Ce en quoi je crois

jean-pascal-cattinPar Jean-Pascal Cattin (photo), cadre bancaire et candidat MCG, Genève (pour en savoir plus, cliquer ICI)

En politique, il existe une différence naturelle de la vision du monde entre les gens de gauche et ceux de droite. Ceux de gauche sont attachés au progrès et par conséquent au changement en permanence et ceux de droite préfèrent s`appuyer sur ce qui existe, à savoir de trouver leur sécurité et leur équilibre dans le conservatisme. Pour les uns, le monde idéal se situe dans la vie future quand pour les autres il est à rechercher dans le passé. Leur clef de voûte consiste à se réapproprier ce que les aléas de la vie les ont dépossédés afin de préserver l’héritage de notre civilisation, celle que nos ancêtres nous ont léguée et que nous avons su adapter au cours des siècles.

Ce dilemme s’exprime d’ailleurs en toutes lettres dans la fameuse devise du Brésil « Ordem y Progresso » (ordre pour la droite et progrès pour la gauche). Personne n’a fondamentalement tort et pense sincèrement avoir raison, chacun voyant midi à sa porte. Voilà pour la théorie.

Dans les fait, il existe tout de même des différences notables de niveaux de vie suivant les continents et les pays que nous traversons dans le monde. En général, plus un pays est bien organisé et travailleur, plus il est prospère. Et a contrario moins il est éduqué, moins il est organisé et soumis à la corruption de ses élites ainsi qu’à l’application stricte de ses traditions tribales d’un autre siècle, plus il est pauvre. Ce qui explique en grande partie la raison pour laquelle des vagues incontrôlées d’immigration tentées sur des bateaux de fortune au péril de la vie de ceux qui espèrent une vie meilleure sous d’autres cieux, en l’occurrence dans nos contrées européennes, se multiplient.

En vérité, il n’y aura jamais de solutions pour ces désespérés si ce n’est qu’en amont, c’est-à-dire par une éducation accrue dans les pays d’origine des candidats à l’exil. Une éducation devant notamment être dispensée de façon accrue aux femmes des pays en voie de développement pour leur permettre de mieux contrôler leur fécondité (avec 4 à 5 enfants par femme en moyenne, l’Afrique pourrait atteindre 4 milliards d’habitants avant la fin du siècle). Sinon, en optant pour la solution de l’accueil incontrôlé, on verra à terme se créer également dans notre ville et dans le pays tout entier un communautarisme générant un particularisme qui s’opposera aux usages de la communauté plus large dont ces immigrés mal intégrés feront nouvellement partie. Cette perspective conduira à un risque majeur pour la cohésion sociale de notre ville et de notre pays.

Alors, chacun conjugue le drame auquel nous assistons avec sa propre vision des choses. Les premiers pensent que le progrès et une certaine forme de justice sociale exigent de recueillir sans contre partie ceux qui viennent trouver un refuge économique chez nous alors que d’autres, dont je suis, considèrent que notre « relatif » bien-être ne doit rien à personne. Partant du principe que notre histoire commune a fait de nous ce que nous sommes, que nous sommes les héritiers de ce passé ancestral qui a durablement forgé notre culture et notre identité et que nous sommes les bénéficiaires de la qualité et de la force de notre travail ainsi que de l’excellente organisation de notre vie en commun. Le miracle économique suisse du XXe siècle a été notamment rendu possible grâce aux relations privilégiées entretenues durant des décennies entre un patronat responsable d’une part et les employés et les travailleurs d’autre part tentant de trouver ensemble un juste équilibre entre leurs intérêts respectifs tout naturellement divergents.

Hélas, même chez nous, avec les accords de Schengen sur la libre circulation, les choses semblent se détériorer. Ces dirigeants d’entreprises responsables ont fait place à des managers dynamiques et prétentieux aux dents longues et acérées. Formatés mode procédures made in USA, ils sont rompus à la théorie du rendement à visage inhumain avant tout. On en trouve même en politique chez nous, à Genève, de ces représentants type race de jeunes cadres dynamiques. Ils se reconnaîtront, notamment au PLR et au PDC!

Tout ceci est bien beau mais pourquoi rendre les accords de Schengen responsables de cette situation? Tout simplement parce que, pendant des décennies, la finance n’a pas assez été mise au service de l’économie et ce, pour de purs motifs de rentabilité - exemple, crise des subprimes etc -. Imprudentes, nos banques européennes sont lourdement responsables de ce désastre trouvant son origine dans un montage politico-financier « born in the USA ». Le gouvernement US prit la décision que tout le monde pouvait désormais obtenir sa maison, en obligeant les banques américaines à prêter de fortes sommes à des particuliers qui n’avaient pas les moyens de rembourser leur dette. Pour s’en sortir, lesdites banques américaines ont « titrisé » leur hypothèques puis ont vendu ces « Junk bonds » - littéralement « obligations pourries » - sur le marché. Lorsque la Réserve Fédérale a augmenté ses taux directeurs, le château de cartes s’est effondré, les banques qui s’étaient engagées ont été menacées de faillite et ont dû avoir recours à l’État. Les états, ainsi endettés à leur tour, ont dû appliquer une politique d’austérité, d’où la crise économique. Résultat : double peine pour le peuple. On lui demande de payer des dettes que les banques ont, en raison de leur esprit cupide, accumulé, alors qu’il n’a pas été le bénéficiaire des opérations financières quand la bourse assurait les taux de rendement à 15% qui ont conduit à cette crise.

Comme toujours en pareils cas, une fois que la crise venue, le patronat dans l’air du temps se sert, grâce à Schengen, des travailleurs et cadres immigrés, avec en sus pour Genève la spécialité frontaliers. Tout ceci dans le but inavoué de casser le salaire des locaux. La boucle est bouclée. Le risque immense qu’il prend est de scier la branche de la prospérité sur laquelle nous sommes tous assis. Et cela, les politiques doivent l’empêcher à tout prix !

Ceci est profondément ce que je crois…

Jean-Pascal Cattin, 13 avril 2015

 

 

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