L’UDC vaudoise renonce à soutenir Olivier Français

Le congrès de l'UDC Vaud eut donc lieu lundi soir à Chavornay.

Pour un compte-rendu à peu près factuel de la soirée, on se tournera vers l'article en rapport dans le quotidien 24Heures. Malgré tout, celui-ci n'est pas exempt de quelques erreurs. Par exemple, le journaliste évoque le conflit larvé entre "UDC des villes et UDC des champs" ; si cette tension est bien réelle au niveau de l'électorat (les bons scores de Jacques Nicolet et d'Alice Glauser au sein de la liste UDC s'expliquent amplement par des consignes de vote très suivies dans les campagnes) elle n'est absolument pas la source de la division du parti au moment de choisir ou non de soutenir Olivier Français.

Si l'alliance avec le PLR au second tour du Conseil des Etats a été rejetée par 67 voix contre 57 et une abstention, c'est pour de toutes autres raisons. Revenons sur cette soirée.

Après une présentation mi-amère des résultats vaudois, décevants comparés à la progression de l'UDC suisse mais explicables par la polémique de l'été, après l'annonce de la présidente de sa démission attendue en janvier 2016, après une analyse fine des résultats vaudois de l'élection par Kevin Grangier, arriva enfin le point d'orgue de ce congrès: le choix de soutenir ou non la candidature de M. Olivier Français au second tour de l'élection au Conseil des États.

Tout juste ressorti de sa propre séance du PLR à Bussigny, M. Français vint en tant qu'invité sous un tonnerre d'applaudissements pour plaider sa cause avant de se soumettre à un feu roulant de questions de la part des délégués. La presse ne perdit pas une miette de l'exercice.

Même pas de vagues promesses

olivier français,udc,plr,élections du 18 octobre 2015Si Olivier Français était venu avec une proposition du congrès PLR de faire un apparentement avec l'UDC pour les élections communales de 2016 ou les cantonales de 2017, l'adhésion de l'assemblée lui aurait été acquise. Au lieu de cela, il ne put faire mieux que de soutenir cette position à titre personnel, et de promettre de défendre l'idée de l'élection d'un second membre de l'UDC au Conseil Fédéral au sein de son groupe à Berne. Interrogé sur ce qui le séparait des candidats de gauche sur les sujets brûlants, application de l'initiative du 9 février ou du renvoi des criminels étrangers, il resta évasif.

Bref, bien que sympathique, Olivier Français vint les mains vides. L'idée de soutenir un candidat de centre-droit était évidemment séduisante pour une assemblée UDC, mais la pilule était difficile à avaler face à un candidat proche du centre, charriant un certain historique d'animosité envers l'UDC et ses électeurs (bien qu'élu par ces derniers lorsqu'il fut porté par une coalition pour accéder à la Municipalité de Lausanne), et dont l'élection au Conseil des Etats aurait ressuscité la carrière politique d'un certain Fathi Derder sur les bancs du National par le truchement des viennent-ensuite.

Le soutien de l'UDC envers Olivier Français était donc plombé au départ, mais pas de façon irrémédiable. Il aurait fallu que le PLR vaudois fasse un effort concret pour faire pencher la balance. Mais c'était sans doute un acte d'humilité et d'ouverture trop difficile à accomplir pour un parti encore tout émoustillé par sa victoire de la veille.

Penser comme un délégué

M. Français travailla de façon méritoire pour donner l'impression d'y croire, mais l'écart avec la gauche est très grand. Il aurait été moindre si le PLR avait joué la carte de l'apparentement dès le premier tour, et alors les chances de la droite dans un ticket PLR + UDC auraient été réelles. Hélas, on ne refait pas l'histoire.

L'assemblée UDC réunie à Chavornay s'inscrivait dans une optique plus vaste que celle du second tour au Conseil des Etats, les relations futures avec le PLR vaudois.

Je pense que 80% au moins des délégués de l'UDC sont pour un rapprochement avec le PLR au nom de la droite bourgeoise, même si nos partis divergent sur des points importants. Mais cette relation doit se construire étape par étape, des fondations au sommet: d'abord à l'échelle communale, puis cantonale, puis au National, et enfin au Conseil des Etats, premier et second tour.

