Qui élire…et pour faire quoi ?

 

C’est le stimulant groupe jurassien de réflexion « Sirius » qui a dans le QJ abordé récemment le thème des élections fédérales et cantonales et posé des questions de fonds. Qui élire au Parlement, au Conseil  National, au Conseil des Etats et pour y faire quoi. Le fossé se creuse entre les promesses des candidats, les élus qui deviennent consensuels pour garantir la suite de leur carrière (car il s’agit finalement surtout de cela), les Exécutifs soumis aux contraintes internationales, du politiquement correct, et la population qui fait usage de son droit de vote, ainsi que celle qui s’abstient. Le renoncement, au nom de l’intérêt général et de la concordance, à l’expression de revendications et de soucis légitime devient de plus en plus difficile à accepter. Les appels à l’autocensure de parole, de pensées, de craintes, la tendance à criminaliser, à psychiatriser, à isoler socialement certaines préoccupations populaires légitimes au nom de la « repentance » ou de la culpabilisation globale ne sont pas admissibles politiquement. Le pouvoir laissé exclusivement au monde de l’Economie, de la Finance et des lobbies, censés  en principe combattre pour le bien-être de tous n’est plus vraiment rassurant pour la majorité silencieuse.

Un changement politique doit avoir lieu, maintenant. Nous ne pouvons plus confier sereinement notre avenir (économie de proximité, souveraineté politique, valeurs spirituelles durables)  à des partis clientélistes qui se répartissent des parts de marché électoraux et attendent de leurs élus cooptés qu’ils ratifient sans vraiment discuter leurs décisions et programmes. L’intérêt général est bien plus que ça et les forces vives, innovatives, désintéressées, citoyennes méritent plus d’intérêt que les « arrangements » entre partis du centre ou soi-disant  politiquement « républicains ». Pour le Jura (à peine plus de 70'000 habitants) qui représente à peu près une petite ville provinciale, il est illusoire de croire que ses représentants, même s’ils cherchent à se donner des airs d’importance sur leur faible influence  dans les antichambres  à Berne, ne puissent vraiment travailler à défendre des intérêts régionaux. Leur rôle est de promouvoir l’économie selon le modèle suisse (prédominance de la responsabilité privée et individuelle), la démocratie directe, la liberté d’expression et de pensée contre les lobbies minoritaires, la neutralité dans un monde qui doit devenir multipolaire, le fédéralisme. Et la sélection des partis du système ne correspond que très peu à ce profil de lobbyistes régionaux ou d’intérêts particuliers qu’ils se donnent  de manière stéréotypée. Les esprits critiques qu’on peut entendre parfois (Le collectif Sirius, M. Martin Gigon, M. Yves Gigon, et quelques autres députés d’esprit indépendant comme M. Petignat) n’ont pas accès à cette possibilité d’être vraiment entendus, écoutés et bien sûr élus. C’est là que le bât blesse et il m’arrive de rêver que se constitue une liste incluant de telles de personnalités riches et très utiles à l’avenir du Jura plutôt que de devoir avaliser les listes de sélection partisane ou carriériste qui ne sont que le renouvellement automatique du Système.

Au niveau cantonal jurassien, on attend des candidats et futurs élus qu’ils se profilent sur les sujets principaux suivants :

1) La transformation progressive de l’économie jurassienne en une économie de proximité, à forte résilience contre les effets destructeurs de la mondialisation qui va impliquer une importante baisse de la qualité de vie. Un niveau raisonnable d’autosuffisance est à définir et à ancrer dans la Constitution cantonale

2)  Mettre en place des mesures de protection face à une immigration massive, incontrôlable, utilisée comme une stratégie de chaos détruisant la souveraineté locale et la démocratie participative. Le système de l’industrie de l’asile ou de l’emploi de frontaliers, l’usage économique de migrants, dans une culture hors-sol n’a pas d’avenir durable. L’immigration massive et la colonisation ont des alternatives heureuses ( il suffit de décoloniser notre imaginaire et d’imaginer d’autres voies !).

3) Se rapprocher le plus possible d’une autosuffisance énergétique

4) Créer un cercle électoral unique pour plus d’équité représentative  et introduire un système bi proportionnel où chaque voix compte

5) Travailler à la réconciliation jurassienne et permettre la création d’un Canton pour tous les jurassiens et de taille suffisante pour obtenir les objectifs politiques énoncés précédemment. Un Canton de libertés qui fera envie et qui ne se satisfait pas que de bilans comptables et de retombées de la  péréquation. Une ouverture économique et de collaboration médicale en direction de Bâle sera mise en œuvre.

6) Promouvoir une culture de la liberté et de la responsabilité personnelle. L’ingérence  interventionniste de l’Etat ( à travers l’exemple de l’APEA qui s’est substitué aux tâches  sociales d’assistance des Communes, sans en avoir les moyens et la compétence, en enlevant la garde d’enfants à certains parents ou en plaçant en clinique) doit être abandonnée au bénéfice d’une pratique locale de réseau et de confiance en autrui.

7) Développer une pratique innovative démocratique : combattre le cumul des mandats, limiter les mandats à une législature, introduire le principe des conventions de citoyens (J. Testard), l’élection par tirage au sort, le vote « blanc », favoriser une véritable politique participative de milice.

8) Engager une véritable politique de désendettement et de réduction du rôle de l’Etat par le retour et l’implication du citoyen (et non pas le recours à la privatisation).

9) Le gouvernement renonce, jusqu’à nouvel ordre, à proposer des soins psychiatriques hospitaliers de proximité et délègue cette tâche à d’autres, ce qui complique l’organisation du suivi et coûte très cher. Comme le réformiste Basaglia l’avait proposé en Italie à l’époque, les soins psychiatriques aigus peuvent être proposés dans des hôpitaux généraux, sans mesures longues de contraintes et de placement, en privilégiant les soins ambulatoires.

Le Jura manquerait-t-il de réformistes et de visionnaires ?

Dominique Baettig, Médecin, nncien Conseiller National et militant souverainiste, 21 juin 2015

2 commentaires

  1. Posté par Aude le

    C’est ce que je souhaite de tout coeur pour le Jura, mon pays..Allez enfants de la Rauracie.!

  2. Posté par groudonvert le

    Je pensais bien que c’était un UDC qui avait écrit ces lignes ^^ Merci M. Baettig 🙂

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