Les anti-européens : des ânes victimes de psychose paranoïaque ?

Uli Windisch
Rédacteur en chef

Relevons une autre petite bordée d’injures du journaliste: les souverainistes sont en plus affectés d’une forme de psychose paranoïaque et vivent dans une bulle (qui vit en réalité dans une bulle ?) ; leurs hémisphères cérébraux ne reçoivent pas les informations qui contredisent leurs opinions. Et l’auteur de ces accusations les reçoit-il?
Une dernière salve contre les souverainistes : jamais ils ne quittent le formol tels qu’en eux-mêmes l’éternité les fige.
Est-ce un hasard si certains hebdomadaires progressent et d’autres régressent ?

 

Certains journaux suisses romands ne sont  pas les seuls médias à critiquer les Suisses qui ne veulent pas entendre parler d’une adhésion à l’UE, et à les traiter de toutes sortes de termes négatifs, dévalorisants, et à glorifier, en revanche, tous ceux qui, au contraire, chantent l’UE quasi quotidiennement et aveuglément.

Ils viennent de trouver un allié de poids dans le patron de la rédaction de l’hebdomadaire français Le Point, 27 avril 2014, Franz-Olivier Giesbert(GOS), qui fait très fort en la matière.

Lui ne parle pas d’anti-européens mais de souverainistes et d’emblée le titre nous avertit : «  le souverainisme, religion des imbéciles ». Pour un hebdomadaire qui se veut, comme certains de nos médias suisses romands, de référence et de qualité, c’est peut-être un peu court. Surtout lorsqu’on veut convaincre de la nécessité de plébisciter l’UE (on ne reprendra que les mots et expressions de FOG dans son éditorial, mais rigoureusement exacts, et non des citations complètes, cela pour faire plus court).

Les anti-européens de tous les pays font partie des imbéciles,  parents de la bêtise incarnée, partisans de la théorie du complot… Ceux qui veulent sortir de l’euro sont des politiciens de supérette, des penseurs lobotomisés qui font partie des pseudo-élites.

Sa vérité à lui ? L’Europe n’est pas la question, c’est la solution. N’est-ce pas tout aussi simpliste et bête ? Non, c’est une évidence aveuglante. Donc plus le droit de questionner, de débattre, de peser le pour ou le contre. Essayez et vous serez accusés de préférer des âneries et de vous boucher les oreilles.

Les souverainistes ne peuvent pas comprendre que… même quand on n’aime plus l’Europe, on y revient. Remarquons que cela pourrait se discuter si FOG ne confondait pas  Europe et UE, car personne ne refuse l’Europe, notre civilisation, mais ce que l’UE est en train d’en faire. N’y a-t-il pas une véritable escroquerie intellectuelle à vouloir faire passer la dernière pour la première. Ne jouerait-on pas sur les mots pour mieux tromper.

Relevons une autre petite bordée d’injures du journaliste: les souverainistes sont en plus affectés d’une forme de psychose paranoïaque et vivent dans une bulle (qui vit en réalité dans une bulle ?) ; leurs hémisphères cérébraux ne reçoivent pas les informations qui contredisent leurs opinions. Et l’auteur de ces accusations les reçoit-il?

Une dernière salve contre les souverainistes : jamais ils ne quittent le formol tels qu’en eux-mêmes l’éternité les fige.

Quand les journalistes se mettent à donner des leçons et fouettent les politiques qui ne sont pas de leur bord, il faut se demander qui est à la peine et que devient cette forme de journalisme. Cet hebdomadaire nous avait habitués à autre chose, surtout en termes d’éditoriaux.

Est-ce un hasard si certains hebdomadaires progressent et d’autres régressent ? Et si les journalistes sont appréciés de manière de plus en plus variable. Veut-on encore de ce journalisme fouetteur, arrogant, méprisant, et rejetant dans les ténèbres les plus diaboliques des millions de citoyens, qui sont des citoyens avec des opinions et de l’expérience, et qui n’ont fait de mal à personne mais qui ont dû en subir beaucoup, notamment à cause de cette UE et non à cause de l’Europe, cette civilisation dont ils font partie et dont ils partagent pourtant les valeurs les plus profondes.

La même semaine, un autre hebdomadaire français, Valeurs Actuelles(VA), 24 avril 2014, parle aussi de l’Europe, mais sans dénigrer aucun des camps. Il nous est dit que la technocratie tue l’idée européenne aussi sûrement que la culture l’enracine en nous… Il est aussi rappelé que de cette UE il ne découle aucun patriotisme européen, et encore moins comme nous le prétendons,  un « patriotisme constitutionnel », autre promesse illusoire et qui reviendrait à sanctifier un papier, une abstraction, le texte de la Constitution dite européenne.

L’argument de la paix grâce à l’UE, rabâché en boucle, n’est pas non plus accepté. Ne s’agirait-il pas précisément d’un argument figé, lui, dans une fiole de formol que l’on promène comme une relique d’un débat à l’autre de manière de plus en plus mécanique, au point où l’on peut se demander si quelqu’un y croit encore. La paix n’est pas un brevet certifié UE, même si elle peut y contribuer ; de la même manière que cette UE a aussi une grande responsabilité dans les violents conflits et mouvements extrémistes nés dans plusieurs pays  et qui souffrent comme jamais depuis des décennies de cette UE.