Dans ce contexte, une alliance avec le PLR au deuxième tour de l'élection au Conseil des Etats revenait à commencer un livre par le dernier chapitre.

Nous aurons l'occasion de rebâtir ces fondations prochainement, puisque le cycle électoral s'achève. Il reprendra dès 2016 avec les élections communales, puis les cantonales en 2017 et se concluera à nouveau avec les élections fédérales de 2019. A chaque étape l'UDC tendra la main au PLR ; à lui d'avoir l'intelligence de la saisir.

L'élection appartient aux électeurs

Les délégués ne sont pas les citoyens. Les mots d'ordre formulés par les partis sont suivis ou non de la population.

L'UDC vaudoise n'avait pas l'intention de torpiller la candidature d'Olivier Français en maintenant un de ses candidats au second tour, mais elle avait le choix entre appeler à voter pour lui ou s'en abstenir. Elle choisit cette dernière option.

S'en remettre aux électeurs est une attitude tout à fait dans la ligne de l'UDC. Les citoyens ne sont pas stupides. Ils ont, comme tout le monde, assisté aux violentes diatribes anti-UDC d'une Isabelle Moret, ou se rappellent les déclarations hostiles de M. Français lui-même. Ils ont vu le dédain affiché par le PLR vaudois en déclinant les invitations d'apparentement venues de l'UDC. Si le PLR ne séduit pas l'électorat UDC y compris lorsque l'équilibre gauche-droite est en jeu, il ne peut guère s'en prendre qu'à lui-même.

De l'autre côté, ils savent que renoncer à soutenir M. Français revient à laisser élire M. Recordon, celui qui dansait dans les couloirs du Conseil National en 2007 après avoir réussi à évincer M. Blocher du Conseil Fédéral. Des images inoubliables!

Le choix est difficile, et même si la mobilisation est au rendez-vous la victoire du candidat PLR au Conseil des États paraît très incertaine. Heureusement, la politique vaudoise porte plus loin. Comme le fit remarquer un délégué, même si les écologistes vaudois réussissent à sauver leur candidat au Conseil des Etats, cela ne changera pas grand-chose à leur défaite nationale. Ils ont perdu et ils le savent.

Le congrès UDC du 19 octobre ne visait pas qu'à décider du second tour d'une élection, mais à mettre à plat ses relations futures avec le PLR au sein de la droite. Et bien que les majorités soient amoindries par l'enjeu le sentiment de l'assemblée fut clair: il n'y aura plus d'alliance avec le PLR si celui-ci continue à traiter l'UDC par le mépris. Les délégués UDC ne supporteront plus que le PLR ne s'adresse au parti que les quelques soirs où il aura besoin de ses voix au gré des circonstances.

Il est dommage que cette leçon coûte probablement sa candidature à M. Français, mais entre deux formations politiques et leurs électeurs le respect se doit d'être réciproque. L'exemple du Valais nous montre d'ailleurs que l'UDC peut fort bien progresser dans un canton sans avoir d'apparentement avec qui que ce soit.

Espérons que le PLR vaudois comprenne le message. Nous verrons ce qu'il en est dès 2016, lors des élections communales.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch

19 commentaires

  1. Posté par Philippe le

    Je suis d’accord avec l’UDC Vaud…..pourquoi soutenir un candidat pour faire barrage à la gauche….alors que ce Français à une politique aux trois quart gauchiste. C’est la pertinence et la cohérence qui font et feront de ce parti une force.

  2. Posté par Aude le

    Tout de même dommage..que l’UDC vaudoise ne soutienne O.Français.
    Car le résultat sera les 2 compères vaudois socialistes au Conseil des Etats..
    Souvenez-vous de M.Recordon, lors de l’éviction de C.Blocher..il faisait le signe de Churchill..victoire….
    Pas très intelligent..comme tactique…Un service en vaut un autre..Il faudra bien s’entendre au Conseil fédéral…

  3. Posté par Pierre H. le

    @Economico : « A part les fonctionnaires, le vote de gauche est juste une aberration. Il est difficile d’expliquer un succès si important à GE et VD. »

    L’explication est que ça semble être une maladie francophone… France, Belgique, Suisse Romande, Québec. Ces pays ou régions aiment le désordre, l’annihilation de soi, le suicide collectif et abhorrent le patriotisme, l’identité et leur propre culture.

