rambos de la régulation». Finalement, que nous coûtent au juste à nous consommateurs, à nous épargnants, propriétaires immobiliers et emprunteurs ces lois qui s'empilent à nous en donner le tournis? Une bonne régulation protège le client et est au service de l'économie de marché. La régulation est mauvaise quand elle nuit au client et au système.
Source : R. Koeppel, Die Weltwoche, 25 novembre 2015
Je suis un peu hors sujet mais Nestle est actuellement attaqué comme l’ont été nos banques donc vigilance!
L’impartialité de nos procureurs généraux de la Confédération est sans doute biaisée. Ne seraient-ils pas plus tôt politisés? Il faudrait les mesurer à leurs actions et inactions ainsi que les bénéfices qui en résultent pour notre pays.
Commentaire pertinent, mais autant que Mme Sommaruga garde son fauteuil au CF, point de salut.
L’un n’exclue pas l’autre. Il était grand temps de faire la poussière chez la FIFA, organisation complètement corrompue avec une direction omnipotente.
Si les procureurs généraux de la Confédération possédaient un brin de bon sens, ce n’est pas la FIFA qu’ils poursuivraient, mais notre Simonetta nationale, pour irrespect du Traité de Dublin et pour politique de l’autruche agravée vis-à-vis du peuple suisse.