Dans le magazine VA, on se permet  même quelques questions qui nous semblent des plus légitimes et que bien des citoyens doivent se poser. Et ces questions sont posées sans mépriser ceux qui pourraient penser autrement : « la bureaucratie bruxelloise pond au jour le jour des directives ineptes, et Schengen est une passoire. »

Penser cela est-ce vraiment être un âne, lobotomisé, victime de psychose paranoïaque, figé dans le formol…

Les prises de positions journalistiques sur l’UE constitueraient-elles un révélateur de la mesure dans laquelle les médias tiennent compte ou non des recommandations de plus en plus fréquentes et nombreuses faites par des experts des médias aux journaux en difficulté et dont certains insistent précisément sur la nécessité pour les journalistes de sortir de leur propre bulle, de parler du monde tel qu’il est et non tel qu’ils voudraient qu’il soit, et cela afin d’être moins déconnecté de ce monde réel.

D’être autant autocritique que critique. De chercher à adopter une attitude davantage proche de celle de l’anthropologue que de celle du père fouettard moralisateur, aveuglé par lui-même comme narcisse, et méprisant les ânes…

Abonné à plusieurs hebdomadaires, je ne suis pas sûr de tous les garder.

Il en va certes de l’avenir du journalisme comme tout le monde le dit ; aussi de celui des journaux eux-mêmes, dont certains sont en pleine forme contrairement à d’autres.

A bon entendeur…

Il faut encore ajouter que les journalistes ne sont pas les seuls à s’en prendre violemment et scandaleusement aux souverainistes ou anti-européens. Tel politologue français, Dominique Reynié, professeur à Sciences Po Paris, responsable d'un important think tank, régulièrement invité par les médias français et suisses, a, par exemple, qualifié Christophe Blocher de la manière suivante dans son livre : Populisme, la pente fatale, Plon 2011, p. 159 : « issu de l’extrême droite raciste ».  Comme analyse de référence il ya mieux. Et quelle image donne-t-on ainsi des millions de citoyens dont le racisme reste a prouver.

Plus généralement, à propos du « souverainisme, quand arrivera-t-on à comprendre que souverainisme, ou attachement  national et patriotique, et attachement à l’Europe, notre aire culturelle et civilisationnelle plus large et commune,  ne sont pas incompatibles, mais complémentaires ? On peut être à la fois patriote national et patriote européen, mais pour cela il ne faut pas qu’une pseudo-identité européenne, décrétée,  veuille s’imposer, autoritairement, unilatéralement, et relativiser, voire gommer, de manière tout aussi autoritaire et unilatérale, les différentes identités et attachements  nationaux. C’est ce manichéisme qui est l’une des causes principales du rejet de l’UE, mais pas de l’Europe qui est, elle, par définition, une Union dans la Diversité, des Diversités importantes avec cependant toujours des liens entre elles, et desquelles il faut partir pour envisager un degré de coordination plus large. Tels sont les fondements et la richesse de la spécificité de l’Europe, et qui, elle,  pourrait se développer progressivement en une Union ou une Confédération voulue, décidée, définie et acceptée par tous ses membres.

En construisant une maison on ne commence pas non plus par le toit…

Uli Windisch, 10 mai 2014

3 commentaires

  1. Posté par musset nicole le

    votre article est tres explicite et votre « virulence » n’a d’égale que votre pertinence! ça change d’un certain « ronron » lisible et risible dans beaucoup d’article de presse§ la lucidité fait peur parfois …
    N. MUSSET

  2. Posté par Antonio Giovanni le

    Il suffit de connaître les alliances formés de adversaires de Blocher pour deviner que la cause pro-européenne est largement soutenue par les milieux financiers new-yorkais, qui depuis 1945 ne voient dans l’Europe qu’une colonie d’états tributaires et qu’on pourra bientôt avaler toute crue par la magie du Traité transatlantique; FATCA ne suffisait pas au bonheur des amis américains de Hollande, il y aura bientôt AGCS et alors l’UE rira, pendant que pleureront les Européens! Comment FATCA imposé pour de purs intérêts financiers, emballés dans un cellophane moral, peut-il exonérer les USA des obligations qu’ils imposeront à la planète entière ? Et la Suisse a signé !! mais qu’allait-elle donc faire dans cette galère ?

  3. Posté par Kolly Gabriel le

    Excellente analyse de M. Windisch.
    Il serait peut-être temps de mettre certains journalistes dans le formol pour désinfecter leur cerveau et leur écarquiller les yeux. Vous faites judicieusement la différence entre l’Europe et l’UE, cette dernière, manipulée par la Stasi bruxelloise. La Suisse ne se laissera pas mettre dans le formol. Quant à l’hebdomadaire Le Point il serait peut-être mieux inspiré de se préoccuper du merdier hexagonal !

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