  4. Posté par Economico le

    @ Burnand
    Vous avez absolument raison l’UDC doit prendre en considération le coût que fait peser les travailleurs étrangers sur la population à faible revenu. Les hauts salaires des multinationales cotisent via leur LPP. Ces fonds doivent s’investir pour trouver de la rentabilité. Ils vont se déverser en grande partie dans l’immobilier. Etant donné que les prix étaient déjà élevés, il faut des loyers très élevés pour assurer un taux de rentabilité. Il aurait été de la responsabilité du parti socialiste de se préoccuper des ces questions, il n’en a rien été pendant cette législature. Ils mettent la faute sur les événements politiques du moment, il ferait bien de faire un bilan de la politique sociale qu’ils ont mené. A part les fonctionnaires, le vote de gauche est juste une aberration. Il est difficile d’expliquer un succès si important à GE et VD.

  5. Posté par Burnand le

    L’UDC ferait bien cependant de parler aussi du problème des gens n’ayant que l’AVS pour vivre et de suggérer des améliorations. Il est en effet facile pour la gauche de démolir l’UDC si elle ne parle jamais des problèmes sociaux majeurs, tels, justement l’AVS insuffisante pour ceux qui n’ont pas de LPP.
    Il faudrait également intervenir au niveau des logements subventionnés afin que ceux-ci soient attribués prioritairement aux suisses qui en font la demande. Or, c’est loin d’être le cas. Ces logements ont pourtant été financés par les suisses.

  6. Posté par Economico le

    L’UDC a fait son cheval de bataille la politique migratoire. Elle ne serait pas crédible auprès de son électorat de donner des votes au PLR pour une ouverture complète des frontières. Etant opportuniste le PLR a modéré ses propos ce qui ne signifie pas sur le fond, qu’il entre en matière sur cette thématique. J’ai plutôt l’impression qu’elle cherche à faire semblant de combattre le dumping salariale pour attirer des électeurs de droite UDC.

  7. Posté par Pehem Veyh le

    @ Pierre H. : M. Montabert a raison. Après cela, il est vrai que la décision de l’UDC Vaud est plus compréhensible. Mais, il n’empêche que cela laisse un drôle de goût dans la bouche de laisser passer sans rien faire cette gauche pourrie et totalement anti-démocratique. Et cela même si pour l’empêcher il aurait fallu appeler à voter pour une personne qui, après de violentes diatribes contre l’UDC vient soudain quémander son appui maintenant que ça l’arrange. Le PLR finit par me faire penser, en terme de bêtise politique, à la défunte UMP. Plus con tu meurs…

  8. Posté par aldo le

    Bravo ! La droite n’est pas courbée, ni tordue, ni en zigzag. Soutenir le Français… c’est aussi nul que de soutenir la gauche démontrant par-là que l’étiquette PLR n’est pas aussi cristalline et terme de droite, qu’on veut bien nous le faire croire. L’Udc a raison de ne pas soutenir ce coco Français (aussi de passeport) crypto-gauchiste, pro européen en embuscade comme bien des radicaux, qui jouent le double jeux.

    Son parcours nous indique clairement qu’il préfère grappiller les voix des écolo-pastèque justement évincés, en ayant institué le taxe aux sacs d’ordures payants. Un truc de démago-populiste gaucho, qui ne résout aucun problème, sinon de combler le déficit chronique des caisses publiques dont les dépenses ne sont pas maîtrisées et vise, en certaines occasions, à soutenir par la propagande tous ménage son profil de candidat qui ratisse un peu trop large pour être honnête. A trop vouloir plaire à tout le monde, ce Français finit, avec raison, par être détesté de tout le monde.

    Clairement sa « solution » scélérate ne va pas diminuer les ordures puisque les utilisateurs ne sont pas responsables des emballages et des produits camelote proposés à la vente, ils n’ont pas le choix ! Comme libéral, agir en amont était la seule direction à prendre, à savoir agir contre ceux qui fabriquent des ordures. Mais malheureusement pour lui, ceux qui pourraient être impliqués dans ces montagnes d’ordures pourraient aussi bien être majoritairement des Radicaux et aussi des financiers encombrants du PLR.

