La “démocratie” en soutien au Jihad: une question d’autorité

Thomas Mazzone
Enseignant, écrivain

Dans un précédent article, nous avons démontré que, contrairement au droit de vote, l’autorité - qu’elle soit morale, légale ou forcée - est une donnée essentielle au maintien des sociétés humaines. Or, il convient aussi de montrer, qu’avant l’absence d’enseignement religieux traditionnel, avant même la précarité chez les jeunes et surplombant encore l’idéologie multiculturelle ; c’est d’abord la décomposition du Politique (bien commun) liée au manque d’autorité qui rend possibles autant de conversions à l’Islam et qui donne forme au désir de Jihad.

Il faut toutefois noter que l’Islam, emmenant avec lui un certain nombre de qualités structurantes (virilité, droiture, décence…), constitue véritablement un “plus” chez certains jeunes qui écouteraient de la musique morbide, seraient dépourvus de moralité et surtout peu cultivés. Cependant, cette bonification ne viendra pas des franges islamiques non agressives et favorisant l’esprit de recherche - c’est-à-dire mettant constamment leur doctrine à l’épreuve de l’observation et de la compréhension de la réalité - , lesquelles manqueront toujours cruellement de désir d’autorité. Pour cause: on ne saurait isoler la religion du reste d’une culture et du reste d’une société fonctionnelle, basée sur un savant agencement forgé au fil des siècles.

Face à l’Islam virulent des Sunnites, la théologie séculaire des Catholique (puis des autres Chrétiens) est bien trop complexe pour un homme quelconque, surtout s’il est en train de se briser sur les obstacles souvent absurdes du "Système". Le Sunnite n’a même pas besoin de connaître d’autres livres: le Coran lui suffit et tout ce qui contredit le Livre Saint, que ce soit par écrit ou dans l’observation des choses, est faux. En d’autres termes, un inculte n’a qu’à lire le Coran pour tout savoir. Il suffit que les passages initialement lus lui semblent justes et lui parlent ; qu’ils expriment des choses que cette personne ressent déjà. Puis viennent naturellement les “Hadith” qui poussent à la barbarie. Ceux-ci n’ont pas besoin de justification: à tout texte, il est possible de faire dire ce que l’on souhaite, surtout si celui-ci contient des ouvertures à-propos. Il n’y a pas de règle pour interpréter le Coran, mais la rigueur apparente des imams, leur intransigeance dans le désir d’autorité, suffit à donner du poids à une interprétation en adéquation avec les “Hadith” fous. Du coup, les nouveaux convertis ne verront aucune contradiction entre la terreur islamiste et la somme de leur savoir, alors résumée dans le Coran.

A moins de produire une propagande stupide et similaire à l’abécédaire du Jihad du XXIe siècle pour le contrer, le seul remède à ce dernier reste une société saine et qui, donc, connait l’autorité. En effet, dans un monde qui se veut libre et où tout se vaut, où le bien commun n’existe que par la notion contradictoire de “liberté”, où, alors, aucune hiérarchie des choses ne fait autorité ; la foule grégaire des votants institués - en tant qu’hommes qui votent - comme le seul aboutissement de l’Humanité sera toujours légitime dans ses choix, quels qu’ils soient et tant que la loi - détournée d’un quelconque état d’esprit fondateur - ne l’arrêtera pas. Il n’y a aucune raison qu’elle ne les arrête, car on accorde plus d’importance au fait d’être “libre” qu’à l’autorité et à la bonne foi.

Dans un système sain, le fou du village, faible ou inébranlable, vivra toujours dans la terreur de mal se comporter. Il respectera toujours l’autorité d’une sagesse globale, façonnée conjointement avec l’organisation sociale. Avec la démocratie idéologique, sans ordre ni hiérarchie, cela finit, au contraire, par accentuer encore le sentiment de chacun que son avis propre est le plus valable. On se dédouane ainsi de l’épreuve de la confrontation dialectique et de la bonne observation de l’ordre naturel des choses. Les opinions ne s’organisent pas selon un arbre ou une échelle. De la sorte, les idées qui atteindront le plus de monde seront les plus dangereuses: d’une part, à cause du poids qu’elles auront malgré leur faiblesse et, d’autre part, parce qu’une société qui n’est pas capable d’estimer quelque chose tend à rendre faible l’intelligence générale ; à la rendre sujette aux considérations les plus insignifiantes.

Il faut qu’on se le figure bien: c’est l’idéal absolu de démocratie - comme une fin en soi - qui fait de l’Islam radical une menace.

 

Thomas Mazzone, le 12 juin 2015

 

Note: il ne faut pas confondre autorité et état policier: la première est le propre d’une société saine, harmonieuse et pérenne, alors que le second découle généralement d’un désordre total, d’une perte de contrôle qui impose au pouvoir en place, de plus en plus illégitime et vacillant, de réprimander de façon arbitraire, selon les conditions les plus favorables à son maintien. De ce fait, l’Islam radical s’étendra nécessairement de concours avec la rigueur policière.

4 commentaires

  1. Posté par tmazzone le

    La loi n’a pas de nécessité anthropologique, contrairement au Politique et à l’autorité qui en découle. La loi peut être un instrument du Politique, éventuellement, chose que les grecs avaient déjà compris. D’ailleurs, le Christ abolit la Loi en tant que loi, mais la préserve dans son état d’esprit. Si le texte de Bastiat, par certains aspects, peut rejoindre cette conception exclusivement grecque puis chrétienne, il n’a pas vraiment d’intérêt lorsqu’on replace les choses dans un ordre logique, même s’il a une certaine beauté et une certaine valeur.

    Je dirais même que la notion de loi, comme peut l’être l’anarchie, et même la non-violence, notamment avec l’intéressant Lanza del Vasto, ou encore le concept de démocratie restent des outils de réflexion à explorer – et qu’on peut toujours implémenter dans une certaine mesure – mais non des nécessités du commun (et donc de l’Humanité). Elles ne peuvent donc être établies comme des fins en elles-mêmes ou, disons, des fins nécessaires, alors que l’autorité, même si elle peut être mauvaise, sera toujours une des fins du bien commun (Politique). Il est important de saisir cette nuance.

  2. Posté par Brunet Fabienne le

    Je suis en partie d’accord avec vos propos,mais regardez le comportement de certains politiques à Genève et Versoix; pensez-vous qu’ils soient un exemple? Servir l’état ou s’en servir? La montée des fascismes en Europe montre à quel point ses adhérents sont en besoin de cadre et votent souvent en réaction par peur et mécontentement? Anarchiste non-violente et responsable:Fabienne Brunet Versoix.

  3. Posté par Christian le

    Vous avez raison! Abrogeons la démocratie au plus vite!

Et vous, qu'en pensez vous ?

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