Victoire de Hollande, défaite en rase campagne du reste…

Bruno Bertez
Bruno Bertez
Analyste financier anc. propriétaire Agefi France

Victoire de Hollande, défaite en rase campagne du reste, des autres… de tous les autres!Comme nous l’avons fait du temps de Mitterrand, nous écrivons : Bravo l’artiste!

 

Nous ne commenterons pas, pour l’instant, les sondages positifs dont est crédité Valls.
Il a été nommé précisément pour cela, parce qu’il était populaire, en particulier à droite. Le dernier sondage publié fait en effet ressortir que 51% des personnes de droite interrogées trouvent que c’est un bon Premier ministre. Comme il n’a concrètement rien fait, les réponses concernent à la fois son image de ministre de l’Intérieur et les effets d’annonce. Ce qui est sûr, c’est que l’opération de changement de Premier ministre est une réussite. Sa popularité traduit aussi et surtout, la nullité de la droite, laquelle a été, et est, incapable d’élaborer une stratégie face à un gouvernement recentré. Il vient puiser ses recettes et ses principes d’action dans la besace de la droite. Le nouveau gouvernement, en pratique, a calqué ses déclarations d’intentions exactement en réponse aux critiques des sondages dans la population UMPS. Il récolte les fruits du rapprochement avec les organisations patronales/managériales. Il perd sur la gauche et son extrême gauche/écologiste, mais il est regagne dans ce que l’on appelle « le marais ». Tout se passe comme si, comme son Maître Mitterrand, il avait rompu l’Union de la Gauche et viré les ministres communistes, il suffit de remplacer « communistes » par « écologistes radicaux ».

Nous pensons que nous ne nous sommes pas trompés lorsque nous avons épinglé l’opération de remaniement comme étant l’équivalent de la Cohabitation de l’époque Mitterrand. On a rompu l’Union de la Gauche, largué la première gauche et les écologistes et on gouverne à « fausse droite ». On a choisi un UMPS compatible: Valls. A noter l’infamie de L’UDI qui fait des appels du pied pour partager un peu de soupe.

La Gauche plus dure, type Mélenchon, tente de refaire alliance avec les écolos radicaux et de se rapprocher du NPA ou des altermondialistes. Cela est voué à l’échec et on pourrait bien assister à la disparition du Front de Gauche, il a accompli sa mission de sabordage de l’ultra-gauche grâce à son erreur lors des présidentielles où il a servi de marchepied au PS. Au niveau syndical, le Pouvoir en place est bien protégé par le nouveau « syndicat jaune », la CFDT. Aucune unité syndicale n’est possible grâce à elle.

La riposte de la fausse droite est et ne peut qu’être nulle car elle est prise au piège de son vide programmatique. A part l’alignement sur les demandes -gentillettes en ce moment- des eurocrates, la droite n’a rien à dire, rien à critiquer, rien à proposer.

La confusion de la lutte des chefs n’est pas la cause de la situation à droite, c’est l’inverse, elle est un reflet: il n’y a pas ligne, donc rien sur lequel s’opposer, rien sur quoi diverger. En l’absence d’alternative programmatique, on ne peut que se battre sur les hommes, les images, remuer le cloaque du marigot politicien.

Deux thèmes pourraient émerger, mais le couvercle est posé dessus.

Le premier, c’est celui de l’Europe, Il a été lancé par Wauquiez: est-ce que l’on se bat pour un changement des règles fondamentales ou simplement pour des aménagements à la marge?

Le second, c’est la politique étrangère et l’alignement sur l’Atlantisme dans le cadre d’un grand projet d’intégration occidentale voulu par les Américains. Les conséquences à long terme sont considérables sous tous les aspects géopolitiques, militaires, économiques, monétaires financiers et surtout sociaux, mais personne ne veut aller au combat pour défendre la tradition gaulliste. On considère comme allant de soi l’alignement sur les Américains et le rejet des Russes dans le camp des parias. Le débat est inexistant en France, heureusement, il est vif dans les pays du Nord. Le froid de la guerre même plus froide, commence à mordre dans certains pays.

L’un des choix les plus importants de ces dernières années est en quelque sorte escamoté. La place de la France dans le monde, la place vis à vis des blocs, tout cela échappe, ne fait plus partie des choix démocratiques. On avait vu la même chose, avec les choix européens non démocratiques, mais cette fois c’est plus que bis repetita. C’est fondamental et cela engage l’avenir, y compris militaire, sous les aspects de la guerre et de la paix. Sans parler de l’indépendance, de l’autonomie et de la liberté qui ne font plus partie des discours ou préoccupations politiques.

Face aux problèmes concrets, les Français suivent toujours la ligne de plus grande pente de la facilité et du moindre effort. Ainsi, concernant Alstom « il n’y a qu’à nationaliser » ! Ben voyons! Est-ce que cela résout un seul problème? Bien sûr que non, si on excepte le pillage des fonds publics qui remplacerait celui, plus normal, des efforts bien compris du privé. Honte à ces gens, honte à ce système.

Nous traversons une période de fausse tranquillité, une période de pause voulue, programmée, au plus haut niveau c’est à dire au niveau des maîtres européens. On a fabriqué un calendrier, comme on le fait aux USA lors les élections du Président sortant. Les problèmes sont mis au réfrigérateur, tout est enfoui, reporté. Pas de sujet qui fâche, pas de sujet qui inquiète. Il faut créer un sentiment que le pire est derrière, que nous sortons par le haut des difficultés. Hollande, fait significatif, s’est exprimé lui-même, cette semaine, pour dire que l’on voyait le début d’une amélioration économique. Et il a raison. Simplement, il néglige d’expliquer pourquoi et à quel prix. Il néglige de souligner sa précarité et surtout le manque de profondeur de cette amélioration.

Brunoo bertez, 4 mai 2014

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