    Que ce soit pour Segond, Maudet ou Français, c’est exactement le même syndrome. Un parti radical qui sombre, des intelligences qui se tirent et il ne reste plus que les boulets qui s’accrochent et tuent toute candidature potentiellement dangereuse pour leur ego dans le cadre d’une comparaison objective. Et le syndrome existe aussi dans nombre d’entreprises qui ont fini en faillite. Finalement on est mieux face à des ennemis qui se déclarent de gauche, c’est plus facile à gérer.

    PS : je constate qu’il y a des utilisateurs de twitter qui utilisent ce produit déficient en terme de sécurité pour saboter mon texte en cours. Donc le logiciel des observateurs peut être piraté.

  9. Posté par Pehem Veyh le

    @ Pierre H. : las, M. Montabert a raison. Même si cela laisse un drôle de goût dans la bouche, le fait de ne pas soutenir directement un candidat, de droite, mais ayant abondamment critiqué l’UDC, pour venir ensuite lui demander son soutien. Je comprends maintenant mieux la décision mais ce n’est pas facile de laisser faire cette gauche pourrie…

  10. Posté par Dufour R. le

    C’est incroyable, le PLR n’est pas foutu de se positionner clairement à droite. Il préfère jouer le jeux de la gauche !

  11. Posté par Pierre H. le

    @bigjames
    Bonjour 🙂 Allez voir l’article directement sur le blog de Monsieur Montabert. Il était à cette assemblée hier soir et il fait un commentaire suite à son article où l’on comprend encore mieux la décision de l’UDC.

  12. Posté par bigjames le

    Je suis du même avis que Pierre H.
    Fatiguant de faire des concessions et d’ensuite préparer la vaseline !
    Les Vaudois écoutent LaPremière et Couleur3. Ils sont lobotomisés par ces merdias.
    Ils leurs diraient d’aller se foutre au lac qu’ils y courraient.
    Comme les Français, tant qu’ils n’ont pas le nez dans le caca, ils voteront à gauche, puisque les journaleux le leur disent.

  13. Posté par Pehem Veyh le

    Oui, il faudrait que nos partis de droite cessent de jouer de la trignolette et de se chipoter pour des broutilles. A gauche, quand il s’agit de dégager un candidat UDC ou PLR, on est pas aussi regardant. Et, pour tirer la politique à droite, parfois, il y a des concessions à faire, aussi douloureuses soient-elles…

  14. Posté par Philippe le

    En tant que vaudois , la décision du congrès est regrettable, mais durant la campagne l’UDC trop méprisée. Il faudra bien que le conseil d’Etat revienne à droite lors des prochaines Elections vaudoises !!!!!

  15. Posté par Pierre H. le

    Moi je comprends l’UDC ! Ras le bol de toujours être les dindons de la farce et de se faire rouler dans la farine par les autres partis, à faire des concessions sans jamais avoir de retour d’ascenseur. Recordon, on connaît, on sait, ce n’est pas une surprise. M. Français, on ne sait pas de quelle pirouette il peut -être capable, surtout si c’est un faux « droitier ». Comme je le dis souvent, des fois, la seule différence entre le PLR et le PS est que les premiers sont en costume cravate et rasés de près, alors que les seconds sont en chandail bio et mal rasés… Le réveil, c’est maintenant !

  16. Posté par aline le

    Très dommage, je suis déçue de l’UDC vaudois, comme je l’étais dans le passé et je ne serai plus membre de ce parti. Olivier Français mériterait d’être soutenu aussi pour faire barrage à ce crasseux Recordon

  17. Posté par JeanDa le

    Dommage ! L’UDC aurait pu faire un geste d’une certaine prestance en soutenant Olivier Français malgré les rancunes. Un geste d’apaisement qui eût peut-être favorisé une entente pour 2016 et 2017 … au lieu de ça, on perpétue la querelle de partis et, surtout, on ouvre grand la porte aux deux gauchistes de service. Dommage.

  18. Posté par G. Vuilliomenet le

    LE PLR EST LA DROITE LA PLUS BETE DU MONDE *

    * En rappel d’un essai politique qui critiquait la droite française il y a au moins vingt ans.

  19. Posté par Sissi le

    Vraiment dommage que l’UDC ne soutienne pas O. Français. J’aimerais que ce dernier gagne face à Recordon et du même coup cela empêchera Thorens d’accéder au National!

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