Non, le synode ne s’égare pas

Stevan Miljevic
Enseignant
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Ce billet se veut une réponse à l'assaut frontal mené par Robin de La Roche sur le Boulevard Voltaire contre le pape François et le synode sur la famille convoqué par l'Eglise catholique.

Dans cet article intitulé "Guerre à Rome, Bergoglio 1 - Eglise 0", monsieur de La Roche s'en prend vigoureusement au document intermédiaire publié ces jours par le synode. Celui-ci validerait, sous l'impulsion papale, une vision du monde dans laquelle quasiment tout se vaut, pourvu que l'intention soit bonne. Et d'appeler le philosophe Thibault Colin à la rescousse pour nous expliquer que l'Eglise ne demanderait plus à ses ouailles de tendre à la sainteté (il ne s'agirait là plus que d'une option), qu'elle accepterait tout et n'importe quoi comme bon et que cette manière de voir la miséricorde serait tout aussi relativiste que ne l'est la vision de la tolérance que nous offrent les bien pensants de nos contrées.

Continuant son feu roulant contre l'Eglise, monsieur de La Roche convoque de manière fracassante un intervenant du forum catholique à la barre selon qui le synode peut publier un document sans référence aucune à la Tradition et à l'Ecriture, mais surtout, il ne doit pas oublier le point de vue des autres confessions puisque des délégués des religions en question sont également présents pour donner leur opinion au synode. En clair, le synode, sous l'impulsion papale, serait en train de tout foutre en l'air joyeusement. Partant de là, j'aimerai faire remarquer à monsieur de La Roche quelques petites choses qui, je l'espère, l'aideront à y voir plus clair dans cette problématique.

Tout d'abord, la citation de cet illustre inconnu du forum catholique (assurément une référence...) est tout simplement fausse. Si monsieur de La Roche s'était donné la peine de vérifier par lui-même l'assertion en question, il se serait rendu compte que le document émis par le synode est bourré de références à l'Ecriture.

De plus, monsieur de La Roche a tendance à oublier que la mission centrale de l'Eglise n'est pas de maintenir un certain ordre moral, mais d'amener les gens à découvrir le Christ et Son Amour pour eux. Est-ce que monsieur de La Roche a déjà essayé d'annoncer la Bonne Nouvelle de l'Evangile à quelqu'un en commençant par stigmatiser celui-ci pour sa conduite déficiente? Pense-t-il vraiment que quelqu'un qui n'a pas rencontrer le Christ et à qui l'on fait la morale a une chance de se tourner vers Dieu de la sorte? Personnellement je ne le crois pas un instant. Si à des époques où la population était majoritairement chrétienne, lancer des condamnations pouvait avoir un sens pour éviter que les chrétiens ne s'égarent, dans notre monde déchristianisé, cela ne peut que tout au plus rassurer les adeptes de la Loi. Mais en aucun cas aller chercher les brebis perdues pour les ramener au troupeau. C'est pourtant là ce que nous chrétiens désirons de tout notre coeur.

Il en va de même pour les autres religions. Je suis convaincu que notre meilleure arme contre l'islamisation n'est de loin pas la politique mais l'évangélisation. Dès lors qu'un chercheur de Dieu, fut-il musulman, bouddhiste ou autre découvre la réelle nature de Jésus-Christ, qui n'est qu'Amour et Miséricorde, il ne peut pas continuer à persévérer dans sa voie. Mais ce n'est pas en lui serinant que ses croyances sont pourries qu'on lui permettra de s'ouvrir au Christ. Bien au contraire.

Dès lors, ne vaut-il pas mieux, dans cette logique d'évangélisation, accepter autrui tel qu'il est, avec ses qualités et ses défauts et le prendre par la main pour l'amener à Dieu? Il n'est point ici question de mettre sur un pied d'égalité divers modes de vie ou croyances comme le suggère monsieur de La Roche, mais simplement d'aller chercher les gens là où ils sont dans leur développement, sans les heurter, pour les amener à LA RENCONTRE. Tout cela est d'une clarté limpide dès lors qu'on se place dans une perspective spirituelle. A ce propos, à plusieurs reprises, le document réitère qu'il n'est pas question de tout accepter, de donner bénédiction à certaines conduites. Non, elle accepte (sans la valider) la nature pécheresse des êtres humains et tente de voir ce qui peut chez chacun d'entre nous servir à nous amener au Christ. Mais il est vrai que si on observe tout cela d'un point de vue politique, qu'on ne voit l'Eglise que comme un rempart pour des valeurs morales sociétales, alors effectivement, on ne peut pas comprendre son raisonnement.

Cette réponse ne serait pas complète sans rappeler les dangers de suivre la Loi pour la Loi en la coupant de l'élément central qui lui donne son sens, à savoir la relation à Jésus Christ notre Seigneur: ce sont les docteurs de la Loi d'alors qui l'ont mis à mort. Non qu'ils n'aient pas scrupuleusement respecté cette fameuse Loi mais bien plutôt qu'ils n'ont pas voulu entrer en relation avec le Fils de Dieu fait homme. Ne commettons pas la même erreur de mettre la charrue avant les boeufs!

Stevan Miljevic, 16 octobre 2014

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